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INTRODUCTION.

CETTE introduction est destinée à faire connaître les documens qui entrent dans notre recueil.

Bien qu'il commence au quinzième siècle, c'est à l'histoire du seizième et à celle de la ligue, écrite par des contemporains, qu'il se rapporte principalement.

Ainsi est racontée avec plus de détails une époque remplie de faits militaires, l'époque du seizième siècle et de la ligue. Cette collection est donc circonscrite et limitée dans son étendue : mais, malgré une telle limitation, ne forme-t-elle pas un tout, un corps, une unité complète? Où finit l'esprit guerrier de chaque ville, là commence une carrière toute différente. On ne nous reprochera pas d'être incomplets, puisque c'est de propos délibéré et avec choix, que nous nous sommes arrêtés à des tems historiques qui peuvent être étudiés isolément, et mieux encore pour les localités, indiquées sur notre titre, et leurs environs, que pour des localités différentes. L'estimable M. Graves, auteur du Précis statistique sur le canton de Pont-Sainte-Maxence, publié en 1834, dit : «< Après la ligue finissent, pour Pont-Sainte-Maxence, comme pour les autres villes du Beauvaisis et de l'Ile-de-France, les faits concernant l'histoire militaire du pays (1). » ·

Nous avons annoncé au public que nous avions été assez heureux pour découvrir des documens précieux et encore inédits. Effectivement, comme réunion de faits, ils ont une très-grande utilité. Nous n'avons donc pas le droit d'être trop exigeans et de demander à nos auteurs les pensées marquantes, droites et pro

(1) Voyez dans l'Annuaire du département de l'Oise, 1834, le Précis statistique sur le canton de Pont-Sainte-Maxence, page 72.

a

fondes d'un Commines, les phrases animées et licencieuses d'un Brantôme. Ils sont tout simplement annalistes, journalistes, si vous voulez, et aussi bien qu'ils pouvaient l'être du vivant de Henri III et de Henri IV. Leur manière d'écrire n'a rien d'extraordinaire, rien même d'infiniment académique. Pourtant ils se font comprendre; ils nous apprennent des détails que nous ne trouvons pas ailleurs ils méritent beaucoup de confiance.

:

Ne vous avisez pas de dire qu'ils ne concernent que des localités particulières, et qu'ils n'offrent point un intérêt général. Vous vous tromperiez, en parlant ainsi. Est-ce que l'histoire de la France ne se compose pas de celle de chaque localité? Est-ce qu'un lien historique, surtout à l'époque de la ligue, ne fait pas aboutir au centre même de cette grande association, toutes les parties du territoire? Les recherches qui ont rapport à un lieu isolé, ne tardent pas à être utiles pour l'ensemble des localités; et un coin de royaume nous offre matière aussi à de hautes considé rations morales et politiques. Au surplus, on verra par la lecture de l'ensemble de notre collection, qu'elle renferme également des particularités sur les hommes et sur les faits les plus marquans de l'époque..

Nous allons recueillir plusieurs notions, concernant l'origine des ouvrages que nous mettons au jour pour la première fois. Nous en parlerons suivant l'ordre dans lequel nous les avons placés.

Jehan Mallet et Jehan Vaultier commencent la collection., Mallet a été mis le premier, parce qu'il traite des années antérieures à celles dont Vaultier nous raconte les événemens.

Toutes les fois qu'il paraît des mémoires inédits sur notre histoire, une question peut s'élever naturellement. Nos historiens en ont-ils cu connaissance et en ont-ils fait usage, avant la publication nouvelle? Je dirai que déjà un historien connu, Anquetil, a parlé de Mallet et de Vaultier, mais qu'il n'a eu notion de leur existence que de seconde main, et qu'à parler vrai, il ne les a pas employés.

