ne constate pas de variations sensibles pendant une journée. Les usines, au contraire, demandent une énergie totale dans la journée variant peu dans le courant de l'année, mais éprouvant, au cours de la journée même, des variations énormes.

La fig. 3 représente le graphique des puissances instantanées nécessaires pour la traction que devra fournir l'usine de Soulom construite par la Cie du Midi. On y remarquera les variations énormes de la puissance nécessaire qui va de 200 chevaux en eau tombée sur les aubes des turbines à plus de 17.000 che

vaux.

Il faudra donc, si l'on veut utiliser convenablement la puissance, modifier totalement le régime du cours d'eau :

1° Par la création de réservoirs annuels permettant de ramener à une valeur très sensiblement constante la puissance moyenne journellement disponible;

2o Par la construction de réservoirs journaliers, permettant de répartir cette puissance moyenne, selon les besoins, aux diverses heures de la journée.

Les usines de cette catégorie seront donc, en général, d'un prix de revient beaucoup plus élevé, mais en revanche, l'énergie qu'elles produisent se vend beaucoup plus cher, car il est universellement admis qu'une chute ou un ensemble de chutes a d'autant plus de valeur que la courbe des puissances moyennes journalières fournies dans le cours d'une année se rapproche davantage d'une droite d'ordonnée constante, surtout lorsque l'énergie produite est en majeure partie destinée à alimenter un réseau de traction, d'éclairage ou de force motrice.

Ce qui précède représente d'ailleurs des cas extrêmes; car, comme je l'ai dit pour les usines de basse chute, on pourra créer des usines d'un type intermédiaire à ceux que je viens d'indiquer en utilisant tout ce qu'on pourra régulariser pour alimenter des réseaux et en vendant à bas prix l'énergie de hautes eaux pour des fabrications en stock.

Il faut remarquer aussi que, pour les usines sur fleuves, il sera en général possible d'obtenir assez facilement quelques réserves journalières. Si le remous dû au barrage est assez

étendu, comme cela se produit pour les cours d'eau à faible pente, une faible variation de niveau dans le bief amont permettra, grâce à sa grande superficie, de pouvoir disposer de quantités d'eau appréciables.

Suivant les cas, l'une ou l'autre des deux tendances pourra prédominer, mais il paraît toujours d'une bonne économie de ne jamais négliger complètement l'une aux dépens de l'autre.

J'ai indiqué ailleurs (1) comment on devait étudier la consistance à donner à des usines fonctionnant en parallèle et utilisant des réservoirs saisonniers. J'ai montré par quels moyens pratiques on pouvait arriver rapidement au résultat. Je n'y reviendrai pas, pour ne pas allonger indéfiniment cette étude par des choses déjà dites.

Je me contenterai, pour appliquer ces considérations générales sur un cas concret, de donner un exemple d'aménagement d'ensemble d'une vallée.

AMÉNAGEMENT HYDRAULIQUE DE LA VALLÉE DE LA
NESTE EN AMONT DE SARRANCOLIN.

Nous trouverons dans ce cas, auquel j'ai participé pour l'étude de toutes les usines situées en amont d'Arreau, un des exemples les plus complets que je connaisse de l'utilisation des ressources hydrauliques d'une région.

Je n'entrerai pas dans des considérations géographiques détaillées pour lesquelles on n'aura qu'à se reporter à la carte cijointe (fig. 4).

On remarquera seulement que la vallée de la Neste, qui a pour centre la ville d'Arreau, se divise, en amont de ce point, en deux branches principales, la vallée du Louron à l'est, la vallée. d'Aure à l'ouest.

a) Dans la vallée d'Aure, on trouve, à l'extrémité amont,

(1) D. EYDOUX et A. CAUSSE, Aménagement d'ensemble de la vallée d'Aure et de la Haute vallée d'Ossau. Revue générale de l'Électricité, 1er décembre 1917, t. II, p. 851.

Fig. 4.

