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manière de vivre que par les coups de fusil souvent répétés, et qu'alors il serait très-difficile de les prendre vivantes pour les nourrir à la maison lorsque l'étang viendrait à geler, on a la précaution, pour éviter une dépopulation successive, de faire ramasser, chaque année, pendant le temps de la ponte, une certaine quantité d'œufs que l'on donne à couver à des canes domestiques; et l'on traite les petits qui en résultent, comme on l'a dit ci-dessus.

Il faut observer, en enlevant les œufs dans les nids des canes sauvages, d'en laisser toujours quelques-uns, pour ne pas les empêcher de couver.

§ XII, Aperçu de la proportion à laquelle il convient de restreindre la population du gibier en liberté, si l'on veut qu'il ne devienne pas trop préjudiciable à l'économie rurale et forestière.

Les considérations qui pourraient amener à la solution de cette question sortent toutà-fait de notre domaine, et méritent d'ailleurs toute l'attention des meilleurs agronomes. Nous nous garderons donc d'émettre

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notre opinion particulière, et nous nous contenterons d'indiquer les résultats que l'expérience a présentés comme étant les plus convenables, et que nous n'offrons néanmoins que comme des données générales et susceptibles de modifications plus ou moins grandes, suivant la situation des terres, leur fécondité et les sacrifices que le propriétaire est disposé à faire pour étendre ses plaisirs.

Si le territoire est couvert de forêts sans intervalles de terres cultivées, et si ces forêts sont assez étendues pour qu'on n'ait pas à craindre que le gros gibier atteigne la plaine, on peut y laisser subsister au printemps, sans craindre de dommage sensible, sur huit cents arpens de forêts en diamètre, savoir:

Dans les bois de chênes et de hêtres, convenablement pourvus de prairies intérieures ou riches en herbes, huit cerfs ou daims, huit chevreuils et six sangliers;

Dans les forêts de pins et autres bois semblables, six cerfs ou daims, six chevreuils et trois sangliers.

Mais si les forêts, quoique d'une étendue de plusieurs milliers d'arpens, sont contiguës à des terres cultivées, ces proportions doivent diminuer, et l'on devra se borner, dans le

premier cas, à quatre cerfs ou daims, huit chevreuils et deux sangliers pour la même étendue; et, dans le second cas, à trois cerfs ou daims, six chevreuils et un sanglier.

Si les forêts situées au milieu de terres cultivées étaient encore fréquemment entrecoupées de ces mêmes terres, à peine devrait-on, sur huit cents arpens de bois, entretenir dans le premier cas deux cerfs our daims et huit chevreuils, et dans le second deux cerfs ou daims et six chevreuils. Les sangliers doivent en être entièrement bannis.

Cette population calculée au printemps, et indépendante de l'accroissement annuel est tout ce que l'espace indiqué peut comporter; encore est-il nécessaire de chercher à éloigner le gibier des premiers bourgeons des coupes, en ayant soin d'entretenir en bon état les prairies intérieures, et de le nourrir convenablement pendant l'hiver, pour éviter qu'il n'endommage les jeunes tailles. Enfin, si l'on s'apercevait qu'au printemps et en été il s'adonnât à la plaine, il faudrait chercher à l'en éloigner au moyen de surveillans apostés exprès.

Si, malgré ces observations, on voulait. entretenir davantage de gros gibier, les dom

mages, tant dans le bois que sur les terres, deviendraient considérables; et, pour les éviter, on n'aurait pas d'autre moyen que d'enclorre les terres et les jeunes tailles, et de multiplier les gardiens, ce qui entraînerait dans des dépenses énormes.

Nous observerons encore que les lièvres en trop grand nombre font des dégâts sensibles, dans les terres ensemencées, aux jeunes arbres fruitiers et aux vignes, et qu'il en est de même du gibier à plumes. Le coq de bruyère mange en hiver les bourgeons des jeunes pins; les faisans et les perdrix nuisent aussi aux récoltes, en déterrant la semence et en mangeant dans l'été les épis mûrs; mais ces dommages ne sont dans aucun cas à comparer à ceux que causent le gros gibier, et surtout le sanglier.

SECTION. II.

DE LA PROPAGATION DU GIBIER DANS LES PARCS.

SI. Des Parcs en général.

Un parc, en termes de chasse, est un es

pace plus ou moins étendu, clos et destiné à la propagation et à la conservation d'une ou plusieurs espèces de gibier.

Les différentes espèces de gibier que l'on élève ordinairement dans les parcs, soit ensemble, soit séparément, sont le cerf, le daim, le chevreuil, le sanglier, le lièvre et le faisan. On peut trouver presque partout des endroits favorables à la propagation du gibier à poil; il n'en est pas de même des faisans (1).

On peut donc, lorsque l'on a un parc d'une certaine étendue, y réunir les différentes espèces de gibier que nous venons d'indiquer, en observant toutefois que les sangliers doivent en être exclus, parce qu'on les voit souvent bouleverser les meilleurs pâturages, et même dévorer les faons et les levrauts, ainsi que les œufs de perdrix et de faisans: il est donc convenable de leur consacrer un parc particulier, ou de les renfermer dans une enceinte du grand parc, d'où l'on ne fait sortir que ceux que l'on se propose de chasser.

Si l'on ne veut qu'une seule espèce de gi

(1) Voyez ce que nous disons des faisanderies.

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