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En prenant pour la première fois, il y a huit ans, la présidence de la Société polymathique que vous m'aviez si gracieusement offerte, je vous disais tout le charme que je goùtais à nos réunions mensuelles. Loin de s'amoindrir, cette impression s'est continuée, s'est accrue encore, et c'est avec un empressement marqué que je me rends dans cette salle; c'est avec une satisfaction réelle que j'assiste à vos séances.

Des vides se sont creusés dans nos rangs au cours de cette longue période et chaque année le collègue qui descend du fauteuil présidentiel rend un hommage ému à la mémoire des aînés qui s'en vont. Puis, de jeunes hommes viennent grossir notre phalange, lui infuser un sang généreux, encourager vos efforts et applaudir à vos travaux. C'est que vous exercez, Messieurs, une attraction puissante sur la jeunesse studieuse par la continuité de vos labeurs et par la haute valeur de

Vos œuvres.

Je ne puis, Messieurs, que vous exprimer ma profonde gratitude pour le grand honneur que vous m'avez conféré en m'appelant pour la deuxième fois à la présidence de la Société. Je sais par expérience que mes fonctions seront rendues faciles et agréables par le concours de tous les membres du bureau, à qui je demande de vouloir bien me continuer leur collaboration active et donner, comme par le passé, l'exemple d'une assiduité continue.

M. Ducourtioux, mon honorable prédécesseur, vous a exposé le bilan de sa présidence; mais ce qu'il ne vous a pas dit, c'est qu'il a dirigé nos séances avec une parfaite courtoisie, attentif aux moindres détails de l'ordre du jour, en même

temps qu'il s'occupait activement de notre bibliothèque, de la publication du Bulletin et de toutes les questions administratives de la Société.

Nous devons aussi à l'honorable collègue qui me remet la présidence un recrutement exceptionnel qui marquera dans nos annales. Nous ne pouvons attribuer cet éclatant succès qu'à sa personnalité si sympathique, à sa dévorante activité, au zèle exubérant qu'il témoigne en toute circonstance pour tout ce qui touche aux intérêts bien compris de la Société polymathique.

Si nous sommes reconnaissants à M. Aveneau de la Grancière d'avoir contribué à fixer le choix de la Société préhistorique de France sur notre pays pour y tenir en 1906 son deuxième congrès, c'est assurément à M. Ducourtioux que revient tout le mérite de l'organisation locale. Nous l'avons vu à l'œuvre de très près et nulle difficulté pour lui n'a été insurmontable. Par son intervention active, par la cordialité de ses relations, par sa valeur personnelle, il a tout mené à bien et a su conquérir les sympathies du congrès au grand profit de notre Société.

Je remercie tous nos collègues qui m'ont prêté à cette occasion le concours le plus intelligent, le plus dévoué, et m'ont rendu si facile la mission de recevoir le congrès au nom de la Société polymathique. Son renom s'en est accru, ses collections présentées par nos savants conservateurs ont été admirées et convoitées, et ses travaux antérieurs mis à profit au cours des excursions du congrès.

Vous venez, Messieurs, d'acclamer à la vice-présidence de notre compagnie M. le chanoine Le Mené, doyen du chapitre, l'infatigable et consciencieux historien du diocèse de Vannes que l'on peut appeler l'inépuisable pourvoyeur du Bulletin.

C'est une marque de haute estime, de respect et d'affectueuse reconnaissance que nous avons tenu à vous donner, mon cher collègue et ami, pour votre caractère élevé, pour votre constante collaboration aux travaux de la Société polymathique.

Vous nous avez dit, avec une simplicité touchante, vos appréhensions pour l'avenir. Nous avons passé outre et nous faisons des vœux bien sincères pour que l'âge vous épargne ses rigueurs et que de longues années encore vous retiennent au milieu de ceux qui vous connaissent, vous apprécient et vous aiment.

