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VIII.

L'archevêque de Reims lieutenant du dauphin en Langucdoc, conclut avec le prince d'Orange une tréve qui est bientôt rompue.

Cependant le dauphin voulant remettre le Languedoc sous son obéissance, nomma le 16. du mois d'Août Renaud de Chartres archevêque de Reims, son lieutenant dans cette province. Il lui associa Jean sire de Villars et de la Roche-en-Reynier de la maison de Lévis, qui leva et entretint 1 pendant six mois, à ses dépens, deux cens hommes d'armes et cent hommes de trait, pour la défense du païs. Ce seigneur vendit pour l'entretien de ces troupes sa vaisselle d'or et d'argent mais le roi Charles VII. le dédommagea dans la suite. Le vicomte de Tallard, Guillaume de Meuillon sénéchal de Beaucaire, les sires de Belchastel, de Bouchage, du Caylar, de Grolée, de Clermont, etc. joignirent 2 aussi leurs troupes à celles de l'archevêque de Reims, qui ayant composé une petite armée, fit la guerre aux Bourguignons, et ne négligea rien pour les chasser du Languedoc. Mais malgré tous ses efforts, il ne put prendre 3 que la ville de Marvejols, avec la partie du Gevaudan qui s'étoit soumise au prince d'Orange, celle de Merueys alors du diocèse de Nismes, et enfin celle de Bagnols au diocèse d'Usez.

Comme cette guerre, dont le fort étoit dans le bas-Languedoc, se faisoit aux environs du Rhône, et qu'elle troubloit beaucoup la tranquillité et le commerce d'Avignon, les cardinaux qui gouvernoient cette ville au nom du pape, moyennerent un traité de pacification entre les deux partis. Les cardinaux de Viviers, de Cambray et de Foix, et Francois archevêque de Narbonne, camerier du pape, entremetteurs de cet accord, le conclurent à Avignon le 14. de Novembre. Leger évêque de Gap, général consciller pour le roi et le dauphin en Languedoc, Guillaume de Meuillon sénéchal de Beaucaire, et Philippe de Levis

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vicomte de Lautrec et seigneur de la Roche, stipulerent au nom et comme envoyés de Renaud archevêque de Reims, lieutenant du roi et du dauphin en Languedoc et en Dauphiné; et Guillaume de Saulieu stipula d'un autre côté comme envoyé du prince d'Orange. On convint 1°. d'une tréve qui devoit durer jusqu'à Pâques; 2°. de congédier en attendant toutes les troupes, etc. mais cette tréve n'eut pas son exécution. En effet Louis de Châlon, prince d'Orange et comte de Genève, Guillaume de Saulieu et Jean de Tarraut ses associés au gouvernement de Languedoc, enjoignirent1 à Montpellier, quinze jours après, à tous les habitans de la province, conformément à l'ordonnance du roi et du duc de Bourgogne, de courir sus aux partisans du dauphin, et d'exterminer par-tout où ils les trouveroient, «<les tenans le damnable parti >> d'Armagnac, infracteurs de la paix n'a>> gueres accordée par le roi et autres sei>>> gneurs de son sang, qui étoient entrés en >> plusieurs parties de Languedoc, afin de >> remettre sus les aydes, tailles, etc. » Les cardinaux des Ursins et de saint Marc, avoient négocié par ordre du pape, un traité de paix entre les deux partis, le 17. de Septembre; elle fut d'abord acceptée des deux côtés, mais elle ne fut pas de durée.

L'archevêque de Reims et les autres partisans du dauphin, se voyant forcés de reprendre les armes, continuerent les hostilités. Ce prince de son côté ne garda plus de mesures, et prit dès-lors le gouvernement de l'état sous le titre de régent du royaume. L'archevêque de Reims assembla des gens-d'armes de toutes parts; et Antoine seigneur de Grolée, Jean bâtard de Clermont seigneur de Cressen, Guillaume de Martel écuyer banneret, seigneur de Gramont, trois chevaliers bannerets, un écuyer banneret, et cinquante-sept écuyers de leur suite, firent 2 entr'autres, leur montre à Beaucaire le 27. de Novembre, pour servir le roi et le dauphin au recouvrement du païs de Languedoc et ailleurs. Le 8. de Décembre suivant, Georges de Château

1 Besse rec. des p. pour l'hist. de Ch. VI. p. 250. et seqq.

2 Tit. scell. de M. de Clairambault.

neuf, avec six autres écuyers et quatre arbalêtriers de sa suite, Antoine de Lévis seigneur de Vauvert, écuyer banneret, et trente hommes-d'armes de sa compagnie, firent la leur dans la même ville devant ce prélat, lieutenant du dauphin en Languedoc et en en Dauphiné. Le parti Bourguignon trouva moyen cependant de s'assurer de la cité de Carcassonne; et le roi, par reconnaissance, accorda le 23. de Novembre de cette année divers privileges aux sergens et habitans qui en avoient la garde.

