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peines portées contre ceux qui se rendraient coupables de ce délit.

Un autre règlement établissait des tribunaux d'hon

neur.

Il importe de remarquer que le duel devient de plus en plus rare dans l'armée prussienne. Dans le rapport de l'année dernière sur l'administration de la justice militaire, on ne voit figurer aucune condamnation dans la colonne du duel; chose remarquable dans une armée qui compte 8,000 officiers l'établissement de tribunaux d'honneur n'est pas une institution nouvelle, c'est plutôt un perfectionnement.

Si nous passons maintenant aux détails d'administration, nous aurons à constater une réduction d'impôts qu'avait fait entrevoir le discours d'ouverture de la session dernière. Cette réduction, exécutée à partir du 1er janvier, s'éleva à 2 millions de thalers. Conformément aux vœux de la plupart des États provinciaux, le montant principal de cette réduction fut appliqué à la diminution du prix du sel.

L'élevation générale des tarifs, une année mauvaise pour l'agriculture et le système protecteur universellement établi en Europe favorisèrent peu le développement de l'industrie et de la prospérité publique. Peut-être les dangers de ces tendances vers l'isolement industriel furent-ils mal compris par les États provinciaux du Rhin, lorsqu'ils adoptèrent, dans leur séance du 14 juillet, à la majorité de 72 voix contre 2, la résolution suivante :

«Prier S. M. d'accorder à l'industrie une protection suffisante, et de nommer une commission chargée de faire un rapport, uniquement sous le point de vue du bien-être. national, sur les mesures à adopter à cet égard, après avoir entendu une commission centrale formée de négociants, de fabricants et d'agriculteurs de toutes les provinces. »

La même assemblée vota, par 58 voix contre 15, la pro

position de prier S. M. de former un ministère spécial du commerce, de l'industrie et de l'agriculture.

La misère arriva à un tel point que, dans la diète de la province rhénane, un député fit la motion suivante :

« Attendu la disette et la détresse actuelle, la diète prie très-humblement S. M. de vouloir ordonner que, dans toute la province, il soit vendu aux habitants du blé et de la farine des magasins royaux à un prix modéré, mais en petite quantité. »

Cette proposition ayant été adoptée à l'unanimité, une adresse fut votée et communiquée sans retard à S. M., qui s'empressa de donner ordre pour envoyer des bateaux chargés de grains et de farines: ces bateaux s'arrêtaient le long des rives du Rhin, de la Moselle et de la Saar, devant chaque village, et y déchargeaient des subsistances. Les laboureurs et les habitants, sous la garantie du maire, pouvaient prendre ce qui leur convenait, à charge de rendre la même quantité après la récolte.

L'avenir tout entier du pays et sa prospérité future semblent être surtout dans la question des grandes voies de communication.

Les chemins de fer à établir, indépendamment de ceux dont l'exécution est déjà assurée, sont les suivants :

1o De la frontière de Hanôvre, près Minden, à Cologne.

2o De Halle, vers le Rhin central, par la Thuringe. 3° De Berlin à Koenigsberg, avec embranchement sur Dantzick et même sur la frontière russe.

4° De Francfort sur l'Oder à Breslau, et de Oppeln à la frontière autrichienne.

5o De la Prusse au grand-duché de Posen, par la ligne de la Silésie.

L'étendue totale de toutes ces lignes devait atteindre à 220 milles : l'État s'en chargerait, s'engagerait jus qu'à 55 millions et garantirait les intérêts à 3 p. 010.

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Il arriva, vers la fin de l'année, ce qui arrive toujours lorsqu'une entreprise gigantesque prend faveur. Les spéculations sur les actions des chemins de fer prirent une telle activité, qu'elles menaçaient d'enlever tous les capitaux à l'industrie et à l'agriculture. De toutes parts on recueillait des souscriptions pour des lignes en dehors de celles projetées par l'État : le simple titre de souscripteur était négocié à la Bourse. Cet état de choses appelait, de la part du gouvernement, une répression énergique.

A dater du 1er janvier, le port de Trèves fut déclaré port franc avec tous les avantages et prérogatives attachés à ce privilége. Cette mesure devait prendre une haute importance par l'accession du Luxembourg à l'association douanière, par l'établissement de bâteaux à vapeur sur la rivière qui coule au pied de la ville et par une diminution considérable des frais de transport.

