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cantons protestants; il y fut dit que les possesseurs des biens aliénés par les Bernois, dans le bailliage de Gex, ne seraient plus désormais inquiétés dans leurs possessions. (Voy. Collet, dans Revel.)

En reprenant le cours des travaux de l'évêque de Genève, nous le retrouverons poursuivant son œuvre avec la même ardeur.

En 1609, le baron le Luz l'appela à Gex pour régler des affaires importantes relatives à la religion catholique. Il partit sur-le-champ d'Annecy, sans calculer les dangers qu'il allait courir.

« Il n'y avait que deux chemins, dit son biographe, pour pénétrer d'Annecy, résidence de l'évêque de Genève, sur les terres françaises de Gex. Il lui fallait passer le pont de Genève ou traverser le Rhône : ce fleuve, alors débordé et très-rapide, était infranchissable; il fallut passer par Genève : or, les Genevois étaient furieux contre François de Sales qui avait obtenu du roi de France l'autorisation de dépouiller les protestants de cette contrée.

« Il n'hésita pas, et, malgré les gens de sa suite, il entra dans la ville au moment où l'on allait fermer les portes et lever les ponts, parce que c'était l'heure du prêche. L'officier préposé à la garde de cette porte lui demanda son nom pour l'inscrire sur son registre; François de Sales répondit qu'il était l'évêque du diocèse : l'officier, distrait, fit peu d'attention à ce qu'on lui disait, et le laissa passer avec sa suite.

<< Il traversa toute la ville de Genève; mais arrivé à la porte du côté de Gex, il la trouva fermée, selon l'habitude, parce

que le prêche était commencé. Il fut obligé d'entrer dans une hôtellerie, en attendant que la porte s'ouvrît.

« L'illustre voyageur ne parut pas inquiet; cependant il ne fallait qu'une indiscrétion de l'un de ses serviteurs pour le perdre deux heures se passèrent dans cette position; enfin la porte s'ouvrit, l'évêque sortit de Genève sans obstacles, et arriva à Gex où le baron de Luz admira son courage, tout en blåmant le danger auquel il s'était exposé (1). »

A la fin de l'année 1609, M. de Genève, heureux des succès de sa mission, recommanda au pape Paul V son Eglise de Gex, sa fille bien-aimée. « Il n'y a que onze ans, dit-il, que l'hérésie était enseignée, prêchée dans soixante-cinq paroisses autour de la ville de Genève, où à peine il y avait cent catholiques: j'y fus, en ce temps-là, trois ans, tout seul, à prêcher l'Evangile, et maintenant le calvinisme en est tellement exclus qu'on n'y pourrait pas trouver aujourd'hui cent huguenots. >>

En 1612, nous voyons François de Genève s'adresser à la reine-mère, Marie de Médicis, pour la prier de rétablir les Pères Carmes dans la ville de Gex, pour les bons effets qu'en retirerait la religion. (Lettre 371o. )

En 1614, il remercie Louis XIII d'une gratification de 300 écus que ce prince avait donnés pour le rétablissement de quelques églises dans le bailliage de Gex.

(1) La lettre autographe où François de Sales raconte ingénument ce fait à son ami Deshaye, gouverneur de Montargis, existe encore au presbytère de Gex.

Enfin par une lettre d'Annecy, du 21 janvier 1618, il lui indiquait les conditions nécessaires au rétablissement des Carmes à Gex.

Après François de Sales, les religionnaires du pays de Gex qui avaient résisté aux prédications des missionnaires catholiques croissaient en nombre; ils cultivaient paisiblement leurs champs, et pendant quarante ans ils exercèrent leur culte sans défiance, sous la tutelle des lois et la protection de l'édit de Nantes. Louis XIV, après les prodiges de son règne, vint dissiper leurs illusions et tromper leurs espérances. Un arrêt du conseil, du mois d'août 1662, leur signifia de démolir leurs temples; nous verrons bientôt que cet arrêt fut exécuté avec une impitoyable rigueur.

Trois évêques avaient successivement occupé le siége d'Annecy après saint François de Sales, mort en 1622. C'étaient son frère, Jean-François de Sales, mort en 1637; — Juste Guérin, religieux de l'ordre des Augustins, mort en 1645;

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et Charles-Auguste de Sales, neveu de saint François, mort en 1660.

CHAPITRE XXVI.

Jean d'Aranthon d'Alex, évêque de Genève.

Sa première mission
Ses succès à la cour de Louis XIV.

dans le pays de Gex.
Plaidoirie contradictoire des catholiques et des protestants.
Ordonnance du roi pour la démolition de vingt-trois temples.
Histoire de leur destruction.
Gex.

Mission royale dans le bailliage de

Sévérité du roi contre les réformés. - Mission particulière
Serment de fidélité des nouveaux convertis.

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à Collonges.
Second voyage de Jean d'Aranthon à Paris.

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- Etablissements religieux à Gex.

des Filles de la Propagation.
Arrivée de Me Guyon dans cette ville.

Ses rapports avec le

P. Lacombe. Leur expulsion du diocèse de Genève. - Ruine des Calvinistes dans le pays de Gex, après l'édit de Nantes. — Incendie et reconstruction du couvent des Ursulines.

Aux pacifiques prélats que nous venons de nommer succéda, en 1661, Jean d'Aranthon d'Alex qui, par son zèle et son crédit à la cour de France, fit expulser le protestantisme de toute la contrée aussi a-t-on dit que si saint François de Sales fut l'apôtre du Chablais, Jean d'Aranthon fut celui du pays de Gex.

Ce prélat, né en 1620, au château d'Alex près d'Annecy, fut l'un des pasteurs que l'évêque, Juste Guérin, envoya

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