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rempli à un degré éminent ses devoirs de patronage, si en d'autres circonstances elle avait manifesté le même intérêt pour les affaires ecclésiastiques, si enfin elle avait respecté les liens de la fraternité protestante, Mais, la main sur la conscience, messieurs, il ne m'est vraiment pas possible de vous reconnaître ce droit moral. Jetez un regard sur la situation du clergé de cette capitale : en aucune ville, grande ou petite de ce royaume, on ne prend şi peu de souci de la charge des ames.

Il est un fait qu'il importe surtout de ne pas perdre de vue, quelque incroyable qu'il paraisse, et pourtant il est vrai, c'est que, sous Frédéric-Guillaume fer, lorsque la ville ne comptait que de 50 à 70,000 habitants, le nombre des prêtres était en réalité, et non pas proportionnellement, beaucoup plus considérable qu'il ne l'est aujourd'hui, que le chiffre de la population de Berlin s'élève à 400,000.

On a souvent tenté de mettre fin à cet intolérable état de choses. Des particuliers, des communes, feu mon père et moi-même, tous nous avons entrepris cette œuvre; mais tous ces efforts ont toujours éprouvé de si fåcheuses entraves, que ce n'est qu'à force de temps et de labeur que quelques-uns ont eu du succès, tandis que tous les autres ont échoué.

Récemment encore, messieurs, la fraternité protestante a recu de douloureuses atteintes, quand vous avez rejeté la requête que vous adressaient des protestants anglicans pour avoir temporairement la jouissance en commun d'une des églises dépendant de l'autorité municipale, et cela au moment où sans en avoir, à ce que je crois, reçu la demande, vous offriez aux dissidents de l'Eglise romaine l'usage de deux temples. Les choses étant ainsi, je ne puis malheureusement accorder à la municipalité un droit moral que je voudrais bien lui reconnaître.

Pour finir, je vais aborder ce qui m'a le plus péniblement affecté dans votre adresse. Vous désignez sous le nom de parti les véritables fidèles de P'Eglise évangélique. Rien ne m'a plus vivement affligé. Mais vous ne vous étes pas arrêtés là: vous accusez, bien que d'une manière détournée, mais cependant assez explicite, mon gouvernement de favoriser un parti. Sur

ce dernier point, messieurs, je contiens mon ressentiment par respect pour ma propre dignité et pour celle de la magistrature. Du reste, j'ajouterai quelques mots.

La municipalité s'est laissé tellement aveugler par son zèle,, qu'elle invente une dénomination, et la donne comme bannière d'une opinion à laquelle avec plus de calme, moi-même ou chacun de vous, nous ne pourrions reprocher qu'une trop grande ardeur dans l'accomplissement des devoirs imposés par votre serment, et une manière de les comprendre dans un sens trop étroit. En cela je serais parfaitement d'accord avec vous. Vous accusez ces hommes auprès de moi, en un moment où notre Eglise est le plus affligée et le plus outragée par ceux qui ont prêté à notre religion le mème serment que les hommes qui sont en butte à vos accusations. Ces serments ont été prétés spontanément, solennellement, à la face des saints autels, et ceux qu'ils tiennent liés préchent l'apostasie, emploient des moyens illégaux, excitent le peuple et le convoquent en assemblées.

L'adresse n'en mentionne aucun et ne frappe pas d'une juste réprobation ces menées inouïes. Toute l'Europe a les yeux sur nous et sur les agitations de notre Eglise. Que doivent penser de l'état de notre Eglise et de notre patronat les confessions étrangères et les hommes impartiaux, lorsque la municipalité de Berlin élève, en présence de son roi, des accusations si dures contre ceux qui sont trop fideles, tandis que pour les autres, qui ont tous les criterium, qui dirigent un parti très-dangereux, le conseil municipal n'exprime aucune plainte ? Voilà ce qui m'a profondément affligé; je le déplore comme un malheur, et je vous en exprime toute ma désapprobation.

