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de trois ans, en remboursant au comte de Foix le prix de l'achat, et de pouvoir acquérir le droit du seigneur de Talayran sur la même vicomté, en cas que ce seigneur en eût quelqu'un. Mais le comte de Foix refusa de consentir à ces réserves, et protesta contre. Il se fondoit sur-tout, sur l'usage et les priviléges du Languedoc, qui ne permettoient pas au roi de retenir pour lui les biens féodaux.

XXVII.

Branche de Foix-Lautrec. Archevêques de Narbonne. Evêques de Beziers.

Gaston IV. comte de Foix perdit 1 au mois de Septembre suivant, Pierre de Foix vicomte de Lautrec et de Villemur son oncle, qui mourut de la peste, lorsqu'ils alloient ensemble trouver le roi à Tours. Pierre s'étoit signalé l'année précédente à la conquête de la Guienne sur les Anglois : le comte de Foix et lui avoient levé à leurs dépens pour celle expédition six cens hommes d'armes, et six mille hommes de pied. Ils furent chargés, entr'autres, du siége de Cadillac; et le comte de Foix ayant donné l'assaut à la place, fit chevaliers, à cette occasion, les seigneurs de Mirepoix et de Miossens, et plusieurs autres seigneurs. Pierre fut le chef de la branche de Foix-Lautrec. Il transmit les vicomtés de Lautrec et de Villemur en Languedoc, qui lui avoient été données pour son partage, Jean son fils posthume, et de Catherine d'Astarac sa femme. Le comte de Foix fut nommé 2 le 18. de Septembre de l'an 1455. tuteur du jeune vicomte de Lautrec son neveu, qui avoit alors perdu sa mere.

à

Louis d'Harcourt archevêque de Narbonne devant faire sa premiere entrée dans cette ville le 13. de Mars de l'an 1455. somma 3 le comte de Foix, en la personne de son procureur, de tenir à pied la bride de son cheval, et de le conduire ainsi, depuis la porte royale jusques à la cathédrale, en qualité de vicomte de Narbonne. Guillaume de Gleon conseigneur de Gleon et de Durban, et Raymond de Mal

1 Chr. des C. de Foix, mss. de Baluze, n. 415.

2 Ch. de Pau, tit. de Lautrec.

3 Arch. du dom, de Montpell. Narb. 4. cont n. 14.

ras licencié és-loix, lieutenans du comte de Foix à Narbonne, contesterent cet usage, et déclarerent qu'ils ne pouvoient obéir à la sommation, sans consulter auparavant le comte de Foix, qui étoit absent. Cet acte prouve que Louis d'Harcourt, qui avoit succédé depuis le mois de Décembre de l'an 1451. dans l'archevêché de Narbonne, à Jean d'Harcourt, qui fut nommé alors patriarche d'Alexandrie, n'avoit pas encore été dans son diocèse durant tout cet intervalle. Louis étoit fils naturel de Jean d'Harcourt comte d'Aumale. Il étoit nommé depuis deux mois à l'évêché de Beziers, lorsqu'il fut élú archevêque de Narbonne. Il passa en 1460. au patriarchat de Jerusalem et à l'évêché de Bayeux. Antoine du Bec-Crespin lui succéda alors dans l'archevêché de Narbonne. Il avoit succédé dans l'évêché de Beziers à Guillaume de Montjoye mort le 3. d'Avril de l'an 1451. après avoir fait beancoup de bien à son église et aux pauvres. Pierre Bureau lui succéda dans ce même évêché.

XXVIII.

Gens-d'armes de la sénéchaussée de Beaucaire.

Le roi fit une nouvelle ordonnance touchant les milices du royaume à Mehun sur Yeure en Berri le 30. de Janvier de l'an 1454. (1455.) il marque 2, entre autres, qu'outre les compagnies d'ordonnance, qui avoient été levées, la noblesse du royaume seroit obligée de le servir, quand il la manderoit, avec un certain nombre de gens d'armes ou de trait, chacun suivant la valeur et l'étendue de ses fiefs. Nous avons 3 l'état de ceux de la sénéchaussée de Beaucaire et de Nismes celui des autres sénéchaussées nous manque; mais on y peut suppléer pour la sénéchaussée de Toulouse par un dénombrement qui nous reste, dressé vers ce temslà, de tous les seigneurs qui avoient leurs terres dans son étendue.