Un projet qui changera peut-être l'avenir commercial de la Prusse est celui de la jonction du Rhin à l'Ems par la Lippe et, par suite, à la mer du Nord. Ce projet, dont la conception première appartient à Napoléon, fut déclaré possible par une commission d'examen nommée par le gouvernement. Sans doute il devait rencontrer, dans le pays, de vives oppositions, dans l'application, de nombreuses difficultés mais, si un jour il pouvait recevoir son exécution, il changerait peut-être l'avenir industriel et maritime de l'Allemagne et porterait un coup mortel à la Hollande, en lui enlevant les avantages de sa position géographique et en l'isolant du commerce de la Confédération germanique.

Il nous reste à signaler quelques faits étrangers à l'admi nistration iniérieure et à la politique générale.

Nous avons parlé l'année dernière des dispositions générales des esprits en faveur de la partie juive de la population. Ces dispositions se manifestèrent de nouveau, cette année, appuyées d'une résolution des États provinciaux. Une proposition d'émancipation complète des israélites fut adoptée.

(23 juillet) par 54 voix contre 19. Une autre proposition d'abolition du décret impérial, loi d'exception qui ne frappe spécialemeut que les juifs de la province rhénane, fut adoptée par 68 voix contre 5.

L'opinion publique se préoccupa dans les derniers mois de l'année d'un anniversaire dont le roi de Prusse venait d'ordonner la célébration. Il s'agissait du traité de Verdun. Ce traité, qui remonte à 843, consacre, on se le rappelle, le démembrement de l'empire de Charlemagne entre Lothaire, Louis-le-Germanique et Charles-le-Chauve. Peu d'accord, peut-être, avec l'histoire, le roi voyait dans ce traité l'inauguration de l'empire allemand. Les savants donnèrent leur avis sur la question : des doutes s'élevèrent sur la date précise du traité; quelques uns même prétendirent que le traité n'avait pas été signé à Verdun. L'anniversaire eut lieu néanmoins.

Une autre exhumation historique fut celle de l'ordre du Cygne. Cet ordre, créé en 1440 par Joachim1er, électeur de Brandebourg, aboli par Joachim II, lorsque ce prince embrassa, en 1539, les doctrines de Luther, fut rétabli par le Roi. Il était autrefois spécialement consacré à la vierge Marie et destiné à récompenser les vertus chrétiennes. La reine de Prusse en fut décorée la première.

Un événement cruel vint, vers la fin de l'année, jeter le deuil dans le pays et au sein de la famille royale. S. A. R. le prince Albert de Prusse, à la suite d'un maladie qui s'était déclarée pendant une visite à la cour du duc de Brunswick, expira dans les derniers jours de novembre. Déjà, le 19 juillet, était mort le prince Auguste. dernier neveu de Frédéricle-Grand.

L'histoire des relations extérieures offre peu de faits remarquables.

Une visite de l'empereur de Russie (septembre) fit penser que les négociations concernant l'extradition seraient reprises (Voy. Russie).

L'envoi de plénipotentiaires à Bruxelles (mars) pour accélérer la conclusion d'un traité de commerce n'eut aucun résultat immédiat.

Le baron de Bulow fut envoyé dans le mois de décembre à Copenhague, pour obtenir du gouvernemeut Danois une diminution des droits perçus sur les navires prussiens qui traversent le Sund.

Au 1er janvier 1844 était fixée l'adhésion à l'union des douanes des deux districts de Harz et du Weser.

Il etait question, vers la fin de l'année, d'entrer en relations commerciales avec le Brésil, et, d'un autre côté, M. Mark, consul général des États-Unis, était parti pour son pays avec un projet de traité qui aurait pour objet d'accorder de grandes facilités aux productions et marchandises de l'union des douanes, qui seraient importées sur des navires américains ou sur des navires appartenant à l'union allemande. De son côté, l'union des douanes diminuerait les droits d'entrée qui se perçoivent sur les tabacs américains. BAVIÈRE.

L'histoire des relations extérieures de la Bavière ne nous présente cette année aucun résultat positif. Il a été parlé ailleurs du rôle joué par le royaume dans la révolution de Grèce (Voy. Grèce).

Quelques vœux de liberté plus large et le projet de loi sur les chemins de fer composent tout le bagage législatif de l'année.

Une motion ayant pour objet le rétablissement des principes constitutionnels concernant la liberté de la presse fut faite à la seconde Chambre des États par le docteur Schwindel. Voici le texte de cette proposition :

«S. M. le roi sera invité, selon les voies constitutionnelles: 1o de vouloir bien faire présenter aux Chambres, dans le cours de la session actuelle, un projet de loi ayant pour but d'assurer la liberté constitutionnelle de ia

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