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n'en est pas moins vrai que les nègres ont renversé l'ordre établi à St.-Domingue; qu'ils se sont révoltés contre leurs maîtres légitimes, et que si les considérations ci-dessus énoncées avaient eu quelque poids dans l'esprit des souverains alliés, la restauration n'aurait pas eu lieu en France; je desire donc qu'elle ait également lieu à St.-Domingue.

On tirera pent-être aussi des raisons du droit divin; jet sais que notre religion ne veut pas que l'homme soit soumis à d'autre maître qu'à Dieu, c'est-à-dire à la raison et à la justice, dont les principes sont gravés dans son cœur. Que les Rois ont été donnés aux peuples par Dieu dans sa co-` lère (1). Mais il nous est recommandé aussi de nous sou-" mettre aux puissances établies, et la puissance, jusqu'à' présent, est du côté des Rois, d'où il suit que l'exercice de la justice leur appartient, et qu'ils sont les délégués de Dieu sur la terre, car si la justice peut y être séparée de la force, elle ne peut y être excrcée sans sa participation. Ainsi la puissance des rois est de droit divin. Je ne suis point roi; mais je suis maître et propriétaire d'hommes, et je demande à être remis en possession de mon domaine. C'est aux auteurs de la sainte coalition, que je m'adresse dans cette question de droit divin, pour obtenir une justice pleine et entière, et moi, propriétaire légitime d'hommes, c'est à tous les rois de la terre que j'adresse cette réclamation.

Signé, DE LA C.......

Gentilhomme français, et propriétaire à St.-Domingue.

Nous renvovons l'auteur de la réclamation à la circulaire du Ministère de la Maison du Roi.

(1) Paroles tirées de l'Ecriture sainte, livre des Juges.

FONDS PUBLICS.

Suite de l'aperçu historique de la situation de la Bourse, depuis le nouveau systéme des emprunts.

12 décembre 1818.

Nous avions mis en doute si l'achat de 3 à 4 millions de rentes, à 70 fr., suffirait pour arrêter la baisse des fonds, nos inquiétudes étaient fondées. Aussitôt après cette opération, des offres générales à 69, 50 ont présagé une nouvelle baisse, dont cependant le terme semblait fixé par la première souscription faite à 68, 50. Mais, comme si on eut voulu tenter d'échapper à des secours si désastreux, it s'est établi une volonté d'arrêter le cours à 69, qui a suspendu toutes les affaires au comptant.

Cette mesure extraordinaire, qui cependant a facilité un très-grand nombre de compensations à ce cours de 69, et même en secret à celui de 68, 75, a été prolongée pendant plusieurs bourses, afin d'atteindre le premier décembre, jour fatal pour la liquidation de novembre. Son utilité, sous ce rapport, peut-elle faire excuser ce qu'elle a de contraire aux bons principes? Les agens de change, de leur propre volonté, ou avec l'appui de l'autorité, ont établi un prix fixe, un véritable minimum, qui avait tous les inconvéniens d'une loi inverse qui a signalé l'ignorance de ceux qui la firent il y a vingt-cinq ans. Pendant trois jours, ceux qui voulaient vendre au comptant pour satisfaire à des engagemens pressans, n'ont pu le faire; ils auraient consenti à vendre à 68, et même au-dessous. Aucun agent de change ne voulait, ou ne pouvait leur prêter son ministère.

Cette étrange résolution de fixer la rente à 69 fr. a été le triste résultat de la trop grande abondance des marchés faits pour la fin de novembre. Lorsque la quantité de ces

marchés, pour une fin de mois, est peu considérable, ils se terminent tous par des livraisons réelles; les vendeurs livraient les rentes qu'ils ont en nature, et achètent au comptant celles qui leur manquent; les acheteurs prennent livraison des rentes, pour lesquelles ils ont leurs fonds prêts, et vendent au comptant ce qu'ils ont de trop. Ces sortes d'achats et de ventes se mêlent avec les opérations au comptant, et sont faites, de gré à gré, à des cours qui varient suivant que les découverts de rentes ou ceux d'argent sont plus heureux ou plus habiles à se remplacer, ou à vendre leur trop plein. Mais, à la fin du mois dernier, l'avantage donné aux joueurs à la baisse par la crise et par la stupeur des joueurs à la hausse, pouvait réellement forcer la baisse jusqu'à 66, ou même 65 fr.; et c'est ce qui a déterminé les agens de change à fixer, autant qu'ils l'ont pu, un cours de compensation; ils y ont été portés encore par la crainte que de trop grandes pertes ne pussent pas être payées. Aussi ce cours fixe de 69 n'a-t-il pas été généralement adopté; les gagnans ont, en quelque sorte, pris la mesure de la solvabilité des perdans, et tel joueur à la baisse, en état de payer, a été forcé de compenser à 68 francs.