IX.

Le roi et le dauphin nomment chacun de leur côté lieutenant en Languedoc le comte de Foix.

Durant ces troubles, qui agitoient également les autres provinces du royaume, Jean IV. comte d'Armagnac, Jean comte de Foix, Charles seigneur d'Albret, et Matthieu de Foix s'étant assemblés à Aire en Gascogne, le 16. de Novembre, firent 2 une ligue ou confédération entr'eux, envers tous et contre tous, pour la conservation de leurs personnes, de leurs alliés et de leurs domaines, etc. Le comte de Foix ne demeura pas long-tems dans cette espèce de neutralité, et profita en habile politique de la conjoncture, pour ses propres intérêts. Le roi, ou le duc de Bourgogne d'un côté, et le dauphin de l'autre, sachant le crédit que ce comte avoit en Languedoc, chercherent 3 à l'envi à l'attirer à leur parti. Le dauphin le nomma son lieutenant dans cette province, vers le mois de Décembre de l'an 1418. et il lui en envoya au mois de Janvier suivant les lettres à Mazeres dans le comté de Foix, où il étoit alors. Le roi fit aussi expédier des lettres à Lagni sur Marne le 20. de Janvier de l'an 1418. (1419.) par lesquelles il institue, de l'avis du duc de Bourgogne, le comte de Foix, son lieutenant et gouverneur général ès païs de Languedoc, Auvergne et duché de Guienne, avec un pouvoir extrêmement étendu; il déchargea en même tems le

1 Besse, ibid. et seqq.

2 Preuves.

3 Ch. de Foix, caisse 39. Besse ibid. C. de la sén. de Toul. - NOTE 1.

| prince d'Orange, et tout autre, de toute >> commission qu'ils avoient ou pouvoient >> avoir de lui en cette partie. »

Jean comte de Foix ayant reçû les lettres 1 du dauphin, qui linstituoit son lieutenant en Languedoc, en fit part aux officiers de la sénéchaussée de Toulouse, et aux états généraux de la province, assemblés actuellement au bourg de Carcassonne. Ils lui envoyerent les uns et les autres des députés à Mazeres, pour savoir ses intentions; et comme le roi le nomma bien-tôt après à la même charge, revêtu de cette autorité, il se mit en état d'aller prendre possession de sa lieutenance. Etant arrivé à Toulouse, au mois d'Avril, il se fit installer, en présence d'une grande assemblée, composée de tous les principaux de cette ville, ecclésiastiques et séculiers. Ensuite, ne pouvant aller prendre possession lui-même des autres villes de son gouvernement, il commit 2 le 28. de ce mois, Regnaud vicomte de Murat, Jacques de Montaut, seigneur en partie d'Hauterive, chevaliers, et Pierre Fournier juge de Verdun et de la comté de Gaure, pour se transporter à Carcassonne, Narbonne, Beziers, Nismes, Montpellier et autres villes des sénéchaussées de Carcassonne, et de Beaucaire, y faire publier ses lettres de lieuteuant, et prendre possession en son nom de cette charge, avec pouvoir de promettre par serment, de garder les libertés, privileges et franchises du païs. A l'arrivée du comte de Foix à Toulouse, Bernard de Roaix damoiseau, maître des ports et passages de la sénéchaussée, que les commissaires de la reine et du duc de Bourgogne avoient établi au mois de Juin précédent, prit 3 la fuite, et se retira parmi les Anglois. C'est une preuve, que le comte de Foix étoit alors favorable au dauphin; car Bernard de Roaix, étoit le chef du parti Bourguignon à Toulouse, et il fit déclarer la ville contre ce prince. Le comte de Foix conclut vers le même tems une trève d'un an avec le senéchal des Lanes, qui commandoit en Gascogne pour le roi d'Angleterre, et avec le capitaine

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du château de Maubec en Lomagne, occupé | veu, fils de Walpurge leur sœur, à condition par les Anglois.