La véritable affection ne consiste que dans la sincérité. Sous ce rapport, j'ai fourni ma part, en vous exprimant franchement et sérieusement, selon ma conscience, mon opinion, à vous que je me plais à appeler mes amis Il existe depuis quatre cents ans, entre ma dynastie et votre ville, un beau lien qui a produit les plus heureux résultats.

Dans l'assurance que mes paroles bien interprétées fortifieront et res

serreront ce lien, je vous congédie en vous donnant l'assurance de ma bienveillance.

ITALIE.

ETAT DU SAINT-SIÉGE.

DOCUMENT Secret répandu dans les légations sous ce titre :

Manifeste des populations de l'Etat romain aux princes et aux peuples de l'Europe.

Lorsque le souverain pontife Pie VII fut restauré dans les Etats romains, il annonça par son motu proprio de 1816 l'intention d'établir un régime analogue à celui du précédent royaume d'Italie et accommodé aux besoins ainsi qu'aux progrès de la civilisation; mais bientôt la publication d'un Code civil et criminel dans des principes surannés montra qu'on ne songeait qu'à s'appuyer sur un passé odieux, bien loin de vouloir accomplir les promesses faites et suivre les conseils que le congrès de Vienne avait donnés à la cour de Rome. La classe cléricale était comblée de dignités et de priviléges, et la classe laïque était écartée de tous les emplois de quelque importance.

Malgré ces déceptions amères, le mécontentement public ne se traduisit pas en actes de violence, même dans les années 1821 et 1822, lorsque Naples et Turin poussèrent le cri'de liberté. Après que les Autrichiens eurent comprimé le mouvement de ces deux provinces italiennes, la cour pontificale, dès qu'elle se vit délivrée de ses terreurs, au lieu de savoir gré à la population de sa tranquille attitude au milieu de l'effervescence des esprits, voulut tirer vengeance des pensées, des sentiments et des vœux secrets par le moyen d'une inquisition politique, qui jeta les semences de ces haines de parti dont on devait plus tard recueillir des fruits sanglants.

Pie VII mourait en 1823, et il était remplacé dans la chaire de saint Pierre par Léon XII, dont le caractère, porté aux moyens extrêmes, fulmina contre es amis de la liberté civile, et en

voya pour gouverner la Romagne un Rivarola, qui, tout à la fois accusateur et juge, les fit incarcérer ou exiler, sans égard pour la condition, pour l'âge ni pour les antécédents d'une vie honorable. En même temps que le nouveau pontife persécutait ainsi les opinions, il portait la hache aux racines de la civilisation en rétablissant et amplifiant les priviléges de main-morte, complétant ce système par l'abolition des tribunaux de district et par la remise en vigueur du tribunal du saint office. Il accordait aux ecclésiastiques la faculté d'instruire et de juger les causes des laiques; il imposait l'usage de la langue latine dans les barreaux et les universités; il mettait sous la gouverne exclusive des prètres toute l'instruction publique et tous les établissements civils de bienfaisance. Comme si Rivarola n'avait pas assez comprimé et attristé les provinces romagnoles, il lui donnait pour renfort une commission extraordinaire, composée de prêtres et d'officiers, qui les désola et les ensanglanta pendant plusieurs années de suite, à tel point que le funeste souvenir en est encore vivant aujourd'hui.

A Léon XII succéda Pie VIII, qui, marchant sur les traces de son prédécesseur, ne songea point à calmer les souffrances publiques. Peu avant sa mort, éclatait en France la révolution de 1830, suivie de mouvements semblables dans plusieurs Etats de l'Europe. Pendant la vacance du siége apostolique, les populations de l'Etat romain pensèrent que l'occasion était propice pour améliorer les formes du gouvernement. L'autorité arbitraire fut renversée depuis Bologne jusqu'auprès de la capitale, et elle toinba saus effort, sans violence de la part des sujets. Le gouvernement n'aurait certainement pas pu se relever sans se modifier, si l'Autriche ne fût accourue aussitôt avec ses troupes pour lui rendre la force. Toutefois, cette puissance, en même temps qu'elle comprimait le mouvement populaire, s'unissait à la France, à l'Angleterre et à la Prusse pour exhorter le nouveau pontife Grégoire XVI à améliorer le régime de l'Etat de façon à en assurer la tranquillité pour l'avenir. Dans ce but, les représentants des quatre puissances présentèrent le 21 mai 1831

