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jours la présentation, renoncèrent à se faire admettre, et restèrent paisiblement dans leurs manoirs.

Ces honneurs de la cour consistaient dans l'avantage honorable d'être admis aux cercles du Souverain, aux bals de la Reine, à la chasse du Roi, de monter dans les carosses de S. M.; enfin de soutenir, par un grand luxe, l'éclat qui doit nécessairement environner un grand Prince, et d'être pour ainsi dire au nombre de ses familiers.

CHAPITRE XXXV.

DU GENTILHOMME DE HAUT PARAGE,
ET DE PARAGE SEULEMENT.

Le Gentilhomme de haut parage était celui qui était descendu d'une famille illustre, tant en race qu'en fief, Le P. Honoré de Sainte-Marie dit cependant que tous les Gentilshommes illustres pouvaient n'être pas toujours Gentilshommes de nom et d'armes, attendu qu'ils pouvaient descendre d'une race qui avait la noblesse acquise d'une manière généreuse, par l'exercice des `armes, qui s'était illustrée, et qui, en outre, possédait de grands fiefs, dont les revenus augmentaient l'éclat de leur existence, surtout lorsqu'ils jouissaient de grands emplois à la cour, ou qu'ils avaient formé de grandes alliances, ce qui les faisait qualifier de haut parage, mais cependant ne constituait pas l'origine de nom ét

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d'armes. Le sire de Beaumanoir, au contraire, dit « que gentillesse est toujours rapportée de par les pères, et << non de par les mères, ce qui se doit entendre de la <«< noblesse de sang. Or, il se remarque que le mot de « PARAGE est employé dans les auteurs pour la noblesse « de sang, et être issu de haut parage, c'est étre «< descendu d'une famille illustre et ancienne, tant en « race qu'en fief. »

Le poète romain Garin parle ainsi du haut parage:

Jà es-tu riche, et trop de HAUT PARAGE?
Quatorze Comtes as-tu de ton lignage ?

Et Guillaume Guiard :

Peis y tu, Mathieu de Mailly,

Comment! quant Roi de France ammie,
Et messire Pierre de la Truye,

Et maint autre de HAUT PARAGE?

On entendait par Gentilhomme de parage (seulement), selon quelques anciennes coutumes de France, celui qui était Gentilhomme de par son père, et celuilà pouvait être fait Chevalier, au lieu que celui qui était fils d'une mère Gentillefemme et d'un père roturier, ne pouvait parvenir à la chevalerie: ce dernier, cependant, n'en était pas moins Gentilhomme, et il pouvait tenir des fiefs. Ainsi Monstrelet, liv. Ier, chap. LVH, dit que Jean de Montagu était né dans la ville de Paris, qu'il était fils de M. Girard de Montagu, et qu'il était Gentilhomme de par sa mère; ce qui est une preuve, avec le chap. cxxx des Établissemens de Saint-Louis, et le chap. XLV des Coutumes de Beauvoisis, par Beaumanoir, que la noblesse de par les mères avait lieu à Paris,

de même que dans la plupart des provinces du royaume. Et, en effet, il y avait plusieurs coutumes où l'on trou vait qu'elle était autorisée; telles, par exemples, que la coutume d'Artois, art. 198; celle de Saint-Michel, article 2, et celle de Champagne: tout cela sert à prouver que le privilége n'était pas particulier à la Champagne, comme Pithou et quelques autres auteurs se le sont imaginés.

Le mot de parage signifiait aussi le partage d'un fief qui se faisait entre des frères, dont l'aîné était appelé chemier, c'est-à-dire, chef de la succession, et les autres frères parageaux, c'est-à-dire, partageant. Ces derniers étaient égaux en dignité avec le frère aîné: Sunt pares in feudo, qui feudum tenent, jure paragü. (Cujas.) Cependant le chemier (frère aîné) retenait pour lui les deux tiers du fief, et répartissait l'autre tiers entre ses frères co-partageans. L'aîné restait seul chargé de faire la foi et hommage dudit fief au Seigneur suzerain, tant pour lui que pour ses parageaux.

CHAPITRE XXXVI.

DU GENTILHOMME DE QUATRE LIGNES.

Le Gentilhomme de quatre lignes était celui dont le père et la mère, l'aïeul et l'aïeule, le bisaïeul et la bisaïeule, le trisaïeul et la trisaïeule, étaient nobles et

issus de parens nobles. Cette preuve était donc celle de quatre degrés au-dessus du présenté, et elle exigeait impérieusement que la noblesse des mères fût aussi bien justifiée que celle des ascendans paternels, afin d'avoir entrée dans les chapitres nobles.

« Pour être Gentilhomme de quatre lignes, dit le P. Honoré de Sainte-Marie, il ne suffit pas seulement d'avoir huit quartiers de noblesse, tant du côté du père que de la mère, il faut encore une grande ancienneté, et être allié avec des maisons anciennes, et enfin que ces maisons anciennes ne soient pas anoblies ou roturières, suivant l'usage des tournois. »

Ducange dit que « cette noblesse de quatre lignes «< se représentait par les quatre cierges armoriés qui se <«< mettent aux quatre coins du cercueil du défunt, et " que, maintenant, par abus l'on augmente, et que ces << quatre cierges devaient être portés par les plus proches << du lignage. » Ducange. Comment. sur l'Hist. de Sire de Joinville.

CHAPITRE XXXVII.

DU GENTILHOMME DE QUATRE RACES.

Le Gentilhomme de quatre races ou d'extraction avait bien une noblesse acquise qu'il tenait de ses ancêtres à la quatrième génération, mais cette noblesse

ayant un principe commu, par un anoblissement par lettres ou moyennant finances, ou par l'exercice de quelques charges, alors il ne pouvait prétendre à la noblesse du Gentilhomme de nom et d'armes, qui avait toute l'ancienneté nécessaire du sang, ni à celle de Gentilhomme de quatre lignes, parce que la noblesse de race se comptait des pères seulement, sans la corroboration de la lignée des mères, c'est-à-dire qu'on n'examinait que le côté paternel, sans qu'il fut nécessaire de

la noblesse du côté maternel.

Cette noblesse de race ne s'acquérait donc qu'à la quatrième génération, c'est-à-dire, que lorsque le Prince avait accordé un anoblissement à quelqu'un, les descendans de celui-ci ne pouvaient arguer de la noblesse de race qu'au quatrième degré : Nobilitas est qualitas per principum illata, non perficitur usque ad quartum gradum (Bartholo de Dignitate, cap. XII).

Celui qui était anobli acquérait la noblesse, mais non pas la race. Limneus dit qu'une semblable noblesse a sa puberté dans les enfans de l'anobli, l'adolescence dans ses petits-fils, et la maturité dans ses arrière-petits-fils.

par

Les lettres d'anoblissement pouvaient être révoquées le Prince pour certains motifs, mais il fallait toujours que ce fût avant le quatrième degré, parce qu'alors la noblesse de race étant formée, elle ne pouvait pas être détruite.

Le Roi Charles VIII, par ses lettres datées de l'an 1484, ordonne que ceux qui prouveront leur noblesse par-delà la quatrième génération seront réputés nobles de race. Il fit aussi un réglement en ces termes :

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