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Quand la Compagnie du Midi a voulu réaliser son usine, elle n'a pu supprimer l'usine de la Compagnie des Chemins de fer Pierrefitte-Cauterets-Luz, trop importante, et qui représentait un capital trop élevé et elle a placé sa prise d'eau au niveau du canal de fuite de cette usine, soit à la cote 730. Elle a dû, d'autre part, racheter l'usine de la Mine de Plomb et lui rendre en même temps, sous forme de courant électrique, l'énergie dont elle la privait.

De là, résultent les fâcheuses conséquences suivantes :

1° Utilisation pratique de 333 m. bruts environ au lieu de 436; la partie à plus faible pente, qui est celle d'amont, aurait pu et dû logiquement être utilisée avec l'ensemble. Elle reste, pour le moment du moins, sans aménagement et les conditions économiques de celui-ci sont devenues plus difficiles.

2o Réalisation de cette chute incomplète avec deux usines, ce qui, sans compter la perte de chute obligée entre le canal de fuite de l'usine amont (Usine des Chemins de fer P.-C.-L.) et la prise d'eau de l'usine d'aval (Compagnie du Midi), représente une solution plus onéreuse que l'usine unique, tant comme premier établissement que comme exploitation.

3o Perte de la plus grande partie du capital représenté par l'usine de la Mine de Plomb qui n'est plus faiblement utilisable pendant une petite partie de l'année.

Je suis persuadé qu'il ne faudrait pas beaucoup chercher pour trouver dans les Alpes des exemples analogues. Cette région a en effet joué, pour la houille blanche, le rôle de précurseur, et, si elle a eu le très grand avantage de jouir, bien avant les autres, du bienfait de l'énergie électrique, elle peut en ressentir aujourd'hui quelques inconvénients du fait qu'on aurait pu parfois réunir plusieurs usines en une seule plus grande et utiliser certaines parties de cours d'eau qu'il serait difficile de reprendre aujourd'hui (1).

(1) Il est nécessaire d'ajouter, aux causes qui ont pû empêcher les aménagements rationnels, l'industrie bien connue des barreurs de chutes et l'absence d'une législation empêchant de forcer la main à des

Il est donc nécessaire, lorsqu'on se trouvera dans une région. où aucune installation antérieure importante n'existera, de prévoir l'aménagement des chutes suivant un plan d'ensemble, de manière à produire le maximum d'énergie avec le plus petit nombre d'usines, dût-on, pour arriver à ce résultat, grouper, par un procédé quelconque, les intérêts divers qui auraient en vue la réalisation des chutes partielles.

Ceci dit, je considérerai d'abord les hautes chutes en régions accidentées.

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Cette première question nous mène à la suivante. Doit-on chercher à réaliser de très hautes chutes, ou, dans le cas contraire, comment doit-on les fractionner?

Il ne semble pas qu'il y ait un intérêt à faire de très hautes chutes, à moins de circonstances très particulières, et les 1.650 m. de hauteur de l'Usine de Fully seront toujours, sans doute, un cas exceptionnel. Si l'on se rapporte à cette notion, aujourd'hui universellement connue, que le débit d'un cours d'eau en un point donné est proportionnel à la superficie du bassin versant en amont, on est amené à couper une chute dès que ce bassin versant subit un accroissement important, en particulier chaque fois qu'un fort affluent, d'importance comparable au cours d'eau principal, vient s'y jeter, afin de reprendre, dans une nouvelle usine, le débit de cet affluent.

Cette conception conduirait même, si l'importance de cet affluent est assez grande, à profiter aussi de la chute qui existe sur cet affluent.

J'indiquerai alors deux moyens d'utilisation.

On pourra d'abord établir les conduites forcées sur l'arête

propriétaires récalcitrants ou de faire disparaître, pour les indemniser en nature, des usines de second ordre empêchant la réalisation d'un ensemble rationnellement conçu. Ces inconvénients sont nettement reconnus aujourd'hui et le projet de loi actuellement en étude a précisément pour but d'y

parer.

séparant les deux bassins et conduire les eaux des cours d'eau dans la même chambre de mise en charge par un double canal d'amenée en forme d'Y. L'usine elle-même serait établie au voisinage du confluent (fig. 1).

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D'autre fois, quand les affluents se jettent dans le cours d'eau principal par une dernière partie à forte pente et qu'ils sont sur la même rive, on sera conduit à faire du canal d'amenée une sorte de collecteur recueillant successivement les affluents rencontrés suivant le schéma de la figure 2.