Le roi convoqua en conséquence de sa

1 Gall. chr. tom. 6.

2 C. du dom. de la sén. de B.

3 Preuves.

4 Preuves.

nouvelle ordonnance toute la noblesse de la province au mois d'Août suivant, avec ordre de se tenir prête à marcher. I ordonna 1, entr'autres, au vicomte de Joyeuse de lever vingt lances ou gentils-hommes, et quarante hommes de trait dans ses terres, situées dans la sénéchaussée de Beaucaire, lesquels devoient être prêts à marcher au premier ordre, et dont ce vicomte envoya le rolle. Du nombre de ces vingt lances étoient les seigneurs de Cauvisson, d'Aubays, de la Fare, de Brezis et de S. Vidal, Guillaume et Armand de Roure, Guiot de la Tour-Maubourg, Jacques de Bayns, Guillaume de Rodés et Claude de Villaret. Le vicomte de Joyeuse s'appelloit Tannegui. Il étoit fils de Louis II. seigneur de Joycuse, en faveur duquel le roi Charles VII. érigea cette baronie en vicomté au mois de Juillet de l'an 1432. Le roi envoya ordre vers le même tems de mettre sous sa main les domaines du comte d'Armagnac, et de se saisir de sa personne; ce qu'il faut reprendre de plus haut.

XXIX.

Le roi fait assiéger le comte d'Armagnac dans Laittoure, et saisir tous ses domaines.

Jean V. comte d'Armagnac, de Fezensac, de Rodez, etc. aprés avoir succédé en 1450, au comte Jean IV. son père, devint 2 bientôt après éperduement amoureux d'Isabelle sa sœur, qui étoit d'une rare beauté, et dont il cut deux enfans. Une conduite si scandaleuse fit un bruit étonnant dans le monde; et le roi Charles VII, en étant informé «< ce prince, >> dit un historien du tems, en fut fort dé>> plaisant pour deux raisons l'une, pour >> ce que c'estoit contre la sainte foy, et l'au>>tre, pour ce que icelui comte estoit des>>> cendu de la couronne. » Il lui envoya des gens de confiance pour lui remontrer son devoir, avec promesse, s'il vouloit se corriger, de lui faire obtenir l'absolution du pape. Le comte promit, ou fit semblant de promettre de changer de vie, et le pape lui en

1 Domaine de Montpell. sén, de B. en général. 1. liasse. n. 3.

2 Math. de Couci, hist. de Ch. VII p. 695. et seqq.

voya l'absolution: mais au lieu de renoncer à son crime, il fit fabriquer de fausses lettres apostoliques par Antoine de Cambray référendaire du pape, et depuis maître des requêtes et évêque d'Alet, et par Jean de Volterre notaire apostolique, par lesquelles le pape lui permettoit d'épouser sa sœur. Ensuite il força un de ses chapellains à les marier solemnellement, et il eut encore un enfant de ce mariage incestueux. Le pape excommunia alors de nouveau le frere et la sœur ; et le roi, pour tâcher de les ramener, leur envoya Bernard d'Armagnac comte de Pardiac, de la Marche et de Castres, leur oncle paternel, et Anne d'Armagnac dame d'Albret, leur tante, qui les allerent trouver à Laittoure, où ils faisoient leur résidence; mais ils ne purent rien gagner sur leurs cœurs endurcis.

Le comte d'Armagnac, loin 2 de chercher à appaiser le roi, l'irrita encore davantage, à l'occasion de l'élection d'un archevêque d'Auch. Philippe de Lévis qui possedoit cet archevêché, s'en étant démis en 1454, en faveur de Philippe de Lévis son nevcu, et le roi s'intéressant pour ce dernier, le comte fit élire néanmoins par le chapitre, Jean bâtard de Lescun, à qui il en fit prendre possession. Le roi résolu de ne plus ménager ce comte, envoya dans le pays une armée forte de vingt et quatre mille hommes, sous les ordres du comte de Clermont, son lieutenant en Guienne, des maréchaux de Loheac et de Xaintrailles, et de divers autres généraux, qui entrerent en Armagnac vers la fin de May de l'an 1455. et assiégerent la ville de Laittoure: mais le comte et Isabelle sa sœur, trouverent moyen de s'évader et de se réfugier dans les états du roi d'Aragon. Laittoure fut obligée cependant de se rendre; et les troupes du roi se saisirent ensuite de tous les domaines de ce même comte, qui fut ajourné 3 au parlement de Paris en 1456. Il comparut; et après avoir subi son interrogatoire, il fut mis en prison:

