ferme dans un ordre très-méthodique tout ce qui étoit connu d'important en Chimie à l'époque où il a paru.

Le style pur et élégant du Système des Connoissances chimiques de M. de Fourcroy a fixé l'attention du Secrétaire de la Classe de la Littérature Française, qui l'a mentionné avec éloge dans le compte qu'il a rendu de l'état de la Littérature en France depuis vingt ans.

On trouve dans le Système des Connoissances chimiques beaucoup de découvertes et d'observations qui sont propres à l'auteur, particulièrement dans le règne végétal et dans le règne animal, et dont il a fait de nombreuses applications à la Physiologie et à la Médecine.

Cet excellent ouvrage, le plus propre à servir de guide à tous ceux qui veulent se livrer à l'étude de la Chimie, a singulièrement contribué à en avancer les progrès et à en répandre le goût. C'est, en un mot, un des plus utiles et un des plus beaux monumens que l'on ait élevés aux Sciences Physiques dans ces temps modernes.

Histoire des Poissons de M. le comte DE LACÉPède.

L'HISTOIRE des Poissons est digne à tous égards de sa destination, qui est de faire suite à l'Histoire Naturelle de Buffon. L'auteur avoit été précédé par Bloch, dont l'Ichtyologie, en 12 volumes in-fol., est particulièrement remarquable par de très-belles planches enluminées. Mais M. de Lacépède a décrit un grand nombre de poissons inconnus à Bloch et à ses prédécesseurs. Il les distingue en genres nombreux, dont les uns sont des démembremens utiles de genres anciens, et les autres sont entièrement nouveaux. Il distribue tous ces genres en sous-classes, en ordres et en sous-ordres, fondés sur la présence ou l'absence des opercules des branchics, des rayons de la membrane branchiostège, et sur la présence ou l'absence, ainsi que sur la position des nageoires ventrales. Il rassemble sous chaque espèce tous les faits de son histoire rapportés par les divers Naturalistes, et ajoute à l'intérêt des descriptions par des figures propres à en faciliter l'intelligence.

L'auteur a répandu les couleurs de son éloquence ordinaire sur les parties dont le style étoit susceptible d'ornement, telles que les

vues générales relatives à la nature des poissons, et les descriptions d'espèces remarquables par leurs habitudes, par leurs voyages, et autres circonstances qui peuvent offrir le sujet d'un tableau intéressant. La Commission adopte le jugement du Jury.

Signés, LELIEVRE, HAUY, CHARLES, VAUQUELIN

DESFONTAINES, rapporteur.

Le Rapport ci-dessus a été adopté par la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques dans la Séance du 20 août 1810.

Signés, G. CUVIER, secrétaire perpétueî;
DELAMBRE, secrétaire perpétuel.

Quatrième grand Prix de première Classe,

A l'Auteur du meilleur ouvrage sur la Médecine, l'Anatomie, etc.

RAPPORT DU JURY.

L'ANATOMIE humaine étoit trop avancée pour que l'on pût espérer de trouver, dans la période du concours, un ouvrage assez riche en faits nouveaux pour mériter un prix. L'anatomie comparée offroit un champ plus vaste, dont quelques parties seulement avoient été défrichées ou cultivées avec plus ou moins de succès par Hunter, les deux Monro, Vicq-d'Azir, Éverard Home, Tenon et Cuvier. Mais il n'existoit aucun traité général sur cette branche de l'Histoire naturelle, qui exigeoit encore tant d'observations et de dissections nouvelles. On le trouve aujourd'hui dans les Leçons de M. Cuvier, qui y considère chaque organe dans toute la série des animaux successivement. Il y résume, dans un ordre méthodique, les faits qu'il avoit consignés dans différens recueils. Il fait

connoître la structure des organes de la voix des oiseaux, et il en explique le mécanisme. Il y donne celui des jets d'eaux des cétacés, et les causes qui rendent ces animaux muets. Il y compare les cerveaux de diverses classes, et montre les rapports de leurs formes avec l'intelligence et même avec quelques-unes des habitudes particulières des animaux. Il y décrit en détail les organes de la circulation des mollusques et des vers à sang rouge, ainsi qu'une multitude de faits nouveaux dont on peut, tous les jours, voir les preuves dans cette collection précieuse qu'il a formée lui seul au Muséum d'histoire naturelle, et qui est une de celles que visitent avec le plus d'empressement les Savans de toute l'Europe.

