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baie des lles. Les Anglais n'avaient dans la ville qu'environ 50 soldats, 80 marins et 120 colons armés; ils s'appuyaient sur deux blockhaus pourvus d'artillerie, et étaient, en outre, soutenus par les canons de la corvette Hazard et du brick Victoria. Néanmoins ils furent si vivement attaqués par les Zélandais, qu'ils furent délogés de leurs positions, et forcés de chercher un refuge à bord de leurs navires. La petite ville eut à subir un siége. Les naturels y mirent le feu et la pillèrent. Ils n'épargnèrent que l'établissement de la mission catholique. L'évêque catholique de l'Océanie, M. Pompallier, n'avait quitté la ville qu'au moment de l'attaque. Les égards que les naturels témoignèrent pour sa demeure prouvaient quel respect il avait su inspirer, même à ceux qui n'étaient pas de sa religion.

Cet échec pouvait porter, aux yeux des indigènes, une rude atteinte au prestige des armes anglaises. Aussi les autorités de la colonie résolurent-elles d'en chercher une prompte revanche Au commencement de mai, un détachement alla, à son tour, attaquer les insurgés dans leur camp. Le pah ou camp de Heki était un ouvrage fortifié dans toutes les règles. Les Anglais l'attaquèrent durant toute une journée sans pouvoir l'enlever; les Zélandais, abrités derrière des palissades, rasaient la campagne avec un feu dont presque chaque coup portait. Les Anglais furent obligés de faire retraite, laissant quinze morts et empor. tant trente-sept blessés.

Quelques jours après, les Anglais revinrent avec du canon, qu'ils transportèrent sur une hauteur qui dominait le camp, et de là, ils parvinrent à débusquer l'ennemi. Le chef zélandais se retira, mais laissant aux Anglais le souvenir d'une double défaite.

Des échecs partiels ne pouvaient mettre sérieusement en danger la domination anglaise; mais, dans l'antipathie profonde excitée chez les naturels par la conduite des missionnaires protestants, et dans l'affection respectueuse portée par eux aux missionnaires catholiques, il y avait une accusation grave contre les interprètes de la religion anglicane.

CHAPITRE XV.

AMÉRIQUE. - ÉTATS-UNIS.

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Dépêche conciAccusation portée dans ce

Projet d'annexion du Texas à l'Union américaine. - État de la question. Présentation d'un bill à ce sujet. — Nomination de M. Anson Jones à la présidence du Texas. - Différend entre le représentant américain et le secrétaire d'État du Mexique. Suspension des relations diplomatiques entre les deux pays. - Manifeste de M. Anson Jones. Rôle des puissances médiatrices. - Adoption du projet d'annexion par la Chambre des représentants. — Conditions et garanties renfermées dans ce projet. — Inauguration de M. Polk à la présidence. — Opinion du nouveau président sur l'annexion du Texas et sur l'occupation de l'Orégon. - Proposition de reconnaissance faite par le Mexique au Texas. - Interventions européennes. Tendances de M. Jones. — Popularité de l'annexion dans le Texas. Adoption de la mesure par le congrès texien. —Adoption par le sénat texien. Prise de possession du Texas par les ÉtatsUnis. Colère du Mexique. — Déclaration de guerre. liatrice du consul américain de Mexico. document contre l'Angleterre.— Demande d'explications par M. Packenbam. — Fin du différend entre les États-Unis et le Mexique. — Retrait de la flotte de Vera-Cruz. - Prétentions américaines sur la délimitation du Texas. Question de l'Orégon. Colonisation par les pionniers américains. Bill pour la protection et la juridiction des États-Unis sur le territoire en litige. - Bill pour l'établissement dans l'Orégon de postes militaires. Attitude énergique de M. Polk vis-à-vis de l'Angleterre. — Opposition de M. Webster. Message du président. Historique des négociations au sujet de l'Orégon. - Déclaration des droits de l'Union par M. Polk. — Inpossibilité d'une transaction. Appel au congrès pour la protection des colons établis dans l'Orégon. - Demande de pourvoirs pour la dénonciation de la convention de 1827. Réfutation de la théorie française de l'équilibre de puissance. Prétentions excessives des Etats-Unis. Effet produit en Angleterre par le message.

Dispositions

du congrès américain. - Question du tarif. - Demande de révision. Situation commerciale. — Situation financière. Dette.

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vernementale. - Tarif uniforme pour la taxe des lettres. l'année fiscale. Communistes.

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Anti-renters.

ÉTATS-UNIS.

L'année dernière, on se le rappelle, un traité avait été conclu entre le cabinet de Washington et des plénipotentiaires de la ré

publique texienne, par lequel le Texas devenait membre de l'Union, tandis que l'Union prenait à sa charge une partie de la dette du nouvel État, c'est-à-dire dix millions de dollars. Ce traité avait été rejeté par le sénat.

M. Tyler le présenta de nouveau, revêtu de la sanction populaire hautement exprimée par le résultat des dernières élections.

L'annexion n'était donc pas encore un fait accompli, et mème la république texienne venait de se donner un nouveau président contraire à l'annexion.

Mais en même temps une rupture semblait devenir de plus en plus imminente entre les États-Unis et le Mexique.

A la suite d'une altercation violente entre M. Shannon, ministre de l'Union à Mexico, et M. Rejon, le secrétaire d'État du Mexique, le représentant des États-Unis avait suspendu toutes relations diplomatiques avec le gouvernement mexicain.