Charles dauphin, en nommant le comte de Foix son lieutenant en Languedoc, ne révoqua pas l'archevêque de Reims. Nous trouvons en effet que Guillaume de Meuillon chevalier banneret, sénéchal de Beaucaire, donna quittance le 24. d'Avril de l'an 1419. « pour ses gages et de onze écuyers de sa >> compagnie, au service de l'archevêque de >> Reims, lieutenant en Languedoc et Dau>> phiné, du roi et du régent, pour la recou>> vrance desdits pays de Languedoc, et pour » la garde et défense du Lyonois, Mâconnois, >> et Dauphiné. » L'archevêque de Reims quitta 2 cependant le Languedoc au commencement du mois de May, pour se retirer dans son gouvernement de Dauphiné. Il laissa en partant de Beaucaire, Philippe de Lévis seigneur de la Roche en Rainier, pour commissaire dans le pays, le maintenir dans l'obéis sance du dauphin, et empêcher le progrès de ceux qui désobéissoient à ce prince.

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X.

Vicomtes de Polignac.

de porter le nom et les armes de Polignac. Randon ou Armand VII. épousa en premieres noces Mascaronne de Montaigu, dont il eut 1o. Randonnet substitué à la vicomté de Polignac, qui mourut en 1399. sans enfans, de Jeanne fille de Beraud dauphin d'Auvergne qu'il avoit épousée. 2o. Marguerite femme de Louis seigneur de Montlaur en Vivarais. Il épousa en secondes nôces, après la mort de son fils, Claude de Roussillon, fille de Guillaume seigneur de Bouchage, dont il n'eut pas d'enfans; et qui lui ayant survécu, fonda au Puy en 1432. le couvent des Clairistes. Elle fit venir pour cela exprès deux fois sainte Colette au Puy.

Armand VII. vicomte de Polignac ayant été nommé capitaine général en Velai, Vivarais et Gevaudan, par le dauphin Charles, accorda en cette qualité le premier d'Octobre de l'an 1419. des lettres de rémission, en faveur d'un homme qui avoit servi sous le sire de Rochebaron partisan des Anglois. Il mourut au mois d'Avril de l'an 1421. dans un âge fort avancé, après avoir disposé en 1416. par son testament, de la vicomté de Polignac et de ses dépendances, en faveur d'Armand de Montlaur son petit fils, au préjudice de la substitution qu'Armand VI. son frere avoit faite en 1381. de la même vicomté, en faveur de Pierre de Chalançon leur neveu; ce qui causa un grand procès entre les maisons de Chalançon et de Montlaur, touchant la succes

Le dauphin nomma à Bourges le 4. de Février de cette année Armand VII. vicomte de Polignac, capitaine et son lieutenant général en Velai, Gevaudan, Vivarais et Valentinois, pays qui lui étoient soumis. Armand étoit un chevalier qui avoit vieilli dans l'exerciee des armes. Il avoit succédé dans la vicomtésion à la vicomté de Polignac. Ce procès, qui de Polignac à Armand VI. son frere, qui n'ayant pas d'enfans, quoiqu'il se fût marié trois fois, disposa en sa faveur par un testament de l'an 1381. de tous ses domaines. Armand VI. étant mort en 1385. Randon son frere et son successeur reprit alors le nom d'Armand, qu'il avoit porté d'abord, et fut le VII. vicomte de Polignac de son nom. Armand VI. lui substitua Randonet son neveu, fils du même Randon ou Armand VII. et à son défaut Pierre de Chalançon son autre ne

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commença en 1421. ne fut entiérement terminé qu'en 1464. par un arrêt du parlement de Paris, qui adjugea cette vicomté avec ses dépendances, les baronies de Solignac, Randon, Randonat, Cessac, S. Paulhan, S. Agreve, Servissas et Molin-neuf, venant de la succession d'Armand VI. vicomte de Polignac, à Guillaume Armand de Chalançon arriere-petit-fils de Guillaume de Chalançon et de Walpurge de Polignac, à condition de porter le nom et les armes de Polignac. C'est ainsi que la vicomté de Polignac passa dans la maison de Chalançon, l'une des plus anciennes et des plus illustres du royaume, qui la posséde encore de nos jours. Armand VII. vicomte de Polignac, capitaine général

pour le dauphin en Velai, Gevaudan et Vivarais, qui a donné lieu à cette digression, combattit sans doute les sires de Salenove, Roche-baron et Montauroux, partisans du duc de Bourgogne, qui occupoient en 1418. et 1419. les châteaux de Senaret, Chalançon, saint Denys, Montrodat, et plusieurs autres en Gevaudan, d'où ils desoloient tout le païs.