Carte schématique du bassin de la Neste en amont de Sarrancolin.

l'usine d'Eget en construction pour la Cie des Chemins de fer du Midi qui utilisera d'une part les eaux d'un réservoir annuel construit pour elle, le lac de l'Oule, dont la capacité est de 6.500.000 m3 ; d'autre part, les eaux du bassin situé en amont du lac d'Orédon et dans lequel ont été créées, pour les besoins du service de la distribution des eaux de la Neste, des réserves d'une capacité totale de 20.000.000 de mètres cubes (1).

Cette usine a une chute brute de 750 m. Le débit minimum semi-permanent régularisé sera de 2.000 litres. La puissance correspondante moyenne, défalcation faite de la perte de charge dans les conduites, sera de 18.650 chev. sur les aubes des turbines ou 13.000 kw. moyens aux bornes des alternateurs. L'armement est de 7 groupes de 5.000 chev. sur l'axe des turbines, dont un groupe de réserve. Il est impossible de créer d'autres usines intéressantes en amont; les ruisseaux affluents ont un débit trop faible et leur débit, par suite du gel, est trop peu régulier.

b) En face de l'usíne d'Eget et immédiatement voisine, sera créée, pour la Société de Peñarroya (2), une autre usine utilisant le reste du bassin versant supérieur dont la superficie est de 115 kmq.

La chute brute sera de 380 m., et la chute nette de 350 m. Le débit prévu en minimum semi-permanent est de 4.140 litres.

La puissance moyenne correspondante sera de 10.500 kw. aux bornes des alternateurs.

L'armement, correspondant au débit de 3 mois, sera de 4 groupes de 3.800 kw. aux bornes chacun.

c) Immédiatement à l'aval de ces deux usines, recueillant les eaux dans leurs canaux de fuites mêmes et prenant en même

(1) Il faut remarquer que ces réserves fonctionnent uniquement en vue de l'alimentation du canal de la Neste et que l'Usine d'Eget n'utilisera ces eaux qu'à leur passage.

(2) C'est également pour cette Société que seront créées les deux usines dont je parlerai ensuite. Ces trois usines sont prévues pour faire de l'électro-chimie.

temps les eaux du bassin versant inférieur, se construit une usine située à Saint-Lary. La chute nette est de 172 m., le débit prévu en minimum semi-permanent de 8.920 litres; la puissance avec ce débit est de 11.000 kw. aux bornes et l'armement de 4 groupes de 3.800 kw.

d) Enfin, immédiatement à l'aval et dans les mêmes conditions, sera établie une troisième usine, située aux abords d'Arreau. Chute nette 105 m. Débit prévu en minimum semi-permanent : 11.020 litres correspondant à une puissance de 8.500 kw. aux bornes. Armement formé de trois groupes semblables aux précédents.

Nous passerons maintenant à la vallée du Louron.

e) Une usine prévue, mais non encore entièrement définie, sera établie dans la partie haute, où existe le lac de Calhaouas aménagé en réservoir de 6.800.000 m3 pour le Service des Eaux de la Neste. Sa capacité peut être très facilement portée à 14.000.000 de m3.

La chute sera d'environ 800 m. et l'on peut dire d'ores et déjà que la puissance moyenne de l'ensemble sera au total d'environ 7.000 kw. aux bornes,

f) Cette usine étant située au confluent des Nestes de Lapes et de Clarabide, on vient de commencer une deuxième usine prenant les eaux en ce point et située en amont du village de Loudenvielle. Chute nette: 225 m. Débit en minimum semi

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permanent 3.000 litres. Puissance moyenne corresponArmement de deux groupes

dante 4.900 kw. aux bornes.

de 3.800 kw, aux bornes.

g) Depuis l'usine précédente jusqu'à 7 km. environ en aval, la pente de la Neste est très faible et ne pourrait être économiquement utilisée. Cette partie a été abandonnée. Une autre prise d'eau située à l'extrémité de cette partie plate reprend les eaux pour les amener à une nouvelle usine au voisinage d'Arreau. Chute nette: 162 m. Débit en minimum semi-permanent : 4.600 litres correspondant à une puissance de 5.500 kw. aux bornes. Armement comme pour la précédente.

Ces deux usines sont en construction pour le Service des poudres en vue de la fabrication des produits azotés.

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