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La durée d'une manœuvre d'ouverture ou de fermeture est, en moyenne, de 1 minute 16 secondes. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 113 litres d'eau comprimée à 50 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 56.500 kilogrammètres, soit :

56.500 2×91

310 kgm. par tonne de poids du tablier.

Les dépenses de premier établissement ont été les suivantes : tablier 80.539 fr.; appareils de manœuvre 21.000 fr.

Le personnel employé se compose de deux pontiers et les frais d'entretien des appareils de manœuvre se réduisent, en moyenne, à 200 fr.

par an.

Pont tournant des transatlantiques, au Havre (Pl. 1, fig. 10). Cet ouvrage, construit en 1862, est le plus ancien des grands ponts tournants rentrant dans la classe faisant l'objet du présent paragraphe. Il couvre une passe de 30 m. 50 d'ouverture, la longueur totale de chaque volée est de 29 m. 58, dont 19 m. 35 pour la volée proprement dite et 10 m. 23 pour la culasse; le tablier se compose de trois poutres principales entretoisées; sa largeur totale est de 6 m. 70, comprenant deux voies charretières de 2 m. 10 et deux trottoirs de 1 m. en encorbellement; le dessous des poutres est en forme d'arc surbaissé au-dessus de la passe.

Au repos et pendant la rotation, chaque volée se comporte ainsi qu'il a été dit pour le pont précédent. Le pivot a 0 m. 24 de diamètre et supporte une charge de 128 tonnes, soit 283 kilos par centimètre carré.

Le système de rotation est analogue à celui du pont précédent; mais les appareils de calage sont différents : ils comprennent, pour chaque volée, une presse verticale de basculement sous. l'extrémité de la culasse, et trois béquilles mues par une autre presse.

La durée d'une manœuvre d'ouverture ou de fermeture est, en moyenne, d'une minute. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 246 litres d'eau compriAnn. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1916-I.

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mée à 54 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 132.840 kilogrammètres, soit :

132.840

2×128

= 519 kgm. par tonne de poids du tablier.

Ce pont a coûté 80.200 fr.

Pont tournant de l'écluse, à Saint-Nazaire (Pl. 1, fig. 11). - Ce pont a été construit en 1907; il couvre une passe de 30 mètres d'ouverture; la longueur totale de chaque volée est de 28 m. 70, dont 18 m. 46 pour la volée proprement dite et 10 m. 24 pour la culasse; le tablier, composé de deux poutres principales à âme pleine entretoisées, porte une voie charretière de 2 m. 20 de largeur et deux trottoirs latéraux de 0 m. 76 de largeur; le dessous des poutres, au lieu d'être en forme d'arc surbaissé au-dessus de la passe, comme dans la plupart des ouvrages similaires, présente une forme rectiligne.

Dans la position de fermeture, les points d'appui de chaque volée sont situés à l'extrémité de la culasse, sur le bord du bajoyer correspondant et à la jonction, au moyen de verrous, avec l'autre volée. Pendant la rotation, la volée repose sur un pivot, deux galets de culasse et deux galets d'équilibre transversal; le pivot et la crapaudine sont en acier, avec surface portante en forme de calotte sphérique; le pivot a 0 m. 25 de diamètre et supporte une charge de 79 tonnes, soit 160 kilos par centimètre carré.

Chaque appareil de calage et de décalage comprend deux chariots qui se déplacent, dans l'encuvement, au-dessous de l'extrémité des poutres principales et une presse actionnant simultanément les deux chariots par l'intermédiaire de crémaillères et de roues dentées (Pl. 1, fig. 12). Pour le calage, qui exige une variation de niveau de 50 mm., un galet roulant sur un plan incliné relève d'abord la culasse de 45 mm. et amène le contact entre la surface inclinée du support et celle du chariot; ces deux surfaces glissent alors l'une sur l'autre pour relever la culasse des cinq derniers millimètres et dégager les galets. Pour le décalage, les phases de l'opération sont inversées. La course du chariot

est de 0 m. 55.

Chaque appareil de rotation comprend un moteur à trois cylindres actionnant, par l'intermédiaire d'un train d'engrenages, un tambour sur lequel s'enroule une chaîne sans fin, qui passe sur des galets de renvoi et des galets de support, puis autour d'une couronne à gorge fixée sous le tablier.

Un tampon de choc à ressort arrête chaque volée dans sa position exacte de fermeture; à côté, se trouve un crochet qui empêche tout retour en arrière sous la réaction du ressort ou l'action du vent; pendant l'opération de calage, ce crochet se dégage et rend la volée libre.

La durée d'une manoeuvre d'ouverture est de 1 minute 30 secondes; celle d'une manœuvre de fermeture de 1 minute 40 secondes. Une maneuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 675 litres d'eau comprimée à 50 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 337.500 kilogrammètres, soit :

337.500
2 X 79

=2.136 kgm. par tonne de poids du tablier.