XI.

Le comte de Foix fait la guerre au prince d'Orange et l'oblige à quitter le Languedoc.

Jean comte de Foix ayant pris possession à Toulouse vers la fin d'Avril du gouvernement de la province, assembla 1 les gens des communes du païs, qui s'engagerent par un traité, de lui donner soixante-huit mille livres Tournois, pour chasser du Languedoc les gens-d'armes et de trait, que le prince d'Orange et autres capitaines tenoient dans le païs. Il se mit ensuite à la tête de ses propres vassaux, et de tout ce qu'il put rassembler des milices de la province, et s'avança vers le bas-Languedoc, pour faire la guerre au prince d'Orange: il entra 2 à Montpellier le 20. de May, et obligea ce prince à prendre la fuite. Le prince d'Orange se retira d'abord à Nismes et ensuite au Pont S. Esprit; et après avoir mis de fortes garnisons dans ces deux places, qui demeurerent attachées au parti Bourguignon, et avoir établi Lancelot, seigneur de Layrieu, chambellan du duc de Bourgogne et sénéchal de Beaucaire, pour son lieutenant sur le fait de la guerre en Languedoc, il passa le Rhône à la fin de May et se retira en Dauphiné, où il tâcha de soulever cette province contre le dauphin. Il avoit appellé à son secours un corps de Savoyards et de Piémontois, qui tenterent de pénétrer dans le Velai, le Gevaudan et le Vivarais au commencement de Juin, sous la conduite du sire de la Salle leur capi

Louis de Châlon, prince d'Orange, se voyant 2 destitué du gouvernement de Languedoc, par les lettres du roi du 20. de Janvier, résolut de se maintenir et de résister au comte de Foix qui avoit été nommé gouverneur en sa place. Il étoit alors à Toulouse: il convoqua le 10. de Mars suivant toutes les milices de la province, pour combattre ce comte, et indiqua à Montpellier, pour le dimanche 26. de ce mois, l'assemblée des trois états. Elle se tint au jour marqué dans la salle de la maison de l'évêque de Maguelonne : deux capitouls de Toulouse, et deux consuls des villes de Carcassonne, de Narbonne et de Beziers, s'y trouverent entr'autres, avec divers nobles et gens d'église des sénéchaussées de Toulouse et de Carcassonne. On fit l'ouverture de l'as-taine; mais Guillaume de Meuillon sénéchal semblée par une messe solemnelle, qui fut célébrée par le vicaire de l'évêque de Maguelonne; et, après le sermon, on fit une procession générale. On remarque qu'on fit cette cérémonie, quoique les consuls de Nismes, d'Usez, et des autres villes de la sénéchaussée de Beaucaire, ne fussent pas encore arrivés *. Du reste nous ignorons le resultat de cette assemblée; nous savons seulement que le prince d'Orange se mit à la tête des troupes dans le bas-Languedoc, qu'il fit la guerre aux partisans du dauphin et qu'il désola tout le païs.

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de Beaucaire pour le parti du dauphin ayant rassemblé au Puy la noblesse de ces païs, il rendit tous leurs efforts inutiles.

XII.

Il assemble plusieurs fois les états de la province, et tient une conduite équivoque entre le roi et le dauphin.