Le nouveau président du Texas, M. Anson Jones, publiait de son côté un manifeste dans lequel il déclarait que, si les puissances médiatrices, l'Angleterre et la France, qui cherchaient à obtenir du Mexique la reconnaissance de l'indépendance du Texas, n'avaient pas obtenu un résultat satisfaisant avant la réunion du congrès texien, il commencerait les opérations hostiles contre le Mexique, non-seulement avec les ressources que possédait le Texas par lui-même, mais aussi avec tous les auxiliaires qu'il pourrait trouver.

Telle était la situation de cette affaire au commencement de l'année. La Chambre des représentants, après avoir, dans ses premières séances, prononcé sur plusieurs propositions relatives à l'annexion du Texas, termina enfin la discussion sur cet important sujet. Le 20 janvier, elle adopta, à la majorité de 120 voix contre 98, une proposition mixte, présentée par M. Brown, membre whig. Cette proposition portait que le congrès consentait à ce que le territoire dùment délimité, et appartenant en propre à la république du Texas, pût être érigé en un nouvel État qui serait appelé l'Etat du Texas'; il aurait un gouverne

ment de forme républicaine, qui serait adopté pour le peuple de ladite république, par ses représentants assemblés en conyention, et avec le consentement du gouvernement existant, afin qu'il pût être admis comme un des États de l'Union.

Le congrès donnait son consentement, moyennant les conditions et garanties suivantes :

1o Le nouvel État se soumettrait, pour l'arrangement de toutes les questions de territoire qui pourraient s'élever avec les autres gouvernements, aux décisions de ce gouvernement, et sa constitution sur ce point, avec la certitude de son adoption par le peuple du Texas, serait transmise au président des États-Unis, pour être soumise en dernier ressort au congrès, avant le 1er janyier 1846.

2o De nouveaux États, de dimension et de population suffisantes, pourraient ensuite, du consentement du Texas, être formés en dehors du territoire qui serait admis dans les termes de la constitution fédérale ; et ces États, qui pourraient être formés en dehors du nouveau territoire limité au sud par le 36o degré 30 de latitude nord, communément appelé Missouri compromise, seraient admis par l'Union avec ou sans esclavage, selon le désir formulé par chaque État.

Il y eut 7 votes sur cette question :

Le premier, sur la résolution de M. Brown, amendant le rapport de la commission des affaires étrangères, 109 contre 99; Le deuxième, contre cette même résolution amendée, 110 contre 93;

Le troisième, dans la Chambre, sur l'appui donné à la proposition précédente, 107 contre 97;

Le quatrième, sur l'ensemble de la question, 113 contre 106:

Le cinquième, sur la résolution proposée par la commission générale, 118 contre 101;

Le sixième, sur la proposition de passer à la troisième lecture, 119 contre 97;

Enfin, le septième, pour la troisième lecture et l'adoption, 120 contre 98.

Le 27 janvier, la résolution fut portée devant le sénat, lue deux fois, et renvoyée à la commission des affaires étrangères.

Là en resta pour quelque temps la question; mais déjà elle était définitivement jugée. Restait à apprécier la conduite du gouvernement texien et à savoir quelle influence pourraient exercer sur ses délibérations les sentiments de la majorité du peuple texien, relativement à l'annexion.

Le 4 mars, le nouveau président, M. James Polk, fut inauguré et prêta serment. On attendait avec impatience le discours d'usage prononcé à cette occasion. M. Polk s'y prononça franchement sur les deux questions importantes, l'annexion du Texas et l'occupation de l'Orégon.

Voici ses paroles:

Personne ne manquera de voir le danger qu'il y aurait pour notre sûreté et la paix future à ce que le Texas restât indépendant ou devint un allié ou une puissance dépendante de quelque nation étrangère plus puissante que lui. Est-il un seul de nos citoyens qui ne préférerait pas une paix perpétuelle avec le Texas, à des guerres accidentelles qui éclatent si souvent entre des nations indépendantes limitrophes? Ce qu'il y a de bon ou de mauvais dans les institutions du Texas restera intact, que ce pays soit ou ne soit pas annexé à l'Union. Aucun de nos États ne sera responsable de ses institutions, pas plus qu'ils ne le sont des institutions locales les uns des autres. Ils se sont considérés pour certains objets spéciaux avec le principe qui pourrait leur faire refuser de former une union perpétuelle avec le Texas; à cause de ses institutions locales nos ancêtres auraient été empêchés de former notre union actuelle.

Ne voyant aucune objection valable à la mesure, ni rien qui affecte vitalement la paix, la sécurité et la prospérité des deux pays; voyant, au contraire, plusieurs raisons pour son adoption, je chercherai dans le grand principe qui a formé la base de notre constitution et en a produit l'adoption, et non dans un esprit étroit de politique de parti, à mettre à exécution, par tous les moyens convenables et constitutionnels, le vœu exprimé par le peuple et le gouvernement des Etats-Unis de réanuexer le Texas à notre Union dans la période la plus courte possible.

.

Ce sera surtout mon devoir d'affermir et de soutenir par tous les moyens constitutionnels le droit des États-Unis à cette partie du territoire qui est située au delà des Montagnes Rocheuses. Nos droits au territoire d'Orégon sont clairs et incontestables, et notre peuple est déjà prêt à compléter ces droits en allant occuper ce pays avec ses femmes et ses enfants. Il y a quatre

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