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CHAPITRE VIII.

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de

La seigneurie de Gex passe aux comtes du Genevois. Généalogie des seigneurs de Gex. Mort d'Humbert III de Savoie, l'empereur Frédéric-Barberousse, de Henri VI,

--

de son frère

Philippe. Longues querelles entre Guillaume Ier, comte du Genevois, et les évêques - souverains de Genève. Guillaume est mis au ban de l'empire et dépouillé de ses terres. Intervention intéressée de Thomas ler, comte de Savoie. -Guerre.-Conciliation. - Mort de Guillaume du Genevois en 1227.

Amé Ier, comte du Genevois, mourut à la fin de 1178.

Il avait épousé Mathilde, dame de Gex, fille de Pons, seigneur de Cuiseaux en Franche-Comté, et de Laurence de Senecey. Par ce mariage avec une fille unique, héritière d'une belle seigneurie, le comte Amé put satisfaire son ambition et établir solidement la puissance de sa maison.

Il eut deux fils dont nous avons déjà parlé dans une donation faite par lui, en 1153, au monastère d'Abondance, savoir: Guillaume, qui lui succéda dans le comté du Genevois, - et Amé qui, par apanage, fut seigneur de Gex, mais relevant du comte du Genevois, son aîné.

Pour que l'on puisse saisir synthétiquement la généalogie des seigneurs de Gex, nous dirons tout de suite, et par anticipation sur l'ordre des temps, que cet Amé, premier seigneur

de Gex, ne nous est connu que par un différend qu'il eut avec l'abbé de Saint-Maurice, et que l'empereur Frédéric termina par sa patente du 25 septembre 1186, devant Roger, évêque de Lausanne, et Nantelin, évêque de Genève.

Cet Amė laissa de sa femme, qui nous est inconnue, Amė, deuxième seigneur de Gex, qui, en 1225, donna le fief du château de Divonne et le village de Souvergnieu à l'église de SaintOyen-de-Joux (Saint-Claude), et une métairie de La Cluse. (Voy. Levrier, tom. Ier, p. 108.)

Amé II épousa, en 1227, Béatrix de Baugé, fille d'Ulric, sire de Baugé, et d'Alexandrine de Vienne.

Il eut deux enfans, Conrad, qui lui succéda sans laisser d'héritier, et Béatrix, surnommée Lionnette, laquelle épousa Simon de Joinville, seigneur de Marnay et de Vaucouleur, petit-neveu du sire de Joinville, sénéchal de Champagne, l'ami de saint Louis et l'un des premiers historiens français : ici finit la descendance mâle des comtes du Genevois dans la baronnie de Gex.

Le mariage de Lionnette est postérieur à 1251, puisqu'à cette époque elle promettait à Pierre de Savoie de ne pas se marier sans son consentement et celui de son frère Philippe, archevêque de Lyon : elle promit même de donner sa seigneurie de Gex à Pierre, si elle contrevenait à sa promesse. (Guichenon, Hist. de Savoie, p. 74.)

Lionnette, fille et unique héritière d'Amé II de Gex- et de Béatrix de Baugé, transmit la seigneurie de Gex dans la maison de Joinville: leurs descendans forment une seconde branche des seigneurs de cette terre.

Cette princesse vivait encore en 1298, comme le prouve l'offre de secours que lui firent Humbert, dauphin du Viennois, Anne sa femme, et Jean leur fils. (Voyez ci-après à la même date.)

Du mariage de Simon de Joinville et de Lionnette vinrent deux fils, Hugues ou Hugard de Joinville, et Pierre de Marnay (1).

Hugues ou Hugard, l'aîné, succéda à son père dans la seigneurie de Gex. Il épousa (selon Guill. Paradin, Histoire de Savoie) Eléonore du Faucigny. Il fut père

- De Pierre de Joinville, seigneur de Gex, mort sans postérité; - De Guillaume, qui lui succéda dans cette baronnie;

D'Agnès, femme de François, seigneur de Sassenage; - De Béatrix, mariée à Odon Alaman, seigneur de Champs en Dauphiné.

Guillaume de Joinville était seigneur de Gex en 1314. Dix

(1) Pierre de Marnay, fils puiné de Simon de Joinville et de Lionnette de Gex, fut tuteur de son neveu Guillaume; ce qui lui fait donner quelquefois le titre de seigneur ou baron de Gex.

