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Ils choisissent d'habitude pour l'été les emplacements où des arbres leur assurent de l'ombrage, et l'hiver des emplacements proches de leur demeure, ou bien encore, quand il en existe, les rochers de quelque hauteur (au maximum 8 à 10 mètres dans la carrière de M. Beer, à Laveröd; souvent 3 ou 4 mètres) qui se fendent plus facilement.

Les creux où poussent des sapins sont toujours recherchés, parce qu'on prétend que la présence des arbres garantit la bonne qualité de la pierre.

Mais il arrive souvent qu'une attaque commencée soit abandonnée, parce que les ouvriers s'en sont dégoûtés; le fait arrive même en des points où la Compagnie exploitante a fait établir des bigues ou mâts de charge pour lever les blocs détachés.

Arrachage de la pierre. L'arrachage de la pierre est généralement effectué à la mine, au moyen de poudre noire; la dynamite, qui brise la pierre, n'est employée que pour le dégagement de la carrière, lorsque les nécessités de l'exploitation obligent l'abattage de certaines veines de roche inutilisable.

Les forages sont exécutés la plupart du temps à la main (diamètre 0,03 à des profondeurs atteignant jusqu'à 4 mètres). On ne trouve de perforatrices mécaniques que dans quelques carrières importantes marteaux-pneumatiques à Nokkedalen, perforatrices à vapeur système Ingersoll dans quelques carrières voisines de Karlshamn et de Karlskrona (la vapeur étant préférée dans cette région parce qu'elle rend, paraît-il, les appareils plus mobiles: mais elle a le grave inconvénient de chauffer beaucoup les machines et leurs tuyaux d'amenée. Profondeur des forages jusqu'à 9 mètres).

Dans beaucoup de carrières, on cherche à orienter les fentes produites par les explosions, en passant un ciseau dans les trous de mine, pour amorcer la fissuration.

Les blocs détachés ainsi atteignent jusqu'à 8 et 10 mètres de longueur.

Mais l'emploi des explosifs est aussi réduit que possible, tant à cause des habitudes des ouvriers que parce que les patrons préférent ce système qui évite des dangers, réduit le déchet, n'étonne pas la

pierre et, rendant la qualité des pavės plus homogène, facilite la réception aux ouvriers des pavés qu'ils fabriquent.

L'arrachage de la pierre se réalise en pratiquant des fentes verticales d'abord, horizontales ensuite, au moyen de trous dans lesquels on enfonce des coins suivant le système partout employé pour les grandes pierres de taille.

Quand la pierre est particulièrement dure, comme aux abords immédiats de Lysekil, les coins employés sont gros et plats et les mortaises pour coins plats sont pratiquées au ciseau et achevées avec un marteau très pointu, qui étonne la pierre au point frappé et facilite ainsi la fente.

Partout ailleurs, les mortaises sont des trous cylindriques de 0,015 de diamètre, de 0,15 à 0,20 de profondeur, espacés de 0,40 environ. Un seul ouvrier les exécute au moyen d'un fleuret et d'un marteau à main. Pour produire l'extension, on place dans chaque mortaise 2 lames coudées, en tôle (fig. 6); on chasse entre celles-ci, au marteau, Fig. 6. des coins allongés en acier. On a soin de chasser ensemble tous les coins d'une attaque, qui a parfois 20 mètres de largeur (Photo, fig. 4. p. 44 bis).

Ce système est employé même dans le granit bleu de Fredrikstad, toutes les fois que les bancs ne sont pas trop épais (moins de 1 mètre d'épaisseur).

Manutentions. Les blocs détachés de la masse sont enlevés presque toujours par des grues, de puissance variable suivant l'importance de l'exploitation.

Ces grues sont la plupart du temps des appareils de construction très simple (mâts de charge, ou derricks), fixes, mais qu'on n'hésite pas à déplacer quand le front de carrière se déplace.

Elles comprennent chacune, comme pièces principales, un mât vertical et un bras, formés de troncs de chêne droits.

Le mât porte à chaque extrémité un pivot en fer, celui du bas reposant dans une crapaudine en fer scellée dans la roche ou

reposant sur des fondations en pierre sèche, et celui du haut passant dans les armatures de deux troncs de pin, formant contrefiches, fixées à la roche à leur pied par une barre de fer passant dans un œil.

Le bras est attaché au mât, au pied par une armature métallique, à l'extrémité supérieure par deux tirants de fer, parfois remplacés par un câble permettant de faire varier la portée.

Le treuil qui sert au levage comporte quelquefois un second engrenage, susceptible d'être embrayẻ, au moment du besoin, pour le relevage du bras (fig. 7).

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Cet appareil, très économique, permet cependant des manoeuvres compliquées par variation de la portée et par orientation du bras, à la main. Le démontage en est facile et quand les bois sont devenus hors d'usage, il suffit de les remplacer en réemployant le treuil et les poulies).

La puissance est le plus souvent réduite à 10 tonnes et la manutention faite à bras. Les petites grues de ce modèle peuvent alors figurer sur les attaques de carrières les plus réduites, et leur extrême multiplication donne un aspect tout à fait curieux à certains (plateaux des environs de Lysekil par exemple celui d'Ören. Chaque grue ne coûte que 300 francs).

Ce n'est guère que dans les carrières à granit bleu de Fredrikstad que les ouvriers négligent l'emploi des grues.

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Fig. 4. CARRIÈRE A GRAND FRONT D'ATTAQUE, MONTRANT L'EXPLOITATION AU COIN (RÉGION D'IDEFJORD).

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