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Un obus étant entré par l'embrâsure fit sauter le magasin des provisions et écrouler le mur intérieur du bâtiment de la porte de Genève, qu'on avait blindé. La charpente, en tombant, écrasa beaucoup de monde; le feu s'y mit et la consuma entièrement avec les malheureux qu'on n'avait pu tirer de dessous. L'incendie se communiqua à des pièces de bois qu'on avait entassées sous le passage de Genève pour défendre et renforcer le pont-levis: tout fut brûlé, dépôt de bois, tablier et flèches du pont; le fort resta ouvert de ce côté.

Le commandant français, ne voyant plus d'obstacles à opposer aux assiégeants, se sauva par la montagne avec le lieutenant du génie Gauthier, et quatre hommes qui voulurent les suivre. Les défenseurs de la maison crénelée purent aussi se sauver; le reste de la garnison, composé d'une cinquantaine d'hommes, se rendit sans conditions aux Autrichiens.

Le commandant du fort, qui a laissé un souvenir honorable dans le pays, se nommait Villetard de la Guérie. La garnison était formée d'une compagnie de gardes nationaux de la Haute-Saône, d'un détachement de retraités du pays de Gex qui avaient été rappelés sous les drapeaux, et de quinze canonniers commandés par le capitaine Magdelaine, qui fut blessé sous les ruines du bâtiment écroulé, et fait prisonnier.

Le fort fut remis à la France à la suite du traité de paix de 1815, après que les Autrichiens en eurent enlevé tout ce qu'ils purent emporter, et achevé de détruire ce que l'incendie avait épargné.

Le gouvernement français fit bientôt après réparer le fort, qui sortit de ses ruines; les deux enceintes furent conservées

et renforcées, mais tous les bâtiments adossés au rocher, et qui étaient hors de service, furent démolis et remplacés par les trois pavillons que l'on voit aujourd'hui.

Ces travaux, dirigés par le commandant du génie Soyer, ont été exécutés de 1820 à 1828; ils ont coûté la somme de 570,000 francs environ.

L'expérience de l'attaque du général Bardet, faite avec des pierres roulées du haut de la montagne, ne pouvait pas être perdue: elle fit comprendre la nécessité d'occuper le plateau supérieur du fort par un ouvrage assez solide pour se défendre lui-même et protéger le fort d'en bas.

On s'occupait de l'étude de ce projet, lorsque la révolution de juillet 1830 fit armer toute l'Europe et obligea la France à se mettre en mesure pour sa propre défense. Un projet, rédigé par le général Haxo, fut envoyé, en 1831, avec l'ordre de mettre la main à l'œuvre sur-le-champ; cependant les travaux n'eurent que peu d'activité cette année. On commença, à cette époque, la longue galerie souterraine qui devait réunir les deux forts et les divers ouvrages de celui d'en haut.

La première pierre de cette restauration du Fort-de-l'Ecluse fut posée, le 15 août 1834, par M. l'inspecteur-général du génie Montfort; elle contient une plaque de plomb avec cette inscription:

FRANCE.

LOUIS-PHILIPPE, Roi.

HUART, directeur des fortifications de Grenoble.

GOUREAU, capitaine du génic, chef.

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Le fort supérieur est dû au génie du général Haxo. Il est remarquable par ses fossés creusés dans le roc, par sa longue galerie souterraine et ascendante, composée de 1165 degrés, qui desservent ses petites places-d'armes superposées, ses quatre batteries et ses vastes casemates toutes creusées dans le rocher. Par le même travail, on a fouillé une citerne qui contient 230 mètres cubes d'eau pour le service de la garnison.

Le fortin qui couronne si élégamment cette construction pittoresque a été terminé en 1848. Du haut de ce belvédère, aussi gracieux que solide, la vue s'étend sur la Savoie, le Genevois, sur la plaine de Gex, le Chablais, et jusqu'aux montagnes vaporeuses qui couvrent Lausanne, au-delà du lac Léman.

PERSONNAGES REMARQUABLES

DU PAYS DE GEX.

Malgré l'exiguité de sa surface, le petit pays de Gex a fourni un large contingent de personnages remarquables dans l'armée, l'Eglise et la magistrature. Nous avons cru devoir les indiquer dans l'ordre alphabétique pour compléter l'histoire de cette contrée.

Ici notre tâche est facile; nous n'avons eu qu'à consulter l'excellent ouvrage de Mgr Depery, évêque de Gap, qui s'est fait le Plutarque de ses compatriotes. Nous renvoyons avec confiance le lecteur à sa Biographie des hommes célèbres du département de l'Ain. (2 vol. in-8°; Bourg, 1833-40.)

BERNARD BLUET.

BLUET (Bernard), connu dans les Biographies sous le nom de comte de Permission, naquit en 1566, au village d'Arbères, près de Divonne, dans le pays de Gex. Il s'imagina, malgré son ignorance, qu'il était appelé à jouer un rôle important. Après avoir passé ses premières années à garder les troupeaux,

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