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d'icelle '. Pendant laquelle course, ils firent leur possible d'oster au peuple tous les ombrages qu'on luy avoit mis dans l'esprit, et dont il s'expliquoit volontiers avec beaucoup de chaleur; qui fut néantmoings un peu alantie en quelques endroictz.

Et de faict, MM. de la Ville, ayant pris résolution d'aller au Palais-Royal pour s'esclaircir sur tous ces bruits, et donner compte à la reyne de tout ce qui se passoit, ils y furent en carosse sur les huict heures du soir, virent en premier lieu M. le cardinal Mazarin, puis la reyne, et ensuitte le mareschal de Villeroy, qui leur dirent ce qui s'estoit passé avec MM. du parlement que les exillez retourneroient le lendemain ; et prièrent MM. de la Ville de faire oster leurs barricades et abattre leurs chesnes, et le lendemain ouvrir les boutiques à ce que les bourgeois et les artisans fussent employez à leur négoce et travail ordinaire. Ce que MM. de la Ville promirent de faire à leur possible. Et de faict estans retournez en l'Hostel de ladicte ville, ils résolurent de faire les mandements qui ensuivent:

De par les prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris.

<< Monsieur....., colonel. Vous donnerez advis aux

! Voici les changements survenus dans cette nomenclature :

Le Grand-Chatelet, démoli en 1802; le terrain qu'il occupait forme aujourd'hui la place du même nom.

Rue Neuve-Saint-Médéric, c'est la rue Saint-Merri.

Le cimetière Saint-Jean, que les anciens titres nomment aussi le cimetière Vert, fut établi en 1393, et converti, en 1772, en un marché qui a été supprimé en 1818. Cet ancien cimetière forme aujourd'hui la place du Marché-Saint-Jean.

officiers et bourgeois de votre colonelle que toutes choses sont paciffiées, ainsy que nous avons apris de la bouche de la reyne. C'est pourquoy il n'est plus nécessaire de tenir personne soubz les armes, ny de continuer les corps de garde, que nous vous prions de faire lever dans l'estendue de vostre colonelle, et faire en sorte que que les boutiques soient ouvertes demain matin et les chesnes destendues sans aucune difficulté, et de nous donner advis de ce qui s'y passera. Faict au bureau de la Ville, ce 27° aoust 1648. »

Pareil envoyé à tous MM. les colonels.

De par les prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris.

<< Sire Jacques Tartarin, quartinier. Nous vous donnons advis que toutes choses sont paciffiées, ainsy que nous avons apris de la bouche de la reyne. C'est pourquoy il n'est plus nécessaire de tenir personne soubz les armes ny continuer les corps de garde, que nous avons mandé à MM. les colonels de faire lever dans l'estendue de leurs colonelles, et faire en sorte que les boutiques soient ouvertes demain matin et les chesnes destendues sans aucune difficulté. A quoy vous contribuerez à vostre possible, et nous donnerez advis de ce qui se passera. Si n'y faictes faute. Faict au bureau de la Ville, ce 27° jour d'aoust 1648. »

Pareil envoyé aux autres quartiniers.

Lesdiz mandemens signez et envoyez, MM. les prévost des marchands et eschevins et procureur du roy et de la Ville', se retirèrent et ordonnèrent à une dou

' Il s'appelait Germain Piètre.

zaine d'archers de ladicte Ville de demeurer soubz les armes toute la nuict, à prendre garde à ce qui se passeroit dans la Grève et à l'entrée dudict Hostel.

DU VENDREDY 28° AOUST 1648.

