Page images
PDF
EPUB

On pourra éviter de mettre des réserves puisque, la plupart du temps, une des machines ne fonctionnera que pendant une période limitée. Mais alors on devra profiter des arrêts obligés des groupes pour visiter successivement toutes les machines et arriver aux hautes eaux avec des appareils en parfait état d'entretien pour réduire autant que possible pendant cette période les risques d'avaries.

On voit donc que ce n'est qu'en considérant attentivement les conditions de marche et l'utilisation prévue des usines qu'on pourra arriver à une solution satisfaisante.

Ce que j'ai dit précédemment sur la puissance possible des turbines montre d'ailleurs qu'il ne faut pas reculer devant la perspective d'unités puissantes, toujours plus économiques que les petites, comme premier établissement et comme entretien.

[merged small][ocr errors]

Je n'en dirai que quelques mots, car des développements étendus sur la question sortiraient du cadre que je me suis tracé.

La puissance des génératrices suit celle des turbines auxquelles elles correspondent en tenant compte de la remarque que j'ai faite précédemment. Quant à la nature du courant produit, elle diffère suivant les cas. S'il s'agit d'usines électro-chimiques utilisant le courant sur place, on produira la nature de courant dont on a besoin.

Si l'on veut alimenter un réseau, il faudra chercher à produire un courant permettant des liaisons faciles avec les réseaux

voisins.

Dans ce sens, et tant au point de vue de la réfection des réseaux actuellement dévastés par la guerre, qu'en vue de la création des entreprises nouvelles de distribution, des résolutions tendant à des mesures d'uniformisaton des courants ont été prises par diverses sociétés ou syndicats industriels.

A la suite de leur examen et après avis du comité d'électricité, le Ministère des Travaux publics a fait paraître une circulaire en date du 1er avril 1918, d'où il résulte que, sans exclure le

courant continu pour certaines distributions peu étendues ou la traction, ou le courant monophasé de fréquence inférieure à 50 pour la traction, on doit considérer en France comme courant normal le courant alternatif triphasé industriel à la fréquence

de 50.

La même circulaire indique également les diverses tensions (tensions composées moyennes) à choisir, qui vont de 115 à 22.000 volts, avec échelons divers, pour les tensions dites de distribution et de 30.000 à 120.000 volts pour celles dites de transport. Je renverrai, pour plus amples détails, à cette circulaire.

Il ne faudrait d'ailleurs pas considérer ces chiffres comme absolument intangibles dans tous les cas; pour les grandes distances de transport, par exemple, il peut y avoir intérêt parfois à adopter la fréquence 25 pour diminuer les effets dus à l'induction et à la capacité.

Les génératrices arrivent à produire directement un courant à voltage élevé. Celle de Soulom et d'Eget donnent 6.000 V; à l'usine de Fontpédrouse, de la Compagnie du Midi, on recueille directement, aux bornes des alternateurs, du courant à 12.000 voits. Il n'y a aucun doute, si ce n'est déjà fait, qu'on arrivera à des tensions de 15 à 18.000 volts.

Parfois, ce courant pourra être utilisé sans transformation. S'il faut le transporter au loin, on se servira de transformateurs élévateurs, constitués aujourd'hui de préférence, pour les très hautes tensions, par des transformateurs monophasés convenablement groupés. C'est ce qui va être réalisé à l'usine de Saint-Lary, de la Société Penarroya et aux usines du Louron, ainsi qu'aux usines de la Compagnie du Midi.

Ces stations de transformation ont été établies jusqu'à présent dans les bâtiments clos, au moins en Europe. En Amérique, on

n'a

pas hésité à mettre les transformateurs en plein air et cette disposition va être utilisée en France pour la première fois, à ma connaissance du moins, dans les usines de la vallée du Louron.

Quant au voltage de transport, on l'élève de plus en plus. Le grand réseau de transport pour traction de la Compagnie du Midi sera à 120.000 volts triphasés, 50 périodes.

Les mêmes caractéristiques ont été adoptées par la Société d'Électricité industrielle des Pyrénées, pour ses usines de la vallée de Luchon, par la Société Penarroya pour ses usines de la vallée d'Aure et par le Ministère de l'Armement pour les usines du Louron.

On voit ainsi la formation d'un certain nombre de groupes importants produisant de l'énergie dans des conditions identiques et aptes à la distribuer sur une région très étendue par l'intermédiaire d'un même réseau.

Il ne faut cependant pas croire que, malgré tout, la distribution de l'énergie par plusieurs groupes d'usines ou de producteurs différents soit un problème sans difficultés. Si plusieurs usines indépendantes sont appelées à relier leurs réseaux, il faut prévoir des postes de couplage et des compteurs d'énergie comptant et décomptant les échanges d'énergie suivant le sens où ils se produisent. L'alimentation d'une même région par plusieurs Sociétés différentes demande aussi des études approfondies. Aux États-Unis, on a été obligé de multiplier les feeders et les compteurs d'énergie pour permettre de tenir une comptabilité exacte des échanges d'énergie entre les différentes Sociétés dont les prix de revient peuvent d'ailleurs se trouver différents.

