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feuilles. Cette chenille se montre en différents temps, depuis le mois de mai jusqu'au mois d'octobre, mais c'est ordinairement en juin qu'on la voit en plus grand nombre. A cette époque, on peut remarquer des feuilles de lilas minées, ayant une tache blanchâtre plus ou moius grande et d'une forme irrégulière sur leur surface, et si l'on regarde cette tache par transparence, on voit qu'elle renferme des petites chenilles entre les deux membranes de la feuille, occupées à brouter le parenchyme interposé et à l'agrandir en en reculant les bords. Elles sont en nombre variable dans cette habitation, depuis une jusqu'à dix ou douze, et sont très petites. Au 30 juin, celles que j'ai examinées n'ont que 2 1/2 à 3 millimn. de longueur. Leur couleur est un blanccristallin, leur forme cylindrique, mais un peu atténuée en allant vers l'extrémité postérieure. La tête est écailleuse, luisante, blanchâtre, avec la bouche brunâtre et une petite tache noirâtre de chaque côté, près des mâchoires, que l'on est disposé à prendre pour un œil. On distingue à peine des points verruqueux de la couleur du corps sur chaque segment, de chacun desquels il sort un poil. Elle est pourvue de seize pattes blanchâtres. La transparence du corps permet de distinguer le tube intestinal rempli d'une matière verte.

Ces chenilles se nourrissent très bien en captivité dans leur jeune âge; il suffit de leur donner chaque jour une feuille de lilas fraiche que l'on place sur l'ancienne. Elles quittent leur galerie pour s'établir entre les feuilles qu'elles fixent l'une à J'autre avec des fils de soie et rongent la face inférieure sans entamer la supérieure. Elles sont là comme si elles étaient dans leur habitation primitive. Elles grandissent lentement et se fortifient peu à peu, mais arrivées au 18 juillet elles ont commencé à s'échapper de leur prison, et le 22 il n'y en restait plus aucune et je n'ai pu savoir ce qu'elles sont devenues.

Dans leur état naturel, elles quittent la galerie dans laquelle elles ont vécu en société, et chacune d'elles va choisir une feuille

dont elle enroule le bout ou le bord pour s'en faire un logement qu'elle consolide avec des fils de soie afin que la feuille ne puisse se dérouler. L'enroulement se fait en dessous afin que la chenille puisse en ronger la surface inférieure. Si elle n'est pas rassasiée, elle quitte son logement et va en construire un autre un peu plus. loin. Lorsqu'elle est parvenue à toute sa croissance, elle se change en chrysalide dans un léger cocon de soie blanche qu'elle construit dans son habitation. La chrysalide est jaune; les antennes et les fourreaux des ailes atteignent l'extrémité de l'abdomen. L'époque de l'éclosion du papillon varie comme celle de l'apparition de la chenille. Suivant Treitschke, la première génération paraît en mai et la seconde quinze jours ou trois semaines après. Les papillons de mai proviennent de chenilles qui se sont montrées en octobre et qui se sont changées en chrysalides dans des cocons que l'on trouve à la surface de la terre. Il est vraisemblable que les chenilles d'octobre se métamorphosent, comme les autres, dans les feuilles roulées sur les bords; ces feuilles venant à tomber et à pourrir pendant l'hiver, leur cocon reste à la surface du sol.

Ce petit papillon se classe dans la tribu des Tinéites et dans le genre Gracilaria. Son nom entomologique est Gracilaria Syringeila, et son nom vulgaire Teigne du Lilas.

54. Gracilaria Syringella, Dup. - Longueur 6 millim. (ailes pliées). Les antennes sont filiformes, à peu près de la longueur du corps; la tête est lisse, globuleuse; les palpes inférieures sont grands, peu garnis d'écailles et relevés en dessus de la tête; les deuxième et troisième articles sont d'égale longueur et le troisième est terminé en pointe mousse; la trompe manque. Les ailes supérieures sont très longues, très étroites, d'un brun-sombredoré ou café-luisant, avec quelques parties plus sombres. Le bord antérieur est marqué de quatre ou cinq traits blancs se dirigeant vers le bord interne et formant des taches; le bord postérieur est

bordé de noir; à la pointe de l'aile on voit une demi-lune blanchaire. s'avançant jusque dans la frange, qui est longue et grise; les ailes inférieures sont presque linéaires, d'un brun-roux, garnies tout autour d'une longue frange blanchâtre. Le dessous des ailes supérieures est brun taché de blanc; celui des inférieures est comme le dessus; la tête et le corselet sont de la couleur des ailes supérieures en dessus, et l'abdomen participe de la couleur des inférieures.

55. - Le Ptérophore rhododactyle.

(PTEROPHORUS RHODODACTYLUS, Dup.).