Évidemment, ces diverses solutions sont des questions d'espèce; mais, si l'on cherche à tirer d'une région toute l'énergie hydraulique qu'elle est susceptible de fournir dans des conditions économiques acceptables, on les rencontrera fréquemment, comme cela m'est arrivé dans des études récentes. J'ai pu, d'ailleurs, me rendre compte que, dans les Pyrénées, sauf pour les usines situées dans de très hautes régions, au-dessus de la cote 1.200, ces chutes varient pratiquement entre 400 et 120 m. de hauteur.

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Les mêmes considérations ne s'appliquent que partiellement aux faibles chutes établies sur des cours d'eau à grand débit.

Les points où arrivent des affluents importants, et qui pourraient, comme dans le cas précédent, commander le fractionnement de la chute, sont en général assez éloignés et leur intervalle est souvent trop grand pour qu'on puisse établir une seule usine sur le parcours ainsi défini. On ne peut pas, sur des cours d'eau pareils, faire des barrages trop hauts, soit pour des raisons de navigation, soit pour laisser passer les crues, soit enfin pour ne pas créer des remous risquant de noyer une partie importante de la plaine avoisinante. Le procédé par dérivation des eaux dans un canal séparé, qui est la règle pour les usines de hautes chutes, ne peut pas toujours être appliqué. On se trouve en effet dans des régions plates où l'on arriverait rapidement à avoir un canal d'amenée situé très au-dessus du niveau normal du sol.

Il y a donc là toute une série de questions d'espèce qui ne peuvent être résolues que par l'étude sur place. La seule considération qui domine la question et que l'on ne ne doit pas perdre de vue, c'est l'utilisation la plus complète possible de la chute; je la résumerai en ces termes : chaque usine doit être conçue de façon à tenir compte de celles qu'il est possible d'aménager en amont ou en aval.

Remarquons d'ailleurs, comme je l'ai dit plus haut, que la production de l'énergie n'est pas le seul intérêt en jeu et que la navigation ou même les irrigations peuvent constituer un élément parfois aussi important de la question.

D'excellents exemples de ces aménagements sont donnés par les usines en construction ou en projet sur le Haut-Rhône entre sa sortie du lac de Genève et Génissiat et dont la dernière usine a été étudiée par M. l'Ingénieur en Chef Blondel, avec MM. Harlé et Mähl. Je citerai également les chutes du Rhin supérieur en

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amont de Bâle avec l'usine de Rheinfelden, les usines jumelées d'Augst et de Wyhlen et l'usine en construction, au début de la guerre, à Lauffenburg, à 30 km. en amont de Rheinfelden.

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IV. USINES SUR LACS-RÉSERVOIRS REMPLAÇANT POUR UN ENSEMBLE D'USINES HYDRAULIQUES LES USINES THERMIQUES DE SECOURS.

Telles que je les ai définies jusqu'ici, les usines hydrauliques utiliseraient le débit naturel du cours d'eau comme il se présente. Nous verrons plus loin qu'on peut diviser ces usines en deux catégories principales: les usines destinées à fournir de la force motrice à des centres industriels ou à alimenter des réseaux d'éclairage et de traction, et les usines d'électro-chimie fonctionnant à puissance constante pendant la journée. La caractéristique des premières est qu'elles ont à faire face à des besoins définis sans aucune relation avec le débit naturel du cours d'eau; les secondes, au contraire, fabriquant des produits que l'on peut mettre en stock, peuvent suivre, dans une certaine mesure, les variations saisonnières de ce débit en forçant plus ou moins la fabrication suivant l'énergie que l'on peut produire.

Je dis « dans une certaine mesure », car il est évident que l'on n'équipe pas une usine pour des crues exceptionnelles ou de forts débits durant trop peu de temps. Je reviendrai également sur ce point.

Quoi qu'il en soit, il sera toujours avantageux, surtout pour les usines du premier type, de régulariser autant que possible, non le débit, mais l'énergie dont on pourra disposer dans l'année.

Je vais montrer comment on peut y arriver avec des ensembles d'usines marchant en parallèle.

Dans un article récent (1), M. Lévy-Salvador a exposé d'une façon très complète l'utilisation des lacs-réservoirs pour la régu

(1) Régularisation du régime des cours d'eau utilisé à la production de l'énergie hydro-électrique; Revue générale de l'Électricité, 17 février 1917, t. I, p. 267.

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