une note diplomatique, dans laquelle, entre autres réformes, on proposait que les laïques fussent admissibles à toutes les dignités et à tous les emplois civils, administratifs et judiciaires; que des électeurs nommassent les conseils municipaux, et ceux-ci les conseils provinciaux, lesquels enfin éliraient une cour suprême résidant à Rome, chargée de régler les dépenses civiles et militaires, ainsi que le service de la dette publique.

A la publication de cet acte important, les sujets pontificaux ouvrirent leur cœur à l'espérance. Le pontife luiinême annonçait que ces améliorations devaient être le commencement d'une ere nouvelle. Mais bientôt les espérances durent s'évanouir, quand on vit paraître l'édit du 5 juillet, où on ne trouvait aucune mention d'élection municipale, ni de conseil suprême d'Etat, ni d'aucune des institutions propres aux monarchies tempérées; cependant les Autrichiens étaient encore en Lombardie, la garde des villes et le maintien de l'ordre restaient confiés aux citoyens organisés sous l'approbabation du gouvernement, et la tranquillité régnait partout ; on jugea utile de faire une démarche légale. Les provinces envoyèrent à Rome des députations composées d'hommes les plus instruits, les plus honorés et les plus recommandables, pour implorer du souverain les institutions promises, qui devaient établir l'harmonie entre les gouvernements et les gouvernés. Mais la cour, qui détestait le corps des ardes urbaines et tous les novateurs, quelque modérés qu'ils fussent, ne songeait nullement à leur donner satisfaction. Dans le même temps, au contraire, le cardinal Albani rassemblait à Rimini une troupe composée de gens capables de tous les excès, et avec le secours desquels il était chargé d'installer le despotisme dans les provinces. Ce fut alors le règne de ces hommes grossiers et féroces décorés du nom de volontaires pontificaux et prêts à massacrer tout homme désigné comme libéral. Pendant dix ans, ce n'est pas le pontife suprême, ni Rome, ni les cardinaux qui ont gouverné les légations, mais cette faction brute et sanguinaire. Les commissions militaires étaient en permanence, jugeant sans forme de procédure, sans assistance de défenseurs, condamnant une multitude de

gens à la prison, à l'exil, à la mort et à la confiscation.

Faut-il s'étonner qu'on ait réagi contre tant de calamités? On nous reproche de demander des réformes civiles les armes à la main; mais nous supplions tous les souverains de l'Europe et tous les hommes qui siégent dans leurs conseils de considérer que l'impérieuse nécessité nous y contraint; que nous n'avons aucun moyen légal de manifester nos vœux, ne possédant ni représentation publique quelconque, ni même le simple droit de pétition, et réduits à un tel état de servitude que la demande, la plainte, sont tenues pour crimes de lèse-majesté. Nos vœux sont purs: ils ont en vue la dignité du tróne apostolique aussi bien que les droits de la patrie et de l'humanité.

Nous vénérons la hiérarchie ecclésiastique et tout le clergé, nous avons l'espoir qu'il reconnaitra la noble escence de civilisation que renferme le catholicisme. Aussi, pour que nos vieux ne soient pas interprétés d'une manière sinistre par l'Italie et par l'Europe, nous proclamons hautement notre respect pour la souveraineté du pontife comme chef de l'Eglise universelle, sans restriction ni condition; quant à l'obéissance qui lui est due comme souverain tempore!, voici les principes que nous lui donnons pour base et les demandes que nous formolons :

Qu'il accorde une amnistie à tous les prévenus politiques depuis 1821 jusqu'à ce jour;