Dans le quatrième livre de l'Esprit de la ligue, par Anquetil,

à la date de 1572, où il est question de la Saint-Barthélemi, je lis une note ainsi conçue :

« Il n'y eut point de massacre à Senlis. De Thou, liv. 52, fait honneur de cette retenue, au milieu du délire général, aux Montmorencys, à qui appartenait Chantilly. Il suppose que le maréchal vint exprès à Senlis, pour sauver les Calvinistes; mais Mallet et Vaultier, deux habitans de la ville, témoins oculaires, qui ont laissé un journal de tout ce qui se passait alors, ne font aucune mention de la présence du maréchal. Ils disent simplement que, sur les ordres venus de Paris contre les Huguenots, le 24 août, jour même de la Saint-Barthélemi, les habitans s'assemblèrent, et qu'ayant horreur de tremper leurs mains dans le sang de leurs concitoyens, ils leur enjoignirent seulement de sortir de la ville; ce qui s'exécuta sans bruit et sans tumulte. Ainsi il est vraisemblable que le salut des Calvinistes est dû plutôt à l'humanité des habitans, qu'à des insinuations étrangères (1) ».

D'après cette note, vous allez vous imaginer qu'Anquetil eut à sa disposition les manuscrits de Mallet et de Vaultier. Je le répète, il ne les a counus que légèrement et superficiellement. Quelles sont nos raisons pour émettre cette idée? Nous allons les exposer.

Premièrement, si Anquetil avait eu en main les manuscrits précités, il les aurait compulsés et extraits pour la composition de son histoire de la ligue. Il ne se serait point contenté de les indiquer dans une seule note. En effet ils se prêtent à un meilleur

(1) Recourez à l'Esprit de la ligue, édition de 1797, tome 2, page 56. M. Capefigue, Histoire de la réforme, de la ligue et du règne de Henri IV, tome 3, publié en 1834, page 232, après avoir raconté les massacres de Meaux, qui suivirent ceux de Paris, ajoute, mais sans s'appuyer d'aucune autorité : « A Senlis, les mêmes scènes se reproduisirent. » Le témoignage de Mallet, tel qu'il se trouve à la page 61 de cet ouvrage, nous suffit pour croire qu'à Senlis les mêmes scènes ne se reproduisirent pas. L'erreur involontaire dans laquelle est tombé M. Capefigue nous prouve que, quand on écrit une histoire générale, il ne faut point craindre d'avoir recours attentivement aux documens sûrs et irrécusables, qui concernent les localités particulières.

emploi. Anquetil n'avait-il pas quelques détails à nous transmettre sur Guillaume Rose, évêque de Senlis, le plus enragé ligueur qui fut en France, dit Bayle, et de qui pas une histoire de France ne fasse mention, une mention, il est vrai, assez courte, puisque les documens qui le concernent et que nous publions, ont été jusqu'à ce jour inconnus du public? Est-ce qu'Anquetil ne devait pas dire un mot des rapports fréquens et intimes de Henri IV avec la ville de Senlis? Une biographie complète de ce roi estelle possible, en l'absence de tels faits?

Deuxièmement, la note d'Anquetil nous représente Vaultier comme ayant été témoin oculaire, écrivant un journal, non pas seulement de la ligue, mais même de la Saint-Barthélemi. Il paraît rapporter ce que cet écrivain aurait dit de ce dernier événement. Vaultier n'a pu rien dire qui y fût relatif, vu qu'il ne commence son livre qu'en 1588 et que la Saint-Barthélemi arriva en 1572. Mallet seul a raconté l'année 1572. Anquetil se trompe donc grandement par rapport au contenu de l'ouvrage de Vaultier et de celui de Mallet, à qui il semble attribuer la composition en commun d'un même journal. S'il eût tenu les deux ouvrages, différant entre eux par la forme et par le fonds, il n'aurait commis aucune méprise.

Troisièmement, ce qui démontre mieux encore que ce que nous venons de dire, la justesse de l'opinion émise par nous, c'est que la note d'Anquetil qui écrivait son Esprit de la ligue, à Senlis, vers 1766, est presque mot pour mot semblable à une autre note, insérée dans un essai historique, manuscrit, non encore publié, et composé par un habitant de cette même ville, cette même année 1766.

En 1766, un M. Rouyer, chanoine de l'église de Senlis, écrivit un Essai sur les Antiquités, l'Histoire Ecclésiastique, Civile et Naturelle du diocèse de Senlis. Il forme un grand in-folio assez mince et appartenant à la bibliothèque publique de Senlis (1). Cet essai contient au bas d'une page la note suivante :

(1) Cet essai a été copié, moins les notes, dans la collection manus

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