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de la prospérité, c'est que l'effet suit la cause et ne la précède pas. »

Au surplus, si, limité par le peu d'espace que nous laisse notre cadre, nous n'avons pas suivi l'auteur dans le développement de ses idées sur les difficiles problèmes qu'il aborde avec tant d'intrépidité, et si toutes ne nous paroissent pas d'une application facile, ni même en ce cas, d'un succès assuré, toutes du moins nous ont paru l'expression d'un noble cœur, d'un esprit généreux, et marquées au coin d'une franchise et d'une loyauté qu'on ne rencontre pas toujours dans la polémique des intérêts sociaux.

État de l'instruction primaire dans l'ancien diocèse d'Autun pendant les dix-septième et dix-huitième siècles, par ANATOLE DE CHARMASSE, auteur, 1871, in-8°.

M. Anatole de Charmasse commence le travail que nous annonçons par proclamer comme l'une des plus précieuses conquêtes de notre époque, le perfectionnement de l'instruction primaire, « qui, « dit-il, est devenu en quelque sorte pour elle une affaire d'hon« neur; et qui a pris un développement bien fait pour éblouir. « L'opinion est même si peu disposée à admettre ici la participa«tion du temps passé, que si quelque indiscret venoit à deman« der quel étoit l'état de l'instruction primaire avant 1789, on lui « répondroit unanimement, et sans hésiter, qu'il n'y avoit point << alors d'instruction primaire.»-Nous savons, en effet, que notre époque s'est habituée à faire bon marché de tous les travaux et de toutes les méthodes de nos ancêtres. Cependant pour ne parler que d'une seule dont nos instituteurs modernes s'attribuent tout l'honneur, l'enseignement mutuel qui reçut sa première application en France sous la Restauration et sous l'impulsion de Belle et de Lancastre, nous croyons, pour nous, en retrouver l'idée mère, chez un instituteur du xvIIe siècle dont nous avons en ce moment sous les yeux un livret ayant pour titre : Avis touchant les petites écoles, 1684. Voici entr'autres préceptes de l'auteur qui se dit avoir une expérience de plus de quarante ans dans l'enseignement ce que nous lisons: « Un seul maistre, une seule voix, un seul livre « enseignant, un écolier les enseigneroit tous et les enseignant #tous enseigneroit un chacun en particulier; chaque écolier pos

<séderoit tout son maître et tout son temps et toutes ses pensées « et toute son affection. Le maître seroit dans l'école, comme l'âme << dans le corps, tout en. tout le corps de l'école.» — Nous ne pensons pas que l'instituteur moderne tel que le façonnent nos progrès et nos découvertes ait encore réalisé le type de notre maître d'école de 1684.

M. de Charmasse se hâte et son livre arrive à point, de donner un démenti aux superbes mépris de nos écoles très-modernes, en montrant ce que fut, grâce à l'Eglise, avant notre époque, l'enseignement primaire dans l'ancien diocèse d'Autun.

L'auteur, après avoir jeté un rapide coup-d'œil sur les nombreux établissements d'instruction dont les cartulaires et les archives ecclésiastiques démontroient l'existence, aux temps reculés du moyen âge, des xve et xvIe siècles, arrive au dénombrement des écoles dont l'Eglise avoit doté l'ancien diocèse d'Autun aux XVII® et XVIIIe siècles. Nous dirons sommairement que cette statistique nous donne un résultat total de deux cent soixante-quatorze maîtres ou maîtresses d'école, établis dans les trois cent soixante-trois paroisses, des quatorze archiprêtres du diocèse, et il convient d'ajouter que les petites paroisses ou villages qui n'en étoient point pourvus, étoient ou trop minimes d'importance et suffisamment rapprochées des paroisses pourvues. Or ce qui surprendra quelques personnes c'est que l'enseignement, quoique propagé et soutenu par l'autorité ecclésiastique étoit exclusivement laissé aux mains laïques. Mais il faut le dire placé sous l'inspection et surveillance de l'évêque, le maître d'école avoit la foi. C'étoit, après la doctrine suffisante, sa meilleure recommandation à ces fonctions si délicates. On avoit point alors l'idée d'un enseignement purement pédagogique. On pensoit qu'enlever à l'enseignement le caractère religieux c'eut été par trop circonscrire son horizon et lui enlever la sanction qui oblige la conscience. L'Etat peut fort bien enseigner l'algèbre et la grammaire, mais il sera toujours impuissant à inspirer d'autre morale que celle qui ressort des pénalités du code. Dans le système catholique qui fit les grandes sociétés d'Europe ces deux forces, la religion et l'Etat, étoient amis. L'Etat croyoit, et sa contitution reposoit sur la loi chrétienne. Nous avons subitement changé tout cela, et non pas d'aujourd'hui, et il me semble que notre société n'est pas déjà sans recuillir les fruits du système nouveau.

Le Courrier de Vaugelas, journal bi-mensuel consacré à la propagation de la langue françoise, paroissant le 1er et le 15 de chaque mois, sous la direction de M. EMAN. MARtin, 26, boulevard des Italiens. Prix 6 francs.