CHATEAU DE LA ROCHE-PÉRIOU

On nous a exhibé dernièrement quelques objets trouvés à la Roche-Périou, lors de l'établissement du chemin de fer départemental qui dessert le Faouët. Cette exhibition m'a donné la pensée de dire un mot sur l'histoire de cette localité; je m'y suis porté d'autant plus volontiers que jusqu'à ce jour notre Bulletin a gardé le plus rigoureux silence à son sujet.

La Roche-Périou est située à l'extrémité sud-ouest de la paroisse de Priziac, au confluent de l'Ellé et du Pont-Rouge, dans une sorte de boucle ou de presqu'ile formée par ces deux rivières. Le sol, en partant de chacun de ces cours d'eau, s'élève graduellement et finit par former deux chaînes de collines, qui se dirigent, l'une vers le nord le long de l'Ellé, l'autre vers l'est, le long du Pont-Rouge. Leur point de jonction est couronné d'un monticule qui a servi de base à un château du moyen âge.

Ce château a reçu le nom de la Roche-Périou ; la première partie de son nom vient du mamelon rocheux qui le porte, et la seconde, du nom du fondateur.

Qu'était ce Périou ? C'était l'un des fils de Bénédic, comte de Cornouailles, qui renonça à tous ses titres en 1021. Alain Canhiart, le fils aîné, recueillit le comté de Cornouailles; Orscand, le second fils, devint évêque de Quimper; Périou, le plus jeune des enfants, vint chercher fortune à l'extrémité du territoire, sur les bords de l'Ellé. Ayant remarqué la localité qui nous occupe, la force de sa position et la facilité de sa défense, il résolut d'y construire son château.

Le fondateur, vivant au XIe siècle, a dû suivre les usages de son temps, pour l'établissement de son donjon. Or, nous

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ou

ont presque

dit M. de Caumont, dont personne ne contestera la compétence, « les donjons assis sur des terres rapportées, sur des mamelons naturels, au XIe siècle, toujours été en bois, -ce qui explique pourquoi on trouve souvent des emplacements de châteaux considérables, sur lesquels il n'existe plus aucun vestige de constructions. >> (Abécéd. p. 301.)

Toutefois quelques donjons étaient, par exception, construits en pierre; on peut citer comme types ceux de Loches, de Beaugency-sur-Loire, de la Pommeraye, etc... La forme de ces donjons était constamment celle d'une tour carrée, soit régulière, soit allongée, avec des contreforts aux angles et aux côtés; pas de tours rondes celles-ci sont d'une date postérieure.

A la Roche-Périou, la tranchée faite dans la colline pour l'établissement de la voie ferrée, n'a rencontré aucune tour carrée en pierre. Il en faut donc conclure que le château primitif, bâti peu après l'an 1021, était en bois, suivant l'observation générale faite par M. de Caumont.

Outre le donjon, qui était la pièce principale du château, il y avait nécessairement des édifices accessoires, des granges, des écuries...; il y avait probablement, du côté de l'est, un rempart en terre, surmonté d'une palissade en bois; il y avait au nord et à l'ouest le cours de l'Ellé, et au sud la rivière du Pont-Rouge, et il est à croire que ces cours d'eau étaient aussi garnis de palissades. L'enceinte du château était assez vaste pour donner asile, en cas d'alerte, à toute la population du voisinage.

Les châteaux en bois étaient d'une construction rapide et économique, mais ils avaient l'inconvénient de se détériorer assez vite dans un climat humide, et surtout ils couraient le danger de périr avec tout leur mobilier dans un incendie; or les chances d'un incendie étaient nombreuses, si l'on tient compte des imprudences des habitants et des attaques des ennemis du dehors. C'est ainsi que la fameuse tapisserie de Bayeux nous représente le château de Dinan construit en bois, et des assaillants qui s'efforcent d'y mettre le feu au moyen de torches fixées à de longues perches.

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