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sujets que la bataille de Varey avait ruinés, soit pour les énormes dépenses qu'il lui fallut faire dans ses guerres continuelles contre le dauphin, le comte du Genevois et le seigneur de Gex qui était encore Guillaume de Joinville.

CHAPITRE XIII.

Aimon, comte de Savoie. - Réclamations de ce comte et du dauphin Guigue. Nouvelles hostilités. - Prise et reprise du château de Monthoux. Mort de Guigue. - Intervention du roi de France. Habitudes de cette époque. Concession du dauphin à la France. Fonctions des châtelains. -Mort de Hugard de Gex. — Amédée VI dit le comte Vert. L'empereur Charles IV. Traité de paix entre

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la France et la Savoie. - Testament ab irato de Hugues de Joinville.. La guerre recommence. Agression de Hugues de Genève. Prise du château de Gex par Amédée. - Vengeance de Hugues. Châtelains de Versoix.

Paix de 1355. Ses conditions.

Concession et révocation des priviléges du comte Amédée. Mort

du comte du Genevois, Amé III.
Wenceslas. Mort d'Amédée VI.
Donation aux habitans de Thoiry.
Donation aux habitans de Fenières.

Sa postérité.

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L'empereur

Les châtelains de Gex. Subsides extraordinaires.

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Aimon, né à Bourg-en-Bresse en 1291, était à Avignon auprès du pape Jean XXII quand il fut appelé à la succession de son frère Edouard. Il fut invité à presser son retour, à cause des prétentions de Jeanne de Savoie, sa nièce, duchesse de Bretagne, qu'excitait le dauphin de Vienne. Les droits d'Aimon furent reconnus, à l'exclusion de sa nièce, en vertu de la loi salique, invariablement observée depuis cette époque.

Le dauphin Guigue, que les grosses rançons de sa victoire de Varey avait enrichi, devint exigeant; il demanda au comte de Savoie un grand nombre de seigneuries et de places fortes : Aimon, de son côté, faisait aussi des réclamations nombreuses et de même nature. Le roi de France intervint en 1330 et proposa des arbitres pour examiner leurs prétentions respectives; les conférences durèrent deux ans, mais sans résultats.

Le dauphin réclamait « le bourc d'Ambérieu et son chastel <«< de Saint-Germain, que print à force d'armes ly cuens « (comte) de Savoye, dommageant le daufin et ses gens de « deux cents mille florins et plus; item, le chastel de Balon « et Grand-Confort, et autres granges et maisons, les quels « sont au mandement de Balon, les print ly cuens Edoars de

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Savoye qui mors est, par force d'armes, qui estoient du seigneur de Villars, homme lige et aidant du daufin, et les « tient ly cuens de Savoye qui ores (aujourd'hui) est; item, le « chastel de Versoy dessus Genève, avec ses appartenances, a que tient li diz cuens de Savoye et appartient au daufin; « item, le fié de Chastillon-de-Michaille qui sont et doivent « estre du fié du daufin, et li cuens de Savoye les a occupés; « item, la Cluse en Genevois, etc. »

Le comte Aimon exigeait, de son côté, « pour ly et ses «aydans estre rendus par le daufin, les quiex appartiennent « à luy par le bon droit le chastel et bourc de Montluel avec leurs appartenances, li quel estoit du fié du dict cuens par « bonne cause évidens; item, le fié de Villars; item, le << chastel et mandement de Varey, li quel doivent estre aydans « au dit cuens par convenance faite par le comte Amey de

« Genève; item, le fié du seigneur de Gex et le fié de Coppet, « li quel sont commis au dit comte par bonnes causes évidens, << ainsi comme dessus, etc. »

Ces diverses propriétés, comme on le voit, étaient tellement enchevêtrées les unes dans les autres, qu'il était difficile de maintenir en paix ces deux prétendans, dont les haines étaient excitées et entretenues par les plaintes de nombreux vassaux bien disposés à ne rien céder.

Le roi de France renonça à son rôle de médiateur et laissa les deux champions vider leurs querelles par les armes.

La guerre recommença donc entre la Savoie et le Dauphiné; le comte Aimon, plus prudent que son frère Edouard, attira dans son alliance Amé III du Genevois, Hugard de Joinville, fils de Guillaume, seigneur de Gex; Philippe de Savoie, prince d'Achaïe, son cousin, et Louis de Savoie, son oncle, seigneur du pays de Vaud. Tous ces alliés réunis assiégèrent, en 1333, le château de Monthoux, près de Genève, sur la route de Bonneville. Il appartenait à Humbert, seigneur du Faucigny et frère du dauphin. Ce château, défendu par Hugues du Genevois, baron d'Anthon et de Varey, fut pris après deux jours de résistance: les confédérés de Savoie y laissèrent une bonne garnison et retirèrent leurs troupes.

Le dauphin engagea secrètement Hugues de Genève à le reprendre par surprise; sa tentative eut un plein succès. Alors le comte de Savoie revint avec ses alliés; une lutte s'engagea ; il y périt, dit-on, 2,000 hommes. Hugues, battu, abandonna le château au comte Aimon qui le garda,

C'est alors que survint le dauphin lui-même ; il voulut d'abord

se rendre maitre du château de la Perrière, qui appartenait au comte de Savoie tout était prêt pour l'assaut lorsque le dauphin Guigue, voulant reconnaître la place, fut frappé d'un coup d'arbalète; il mourut le jour même, 26 août 1333. Les Dauphinois, dans leur douleur, forcèrent le château et le démolirent.

Humbert II, seigneur du Faucigny et dernier dauphin du Viennois, succéda immédiatement à son frère. Après la mort de Guigue, le roi de France offrit encore sa médiation à Humbert, pour mettre un terme à la guerre désastreuse qui, depuis trop long-temps, désolait ses états et les terres de Savoie, du Genevois et du pays de Gex. La paix fut enfin conclue le 7 mars 1335. Chaque prétendant accepta les conditions antérieurement posées de part et d'autre. On rendit les places, châteaux et prisonniers: Hugues de Genève recouvra aussi tout ce qu'il avait perdu.

Dans la même année, le seigneur d'Avanchy (Vanchy), ennemi d'Artaud Aleman, prieur de Nantua, excita les gens de l'abbé de Chézery à faire la guerre à ce prieur. L'abbé promit au prieur 40 livres genevoises pour le dédommager des dégâts qui avaient été faits par ses gens sur les terres du prieuré.

Ce fait, dit M. de Lateyssonnière, est encore un exemple des haines très-vives qui existaient alors entre des villages voisins. Par suite du morcellement du pays en petites souverainetés, chacun était armé pour faire la guerre, pour se venger d'un ennemi, pour s'enrichir en lui enlevant son bétail et ses récoltes. Les seigneurs étaient alors engagés les uns contre les

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