Ce petit journal, dont nous n'avons pas encore eu l'occasion de parler, bien qu'il en soit à sa troisième année, est vraisemblablement appelé à un succès légitime, non-seulement près des maisons d'éducation, mais aussi dans toutes les familles où l'étude du beau langage est restée en honneur. On sait que le grammairien dont M. Martin a pris le nom, est l'auteur d'un livre qui fit les délices des délicats de son temps, toutefois bien en a pris à l'auteur d'être cité par Molière, et la pauvre Martine qui met Vaugelas en pièces tous les jours, a certes autant contribué à l'illustration du grammairien que les Remarques sur la langue françoise.... Quoiqu'il en soit, le Courrier de Vaugelas ne contient pas seulement la solution des difficultés de la langue, mais les notions les plus claires, les plus précises et les plus décisives sur une foule de locutions tombées dans l'usage commun, et dont toutefois peu de personnes seroient en mesure de rendre compte. Ces solutions de l'auteur sont données en réponse aux questions et difficultés soulevées par les abonnés ; citons entre mille un exemple que nous fournit l'un des derniers numéros du recueil.

«En parcourant la bibliographie de votre journal, il m'arrive parfois de rencontrer l'expression de papier jésus. Pourquoi cette dénomination donnée à un papier? et pourquoi, s'il s'agit du nom du Sauveur, le mot n'a-t-il pas une majuscule ? »

Réponse. Le papier reçoit ses différents noms de la marque que l'on y fait en le fabriquant. Ainsi, par exemple, il y a eu le papier dit la couronne, qui portoit ordinairement les armes du contrôleur des finances; le papier à la tellière, qui portoit celles du chancelier Le Tellier, un double T (T liés); la serpente, ainsi nommée à cause d'un serpent, mot jadis du féminin, qui s'y trouvoit. Le nom de Jésus, qui se distinguoit par IHS, ce qui est, comme ou sait le chiffre de Jésus, formé des trois premières lettres de IHOZ, Jésus en majuscules grecques. Or pendant que plusieurs de ces dénominations disparoissoient, celle du nom de jésus se réduisit au dernier

de ces termes, et c'est de cette manière qu'a été formé le qualificatif jésus, spécial au substantif papier.

Quant à l'absence de majuscule, elle s'explique facilement : dans notre langue on ne met jamais de grande lettre initiale aux adjectifs formés d'un nom propre. Jésus est ici une sorte d'adjectif; point de grand j, par conséquent. »

Autre question: « Pourriez-vous expliquer dans un de vos prochains numéros pourquoi on appelle un certain caractère d'imprimerie du saint-augustin ? »

Qui veut de l'eau va à la rivière. J'ai cherché dans La Caille, l'auteur de l'Histoire de l'Imprimerie (1689) les renseignements qu'il me falloit pour vous répondre, et j'y ai trouvé, p. 15, ce qui suit :

« Cet Art (l'imprimerie) que l'on avoit caché avec de si grands soins, tant de précautions, commença enfin à se divulguer, après l'impression de la Bible, par les serviteurs et les ouvriers des Inventeurs, qui, pour profiter de la nouveauté de cet Art, allèrent s'établir en diverses villes.

« Rome fut une des premières villes où l'on commença à exercer cet Art, vers l'an 1467, sous le Pontificat de Paul II, par le moyen de Conradus Suvenheim et Arnoldus Parmartz, qui furent se loger en la maison de Pierre, et François Maximis, où ils y commencèrent à imprimer le Livre de saint Augustin de la Cité de de Dieu in-folio en latin (ce qui a donné le nom au caractère que l'on appelle de saint-augustin)..... »

On dit du saint-augustin en sous-entendant le mot caractère.

Autres renseignements analogues trouvés à la même source. Le nom de cicero donné à un autre type, vient de l'impression des Epitres familières de Cicéron en latin, et la lettre couchée appelée itulique est due à Alde Manuce, imprimeur italien, qui avoit obtenu du Pape le privilége de s'en servir tout seul.

FIN DES DOCUMENTS DU DIX-SEPTIÈME VOlume.

TABLE DES MATIÈRES

DU DIX-SEPTIÈME VOLUME

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DOCUMENTS INÉDITS

Esquisses historiques de la fin du XVIIIe siècle, extraites de
documents inédits, par M. le général vicomte de Ro-
CHAMBEAU (suite)..

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- 12

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- Commission militaire d'Auxonne; Tribunal crimi-

nel de Chaumont; de Troyes; de Chalons-sur-

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Petites pièces pour servir à l'histoire de Napoléon le Grand
et qu'on a omis de faire figurer dans les œuvres et dans
la Correspondance de l'Empereur.....

Histoire de l'Acadie françoise, par M. C. MOREAU, auteur de
la Bibliographie des Mazarinades. Chap. xv (10° article).

Nécrologie. Charles Berriat Saint-Prix...

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Recueil Bourdin....

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