Page images
PDF
EPUB

petite dimension transversale; or, cette théorie n'est admissible que si les nœuds sont maintenus dans une position invariable par le contreventement des fermes entre elles, fixité qui aurait été loin d'être assurée si le cintre n'avait eu que 4,88 de largeur.

Le schéma ci-dessous représente, à l'échelle de 1/800, le plan du cintre dont la longueur horizontale est de 68 mètres alors que sa largeur n'aurait été que de 4,88.

4,88

6800 Fig. 1.

La disproportion entre la longueur et la largeur saute aux yeux et montre combien les moisages auraient eu besoin d'une exécution et d'une précision parfaites pour empêcher une telle construction de se voiler sous les efforts de compression des arbalétriers et de tension des tirants.

En fait, l'on a donc exécuté les deux cintres à la fois et on les a en même temps reliés ensemble par un contreventement aussi rigide que possible,de telle sorte que la charpente avait en réalité, non plus 4,88, mais 12,88, et présentait en plan la forme indiquée par le schéma ci-dessous.

6800

Fig. 2.

Le rapport de la longueur à la largeur est de 5,27 au lieu d'être de 14, et les contreventements ont pu avoir une efficacité beaucoup plus grande.

[ocr errors]

Au sujet du gauchissement du cintre. Néanmoins et malgré le contreventement robuste qui a été employé, un léger déplacement

s'est produit au moment où le cintre a été chargé, la charpente tout entière s'est en quelque sorte courbée vers l'aval, la flèche de la courbure étant de sept centimètres et demi.

68,00

Fig. 3.

Le phénomène s'est produit pendant le chargement du cintre et avant le commencement de la maçonnerie.

On s'en est aperçu, après exécution, en vérifiant l'alignement des bandeaux.

En poussant les investigations plus loin, on vit que les câbles de traction horizontaux A, qui, avant chargement, étaient bien dans l'axe de la chape en T1, s'étaient pour chacune des

TT

Fig. 4.

.

8 fermes déplacés vers l'amont et avaient pris la position T1', le câble restant forcément rectiligne, cela prouvait que la chape et, par suite, l'éventail, s'étaient déplacés vers l'aval.

M. Faron, ingénieur de l'entreprise, explique la régularité de ce phénomène par la plus grande épaisseur qu'a toujours le trait de scie à l'entrée qu'à la sortie.

Or, tous les bois sont sciés et assemblés sur épure, et il est d'usage de ne jamais les inverser, c'est-à-dire de les monter en tournant, par exemple vers l'aval, toutes les faces qui, sur l'épure, étaient contre terre.

c'est-à-dire

Ici, c'étaient justement les faces situées contre terre, où le trait de scie était le plus mince, -- qui étaient tournées vers l'aval, et les assemblages qui baillaient sur le côté opposé se sont fermés sous l'effet des pressions et ont produit le léger voilement de la charpente que je viens de décrire en détail.

Dans l'espèce, tous les assemblages étaient pourtant consolidés avec de larges plaques de tôle, des feuilles de zinc étaient placées

dans les joints pour empêcher la pénétration des fibres, enfin les trous de boulons avaient, à dessein, été forés très justes et il fallait toujours faire emploi d'une masse pour mettre les boulons en place.

Cet incident, qui n'a pas été un accident, puisque, une fois le serrage des joints obtenu par le chargement préalable du cintre, la charpente n'a plus éprouvé le moindre mouvement, montre combien dans un grand cintre, il est nécessaire d'avoir égard aux proportions relatives et de prévoir un contreventement qui assure la rigidité et l'invariabilité du système.

Malheureusement, si l'on calcule aisément les éléments d'une ferme, il n'en est pas de même des moises et des liernes, et la détermination de la position et des dimensions de ces pièces, bien à tort qualifiées d'accessoires, - ne peut être faite que par expérience ou par un examen réfléchi des ouvrages déjà construits.

Les haubans ou martingales, lors même que la topographie des lieux permettait de les faire moins longs et moins obliques qu'ils ne l'étaient au pont du Rhumel, peuvent bien empêcher la chute d'un cintre et le maintenir pendant sa construction, mais exposés comme ils le sont aux variations de longueur par les alternatives de chaud et de froid, ils ne sauraient en aucune façon s'opposer aux petits mouvements, qui pourtant ne manqueraient pas d'être désastreux s'ils se produisaient pendant l'exécution des maçonneries.

Montage du cintre. Le projet de montage du grand cintre a été étudié, en collaboration avec M. Arnodin, par M. Vitte, entrepreneur des travaux, et M. Faron, ingénieur de l'entreprise. Il å été ensuite soigneusement vérifié et amélioré par M. l'Ingénieur Gadreau.

Le système proposé par l'entrepreneur a été, en somme, de construire ce cintre comme on le ferait d'un pont-grue, en soutenant par des haubans convenablement disposés les arbalétriers A, A, A, au fur et à mesure de leur mise en place.

Le procédé était très satisfaisant en soi, et nous l'avons approuvé, mais comme nous craignions énormément l'action du vent, nous avons exigé que la construction des 8 fermes composant le cintre fût menée parallèlement.

Ferme 1

Ainsi, ce n'est que lorsque les seize arbalétriers A, et A,' eurent été mis en place et contreventés ensemble, et qu'on eût par surcroît de précaution placé aussi les contrefiches et vaux correspondants Cg' Cg" et V, que l'on s'occupa des arbalétriers A, et A', et il fallut que les seize arbalétriers de cette seconde catégorie fussent en place avec les pièces correspondantes Ce', Ce", V, et V, pour qu'on passât aux arbalétriers A,, etc...

7

Comme parfois le vent est venu gêner les opérations de la pose des A1, les moins exposés pourtant, - on décida, pour les étages

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

supérieurs du cintre, de commencer l'exécution d'un étage par la mise en place simultanée des arbalétriers intermédiaires des fermes 4 et 5 préalablement contreventés entre eux par une entretoise et une croix de Saint-André, et c'est le système M N P Q tout entier que le grand télécharge amenait à pied d'œuvre et dont les pieds Pet Q étaient fixés aux nœuds qui les attendaient.

L'intervalle entre les fermes 4 et 5 étant de 3m,50 alors que l'intervalle entre les autres n'est que de 1,50, le système MNPQ pouvait mieux résister par lui-même aux efforts du vent que ne l'auraient fait deux autres arbalétriers.

Pour mettre en place les bois du cintre, l'entrepreneur avait d'abord à sa disposition le grand télécharge établi dans l'axe même de la grande arche et qui servait au transport des matériaux (pl. 18).

[blocks in formation]

PONT DE SIDI-RACHED. ACHÈVEMENT DE L'ÉCHAFAUDAGE DESTINÉ A LA CONSTRUCTION DE LA PARTIE CENTRALE DU CINTRE.

Page 498 bis.

[graphic]
« PreviousContinue »