Le comte de Foix, après avoir obligé le prince d'Orange à se retirer, convoqua 3 les trois états de Languedoc à Toulouse pour le 15. de Juillet, et il y appella entr'autres les évêques de Lombez et de Comminges, le comte d'Astarac et le vicomte de Ville--mur,

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comme membres de la sénéchaussée de Toulouse. Il tint une autre assemblée des trois états de la province à Beziers, et en indiqua une de la sénéchaussée de Carcassonne à Olonsac dans le diocèse de Narbonne pour le 20. de Décembre suivant, par des lettres données à Mazeres au païs de Foix, le 25. d'Août. Il avoit dessein de traiter dans cette derniere assemblée de diverses affaires, entr'autres de la délivrance du duc de Bourbon, qui avoit été fait prisonnier par les Anglois à la bataille d'Azincourt. Nous ne savons pas s'il la tint mais nous trouvons 2 que les états 3 de la province assemblés à Carcassonne le 2. d'Octobre de l'an 1419. ordonnerent une crue sur le sel pour la levée de la somme de soixante-huit mille quatre cens livres qu'ils lui avoient promise. Nous voyons de plus que le comte de Foix étant à Toulouse le 8. de Novembre suivant, ordonna, en qualité de lieutenant du roi en Languedoc et en Guienne, qu'on payât les gages de Bertrand de Nogaret jugemage de Toulouse, partisan du dauphin, qu'il avoit rétabli dans cette charge.

Le comte de Foix assembla quelques jours après les trois états de la province à Beziers pour déliberer avec eux dans une conjoncture des plus délicates. Le dauphin et le duc de Bourgogne voulant se réconcilier, avoient eu une entrevûe à Poilli-le-Fort à une lieuë de Melun, et ils y étoient convenus de la paix, le 11. de Juillet de cette année. Ils s'assemblerent de nouveau pour la cimenter sur le pont de Montereau-Faut-Yonne, le 10. de Septembre. Cette nouvelle entrevüe fut funeste au duc de Bourgogne, qui y fut tué avec Archambaud de Grailli seigneur de Navailles, son partisan, et frere du comte de Foix. Guillaume vicomte de Narbonne s'y trouva aussi : il étoit à la suite du dauphin. Après un accident si tragique, ce dernier prince se retira à Gien, d'où il envoya partout le royaume des lettres circulaires le 27. de Septembre, pour faire l'apologie de sa

111ôt. de ville d'Albi.

2 C. de la sén. de Toul.

2 Hist. de Montp. p. 196.

4 Besse ibid. p. 297. et seq. C. des sén. de Carc. et de B.

conduite. Le roi au contraire, donna commission à Troyes le 18. de Novembre, à l'instigation de la reine, à Gui de la Brosse moine et sacristain du Pont S. Esprit au diocèse d'Usez, d'aller dire de sa part au comte de Foix son lieutenant en Languedoc, aux gens d'église, aux nobles et aux communes de cette province, la résolution qu'il avoit prise de tirer vengeance de la mort du duc de Bourgogne, de leur défendre en son nom de rendre aucune sorte d'obéissance à celui qui se dit régent du royaume, et de leur ordonner d'arrêter tous ses partisans. Le roi donna cinq jours après des instructions à la Brosse, qui arriva à Beziers dans le tems que le comte de Foix tenoit encore dans cette ville l'assemblée des trois états de la province, commence dès le 15. de Novembre. Ce comte étoit dans le dessein de faire déclarer entiérement tout le Languedoc en faveur dn dauphin : mais Gui de la Brosse agit si efficacement auprès de lui, qu'il le fit changer de résolution, et les états se séparerent sans rien conclure. Cet envoyé se donna divers autres mouvemens pour détourner les peuples de la province de prendre le parti du dauphin. Il fut arrêté quelque tems après à Avignon et mis dans les prisons de l'évêque et du camerier du pape. Le sénéchal de Beaucaire les somma au mois de Janvier suivant, de le lui remettre pour en faire justice, et le punir comme criminel de leze-majesté ils se contenterent de le mettre entre les mains du cardinal de Cambray prieur du Pont S. Esprit, son superieur ordinaire.

Charles dauphin se rendit de Gien à Bourges, où il assembla un corps de troupes, pour être en état de résister aux desseins pernicieux qu'une mere dénaturée, qui avoit résolu de l'exclure du trône, avoit conçus contre lui; et il trouva une ressource assurée dans l'attachement inviolable de tous les bons François, et sur-tout des peuples situés à la gauche de la Loire, au sang de leurs rois, et aux loix fondamentales de l'état. II s'en alla ensuite en Poitou et en Auvergne pour y affermir son autorité. Il donna des lettres à Feurs en Forez le 11. de Janvier

1 Dom de Montp. Castres, act. ram. 28. liasse, n. 2.

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