quelle manière les prix unitaires réalisés se sont écartés de ceux prévus. Ainsi, par exemple, si l'on considère l'un des plus importants, le prix du yard cube de béton aux écluses de Gatun, on voit que, tandis qu'il était prévu à 7a,75, en pratique il n'a été que de 74,29.

Au 31 décembre 1911, les dépenses de construction proprement dites s'élevaient à 137.555.462 dollars, se décomposant comme l'indique le tableau ci-après, qui donne également les prix de revient unitaires et les travaux exécutés pendant le dernier trimestre de

ÉTAT DES DÉPENSES DE CONSTRUCTION DU CANAL DE PANAMA, au 31 DÉCEMBRE 1911 (non compris celles du Gouvernement de la zone et du Service de Santé).

Etat des dÉPENSES DE CONSTRUCTION DU CANAL DE PANAMA, AU 31 DÉCEMBRE 1911 (non compris celles du Gouvernement de la zone et du Service de Santé).

1911. Ce trimestre est le deuxième de l'année fiscale de l'Administration du canal, qui va du 1er juillet au 30 juin.

Nous avons vu (page 272) qu'au 1er avril 1912 le total des excavations déjà faites atteignait 126.821.712 mètres cubes et qu'il restait encore à excaver à cette époque 22.513.120 mètres, ce qui porte à 149.334.832 mètres cubes le volume à excaver par les Américains. Si l'on ajoute à ce chiffre celui de 60 millions de mètres cubes extrait par les deux Compagnies françaises, on voit que la construction du canal à écluses aura nécessité l'enlèvement d'environ 210 millions de mètres cubes (1).

Au total de 375.201.000 dollars, prix du canal proprement dit, s'ajoutera une somme de 14 millions de dollars prévue pour les travaux de fortification destinés à défendre le canal contre les flottes ennemies, ce qui porte à 389.211.000 dollars le prix auquel le canal reviendra aux Américains soit, en comptant le dollar à 5 fr. 18, 2.016.000.000 de francs.

Les deux Compagnies françaises ayant dépensé ensemble:

c'est donc trois milliards et demi, en chiffre rond, que coûtera, en définitive, le canal de Panama.

Les divers chiffres ci-dessus rapprochés des évaluations de la Commission consultative de 1906, qui n'estimaient qu'à 79 millions

(1) Les Américains ont bien reconnu que les Français avaient exécuté 60 millions de mètres cubes, mais ils considèrent que 22.873.500 seulement, soit 29.908.000 yards cubes, ont été utilisés par eux et c'est ce dernier chiffre qui figure dans toutes leurs évaluations.

Cela tient surtout à ce que les Américains ont abandonné l'ancien tracé, entre Colon et Gatun (voir la planche 7), partie où les Français avaient creusé le canal sur près de 8 mètres de profondeur. Depuis, ce chenal a été en partie comblé par les apports du Chagres, mais il constitue encore une voie navigable de plusieurs mètres de profondeur et qui a été d'une très grande utilité aux Américains pour l'apport des matériaux des écluses, à Gatun, ainsi qu'on l'a vu page 257.

Ainsi qu'on le voit sur le profil en long (pl. 7), un cube très considérable exécuté par les Français, entre Gatun et Gorgona, se trouve également inutilisé par les Américains, à cause de la surélévation du plan d'eau.

(2) Le capital de la Compagnie nouvelle du canal de Panama était de 60 millions de francs, mais, sur ce chiffre, 16 millions avaient été versés par le liquidateur de la Compagnie universelle.

de mètres le cube total à extraire, permettent de se faire une idée du volume de déblais qu'aurait entraîné l'exécution du canal à niveau et de la dépense colossale à laquelle elle aurait conduit.

On a souvent reproché à la première Compagnie française d'avoir beaucoup varié dans l'estimation des dépenses à prévoir pour la construction du canal. Ces variations, à une époque où les éléments d'appréciation étaient extrêmement incertains et où tout était à créer, sous un climat meurtrier, étaient cependant bien excusables.

On s'en rendra encore mieux compte en remarquant que les Américains, qui ont cependant bénéficié de toute l'expérience acquise pendant quinze ans de travaux, ont estimé le coût du canal. proprement dit à 139.705.200 dollars en 1906 et à 297.766.000 dollars, soit plus du double, en 1908.

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES

TONNAGE ET TARIFS PREVUS

Tant que la construction du canal de Panama a été considérée comme une affaire privée, on s'est préoccupé, au même titre que des difficultés d'exécution et du coût de l'entreprise, des revenus qu'elle était susceptible de produire.

L'évaluation des recettes probables est au moins aussi difficile que celle des dépenses de construction, car ces recettes dépendent de facteurs encore plus nombreux et plus variables que ceux qui sont susceptibles de modifier l'estimation des dépenses nécessitées par l'exécution de terrassements ou de maçonneries.

Les recettes du canal varieront, en effet, d'une part avec le nombre de navires qui l'utiliseront et, d'autre part, avec la taxe de passage qui leur sera demandée, le premier facteur étant d'autant plus faible que le second sera plus grand.

Même en admettant, ce qui est peu vraisemblable, que l'ouverture de la nouvelle voie n'apportera pas un trouble considérable dans les courants commerciaux actuellement établis, il est extrêmement difficile d'évaluer quelle serait la taxe de passage susceptible de provoquer le rendement maximum de l'entreprise. Il est clair, en