souverains, sans soupçonner les nouvelles épreuves qui l'attendaient. Le duc de Savoie, heureux de l'affection de ses sujets, prévoyait le peu de durée de cette paix factice. Il mourut, le 30 août 1580, laissant ses craintes et ses espérances à son fils unique, Charles-Emmanuel Ier. DÉNOMBREMENT DES FEUX DU BAILLIAGE DE GEX, EN 1576, SOUS EMMANUEL-PHILIBERT. On peut apprécier la triste situation du pays de Gex par sa dépopulation pendant ces guerres religieuses et par la réduction des feux solvables dans chaque paroisse. L'extinction des familles est en raison des localités qui furent le plus exposées à la brutalité du vainqueur. Pendant plus de trente ans les meurtres, la famine, la peste et les antipathies religieuses firent disparaitre une grande partie de la noblesse et des habitants des campagnes (de 1536 à 1567). Challex ne figure pas dans ce dénombrement, parce qu'il n'y restait que quelques maisons ruinées. Les habitants avaient presque tous péri, ensevelis sous les ruines du château de la Corbière; le reste s'était noyé dans le Rhône et la London, en fuyant devant les dévastateurs de leur pays. Les paroisses de Léaz, Vanchy, Ballon et Lancrans, situées au-delà du Fort-de-l'Ecluse, étaient des fiefs qui relevaient des ducs de Savoie. Lélex, par sa position isolée et presque inabordable, échappa aux longues perturbations qui désolèrent le bailliage de Gex. CHAPITRE XX. Charles-Emmanuel trompé par un bourgeois de Thonon. Il déclare la guerre aux confédérés ; est repoussé. Complication causée par les guerres religieuses en France. 11 soulève contre lui les calvinistes français. Lesdiguières menace le Piémont. - Alliance entre Berne, Zurich et Genève. Le duc s'empare du marquisat de Saluces. Henri III veut faire la guerre à la Savoie. — Alliance de Henri avec les confédérés protestants. Succès de l'armée - Prise de Thonon et de Ripaille. - Départ de Sancy et des troupes françaises. Charles-Emmanuel n'avait que dix-huit ans à la mort de son père (1580): ses premières démarches laissèrent voir qu'il était l'héritier des projets ambitieux de sa famille sur Genève. Zélé défenseur de l'orthodoxie catholique, et redoutant par-dessus tout l'invasion du calvinisme dans ses états, il essaya, dès la première année de son règne, d'inquiéter les Genevois et de menacer leur liberté. Un bourgeois de Thonon, nommé Antoine Larchier, originaire du Dauphiné, fit entendre au seigneur de Compois, gouverneur |