Il ne s'ensuit pas moins que la liaison des réseaux, lorsqu'elle pourra se faire sans trop de difficultés, sera toujours une solution désirable pour la bonne utilisation de l'énergie produite.

En ce qui concerne le couplage sur un même réseau d'usines d'une même Société, je citerai par exemple, en Italie, la Société lombarde qui fait fonctionner en parallèle l'usine de Campocologno, dans les Grisons, à 147 km. de Milan et la centrale thermique de Castellanza qui n'est qu'à 14 km.; on pourra se reporter aussi au transport de force de Tivoli à Rome.

Un des points les plus intéressants peut-être dans ces Sociétés italiennes, c'est qu'elles ont toujours, près du point où l'on consomme la plus grande partie de l'énergie, une usine thermique dont la situation a été choisie pour faciliter le plus possible les transports de combustibles. Cette centrale thermique a un double but, d'abord servir de secours en cas d'accidents aux centrales

hydrauliques ou aux lignes de transports, ensuite, permettre, à mesure que de nouveaux clients se présentent, de leur donner momentanément satisfaction en attendant que l'on ait pu établir de nouvelles centrales hydrauliques.

[merged small][ocr errors]

Nous avons vu que le rendement des turbines pouvait atteindre 80 à 85%. Celui des alternateurs est compris entre 92 et 95 % et celui des transformateurs est voisin de 97 %.

Le même chiffre moyen peut être admis pour les conduites forcées, soit 95 à 97°/。. Reste le canal d'amenée et la prise d'eau. Là, par suite du passage de l'eau dans les grilles, des seuils, de la pente du canal, il peut y avoir une perte assez grande, dont la valeur relative sera faible s'il s'agit d'une haute chute, mais qui pourra devenir considérable avec les basses chutes.

Aussi, à l'usine de Ventavon, n'a-t-on pas hésité à augmenter les dimensions du canal pour réduire sa pente à 0 m. 30 par kilo

mètre.

On voit donc nettement la nécessité d'étudier avec soin la partie canal d'amenée-conduites forcées, pour y obtenir, en restant dans des conditions économiques acceptables, un aussi bon rendement que possible. Il ne servirait pas à grand'chose d'obtenir, à force de recherches, une amélioration de 2 à 3。 sur le rendement des turbines et des machines électriques, si une conception fausse de la partie purement hydraulique les faisait reperdre et au delà.

Si maintenant nous cherchons à déduire, pour une usine moderne de haute chute, un coefficient en prenant les chiffres moyens suivants :

De la prise d'eau à la chambre de mise charge...
Conduites forcées..

Turbines....

Alternateurs

Rendement correspondant au courant perdu pour
l'excitation et le service de l'usine...

Transformateurs élévateurs....

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1918-V.

96 °

96° O

81° 0

95°

98%

97%

13

nous arrivons ainsi à un rendement total de 0,67, qui signifie que, en partant de la chute brute H, 1 kilogramme d'eau nous fournira 0,67 H kgm. aux bornes de départ, ou que, pour un poncelet de 100 kgm. fourni en eau tombée entre la prise d'eau et le canal de fuite (chute brute totale), nous devrons retrouver, toujours sur les bornes de départ, 0 kw. 667.

Comme je l'ai dit précédemment, les mêmes données ne pourront être admises pour une usine de basse chute, où la perte relative dans l'installation hydraulique est beaucoup plus importante, et il faudra, dans chaque cas, se livrer à une étude approfondie.

Il ne s'ensuit pas moins que la recherche de la perte de charge minimum peut devenir onéreuse et que les chiffres que nous avons admis ont un certain caractère d'empirisme.

M. Baticle, Ingénieur des Ponts et Chaussées, a fait des recherches dans cette voie pour déterminer la solution qu'il convient d'adopter économiquement et il a recherché, pour les usines hydrauliques, une formule analogue à la loi de Thomson pour les distributions d'électricité. Le résultat auquel il est arrivé est le suivant :

<<< Dans une installation réalisant le minimum du prix de revient du cheval-an, le rapport ou coût annuel de la dérivation totale (canal et conduite forcée) au coût annuel de l'installation est le quintuple de la perte de charge moyenne relative. »

Cette règle, énoncée tout récemment, pourra être avantageusement utilisée.

[blocks in formation]

Il paraît difficile de traiter un pareil sujet dans les conditions actuelles. La situation économique présente est telle que toute conclusion serait illusoire. Avant la guerre, on parlait d'usines. ayant coûté, à l'âge d'or de la houille blanche, 150 à 200 fr. le cheval. On considérait comme faisable toute usine où ce prix variait entre 500 et 1.000 fr. et l'on citait les 2.000 fr. de

« PreviousContinue »