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continent, affin que j'en puisse avoir responce. Il sera aussy bon que vous faciés tenir prests quelque nombre de ces harquebusiers de vostre populace de ceulx qui seront les plus propres pour s'en servir à quelque effect, et me mander combien je pourray à peu près en faire estat, et n'estant cestecy à aultre subject, Je prie Dieu vous avoir en sa garde : de Larche ce premier jour de novembre.

Il y a une procuration qui importe dans le pacquet que j'adresse aud. Sr de Loyac.

Vostre meilleur et fort seur amy.

NOAILLES.

Au dos est écrit: Au Capitaine Laquant à Malemort.

T. 1er, fol. 47.

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MONS. DE NOAILLES (HENRY) A MADAME DE MONTCLAR,

SA FEMME.

De Lentour, 23 novembre 1591.

A la date de cette lettre, M. de Noailles n'étoit titré que de baron de Montclar et de Chambres, le comté d'Ayen n'ayant été érigé en sa faveur que l'année suivante: il avoit épousé, le 22 juin 1572, Jeanne Germaine d'Espagne, fille de Mathieu d'Espagne, seigneur de Panavac et de Catherine de Narbonne. La terre de Montclar, dont Madame de Noailles prenoit le nom, étoit entrée dans la maison de son mari dès le xive siècle, par le mariage de Guillaume de Noailles et de Marguerite, dame de Montclar et de Chambres.

Nouvelles de l'armée. Avec 18 hommes armés il s'en va reconnoître le camp volant de l'armée de la Ligue, qui menace d'assiéger Graniac, etc.

Ma mye, Je vous renvoye ce porteur et vous dis qu'il nous va bien à tous Dieu mercy, et qu'il ne s'est encore rien passé de sanglant; mais je croy qu'on ne tardera guyères à se veoir

si les ennemys veullent. Je recongneuz hier, ayant avec moy dix huit hommes armés seulement toutes leurs troupes de bien près, comme ils marchoyent d'Erynac à Graniac où ils allèrent coucher hier au soir avec leurs trois canons. Mon nepveu que j'avois faict advancer devant avec trois ou quatre, tira son pistollet à ung à la teste d'ung escadron des leurs de cent chevaulx qui n'estoient encores guyeres esloignéz du reste de leur gros, et celluy de Bordat lui faillist. Ils n'heurent envie de s'advancer beaucoup vers nous, car paroissant avec le peu que j'avois avec moy de l'aultre cousté du vallon, ils n'enfonçerent davantage ledit nepveu, et s'arrestèrent faisant paroistre avoir de l'allarme entre eulx. Ils faisoient estat de passer lès préz dans le bois de Arrue (?) mais yant opinion que nous les pourrions combattre en gros en ses environs icy, ilz ont changé de desseing et reprinrent le mesme chemin qu'ilz avoient faict du cousté de Temines pour gagner Graniac, où je fuz cause qu'ilz arrivèrent hier au soir trois heures de nuict. Ilz menassoient fort ceste maison de l'assiéger, qui fust cause que je y envoyai, il y a trois ou quatre jours, des gens et que je voulus m'y rendre hier moy mesme avant le jour, mais ilz ont bien congneuz qu'il ne falloit pas qu'ilz s'y frotassent. Je monte tout ast'heure à cheval et avant le jour, après avoir couché céans pour aller retrouver nostre gros à une lieue d'icy, assez près de Lobersac et crois qu'il se pourra passer aujourd'huy quelque chose. Je n'ayloisir de vous en dire davantaige ny d'escripre à personne. A Lentour ce sabmedy avant jour 23 novembre 1591.

Au dos: Copie de lettre escripte par Mons. de Noailhes à Mc de Monclar, de Lentour 23 nov. 1591.

T. 1er, fol. 55.

6.

MONS. DE NOAILLES HENRY, A MONS. DE SEDIÈRES,

SON BEAU-FRÈRE.

27 novembre 1591.

Marthe de Noailles, la huitième des enfants d'Antoine de Noailles et de Jeanne de Gontaut, avait épousé, le 17 mai 1571, Pierre, vicomte de Sedières, chevalier de l'ordre du Roi. - Même snjet que la précédente.