Qu'il donne un code civil et criminel modelé sur ceux des autres peuples de l'Europe, consacrant la publicité des débats, l'institution du jury, l'abolition de la confiscation et celle de la peine de mort pour les délits de lèsemajesté;

Que le tribunal du saint - office n'exerce aucune juridiction sur les laïques, et que ceux-ci ne soient plus soumis à la juridiction des tribunaux ecclésiastiques ;

Que les causes politiques soient désorinais jugées par les tribunaux ordinaires et d'après les formes com

munes;

Que les conseils municipaux soient élus librement par les citoyens, et les choix approuvés par le souverain; que ces conseils élisent des conseils provinciaux sur liste triple, présentée par les conseils municipaux, et que le

conseil suprême d'Etat soit nommé par le souverain, sur les listes présentées par les conseils provinciaux ;

Que le conseil suprême d'Etat, résidant à Rome, ait la haute surveillance des finances et de la dette publique, qu'il ait voix délibérative sur les recettes et les dépenses de l'Etat, et voix consultative sur les autres objets généraux;

Que tous les emplois et dignités civils et militaires soient donnés aux séculiers:

Que l'instruction publique cesse d'étre soumise aux évêques et au clergé, l'éducation religieuse leur étant exclusivement réservée ;

Que la censure de la presse soit res treinte au soin de prévenir les injures à la Divinité, à la religion catholique, au souverain et à la vie privée des citoyens;

Que les troupes étrangères soient licenciées.

Qu'il soit institué une garde urbaine qui sera chargée du maintien de l'ordre public et de l'observation des lois;

Enfin, que le gouvernement entre dans la voie de toutes les améliorations sociales que réclame l'esprit du siècle, et qui sont pratiquées par les autres gouvernements de l'Europe.

VARIÉTÉS.

PETITE CHRONIQUE. ·

STATISTIQUES DIVERSES.

– DÉVELOPPEMENT

DE LA COLONISATION EN Algérie. CHRONIQUE DES LETTRES, DES SCIENCES ET DES ARTS.

BIBLIOGRAPHIE.

NÉCROLOGIE.

PETITE CHRONIQUE.

9 janvier. FRANCE. MONTPELLIER. Ouverture du chemin de fer de Nimes.

L'ouverture du chemin de fer de Montpellier à Nîmes a eu lieu aujourd'hui à buit heures précises du matin, et deux convois sont partis à la fois des deux villes qu'il réunit. Un grand nombre de curieux s'étaient rendus près de l'embarcadère et sur la nouvelle avenue Feuchères pour assister à ce premier départ qui était presque une solennité. Le service, présidé par les administrateurs, s'est fait avec beaucoup de soin et de régularité; les employés de cette administration naissante sont déjà vieux dans leur service. Les voyageurs étaient assez nombreux pour la première fois.

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Les chefs arabes Ali-ben-Ahmed, Boule-Khas, Ahmed-Ould-si-Mokban,

Mohammed-ben-Mokrani, Ben-Ouani, Bou-Boubi, Bel-Kharoubi el Si-Chaadli, quittent Paris, où on leur a montré toutes les merveilles de cette civilisation que les indigènes de l'Algérie même les plus distingués, ne soupçonnent pas encore.

ESPAGNE. CEUTA. - Explosion des magasins à poudre.

Une explosion a eu lieu dans un des magasins de poudre situé sur la deuxième ligne des fortifications du camp limitrophe. Dans ce petit magasin, il y avait 5 quintaux de poudre, 20,000 cartouches de fusils, et 150 grenades à la main. L'explosion a été terrible; elle a occasionné des dégâts considérables; heureusement il n'y a eu que deux blessés, circonstance d'autant plus extraordinaire, que deux compagnies d'artillerie, venant de Séville, arrivaient pour prendre la garhison de ces fortifications, et qu'il aurait pu, quelques minutes plus tôt, y avoir beaucoup de victimes. On ignore comment le feu a été mis aux poudres.

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