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difficultés, fausses manœuvres et retards divers dus aux circonstances. Avec un cintre en charpente, à supposer qu'on ait trouvé le bois nécessaire, la durée d'exécution eut été au moins triple.

Nous ajouterons que la dépense totale de la réparation a été de 76.692 fr. 65, chiffre modeste pour un travail exécuté en temps de guerre. La reconstruction de l'arche de droite, effectuée en 1872, c'est-à-dire il y a 44 ans et en temps de paix, avait coûté 108.459 fr. 71.

En résumé il nous a semblé que le petit travail qui fait l'objet de la présente note était intéressant à signaler à cause du procédé employé pour le cintrage: ce procédé, dont tout le mérite revient d'ailleurs aux Ingénieurs de la Compagnie de l'Est, est de nature à rendre dans beaucoup de cas de réels services et pourra sans doute recevoir d'assez nombreuses applications dans les travaux de restauration qu'on devra entreprendre après la guerre.

Les travaux ont été, sous notre direction, surveillés par M. FRONTARD, Ingénieur ordinaire et par M. LEGENRE, sous-Ingénieur des Ponts et Chaussées.

Les arcs ont été fournis par la maison THOMAS, 129 rue Lauriston à Paris et les travaux ont été exécutés par M. MERCIER, entrepreneur à Moulins, qui a étudié et proposé le mode d'exécution des coffrages. Melun, le 13 mars 1916.

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1946 II

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N° 10

NOTICE SUR LES GALERIES DRAINANTES

EXÉCUTÉES AUX ABORDS DE LA STATION DE MEAILLES,
SUR LA SECTION DE ST-ANDRÉ A ANNOT

DE LA LIGNE DE DIGNE A NICE,

PAR

M. A. PERRISSOUD,

Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées

Planche 6.

EXPOSÉ

Dans la journée du 24 mai 1911, une crevasse fut constatée. dans le terrain, aux abords de la station de Méailles, sur la ligne de Digne à Nice. Cette crevasse, large de quelques millimètres seulement, attira l'attention du personnel de la construction, en raison de sa continuité: elle semblait indiquer ou un tassement ou un glissement du terrain.

Une visite minutieuse des murs de soutènement du chemin de fer et de la déviation du chemin de Méailles révéla, dans ces murs, quelques fissures à peine perceptibles; des témoins en ciment furent placés immédiatement sur ces fissures; on constata le lendemain que les témoins s'étaient fissurés; de nouveaux furent placés, ils se fissurèrent également.

Cette situation indiquait que la masse sur laquelle est établie une longueur de ligne de 150 mètres environ, était en mouvement; mais, à cette époque, le mouvement était très peu important.

Nous explorâmes minutieusement la masse qui bougeait et ses abords. Nous nous rendimes compte que cette masse, qui est perméable, repose sur des bancs calcaires, par l'intermédiaire de terrains imperméables, de nature argileuse; à la suite des pluies torrentielles et persistantes tombées les jours précédents, l'argile s'était délayée dans sa partie supérieure qui avait formé plan de glissement, d'où le mouvement constaté.

Dans la journée du 2 juin, un orage d'une violence inouïe, véritable trombe d'eau, se produisit dans la région. Les moindres ravines furent, en quelques instants, transformées en torrents; l'eau ruisselait en abondance dans tout le périmètre de l'orage.

Ce cataclysme devait fatalement être funeste à la partie de ligne qui avait légèrement glissé quelques jours auparavant. La masse en mouvement absorba, par infiltration, une énorme quantité d'eau venue du versant supérieur, sa base s'amollit de nouveau et le mouvement, qui avait paru s'arrêter, devint très marqué.

Des observations quotidiennes faites par notre personnel montrèrent une accentuation du mouvement les témoins, placés régulièrement, cassaient aussitôt. Les divers murs, construits aux abords de la station, ne perdirent pas leur fruit; mais les mouvements constatés accusèrent un abaissement de ces ouvrages dans la partie centrale de l'éboulement et une rotation de ces murs autour de leurs extrémités situées sur les flancs du glissoir (rotation dirigée dans le sens de la vallée).