1 V. Raynald. ad ann. 1460. n. 113. - Blanch. hist. des maîtres de Req. p. 605.

2 Mathieu de Couci. ib. - Monstrelet. 1. 3.

3 Ch. de Pau, tit. de Castres. - Arch. des C. de Rodès, restitut. n 38.

mais il trouva moyen d'en briser les portes, et de s'enfuir hors du royaume. Le parlement continua ses procédures, bannit le comte du royaume, et confisqua tous ses biens par arrêt donné le mardi 13. de May de l'an 1460. les chambres assemblées, et prononcé par Yves d'Estepaulx premier président. Le comte d'Armagnac s'adressa 1 au pape Pie II. qu'il alla trouver à Rome en mendiant son pain, et qui lui donna l'absolution, après lui avoir imposé une rigoureuse pénitence. Le pape écrivit en même tems le 12. de Septembre de l'an 1460. au roi Charles VII. pour exciter la compassion de ce prince, et l'engager à lui faire grace: mais il paroît que le roi tint ferme, et qu'il n'eut aucun égard à cette recommandation. Le comte continua son séjour hors du royaume, jusqu'après la mort du roi Charles VII. Louis XI. le rétablit alors dans ses domaines. Quant à Isabelle d'Armagnac, elle prit le voile dans le monastere du MontSion à Barcelone.

XXX.

Etats à Montpellier et à Toulouse Réformateurs pour la justice dans la province.

L'armée du roi qui se saisit des domaines du comte d'Armagnac, en passant et repassant par le Languedoc, y fit un assez long séjour, et y causa beaucoup de ravages; ce qui obligea les états du païs à en porter des plaintes au roi. Ils s'étoient assemblés 2 à Montpellier aux mois de Mars et d'Avril de l'an 1453. avant Pâques; c'est-à-dire, de l'an 1454. et avoient accordé au roi un octroy ou une ayde de cent vingt-six mille livres. Ils imposerent aussi dans cette assemblée trois mille livres d'épices pour ceux qui y avoient assisté, entre lesquels étoit Jean de Bourbon évêque du Pui, qui eut deux cens livres pour sa part de cette somme. Ils se rassemblerent à Toulouse aux mois de Janvier et de Février de l'an 1454. (1455.) et à Montpellier aux mois de Janvier, de Février et de Mars de l'an 1455. (1456.) l'octroy de ces deux assemblées fut de cent seize mille livres.

Le roi fit distribuer cinq cens livres sur l'ayde aux prélats, nobles, et autres du païs, qui se trouverent à l'octroy fait à Toulouse. Louis de Tholignan, seigneur de Barre, eut soixante livres pour sa part de cette somme. Cette assemblée imposa deux mille cinq cens livres pour les épices, sur quoi l'évêque du Pui eut cent cinquante livres.

C'est l'assemblée des états tenue à Montpellier en 1456. qui se plaignit au roi, dans le cahier de ses doléances, des dommages que les peuples de la province avoient soufferts, par le passage et le séjour de l'armée du roi ordonnée contre le comte d'Armagnac. Ce cahier de doléances a été donné 1au public, et il contient trente-deux articles. On y voit que Jean d'Olon maître d'hôtel du roi, et sénéchal de Beaucaire, Jean d'Auvet procureur général, et Otton Chastellain argentier du roi, commissaires de ce prince à l'assemblée des états, leur avoient demandé un octroy ou don gratuit de cent trente mille livres, « que les gens d'église et nobles, pour >>> leurs hommes et sujets, et que les gens du >> commun, pour eux-mêmes et pour ceux >> qui les avoient envoyés, avoient consenti, » et pour cette fois tant seulement, de donner >> au roi cent seize mille livres pour un an, >> à quoi ils avoient moderé cette somme, à >>> cause de la grande mortalité qui avoit ré»gné dans le pais durant toute l'année, de la >> stérilité et des autres charges auxquelles >>> il étoit assujeti; et cela sous diverses con>>ditions. >>

Le roi répondit favorablement à tous ces articles par des lettres données au Chastellier le 8. Juin de l'an 1456. et réprima, entr'autres, les vexations que souffroient les peuples de la province, soit de la part des réformateurs ou commissaires extraordinaires, des généraux ou maîtres des monnoyes, des maîtres des ports et des eaux et forêts, des visiteurs des gabelles, etc. D'autres articles regardent la liberté du commerce, et diverses impositions foraines qui l'interrompoient, et étoient très-onéreusés aux marchands. Les états demanderent au roi de supprimer l'é

1 Raynald. ad ann. 1460. n. 110. et seq. - V. Zurit. quivalent ou de le restreindre à une moindre

annal. l. 16. c. 66.