Ledict jour, cinq heures du matin, M. le prévost des marchands se rendit à l'Hostel de Ville et ensuitte MM. les eschevins et procureur du roy et de la Ville, qui aprirent par ceux qu'ils avoient envoyez par les quartiers qu'on y avoit demeuré soubz les armes toute la nuict et qu'aucun ne voulloit ouvrir de boutiques, ny sousfrir que les chesnes et barricades fussent abessées ou abatues. Ce qui leur ayant esté confirmé par aucuns de MM. les quartiniers, ils prirent résolution d'aller au parlement pour tenir advertis MM. de la cour de tout ce que la Ville avoit faict depuis cette émotion populaire. Et partirent entre sept à huict heures du matin, à pied, dudict Hostel de Ville, ayant une douzaine d'archers devant eux avec quatre sergens de la Ville; trouvèrent tous les bourgeois soubz les armes, qui leur dirent qu'ils ne pouvoient se tenir autrement et demeurer en seureté en leurs maisons', y ayant de certains vagabons et gens qui ne sont poinct cognus, qui rôdent de toutte part et s'attaquent esfrontément à ceux qu'ils ne trouvent pas les armes à la main, pour les voller et piller. Ce qu'ils auroient faict en divers endroictz si les bons bourgeois ne s'y fussent opposez. 11 y avoit és environs du Pallais quantité de valletz soubz les armes qui parlèrent fort insolemment. Néantmoings

les capitaines qui leur commandoient prièrent MM. de la Ville de pardonner à tels gens, dont eux-mesmes advouoient n'estre pas les maistres, ne disposant de ces esprits esmeuz que par adresses. La grande porte de la cour du Pallais ayant esté ouverte, MM. de la Ville furent au parquet, où ils trouvèrent MM. les gens du roy, auxquels M. le prévost des marchands représenta tout ce qui s'estoit passé dans Paris depuis le Te Deum du mercredy dernier, et tout ce que la Ville avoit fait pour coupper chemin à cette émotion. Ce qui fut approuvé par MM. du parquet; lesquelz conduirent MM. de la Ville en la grand'chambre, pour en informer le parlement. Ce que M. le prévost des marchands fit avec un grand ordre; dont la cour tesmoigna beaucoup de satisfaction. En sorte que la Ville s'estant retirée et quelque peu de temps après MM. les gens du roy sortis, toutte la compagnie fust au parquet, en attendant l'arrest de la cour, qui sera cy-après transcript, et qui leur fust lors prononcé.

Ce faict, MM. les prévost des marchands, eschevins, procureur du roy et greffier d'icelle Ville s'en retournèrent en l'Hostel de la Ville, n'ayant pas trouvé plus de respect aux gens de guerre qui estoient sur le Pontau-Change, par où ils passèrent, que ceux qu'ils avoient veus en allant, quoyqu'on leur assurast qu'aucuns de ces Messieurs les exillez estoient de retour, et qu'on attendoit d'heure à autre M. de Bruxelle. Ce qui fust cause que MM. de la Ville résolurent les mandemens suivans :

De par les prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris.

« Monsieur....., colonel. Nous vous prions mander diligemment à vos capitaines, et prendre la peine avec eux, d'aller par l'estendue de vostre colonelle pour assurer les bourgeois qu'il est constant que ces Messieurs sont de retour; et qu'il n'y a aucune cavallerie ny infanterie aux environs de Paris, comme quelques séditieux l'ont voulu persuader au peuple. A ce qu'ils ayent à mettre les armes bas, ouvrir les boutiques et destendre les chesnes et oster les barricades. Vous priant n'y voulloir faillir. Faict au bureau de la Ville, ce 28 aoust 1648. »

Pareil envoyé à MM. les colonels.

De par

les prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris.

«Sire Jacques Tartarin, quartinier. Faictes entendre dans l'estendue de vostre quartier, comme ces Messieurs sont de retour. Nous mandons à MM. les colonels de faire retirer les bourgeois, ouvrir les boutiques et mettre les armes bas; faictes aussy destendre les chesnes par les dizeniers de vostre quartier, et voyez le colonel d'icelluy pour sçavoir ce que vous pourrez contribuer de vostre part aux ordres qu'il a de la Ville; à ce que chascun s'esforce à apporter la tranquilité qu'il est nécessaire de veoir parmy le peuple. Sy n'y faictes faute. Faict au bureau de la Ville, ce 28° jour d'aoust 1648. »

Pareil envoyé à MM. les quartiniers.

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