Mais ce prix fixe de 69 n'a pas pu amener à une liquidation complète; des joueurs à la baisse voulant forcer la compensation à de plus bas prix, des joueurs à la hausse ne voulant pas se résoudre à des pertes si considérables, on était menacé d'une baisse de 3 ou 4 fr. de plus. Les souscripteurs à 68, 50 c. sont arrivés, à leur tour, au secours de la place; un comité, composé de neuf banquiers, s'est fait remettre la situation de tous les agens de change, et le premier décembre, une heure avant la bourse, il a consenti à acheter environ un million de rentes qui, sans cela auraient été vendues à tout prix.

Le lendemain on a laissé les prix s'établir au gré des vendeurs et des acheteurs ; aussi a-t-on vu le cours de 67 fr

succéder immédiatement à celui de 69, coté seul pendant plusieurs jours; les achats faits par les souscripteurs à 70 fr. et à 68, 50, avaient d'abord causé quelques apparences de hausse mais elles sont loin de se réaliser aujourd'hui.

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On évalue à 15 millions les pertes supportées par les agens de change; cette compagnie s'est conduite de la manière la plus honorable. Elle aurait pu, si chacun de ses membres se fut isolé, laisser la place livrée au plus fâcheux désordre ; mais on en a vu le plus grand nombre ajouter à leurs pertes individuelles une cotisation de 70 à 80,000 fr. pour secourir ceux qui se trouvaient momentanément hors d'état de payer ce que leurs cliens leur ont fait perdre.

Voilà donc le résultat de l'introduction d'un systême d'emprunt qui est, sans doute, susceptible de se naturaliser en France, mais qui ne devait pas être essayé par des masses si considérables. Les emprunts sont vendus, il est vrai; mais les acheteurs à qui, en dernière analyse, ils ont été revendus, sont devenus insolvables; ils ont été forcés de les laisser échapper de leurs mains impuissantes. Les rentes sont revenues, moyennant de grandes pertes, dans celles d'un grand nombre de maisons de banque, qui toutes ne veulent pas ou ne pourraient pas les garder. Cette masse énorme pèse sur l'avenir. Si le ministère des finances ne veut pas les voir rapporter à la Bourse, il faut qu'il en retire une grande partie, et le moyen le plus efficace est, comme nous l'avons dit dans notre précédent article, la vente des bois de l'Etat, payables en rentes ou en reconnaissances de liquidation.

On avait attribué le changement de ministre des finances aux fautes commises et à la nécessité de les réparer, mais on a lieu de croire maintenant qu'il n'est dû qu'à l'état de la santé de M. Corvetto, et que M. Roy ne changera rien à un budget auquel il a lui-même travaillé comme membre d'une commission. La rente est au-dessous de 63 francs.

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ANNONCES.

Choix de rapports et discours prononcés à la tribune nationale, depuis 1789 jusqu'à ce jour (1).

Abbolition de la noblesse. Destruction des monumens de servitude. Séance mémorable du 19 juin 1790.

ORATEURS: MM. Alexandre et Charles Delameth, Lambel, de la Fayette, de Noailles, le Pelletier-de-Saint-Fargeau, l'abbé Maury, Mathieu de Montmorency, etc.

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La séance du 19 juin 1790, préparée et, pour ainsi dire, enfantée par celle du 4 août (Voyez notre premier volume page 69), acheva la révolution. Ici l'assemblée prononce la destruction de la féodalité et de tous les priviléges qui s'opposaient à l'égalité garantie par la déclaration des droits Là elle proscrit jusqu'aux mots qui rappelaient le souvenir des priviléges et des distinctions; elle abolit la noblesse elle abolit tous ces titres si vains, si frivoles, mais si chers à la nullité qu'ils élèvent, à l'orgueil qu'ils nourrissent.... Ces titres ont reparu, il est vrai, mais le prestige est détruit; on ne rapporte pas les décrets de l'opinion... Honneur à l'Assemblée nationale, qui rendit à la qualité de citoyen son caractère vraiment noble et imposant.

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M. le marquis de Foucault. «Je ne sais ce qui résultera de la délibération; mais ma mission est de m'y opposer de tout mon pouvoir. Le jour où notre patriotisme a été le plus spécialement consacré, à la fameuse époque du 4 août, cette motion fut présentée; on nous dit qu'on était trop heureux de pouvoir établir des récompenses de cette nature. Comment, en effet, eut-on récompensé celui dont

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(1) Le second volume est en vente. Le troisième paraîtra fin de décembre. Chaque volume est orné de six portraits des plus célèbres orateurs. Prix de chaque volume pour les souscripteurs, avec les portraits lithographiés, 7 francs; sans les portraits, 5 francs. Pour les non-souscripteurs, 6 francs sans les portraits, et 8 francs avec portraits. Franc de port par la poste, 1 franc So cent. en sus par chaque volume.

A Paris, chez Alexis Eymery, libraire, rue Mazariue, no 3o.

Et chez Corréard, libraire, Palais-Royal, Galerie de bois, no. 258.

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