Frère, Je vous avois escript hier mattin ce mot, pensant que Mons. de Favars s'en deust retourner, mais il a changé despuis d'oppinion par l'advis de ses amis, et n'y a point heu de regret pour avoir particippé à ce qui se passa deux heures après (1), et que vous entendrez par ce que j'escriptz à la femme, et dont je luy mande de luy faire aller promptement coppie. Jugés si Dieu nous a favorisés d'avoir faict une telle defaitte, et où il n'y avoit pas la moitié de nostre cavallerie et de leur assiéger ceux qui pensoyent assiéger les autres, pensés si nous sommes empeschez à noz deux siéges, tenans tous ces Messieurs assiégés dans deux diverses plasses! Faictes remercier Dieu généralement de ceste bonne journée là. MM. d'Aulbeterre et de la Force se joignent à nuict à nous. Vostre filz se porte bien et fust à la charge avec nous. A Canis ce mercredy matin xxvII° nov. 1591.

Je pensois, mons. mon frère que ma lettre de hier fust encore icy, mais elle s'est trouvée partie et j'adresse ce billet à la femme pour vous en renvoyer avec coppie de ce que je luy mande.

Au dos est écrit: Copie de la lettre escripte à M. de Sedières par M. de Noailles, à Canis ce xxvII® nov. 1591.

T. IX, fol. 46.

(1) C'était la formule de Henri de Noailles en parlant de sa mère et de son épouse: J'escrips à la mère, j'escrips à la femme.

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Il lui fait le récit d'un avantage signalé qu'il vient de remporter contre les troupes réunies de MM. de Villars et Montpezat.

29 novembre 1591.

Ma mye, j'escripvis hier matin assés au long à la mère, par Joandilhon qui avoit charge de prendre son chemin par vous et de vous faire voir sa despeche. Maintenant je vous dirai que le reste de la journée nous fut sy heureuse qu'à la grâce de Dieu nous joignismes deux heures après Mons. le marquis de Villars et de Montpezat frères et toutes leurs trouppes; et si, n'avions nous pas la moytié de nostres, parce que comme nous partismes du rendés vous, elles ne y estoient pas encore toutes arrivées : et ayant advis que les leurs passoyent à une traverse à ung cart de lieue de nous pour gaigner les ports de Sonilhac et Lansac, et ayant laissé leur artillerie à Roquamadur, nous advisasmes, affin de ne perdre l'occasion de les rencontrer, d'aller à eux avec ce qui s'en trouva là venu, et marchasmes si viste que ce qui estoit arrivé audict rendez-vous d'infanterie n'eust moyen de se trouver. Lorsque nous allasmes à la charge, leur cavallerye fist quelque contenance d'attendre, mais à la fin tout se mist en fuitte, et laissèrent leur infanterie en proye, qui se rendirent dans un vallon entre deux rochiers, où ilz se firent bien achepter, mais tout y demeura jusques au nombre de quatre cens. Quant à lad. cavallerye ils furent poursuivis si vivement que nous en tenons assegiés les bons dans le chasteau et fort de Peyrac, et les autres dans celluy de St-Proist, demy lieue plus avant, où est led. sieur marquis, et encore son frère, comme on a assuré, et attendons aujourd'huy de l'artillerie pour les battre. Voyla comment ceux qui avoyent

dessein d'entreprendre tant de siéges et diverses provinces se trouveront assiégés eux mesmes, qui est ung vray et juste jugement de Dieu, et vous prie de le remercier avec nous de la grâce qu'il nous a faite, et de ce que tout cecy est advenu sans avoir faict perte que de fort peu de gens; n'y estant mort qu'un honneste homme qui commandoit aux harquebuziers de M. de Devéze, le pauvre Moherin, troys ou quatre sergens et environ vingt harquebusiers et Mons. de Meyraz, frère de Mons. de Montmesc, fort blessé et en danger de mourir, qui est un très grand dommaige. La plupart de ceux-là furent tués lorsqu'on enfonça leur Infanterie au lieu où elle s'estoit retirée. Vous entendrez mieux et plus particulièrement cy après comme toutes choses se sont passées, n'ayant heure la vous faire plus longue, pour ne tarder d'avantage à vous donner cest adviz, afin que la Mère ny Vous, ne soyez en peyne de nous: et vous prie de faire courir ceste bonne nouvelle à tous les nostres qui s'en peuvent resjouir, mesmes à l'oncle et au beau frère, leur envoyant copie de cecy, avec un mot que j'escripvis hier au matin audit beaufrère avant l'advenue. MM. de la Force et d'Aubeterre se joignent à nuict, et nous nous sommes si empeschés après nos siéges qu'il ne me reste loisir. Adieu. — de Canis, entre Peyrac et St Proet, le mercredi vingtseptiesme novembre 1591.

J'oubliois à vous dire que nous tenons assiégés soixante mestres dans Peyrac, et presque quarante dans St-Proet.

Au dos est écrit: Copie de nouvelles escriptes à Madame de Montclar, par M. de Noailles, de Canis ce xxviio novembre 1591.

Tome Ier,
fol. 53.

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