Il fut père de Béraud de Joinville, seigneur de Marnay et de Divonne, qui eut de sa femme, Aimée de Coligny, Amé de Joinville, seigneur de Divonne.

Celui-ci épousa la fille du vicomte de Courtramblay, d'où vint Amé de Joinville, qui épousa Catherine Bernier; ils laissèrent trois enfans, savoir: Louis de Joinville, seigneur de Divonne; - Amblard de Joinville, chanoine de Lyon, et N. de Joinville, mère de Marie de Gingin, qui fut alliée, en 1412, avec Aimon de Coucy, seigneur de Genissia. (Voyez Ducange, Mém. relatifs à l'Hist. de France, tom. Ier, p. lxxxvj.)

ans après (1324), il prit parti pour Hugues, dauphin du

:

Viennois, baron du Faucigny, et pour Amé III, comte du Genevois, contre Edouard, comte de Savoie il se trouva, avec ses alliés, à la bataille du Mont-du-Mortier, où ils furent défaits.

Ce Guillaume de Joinville avait épousé, en 1294, Jeanne ou Johannette de Savoie, fille de Louis de Savoie, baron de Vaud, - et de Jeanne de Montfort; il eut de cette union plusieurs enfans:

1o Hugues ou Hugard, seigneur de Gex, mort sans postérité en 1338;

2o Hugues, seigneur de Gex, après son frère Hugard; il fut fait chevalier par Aimon, comte de Savoie, qui, en outre, lui donna 100 livres de rente en augmentation de fief, par lettre du 28 janvier 1343;

3o Marguerite de Joinville, mariée en 1325 à Guillaume, seigneur de Montbel et d'Entremont-le-Neuf;

4° Eléonore de Joinville, qui épousa Hugues de Genève, baron d'Anthon et de Varey, fils d'Amé II, comte du Genevois (Levrier, tom. Ier, p. 189);

5o Et N... de Joinville, qui fut femme d'Humbert Alaman, seigneur d'Aubonne et de Copet.

Hugues, seigneur de Gex, ayant à se plaindre du dauphin du Viennois dont il était homme-lige, se départit de l'hommage qu'il lui devait et voulut relever du comte Aimon de Savoie, pour sa seigneurie de Gex, déclarant vouloir la tenir en fief dudit comte. Au lit de la mort, Hugues se repentit de cette

résolution, et fit don de sa seigneurie à messire Hugues de Genève, cadet de cette maison, et son beau-frère par Eléonore de Joinville.

Il le constitua son héritier, à condition d'en faire foi et hommage au dauphin du Viennois, ennemi juré des comtes de Savoie.

Hugues de Genève accepta la donation et ses conditions. Alors Amédée VI de Savoie, dit le comte Vert, irrité de se voir frustré de cet héritage, entra à main armée dans le pays de Gex, attaqua le château qui était vigoureusement défendu et s'en rendit maître à la fin de l'année 1353.

Depuis cette époque, la seigneurie de Gex est restée sous la domination des comtes de Savoie jusqu'en 1536, année où les Bernois s'en emparèrent (1).

(1) Pour ne rien omettre de ce qui est relatif à la maison de Joinville, nous ajouterons que Simon, seigneur de Gex, eut pour frère Guillaume de Joinville, archidiacre de Salins et doyen de l'Eglise de Besançon. Tous deux furent désignés par Agnès du Faucigny, femme de Pierre, comte de Savoie, pour être les exécuteurs de ses dispositions testamentaires faites en 1268. Et pour sœurs : Simonnette et Marie: l'une épousa, dit-on, le seigneur de Trasegnies, connétable de France, que le sire de Joinville appelait son frère; - l'autre fut mariée à un dauphin du Viennois, comme le prouve la lettre de défi que Simon de Joinville, seigneur de Gex, écrivit à Philippe, comte de Savoie, ennemi du dauphin. Voici cette pièce avec toute la rudesse de son expression:

« A Monseigneur Phelipes, comte de Savoie et de Bourgoigne, Simon de « Joinville, sire de Jays, salus.

« Cum vous ayez guerre ô (avec) Monseigneur le dalfin de Viennois, cui

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