En physiologie, les vues ingénieuses de Bichat mériteroient une attention particulière, si sa manière trop prompte de composer lui avoit permis de donner à ses ouvrages la perfection de rédaction que l'on a droit d'exiger pour une récompense telle que le prix décennal, ou si sa mort prématurée n'eût pas privé le Public d'une édition plus soignée qu'il

méditoit.

L'anotomie pathologique a produit, dans l'époque fixée, le grand ouvrage de M. Portal, un nombre assez considérable de bons Mémoires répandus dans les journaux, et le Traité des maladies organiques du cœur, de M. Corvisart, ouvrage rempli de faits nouveaux en médecine, et dont la doctrine est aussi saine que la composition en est sagement ordonnée.

La Nosographie de M. Pinel est une production qui se distingue par de grandes difficultés heureusement surmontées et par une utilité non commune. L'auteur, en perfectionnant les travaux de ses prédécesseurs, a facilité pour les jeunes

élèves

élèves l'étude des maladies, et simplifié l'idée générale que l'on peut s'en faire. Il a fort approché des conditions d'une nosologie parfaite, en établissant plus clairement la différencé des phlegmasies ou inflammations, d'après la différence des tissus qui en sont le siége. Il a perfectionné les idées reçues, en caractérisant les fièvres par les altérations qui sont sensiblement et essentiellement unies à leurs divers genres. On lui doit encore des éloges pour la netteté, la précision et la vérité avec lesquelles il a formé ses descriptions générales.

Un autre ouvrage que l'on peut encore désigner comme ayant contribué à la perfection d'une partie difficile de la science, est celui de M. Broussais sur les Phlegmasies ou inflammations chroniques.

L'attention du Jury a été fortement attirée par un ouvrage d'une grande importance, et qui manquoit à la médecine; c'est celui que publie M. Alibert, dont les premières livraisons sont de 1806, et qui traite des maladies de la peau. A des descriptions bien écrites, à une classification judicieuse, il a joint des représentations extrêmement soignées des maladies sur lesquelles, faute de ce secours, des écrits très-savans et justement célèbres laissoient encore beaucoup d'obscurité. On s'aperçoit aisément que les artistes intelligens qu'il a employés ont été dirigés par un habile observateur, sous les yeux duquel ont passé des faits qu'on n'observoit nulle part en aussi grand nombre que dans l'hospice de Saint-Louis, dont M. Alibert est un des médecins. L'auteur se propose de pénétrer, par des observations microscopiques, dans les détails de la peau saine et malade, et de développer le véritable état de cet organe dans les altérations dont il est affecté. A ces descriptions, à ces expériences, si l'auteur peut joindre une méthode cura

il

tive qui soit justifiée par de nombreux succès, pourra se flatter d'avoir donné à l'une des parties les plus difficiles de la médecine tous les développemens dont elle étoit susceptible, et se présenter avec de grandes espérances au prochain

concours.

En cherchant le mérite particulier qui distingue chacun des le ouvrages qu'il vient d'analyser, le Jury a pensé que, pour nombre des faits entièrement nouveaux, l'importance et la difficulté des découvertes, l'ordre et la méthode qui règnent dans la composition, aucun ne pouvoit se comparer aux Leçons d'anatomie de M. Cuvier, et ne mériteroit si bien d'être proposé pour le grand prix décennal; mais dans l'impossibilité où s'est mis le Jury de proposer l'ouvrage d'un de ses membres, il croit devoir la préférence à la Nosographie de M. Pinel, en accordant des mentions honorables aux ouvrages de MM. Corvisart, Bichat, Portal et Alibert.

RAPPORT D'UNE COMMISSION

Composée de MM. SABATIER, PELLETAN et HALLÉ, sur les ouvrages de Médecine, Anatomie, etc. admis par le Jury au concours des Prix décennaux, pour le quatrième grand Prix de première Classe. (M. Hallé, rapporteur).

LIS ouvrages qui doivent entrer dans la section de Médecine d'Anatomie, etc. pour concourir aux prix décennaux, se partagent en deux divisions.

L'une est celle d'Anatomie et de Physiologie,

L'autre est celle de Médecine et de toutes les sciences comprises sous ce titre.

Ces deux divisions sont unies par des points de contact assez intimes