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valeur comme bois de chauffage, et que l'économie de main-d'œuvre, qui résulterait du rétrécissement de l'enclos, ne peut entrer en comparaison avec le risque que l'on court de perdre les animaux qu'on y renferme.

Enfin il faut dire encore que, le chevreuil ne se vautrant jamais, il est inutile de faire des dispositions à cet égard, et que, le rut ne finissant que vers la fin de janvier, c'est seulement à cette époque qu'on doit s'occuper de se procurer les bêtes que l'on veut enfermer dans le parc provisoire.

Lorsqu'il s'agit de faire multiplier dans un canton des chevreuils, qu'ils soient venus s'y fixer, ou qu'ils forment le reste d'une population détruite en partie par diverses circonstances, il faut aux précautions indiquées pour le cerf joindre les suivantes :

io Détruire les loups et les renards.

2o Ne tuer, soit à l'affut, soit à la surprise, que les mâles inutiles à la propagation et les chevrettes hors d'âge; la proportion des mâles doit être aux femelles comme de un à trois, si on veut que toutes les chevrettes soient fécondées.

3o Faire répandre, au printemps, de la

cendre sur les pâturages pour qu'ils fournissent une nourriture plus abondante.

4° Faire semer, à la même époque, dans les terrains vides, où les chevreuils se tiennent de préférence, un peu d'avoine, de pois et de vesce, et, à l'automne, de l'orge.

5° Aussitôt que la feuille est tombée, faire commencer les coupes, et laisser, s'il est possible, sur la terre les branchages qui en proviennent sans être réunis en fagots jusqu'au printemps suivant, afin que les chevreuils puissent en manger les boutons et l'écorce.

§ IV. Du Sanglier,

Le sanglier ne convient en liberté que dans les cantons incultes où se trouvent d'épaisses forêts de chênes et de hêtres, parce que, lorsqu'il est à portée des terres labourées, il y cause infailliblement les plus grands dommages.

En admettant que l'on ait un emplacement convenable, voici comme il faut s'y prendre pour peupler un canton de sangliers;

On cherchera, vers le mois le décembre, à se procurer un sanglier mâle de deux ans

environ (1), et on le placera dans un enclos fermé par un mur haut de sept pieds, ou par une forte palissade de même hauteur. Il faut que cette palissade soit établie de telle sorte que le sanglier ne puisse pas faire de trouée par dessous, ce qu'il essaiera d'autant plus souvent que l'espace dans lequel il se trouvera renfermé sera plus resserré. Il est essentiel qu'il ait dans l'enclos quelques bouquets de bois.

y

On le nourrira tour à tour avec des glands, des pois, des fèves, de l'avoine, de l'orge, des pommes de terre, etc.; et on n'oubliera pas surtout de lui donner de l'eau,

On se procurera ensuite deux ou trois truies de couleur grise, âgées de deux ou trois ans; il faudra les prendre au moment où elles seront en chaleur, et on les laissera l'une après l'autre avec le sanglier, jusqu'à ce qu'on se soit assuré que l'accouplement ait cu lieu quelquefois.

Ce soin pris, on fera entourer au centre de l'enclos un espace d'environ un arpent, avec

(1) Pour prendre un sanglier de cette force, il n'est pas précisément indispensable d'avoir recours aux toiles. On peut, pour cela, se servir de chiens légers ; et s'il n'est pas blessé grièvement, il remplira le but qu'on se propose.

des palissades hautes de sept pieds hors de terre, et enfoncées d'un pied. Ce parc devra renfermer un peu de fourré, des buissons 'd'épines, de l'eau courante sur les bords de laquelle on pratiquera des bas-fonds s'il n'en existe pas. Vers le mois de février, on y placera les truies qui auront été couvertes par le sanglier; on aura soin de leur donner la nourriture nécessaire qui consistera, s'il gèle, en graines de toute espèce, et, par un temps doux, en pommes de terre mêlées avec ces graines. On déposera cette nourriture dans l'enceinte par petits tas, afin que les truies les plus faibles ne soient pas mordues et repoussées par les autres.

Lorsqu'elles auront mis bas, on enlèvera une partie de la palissade; mais on continuera encore pendant un an à apporter la nourriture à la même place, en observant cependant d'en diminuer progressivement la quantité; enfin on cessera tout-à-fait, à moins que la terre ne soit couverte d'une neige épaisse, ou qu'il y ait, dans le canton, disette de nourriture convenable.

Par ces moyens, et si l'on a soin surtout que le canton qu'habitent les truies ne soit pas troublé, elles deviendront bientôt sau

vages; les marcassins le seront presque aussitôt après leur naissance, et, à la seconde génération, il n'y aura point de différence entre eux et les vrais sangliers. Ces élèves s'accoupleront vers leur vingtième mois; et, comme l'espèce en général pullule beaucoup, on en aura en peu d'années une grande quantité, surtout si l'on veille à ce qu'ils ne soient pas inquiétés et si l'on a soin de pourvoir à leur nourriture toutes les fois que cela sera nécessaire.

Ponr repeupler une forêt de sangliers lorsqu'il s'y en trouve encore quelques-uns, il suffit de veiller à laisser en repos ceux qui restent, de n'en tuer aucun pendant quelques années, et, lorsque l'on recommencera à chasser, de ménager beaucoup les laies, enfin de pourvoir à leur nourriture pendant l'hiver.

SV. Du Lièvre.

Tout canton cultivé, 'pourvu qu'il ne soit ni bas, ni humide, convient aux lièvres; on les verra surtout multiplier beaucoup sousun climat doux et sur un terrain sec, entrecoupé de terres labourées, de petits bois et de coteaux boisés ou plantés de vignes, et à

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