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résultats pour la maison de Savoie. Des événements étranges, déterminés par l'esprit d'innovation du 16° siècle, vinrent bouleverser l'Europe et détacher de la Savoie ses plus belles provinces.

Philibert fit ses premières armes sous son père, à la suite de Charles VIII, dans son expédition de Naples en 1494, et plus tard sous Maximilien d'Autriche contre les Florentins.

En 1496, il fut fiancé à Yolande de Savoie, sa cousine; elle mourut quatre ans après.

Le conseil de Savoie fixa, en 1497, le douaire de Claudine de Bretagne, seconde femme de Philippe II. On lui accorda l'usufruit de plusieurs seigneuries; celles de Poncin, Cerdon, Saint-Sorlin, Lagnieu, Virieu-le-Grand, Rossillon, SaintGermain, etc., etc. Elle alla d'abord résider à Poncin, puis au château de Billiat, dans la Michaille, où elle mourut.

C'est en 1501 que Philibert II épousa Marguerite d'Autriche, fille de l'empereur Maximilien et de Marie de Bourgogne. De grandes fêtes eurent lieu à Genève, qui ne lui appartenait pas et qui était extrêmement jalouse de ses priviléges et de sa liberté. Philibert aimait à y étaler le luxe de sa cour et la magnificence de ses tournois, pour y faire désirer son autorité.

L'empereur Maximilien se rappela qu'il était, comme ses prédécesseurs, seigneur suzerain de la Savoie et de l'ancien royaume de Bourgogne. Il concéda au duc Philibert, son gendre, par lettres-patentes, datées d'Anvers le 1er avril 1503, tous ses droits impériaux, juridiction temporelle et hommages qui lui étaient dus à l'est de la Saône, dans les provinces du Bugey, du Genevois et du pays de Gex.

A partir de cette concession, les empereurs perdirent leurs droits de suzeraineté sur les contrées comprises entre le Rhône et la Saône : les ducs de Savoie furent dispensés, lors de leur avènement, de leur demander l'investiture de leurs états, et de leur rendre foi et hommage.

Les chaleurs excessives de 1504 desséchèrent les récoltes, amenèrent la famine et une effrayante mortalité : c'est l'année des processions faites pieds nus. Les populations, effrayées, couraient les campagnes et faisaient, dit Paradin, oraisons publicques avec larmes et piteuses amendes honorables pour leurs péchés.

Philibert II étant à la chasse près de Saint-Vulbas, canton de Lagnieu, se fit servir à dîner dans un lieu très-frais auprès d'une fontaine ; il y prit une pleurésie dont il mourut à Pontd'Ain, en septembre 1504, dans la chambre même où il était né ses restes furent déposés à Bourg, dans l'église de Brou, auprès de ceux de sa mère.

CHAPITRE XVI.

Charles III. - Malheurs de son règne.

Ses prétentions sur Genève.

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-Charles de Seyssel, évêque.—Jean-François de Savoie lui succède. Mariage de Philiberte de Savoie avec Julien de Médicis. Aliénation de la baronnie de Gex.-Alliance de Genève avec Fribourg. - Deux partis à Genève. Elle est investie par le duc Charles.

Suspension d'armes. Mauvaise foi de ce prince.

Bonnivard.

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frais de la guerre.
Charles III.
Baume.
du duc.

Entrée de la duchesse à Genève.

François de Le duc paie les

Mariage de

Pierre de la

Nouvelle perfidie

Alliance entre Berne, Fribourg et Genève.

de la Cuillère.

Commencement de la réforme.

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contre Genève. Arrivée de l'armée combinée des cantons alliés

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- Combat de Meyrin. - Trève de Saint-Julien.

Humiliation du duc de Savoie. La réforme à Genève. - Triomphe des protestants.

Charles III avait dix-huit ans quand il fut appelé à la couronne ducale; il était fils de Philippe II et de Claudine de Bretagne, sa seconde femme.

Charles fut le prince le plus malheureux de tous ceux qui occupèrent le trône de Savoie. C'est sous son long règne que cette

puissance perdit presque tout ce qu'elle avait heureusement acquis par alliances, conquêtes et successions. Beau-frère de Charles-Quint par son mariage avec Béatrix de Portugal,— et oncle de François Ier par sa sœur, Louise de Savoie, il les mécontenta tous deux par son intervention maladroite, incapable de comprendre qu'il valait mieux se déclarer franchement pour l'un ou pour l'autre.

Après quelques années de tranquillité, Charles eut la douleur de voir ses états, en-deçà et au-delà des Alpes, envahis par les Français; plus tard, en 1534, les Genevois, en embrassant la réforme, s'affranchirent de sa domination. Deux ans après, les Bernois, les Fribourgeois, par suite de l'alliance qu'ils avaient contractée avec Genève, occupèrent le pays de Vaud, le Chablais et le pays de Gex. Pendant près de vingt ans, la Savoie fut le théâtre de la guerre, ravagée tantôt par les Français, tantôt par les Impériaux.

Charles III, à son avènement, ne possédait que des revenus assez modiques et bien au-dessous de ses besoins. Il avait distrait de ses états un grand nombre de seigneuries pour constituer les douaires de Blanche de Montferrat, veuve de Charles Ier, de Claudine de Bretagne, sa mère, veuve de Philippe II, de Marguerite d'Autriche, veuve de Philibert

le-Beau,

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et pour assurer la dot de sa sœur, Philiberte de Savoie, mariée à Julien-de-Médicis.

Pendant l'hiver de 1504 à 1505, la famine et la peste désolèrent la Savoie, le Genevois et le pays de Gex. Les campagnes furent dépeuplées et les bras manquèrent à la culture des terres.

Tous ces embarras n'empêchèrent pas Charles III, fidèle

aux prétentions de sa famille, de vouloir s'emparer à tout prix de Genève, ville dans laquelle il ne pouvait pas même entrer sans autorisation, et sur laquelle il n'avait, comme ses ancêtres, que des prétentions mal fondées.

Possesseur du château de l'Ile sur le Rhône, le duc Charles était sans cesse en querelle soit avec l'évêque, soit avec les bourgeois de Genève. Cette complication de droits et de juridictions constituait le gouvernement le plus embarrassé, le plus bizarre que l'on puisse imaginer.

Les droits des ducs de Savoie se réduisaient au château de l'Ile, confié à l'un de leurs lieutenants, sous le nom de Vidomne; cet officier était soumis à l'évêque, lui jurait fidélité et promettait de respecter les franchises et la liberté de la ville. Si Charles III se fût contenté de ses droits, il aurait pu les conserver long-temps; mais, pour avoir voulu prendre plus qu'il ne lui était dù, il souleva contre lui les citoyens de Genève, s'attira de grandes difficultés et perdit tout.

L'évêque de Genève, ou mieux l'élu à l'évêché, Philippe de Savoie, fils de Philippe II, avait quitté l'habit ecclésiastique sous son frère Charles III; il n'avait gardé, dit Levrier, que ce qui lui plaisait le plus, les revenus de sa dignité. Il ne résigna son évêché qu'en 1510, en faveur de Charles de Seyssel, sur lequel Champion l'avait emporté, au ridicule combat du pont de Chancy, en 1491. Philippe fut, en compensation, fait comte du Genevois; il fit ses premières armes sous Louis XII, servit ensuite Charles-Quint, et passa au service de François Ier, qui lui donna le duché de Nemours; ce duché resta pendant 150 ans à la maison de Savoie.

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