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bouts de ficelle, auxquels sont suspendues des plumes blanches de différens oiseaux, même des feuilles de papier roulées, et découpées à peu près comme les oreilles que les enfans mettent à leur cerf-volant. Ces plumes, que le moindre vent agite, suffisent pour empêcher les animaux qui sont enfermés dans l'enceinte d'en sortir. Sur l'autre face de l'enceinte qu'on a laissée libre, et qui est ordinairement sous le vent, on dispose deux cordes également garnies de plumes; elles partent chacune de l'angle où finit la première corde, et vont en diminuant de manière à former une espèce d'entonnoir; à leur extrémité la plus étroite se trouve une porte qu'un homme, placé auprès, peut fermer à volonté. Cette porte communique dans une enceinte d'une centaine de pieds de diamètre, que l'on clôt avec des toiles disposées comme celles dont nous venons de parler.

Quand ces préparatifs sont achevés, plusieurs traqueurs entrent dans la première enceinte par le côté opposé à celui où sont placées les toiles, et chassent devant eux et sans bruit les animaux qui s'y trouvent, et qu'ils poussent vers l'eutonnoir qui doit les conduire à l'enceinte des toiles. Ces animaux, effrayés par les plumes que le vent agite, n'o

sent pas franchir la corde qui les soutient, et croyant trouver un passage vont toujours en avant, et arrivent enfin dans la dernière enceinte. Une fois qu'ils y sont tous entrés, l'homme, resté contre la porte, la ferme.

Pour prendre ensuite ces animaux vivans, on tend, à environ vingt-cinq pas de la porte, un panneau qui barre le passage, et contre lequel se cachent les hommes destinés à s'emparer des animaux; on en tend également un à gauche et à droite pour fermer les deux côtés, afin que si l'animal faisait un détour, il ne puisse pas échapper. Dans cet état, l'homme placé auprès de la porte l'ouvre, et les bêtes qui sont renfermées dans l'enceinte apercevant une issue, se hâtent de sortir; mais celui qui est auprès de la porte fait en sorte de n'en laisser sortir qu'un à la fois, qui vient se prêcipiter dans les panneaux et s'y faire prendre. Si les cerfs ou les daims faisaient difficulté de sortir, un homme, à l'aide d'une échelle, pourrait se montrer au-dessus des toiles du côté opposé à la porte, et les effrayer assez soit avec un mouchoir, soit en leur jetant quelques mottes de terre, pour les décider à sortir.

Si l'on voulait prendre des sangliers, comme

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CHASSE AVEC LES TOILES.

ces animaux sont moins faciles à effrayer que les cerfs, il faudrait placer des hommes, de distance en distance, le long des cordes garnies de plumes, pour les contenir dans lá première enceinte, et former également avec des toiles les ailes de l'enceinte où on veut les renfermer; la manière de les prendre est ensuite la même.

Cette méthode exige beaucoup moins de dépenses, et permet, avec peu de monde, de prendre tous les animaux qui sont nécessaires pour peupler les parcs. On peut même remplacer les toiles par des filets faits en ficelle très-forte et suffisamment grosse; ils présentent assez de résistance pour contenir le gibier.

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CHAPITRE SECOND.

DE LA CONSERVATION DU GIBIER.

SECTION PREMIÈRE.

DES DEVOIRS DES GARDES-CHASSE.

LA conservation des chasses comprend les soins que les gardes ont à prendre pour protéger le gibier contre tous les dangers qui le menacent; elle dépend aussi de la surveillance que le propriétaire exerce sur les gardes, soit par lui-même, soit par un agent dans lequel il a mis toute sa confiance.

La surveillance sur les gardes ne peut être justement exercée que par ceux qui connaissent parfaitement les devoirs qui leur sont imposés ; et eux-mêmes, pour remplir convenablement leurs fonctions, ont besoin d'en connaître toutes les attributions; c'est donc

dans l'un et l'autre but

de les indiquer.

que nous allons essayer

On se trompe essentiellement, lorsqu'on considère comme les principales qualités d'un garde celles d'être bon tireur et de connaître toutes les espèces de chasses. Au lieu d'être mises au premier rang, ces qualités nous paraissent ne mériter qu'une attention secondaire.

Les fonctions d'un garde exigeant une activité soutenue, et parfois extraordinaire, on doit rechercher en lui une santé robuste, une vue étendue qui le mette à même de découvrir les objets à une très-grande distance, l'ouïe fine, et autant que possible un extérieur prévenant et imposant tout à la fois.

A ces qualités physiques doivent se joindre đes qualités morales encore plus essentielles, tels que des principes sévères d'honneur et de probité, une fidélité à toute épreuve, un caractère conciliant mais ferme, du sangfroid, de la discrétion, une bonne mémoire la conception prompte, enfin des mœurs pures et éloignées de tout penchant à la débauche.

Il serait sans doute difficile de trouver tout cela réuni dans un garde, surtout en France,

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