2 Arch. des ét. de Langued. Tit. scel. de Gagn.

1 Casen. ét. de Langued. p. 117. et seqq.

1

10. de Juillet de l'an 1458. et cette cour enregistra enfin les articles le 21. de Juin de l'an 1459. Le roi, par des lettres du 4. d'Octobre de l'an 1456. ordonna que les gens d'église et les communautés qui avoient acquis des biens ruraux qui n'étoient pas nobles, en payeroient les tailles suivant le papier de l'estime, ou l'alivrement des villes et lieux où les biens sont situés.

somme mais ce prince, qui l'avoit déja | une injonction au parlement de Toulouse le moderé de la somme de quatre-vingt-trois mille livres à soixante-treize, répondit qu'il ne pouvoit plus faire aucune diminution. II promit de ne plus envoyer dans la province d'autres réformateurs que pour la justice. Il nomma en effet pour cela Pierre Varinier premier président, Jean le Baud président, et Herbert de Malenfant, conseiller au parlement de Toulouse, Louis de la Vernede chevalier, président du Forez, et Philippe Gervais, qui travaillerent à cette réformation depuis le mois d'Avril de l'an 1456. et qui continuerent pendant l'année suivante.

Outre l'octroy de cent seize mille livres, les états tenus à Montpellier aux mois de Janvier et suivans de l'an 1455. (1456.) im- | poserent la somme de dix mille livres, tant pour les frais de l'ambassade du païs qui devoit être envoyée au roi, que pour les épices de ceux qui y avoient assisté. Les ambassadeurs furent Jean de Bourbon évêque du Pui pour le clergé, et Pons, seigneur de Clermont-Lodève et vicomte de Nebouzon, pour la noblesse. Le premier eut dix-sept cens livres sur cette somme, sçavoir, quinze cens livres pour son voyage depuis le 18. d'Avril, et deux cens livres pour avoir assisté aux états. Le second eut seize cens livres, sçavoir, neuf cens soixante livres pour son ambassade, et le reste pour son assistance aux états. Jean d'Olon sénéchal de Beaucaire assista aussi à cette assemblée parmi la noblesse, et eut deux cens livres sur les épices.

Le roi adressa 2 au parlement le 8. de Juin de l'an 1456. sa réponse au cahier de cette assemblée, à la demande des états, avec ordre de l'enregistrer, notamment les articles 2. 3. 19. 20. et 21. Mais quand les lettres du roi furent présentées au parlement, cette cour fit difficulté d'obéir, sous prétexte qu'elles étoient surannées, qu'il y avoit plus d'un an qu'elles étaient données et qu'il y avoit d'ailleurs plusieurs articles qui ne demandoient pas d'être publiés en la cour; ce qui obligea les états d'avoir recours au roi, qui donna

1 Tit. scell. de Gagn.

2 Prem, reg. du parl. de Toul.

XXXI.

Diverses assemblées des états de la province. Peste et stérilité.

Les états de la province se rassemblerent 2 à Montpellier au commencement du mois de Mars de l'an 1456. (1457.) et se transfererent à Pezenas au mois d'Avril suivant, sans que nous en sachions la raison. Ils accorderent au roi une ayde ou octroy de cent seize mille livres payable en trois termes, sous diverses conditions; entr'autres, qu'il plairoit au roi de faire publier au parlement, à la cour des généraux, et aux autres cours de Languedoc, les provisions données au païs, comme il ne seroit fait aucun retranchement sur les gages de ceux qui avoient été taxės aux assiétes pour leurs peines et travaux; qu'il feroit travailler à la réformation de la justice, faisant cesser toute autre réformation, à cause que c'étoit une source de vexations, et qu'il feroit cesser aussi l'abus des bourgeoisies d'Aigues-mortes et de Villeneuve de Berc, etc. Les conditions furent acceptées par Jean de Jambes conseiller et maître d'hôtel du roi, Pierre de Refuge, et Jean Herbert, généraux conseillers sur le fait de toutes finances, tant en Languedoil comme en Languedoc. Ces commissaires avoient demandé une ayde ou octroy de cent cinquante mille livres ; mais les états n'accorderent que cent seize mille livres, à cause de la pauvreté et des charges du païs. L'assemblée imposa de plus dix mille livres, tant pour les frais de l'ambassade qu'on devoit envoyer au roi, que pour les épices. Etienne de Cambray

1 Preuves.

2 Arch. de la province. Tit. scell. de Gagn.

évêque d'Agde, qui y assista, eut cent livres habitans avoit péri. Ils demanderent dans sur cette somme.