Cette consommation considérable tient à l'utilisation, pour la rotation, d'un moteur de cabestan à trois cylindres et d'un train d'engrenages, au lieu de presses agissant directement sur la chaîne qui entoure la couronne.

Le pont tournant dont il s'agit a coûté 86.253 fr., dont la moitié environ se rapporte aux appareils de manœuvre.

Il est décrit dans la notice sur le port de Saint-Nazaire, rédigée par MM. les Ingénieurs POCARD-KERVILER, MALLAT et LE TROCQUER pour la collection des Ports Maritimes de la France publiée par le Ministère des Travaux Publics, ainsi que dans un mémoire de M. l'Ingénieur en Chef MALLAT inséré dans les Annales des Ponts et Chaussées, année 1908.

b) A volée unique sur une seule passe.

Le type de pont tournant à volée unique est celui qui est le plus souvent appliqué depuis que l'emploi des moteurs mécaniques s'est généralisé, parce qu'il n'exige qu'un seul jeu d'appa

reils de manœuvre que l'on dispose d'un même côté de la passe; il procure ainsi une économie appréciable sur les frais d'établissement, d'entretien et de fonctionnement desdits appareils, comparativement au type de pont à double volée.

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Ponts tournants des écluses Carnot, à Calais (Pl. 1, fig. 13). Ces ponts, construits en 1889, sont décrits en détail dans la notice rédigée par MM. les Ingénieurs ARON, CHARGUÉRAUD et BODIN pour la collection des Ports Maritimes de la France, ainsi que dans le Cours de Travaux Maritimes de M. l'Inspecteur Général QUINETTE DE ROCHEMONT. Ils sont au nombre de quatre, dont deux franchissent une passe de 21 mètres d'ouverture et les deux autres une passe de 14 mètres; ils ne diffèrent que par la longueur de leur tablier, savoir :

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Le tablier, composé de deux poutres principales à treillis entretoisées, a une largeur totale de 8 m. 80 et porte deux voies charretières, avec voie ferrée dans l'emplacement de l'une d'elles, et deux trottoirs extérieurs de 1 m. 25 en encorbellement.

Dans la position de fermeture, le tablier repose sur trois points d'appui respectivement situés à l'extrémité de la culasse et sur le bord des deux bajoyers de la passe; pendant la rotation, il repose sur une presse pivot et sur deux galets de culasse.

La presse-pivot se compose d'un cylindre en fonte formant pivot à l'intérieur d'un autre cylindre en même métal constituant la crapaudine. Le piston porte, à sa partie supérieure, un évidement de forme demi-cylindrique dans lequel s'emboîte exactement une rotule de même forme faisant corps avec un sommier boulonné sous le chevêtre; c'est sur cette articulation que le pont bascule pour le dégagement des appuis des bajoyers. La partie inférieure du pivot porte, d'autre part, une couronne plate

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en acier qui s'appuie sur une couronne semblable garnissant le fond de la crapaudine; cette dernière couronne est munie de rayures qui convergent vers l'évidement central. En haut de la presse-pivot, un presse-étoupes constitue une garniture étanche entre le pivot et la crapaudine. L'espace annulaire est mis en communication avec le sommet d'une bouteille en fonte contenant de l'huile de naphte, au-dessous de laquelle on fait agir la pression de la conduite générale d'eau comprimée. Cette disposition a pour but de bien graisser les surfaces sur lesquelles s'effectue la rotation, de réduire la pression entre ces surfaces et d'avoir, en même temps, dans la presse-pivot un liquide ne se congelant qu'au dessous de 20°. Pour les ponts de 21 mètres, le diamètre du pivot est de 0 m. 68 et les surfaces annulaires en contact supporteraient une charge de 100 kilos par centimètre carré, si celle-ci n'était pas atténuée par la pression transmise à l'huile de naphte.

Le basculement est effectué au moyen de deux presses différentielles placées à une certaine distance de l'extrémité de la culasse, au-dessous des poutres principales, et le calage ou le décalage au moyen de deux tasseaux de forme cubique qu'on pousse ou qu'on retire, en arrière de ces presses, au moyen d'une petite presse spéciale (Pl. 1, fig. 14).

L'appareil de rotation comprend deux presses à quatre brins conjuguées à simple pouvoir agissant sur une chaîne qui entoure une couronne à gorge fixée sous le tablier; le mouvement de rotation est arrêté, à fin de course, dans un sens ou dans l'autre, par un tampon hydraulique d'inertie. On sait que le principe de cet appareil repose sur la résistance opposée au passage de l'eau des rainures à section décroissante mettant en communication les deux faces d'un piston qui se déplace dans un cylindre sous l'action d'un choc; le calcul complet des tampons d'inertie figure dans la notice précitée sur le port de Calais.

par

Il existe, en outre, comme au pont tournant de l'écluse Trystram à Dunkerque, une presse de soulèvement de la culasse qui permet de redresser le pont lorsque celui-ci se trouve dans la position d'ouverture; mais, dans la pratique, on n'en fait pas usage.

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