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hault, pendant que les autres rassuroient ces peuples, où il fust dressé les mandemens qui ensuivent :

De par les prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris.

<< Monsieur....., colonel. Nous venons présentement du Pallais-Royal, où l'on nous avoit donné ordre de vous assembler pour vous assurer, de la de la part du roy, qu'on n'a aucune pensée de troubler le repos des bourgeois de Paris, et que tous les bruictz qu'on a faict courir parmy le peuple sont très-faux. Leurs Majestez ayant mesme renvoyé le régiment des gårdes en ses quartiers: qui est un tesmoignage de la sincérité de leurs intentions. Et d'aultant qu'il est trop tard nous avons creu qu'il estoit plus à propos de vous le mander, et vous prions de le faire ainsy entendre aux officiers de vostre colonelle. Nous mandons aux quartiniers de faire fermer les portes de la ville, non pour la nécessité qui en soit, mais pour contenter et assurer les bourgeois qui le désirent. Faict au bureau de la Ville, le 28° aoust 1648. »

Pareil envoyé à tous les colonels.

De par les prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris.

« Sire Jacques Tartarin, quartinier. Donnez ordre que l'on ferme présentement les portes de la ville qui dépendent de vostre quartier, et vous rendez demain de si bonne heures ausdictes portes que l'on y fasse entrer les provisions nécessaires sans aucuns désordres. Assurez tous les bourgeois et habitans de vostredict

quartier qu'il n'est rien de tous les faux bruicts qu'on faict courir parmy le peuple pour les esmouvoir à sédition, ainsy que nous en avons esté assurez du roy et de la reine régente. Sy n'y faictes faute. Faict au bureau de la Ville, ce 28 aoust 1648. »

Pareil envoyé à tous les quartiniers.

DU SAMEDY 29 JOUR D'AOUST 1648.

Ledict jour, lesdicts sieurs prévost des marchands, eschevins et procureur du roi et de la Ville se rendirent en l'Hostel d'icelle, cinq heures du matin; envoyèrent dans tous les quartiers des personnes affidées qui rapportèrent avoir trouvé tout calme, les bourgeois s'estans retirez en quelques endroictz incontinant après minuict, les autres à deux ou trois heures et les plus zélés à quatre. L'on renvoya sur les sept heures, sur le pont Nostre-Dame et dans la rue Sainct-Denis, des personnes qui virent ouvrir les boutiques; les halles et tous les marchez bien garnis, et le monde assez tranquille. Ce qui fit résoudre MM. de la Ville d'aller au Palais-Royal en donner advis. Ce qui fust faict par M. le prévost des marchands, M. le premier eschevin', le procureur du roy et greffier de ladicte Ville. MM. les trois autres eschevins estans demeurez audict Hostel de Ville, tant pour donner ordre à ce qui se présenteroit, que pour veiller au payement des reptes. Ledict sieur prévost des marchands et ceux

Fournier.

qui l'accompagnoient furent, à la sortie du PallaisRoyal, au parquet des gens du roy, et de là conduictz en la grand'chambre, où ledict sieur prévost des marchands rendit compte de tout ce qui s'estoit passé le jour précédent et de tous les ordres qui s'estoient donnez à la Ville pour appaiser toutes les violences populaires. Ce qui fust fort approuvé de part et d'autre.

Et d'aultant que le lendemain il se devoit faire une célèbre procession de Sainct-Jean à Nostre-Dame, et retournez de Nostre-Dame à Sainct-Jean, en laquelle M. le coadjuteur à l'archevesché de Paris devoit se trouver pour faire l'office, lesdicts sieurs de la Ville le furent trouver pour le prier de remettre cette procession à huictaine; craignant que, dans cette grande assemblée, il ne s'y rencontrast quelques espritz encores tout eschausfez de ce qui s'estoit passé, qui prissent cette occasion de recommencer la sédition. S'estant remarqué qu'il y avoit quantité de personnes qui ne cherchoient que des prétextes pour faire souslever le peuple. Ledict sieur coadjuteur les receust avec grand honneur et leur octroya volontiers ce qu'ils demandoient, avec esloges des soins qu'ils avoient pris et continuoient de prendre pour le repos de cette

ville.

