Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors]

tion de la traite des noirs. Le duc de Wellington se plaignit au congrès de Vérone que cette traite était exercée avec plus de barbarie que jamais,.et il demandait que l'on employat à la supprimer les moyens coërcitifs les plus violens ; il voulait que l'on appliquât à la traite des nègres les châtimens infligés à la piraterie, la peine de mort; enfin il réclamait un droit de visite et de confiscation sur les vaisseaux engagés dans ce trafic odieux. Et cependant le congrès de Vérone ne prit aucune mesure pour arrêter la traite de trente ou quarante mille chrétiens qui se faisait à ses portes, c'est-à-dire non loin des rivages de l'Italie1.

1 Voici des considérations qui auraient pu être présentées aux puissances chrétiennes.

Il est beau de défendre à l'avarice de multiplier chez des peuples barbares les embûches atroces et les trahisons domestiques. Mais pourquoi permettre en Europe ce qu'on ne permet plus en Afrique? Eh! ne voyez-vous pas de nouvelles cargaisons d'esclaves qui partent pour l'Asie, des côtes de l'Epire, de la Macédoine, du Péloponèse, et surtout des îles de Chios, d'Ipsara, réduites en cendre? Arrêtez-vous, marins de l'Angleterre, vous qui, avec tant de justice, déclarez forban tout vaisseau négrier. Ceci se passe sur votre empire et sous la portée de votre canon. La féroce allégresse

Mais alors la révolution de l'Espagne, la crainte du carbonarisme, des séditions militaires et des constitutions de cortès que l'on faisait jurer à des souverains captifs dans leurs palais, préoccupait exclusivement les esprits. Cette crainte agissait vivement sur le cœur aussi humain qu'élevé de l'empereur Alexandre. Il aimait à s'entretenir avec M. de Chateaubriand, et sentait pour lui cette sympathie qui s'éveille entre les

de ces musulmans, qui croient revenir d'une victoire, parce qu'ils reviennent d'un massacre, ces têtes coupées qu'ils ont suspendues à leurs mâts, ne doivent-elles pas ralentir votre marche? Entendez-vous à bord du vaisseau ravisseur des voix douloureuses qui confessent Jésus-Christ, et implorent la protection de Marie? Ces jeunes filles dont les cris vous appellent, sont destinées à l'ap provisionnement des harems, et leurs frères, plus infortunés encore, vont subir la mutilation du fer. La déplorable troupe a reconnu en vous des chrétiens; elle espère, elle vous croit envoyés par le ciel pour sa délivrance. Si c'étaient des nègres, vous les auriez bientôt délivrés; et le bâtiment négrier expierait sa lâche félonie. Mais ce sont des chrétiens, et leurs maîtres sont des Turcs, il faut passer avec respect, et donner le salut amical au pavillon du croissant.

(Extrait d'un écrit publié par l'auteur de cette histoire en faveur de la cause des Grecs.

1822.

1822.

hommes occupés à poursuivre la gloire à des titres divers et qu'unit encore plus intimement l'intérêt commun de l'humanité et de la morale publique. Voici les paroles que M. de Châteaubriand recueillit de la bouche de ce prince:

« Je suis bien aise que vous soyez venu à » Vérone, afin de rendre témoignage à la » vérité. Auriez-vous cru, comme disent >> nos ennemis, que l'Alliance est un mot qui »> ne sert qu'à couvrir des ambitions ? Cela » peut-être eût été vrai dans l'ancien état de choses; mais il s'agit bien aujourd'hui de quelques intérêts particuliers quand le >> monde civilisé est en péril!

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» Il ne peut plus y avoir de politique anglaise, française, russe, prussienne, au» trichienne; il n'y a plus qu'une politique générale qui doit, pour le salut de tous, » être admise en commun par les peuples et >> par les rois. C'est à moi de me montrer le >> premier convaincu des principes sur lesquels j'ai fondé l'Alliance. Une occasion » s'est présentée : le soulèvement de la Grèce. » Rien sans doute ne paraissait être plus » dans mes intérêts, dans ceux de mes peuples, dans l'opinion de mon pays, qu'une » guerre religieuse contre la Turquie ; mais

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

>>

j'ai cru remarquer dans les troubles du Péloponèse le signe révolutionnaire; dès » lors je me suis abstenu. Que n'a-t-on point >> fait pour rompre l'alliance ? On a cherché » tour à tour à me donner des préventions » ou à blesser mon amour-propre; on m'a >> outragé ouvertement; on me connaissait » bien mal si on a cru que mes principes » ne tenaient qu'à des vanités ou pouvaient » céder à des ressentimens. Non, je ne me » séparerai jamais des monarques auxquels je suis uni; il doit être permis aux rois » d'avoir des alliances publiques pour se dé>> fendre contre les sociétés secrètes. Qu'est>> ce qui pourrait me tenter? Qu'ai-je besoin >> d'accroître mon empire? La Providence » n'a pas mis à mes ordres huit cent mille >> soldats pour satisfaire mon ambition, mais » pour protéger la religion, la morale et la justice, et pour faire régner ces principes » d'ordre sur lesquels repose la société hu

[ocr errors]
[ocr errors]

>> maine..... >>

La question de savoir si la guerre serait déclarée à l'Espagne, si la France en resterait seule chargée, ou si la Sainte-Alliance concourrait à cette entreprise, cette question vainement débattue dans les conférences de Vienne, ne reçut point de solution précise au

1822.

Délibération du
congrès sur
la guerra.
d'Espagne.

1822.

congrès de Vérone. Le duc de Wellingtor embarrassait les négociateurs par des objections pressantes, soit contre la légitimité d'une guerre qui consacrerait encore une fois le principe de l'intervention dans les débats domestiques d'une nation, soit contre les chances de succès qu'elle pourrait offrir. L'autorité d'un général, puissant et victorieux auxiliaire des Espagnols contre la plus formidable des invasions, devait être ici d'un grand poids; il connaissait le génie d'une nation qui s'était montrée indomptable au milieu d'une série sanglante de défaites. L'opposition que le duc de Wellington manifestait contre une coalition nouvelle arrêtait M. de Metternich, qui craignait pardessus tout de mécontenter l'Angleterre, jusque-là si complaisante pour les vues ambitieuses de l'Autriche. Le projet d'une nouvelle croisade européenne, vivement combattu par deux négociateurs français, MM. de Châteaubriand et de la Ferronais, fut suivi avec moins d'ardeur. Il faut remarquer ici que M. de Villèle, tout opposé qu'il était à la guerre, au fond de son cœur semblait luimême avoir provoqué ce funeste concours, par les questions suivantes qu'il avait adressées au congrès :

« PreviousContinue »