La chenille du petit Lépidoptère appelé Ptérophore rhododactyle est très nuisible aux roses, et lorsqu'elle est abondante dans un jardin orné de rosiers, elle y devient un véritable fléau. Elle est beaucoup plus nuisible que les autres chenilles dont on a parlé, qui attaquent les feuilles, parce qu'elle ronge les boutons et détruit. les fleurs. On la voit dans les derniers jours de mai et pendant le mois de juin dans le temps que les roses sont en boutons et qu'elles sont sur le point de s'épanouir. Lorsque l'un de ceux-ci est isolé, elle fixe contre lui une feuille voisine au moyen de quelques fils de soie, puis elle se tient entre les deux et se met à ronger les folioles du calice pour arriver aux pétales qu'elle entame. Elle élargit de plus en plus cette entrée et finit par dévorer tout l'intérieur du bouton. Celui ci jaunit et bientôt se flétrit et meurt. Si elle trouve à sa portée deux boutons contigus, elle les fixe l'un à l'autre avec des fils de soic et se glisse entre eux, les entamant l'un et l'autre à son aisc et à sa fantaisie. Quelquefois elle réunit trois boutons et se tient au centre du paquet, attaquant tantôt l'un, tantôt l'autre, mais les blessant tous et les empêchant de grossir et de s'épanouir. Dans tous ses gîtes elle se met à couvert du soleil, de la pluie et du vent, et vit dans une obscurité favorable à sa

croissance. Tous les boutons qu'elle a rongés plus ou moins profondément jaunissent et meurent; et c'est à cette couleur que l'on reconnait la présence de la chenille. Elle se plaft particulièrement sur les rosiers dits de tous mois dont les fleurs sont disposées en paquets serrés, se touchant les unes les autres, et par conséquent rangées d'une manière favorable à son industrie.

Cette chenille, examinée le 23 mai, a 12 millim. de longueur. Son corps est fusiforme, c'est-à-dire un peu plus épais au milieu qu'aux deux extrémités, d'une couleur vert-jaunâtre; on y remarque une raie dorsale rougeâtre sur les quatre ou cinq premiers segments et sur les trois derniers; sa tête est blanchâtre, marquée de plusieurs points noirs, mais les mâchoires et la lèvre supérieure sont brunes; tout le corps est parsemé de poils dressés assez nombreux, longs sur les côtés, courts sur le dos; elle est pourvue de seize pattes dont les six thoraciques sont annelées de noir et de vert-blanchâtre et les dix abdominales sont de cette dernière cou

leur.

Il est très facile de l'élever en captivité, car il suffit de la mettre dans une boîte et de lui servir des boutons de roses pour sa nourriture. Lorsqu'elle a pris toute sa croissance, elle quitte le lieu où elle a vécu, et va dans les environs choisir un emplacement pour se fixer au moyen de quelques fils de soie qui la soutiennent; c'est contre une feuille ou une branche qu'elle se place pour se changer en chrysalide et ensuite en insecte parfait qui prend son essor du 14 au 19 juin.

Ce petit Lépidoptère entre dans la famille des Nocturnes, dans la tribu des Pterophorites et dans le genre Pterophorus. Son nom entomologique est Pterophorus rhododactylus, et son nom vulgaire Pterophore rhododactyle.

55. Pterophorus rhododactylus, Lat. — Longueur, 10 millim. Enverg. 24 millim. Il est d'un jaune-testacé; les antennes sont simples, sétacées, annelées de blanc et de noir; la tête et le thorax

sont d'un jaune testacé; l'abdomen est rétréci à la basc et va en s'élargissant jusqu'aux deux tiers de sa longueur, puis il s'atténue pour finir en pointe obtuse; il est de la même couleur que le thorax, et porte une raie blanche de chaque côté sur les trois premiers segments qui forment le rétrécissement; les ailes supérieures sont fendues en deux lanières; elles sont d'une couleur jaune-testacé et sont traversées par deux raies blanches, obliques, convergeant vers la côte; les inférieures sont divisées en trois lanières, de la même couleur que les supérieures, dont la deuxième est tachée de blanc; les pattes sont annelées de blanc et de jaune testacé.

Quoique cette chenille prenne la précaution de se cacher dans un paquet de feuilles et de boutons de roses, elle n'en est pas moins la proie de parasites qui savent la découvrir soit pour pondre leurs œufs dans son corps, soit simplement sur sa peau. Les petites larves sorties de ces œufs sucent la chenille et la font périr. Le 24 juin il a paru trois petits Ichneumoniens du genre Microgaster dans la boite où j'élevais plusieurs de ces chenilles récoltées le 23 mai; ces chenilles avaient été blessées et nourrissaient dans leur corps les larves parasites qui ont donné ces petits Ichneumoniens. L'espèce ressemble beaucoup à celle appelée Perspicuus et je la décrirai sous ce nom, quoique je ne sois pas parfaitement sûr de l'exactitude de cette détermination.

Microgaster perspicuus? N. d. E. - Longueur, 2 1/2 millim. Les antennes sont noires, filiformes, à peu près de la longueur du corps; la tête et le thorax sont noirs et les palpes pâles; l'abdomen est noir,sub-sessile, ovalaire, de la longueur du thorax, et d'un brun-fauve en dessous à la base; les pattes sont généralement fauves, mais les hanches et la base des trochanters sont noires; la base des cuisses antérieures et moyennes, ainsi que les cuisses postérieures, et l'extrémité de leur tibias sont aussi noires; les tarses postérieurs sont noirâtres; les ailes sont hyalines, à stigma noir; les supérieures présentent deux cellules cubitales.

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