De là ils furent chez M. le chancellier, qui estoit encores au Palais-Cardinal; passèrent aussy par l'hostel de Montbazon1 pour veoir si la maladie de M. le gouverneur lui pouroit permettre d'estre entretenu de

1 Sauval compte trois hôtels des ducs de Montbazon. Le premier dit de La Roche-Guyon, dans la Vieille-Rue-du-Temple; le second, rue de Béthisy, et le dernier rue Barbette. C'est de celui-ci qu'il est question. Voy. Antiq. de Paris, t. II, p. 424.

touttes ces nouvelles. Mais, comme on ne le voyoit point encores, ils s'en retournèrent en l'Hostel de ladicte ville, où ils recevoient de temps à autre la confirmation du calme qui estoit dans tous les quartiers; les boutiques ouvertes; le commerce des halles et des marchez, et tous les hostelliers, aller à l'ordinaire et comme si ces choses n'avoient point esté.

Extraict des registres du parlement.

« Ce jour, toutes les chambres assemblées, après avoir ouy les prévost des marchands et eschevins de cette Ville du récit qu'ils ont faict de l'ordre qu'ils avoient apporté à la seureté de cette ville pendant les mouvemens arrivez avant-hier, le jour d'hier et ce jourd'huy, et ouy les gens du roy en leurs conclusions, la matière mise en délibération, ladicte cour a ordonné que tous les corps de garde faicts en cette ville et toutes les barricades, seront levez et ostez, et toutes les chesnes abaissées. Enjoinct à tous les marchands ouvrir les boutiques, et à chascun des bourgeois et habitans vacquer à ses affaires. Faict deffences à tous vagabons et gens sans adveu, porter aucunes armes, à peine de punition. Enjoinct ausdicts prévost des marchands et eschevins et à tous officiers du roy de tenir la main à l'exécution du présent arrest. Lequel sera leu et publié à son de trompe et affiché en tous les carrefours de cette ville, à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance. Faict en parlement le 28 aoust 16481. »

Voy. la note A à la fin du volume.

Le dimanche, dernier dudict mois, la royne trouva bon que M. le prévost des marchands luy présentast tous les quartiniers de la ville, qu'elle receut bénignement, et tesmoigna leur sçavoir bon gré du soing qu'ils avoient apporté dans l'exécution des mandemens de la Ville et à désabuser les peuples dans leurs quartiers.

Le lundy Sa Majesté donna ordre d'assembler au Pallais-Royal tous MM. les colonels, et chascun d'eux, six capitaines, deux officiers et quatre bourgeois, qui luy furent présentez par MM. les prévost des marchands et eschevins. Lesquelz après avoir esté remerciez de la royne, qui estoit dans son lit, de la peine et du soing qu'ils avoient pris à empescher les désordres que cette émotion populaire eust causé sans les ordres qu'ils y avoient apportez, ils demeurèrent autour du lit de ladicte dame reyne, pendant que le sieur de Sainctot alloit quérir lesdictz colonels et capitaines, qu'il faisoit entrer, sçavoir : deux colonels et leurs douze capitaines à la fois. Qui furent les uns après les autres remerciez de la reyne avec beaucoup de tesmoignage de bienveillance. Le roy estoit assis dans une chaire au chevet du lit de ladicte dame, qui souffrit que beaucoup de ces capitaines et bourgeois l'embrassassent par les jambes en luy baisant les mains. MM. les colonels eurent ordre d'assembler le lendemain tous leurs capitaines, lieutenans et enseignes en leurs maisons, pour les asseurer de la satisfaction que le roy avoit de leurs bonnes conduites et sages dépor

temens.

Extraict des registres du parlement.

« Ce jour la cour, toutes les chambres assemblées,

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