Ce prélat présida aux états suivans, qui 5 s'assemblerent à Carcassonne au mois de Mars de l'an 1457. (1458.) et il eut deux cens e cinquante livres pour sa présidence, sur les deux mille livres d'épices qui y furent imposés. Jean Herbert général des finances, fut un des commissaires du roi à cette assemblée, et eut trois cens livres sur cette somme. L'octroy fut de cent dix-huit mille livres. Entre ceux qui y assisterent pour la noblesse, furent Jean de Voisins, seigneur du château de Voisins, qui eut vingt-cinq livres, tant pour avoir assisté à l'assemblée, que pour avoir vaqué à Limous à l'assiéte et division de l'ayde; Yves d'Ysalguier chevalier, seigneur de Clermont près de Toulouse, chambellan du roi; Pierre d'Aban chevalier, seigneur de Roque-negade; Jean de Roquefort, juge-mage du comté de Foix : ils eurent tous part aux épices. Le roi donna 1 commission le 10. de Février de cette année, au sénéchal de Toulouse de lever quarante hommes d'armes et trois cens hommes de pied, pour servir à la sureté de Bourdeaux et de la Guienne, sous les ordres du duc de Bourbonnois, gouverneur de cette province, et du maréchal de Xaintrailles, en son absence, contre les entreprises que les Anglois pourroient

faire.

Aux états suivans tenus à Beziers au mois de Décembre de l'an 1459. les commissaires du roi, qui étoient Mathelin Brachet seigneur de Montaigu, sénéchal de Limousin, Jean Herbert général des finances, et Jean de la Loëre secrétaire du roi, demanderent une ayde de cent vingt mille livres. L'assemblée en accorda2 cent quatorze mille sous diverses conditions, contenues dans le cahier des doléances, qu'elle leur présenta par ses députés. Les états y représentent la stérilité que souffroit la province depuis trois ans, le tiers du peuple ayant manqué de pain; les ravages que la peste et la mortalité qui avoient régné dans le païs, y avoient causés, ensorte que depuis dix ans, le tiers de ses

1 Reg. 32. de la sén. de Toul. 2 Arch. des ét. de Languedoc.

leur cahier, que les commissions pour les assiétes des diocèses fussent données aux officiers des lieux, et non à des étrangers, qui n'avoient aucune connoissance de l'état du païs; que le roi fit cesser les commissions extraordinaires, les réformations, et les abus qui se commettoient dans l'exercice de la justice, sur-tout à la cour du petit sceau de Montpellier; qu'il accordât la liberté du commerce aux marchands Florentins, Vénitiens et Génois, nonobstant les représailles, afin de pouvoir repeupler le païs, etc. Jean de Bourbon évêque du Pui, Etienne de Cambray évêque d'Agde, et Gui de l'Estrange chevalier, seigneur dudit lieu et de Bologne en Vivarais, assisterent 1, entr'autres, à cette assemblée. Le premier eut deux cens livres, le second cent livres, et le troisiéme trente livres, sur la somme de deux mille trois cens dix livres qui fut accordée pour les épices. Durant la stérilité dont on vient de parler, le roi fit assembler 2 au mois d'Octobre de l'an 1458. à Carcassonne, les états particuliers de la sénéchaussée de cette ville, pour déliberer avec les officiers de la sénéchaussée, conformément aux anciens priviléges 3 de la province, s'il convenoit dans la circonstance de permettre la traite des bleds; et il fut conclu qu'elle seroit défendue hors du royaume.

Les états de Languedoc accorderent au roi un octroy de cent quatorze mille livres à l'assemblée qu'ils tinrent au Pui au mois de Décembre de l'an 1460. Ils donnerent quatre mille livres au comte du Maine gouverneur de la province, et imposerent deux mille livres pour les épices. Jean de Bourbon évêque du Pui, qui présida à cette assemblée, eut deux cens livres pour sa part sur cette derniere somme. Louis, seigneur de Montlaur, de Maubec et de Randon, s'y trouva comme baron. Les états se rassemblerent à Montpellier au mois de Mars de l'an 1460. (1461.) leur octroy au roi fut de cent vingt

1 Tit. scell. de Gagn.

2 C. de la sén. de Carc.
3 V. tom. 6. Pr. p. 493. et seq.
Tit. scell. de Gagn.

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