Le 6 juin, le déplacement maximum était de 0 m. 20 dans le sens vertical et de 0 m. 17 dans le sens horizontal; plusieurs fissures des murs atteignaient de 4 à 5 centimètres à la partie supérieure; la crevasse du terrain, à l'amont, s'était fortement ouverte (elle atteignait 0 m. 15 sur une grande longueur). Nous fimes pilonner de l'argile dans l'ouverture pour empêcher l'introduction des eaux de ruissellement dans la masse mouvante. La voie principale fut déformée; une fosse à piquer fut fortement détériorée; on dut déposer la superstructure de cet ouvrage et combler l'excavation avec du ballast afin de rétablir provi

soirement la voie au-dessus en tirefonnant les rails sur des tra

verses.

Les bâtiments de la station, heureusement à la limite du mouvement, furent indemnes: aucune fissure ne fut constatée dans les murs.

Nous traversions une série presque ininterrompue de pluies; une enquête nous apprit que, dans le région, on n'avait pas souvenir de semblables trombes d'eau.

Le mouvement continua et devint de plus en plus inquiétant. Il était de toute urgence d'entreprendre des travaux d'assainissement dans le plus bref délai et, à cet effet, nous fimes pousser activement le forage des sondages nécessaires à la préparation d'un projet ; d'autre part, nous engageames sans tarder des pourparlers avec divers entrepreneurs, en vue de la passation d'un marché de gré à gré, afin d'éviter les lenteurs d'une adjudication.

Les premiers travaux entrepris furent les puits portant les no 1, 2 et 3; ces ouvrages étaient destinés à renseigner sur la nature du terrain ; ils pouvaient, par la suite, servir de puits d'aération et de passage des matériaux pour la construction des ouvrages d'assainissement. On décida, peu après, la construction du puits no 0.

Par l'aspect des matériaux extraits au cours du forage des puits et par celui du sol à la base de la masse mouvante, on détermina l'emplacement et la pente probables de la surface de glissement.

En raison de la forte inclinaison du sol, on ne pouvait songer à établir des éperons d'assainissement encastrés dans l'imperméable et s'élevant jusqu'à la surface du sol; ce système qui nous avait donné d'excellents résultats à Thorame-Haute (1) était impraticable ici, à raison de la hauteur considérable qu'il eut fallu donner à ces ouvrages dans leur partie amont.

(1) Voir notre Note sur les travaux de consolidation et d'assainissement exécutés sur le chemin de fer de Digne à Nice, au droit de la station de Thorame-Haute. Annales des Ponts et Chaussées, ze sem. 1912, p. 339.

Il fut donc décidé que l'on exécuterait des galeries drainantes, sortes de souterrains revêtus, à petite section, partant du pied de la masse éboulée et se dirigeant vers la base des puits.

DESCRIPTION DES TRAVAUX EXÉCUTÉS

A. Types des ouvrages.

Les galeries exécutées sont de deux types. En principe, le type no 1 était destiné aux galeries principales et le type n° 2 aux branchements.

Mais, les terrains à assécher se présentaient sous une forme tellement chaotique qu'il était très difficile de réaliser toujours les deux conditions suivantes: 1° établir les galeries à la base de la masse perméable, en les encastrant dans la couche imperméable, et 2o diriger l'avancement de ces galeries dans le sens des suintements.

La limite des terrains perméable et imperméable était très irrégulière; d'autre part, les zones aquifères se présentaient d'une façon absolument quelconque, sans ordre.

Il en résulte que l'on a été conduit à donner aux galeries des dispositions en apparence incohérentes; tantôt une galerie a dù être arrêtée en raison, soit de l'insuffisance des suintements qu'elle révélait, soit du plongement vers l'amont et de la disparition de la couche d'argile sous-jacente, tantôt une galerie. a dû suivre un tracé des plus sinueux; parfois, on a été amené à exécuter un branchement reliant deux galeries voisines, avec puisard en cas de croisement à des altitudes différentes.

C'est ainsi que le métré définitif énumère :

1o des galeries de 1 m. 50 de hauteur de vide,

2o des galeries de 1 m. 10 de hauteur de vide, la fouille ayant été exécutée à grande section,

et 3o des galeries de 1 m. 10 de hauteur de vide, la fouille ayant été exécutée à petite section.

Le type no 1 comporte une fouille de 2 m. 502 m. 20. La voûte en maçonnerie ordinaire présente une section ovoïde; la hauteur sous clef est de 1 m. 50, l'ouverture aux naissances est

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