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En 1906, nous résolùmes de rechercher sur le terrain le
mégalithe funéraire que la théorie émise par nous (1) indiquait
devoir exister ou avoir existé dans le voisinage.

Menant la ligne de direction fournie par le menhir de
Kerjėgu (Fig. 1), on obtint une ligne sud-ouest=nord-est ;

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FIG. 1.

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Le Menhir de Crampoisic et l'Allée couverte, grâce à leurs lignes de
direction, à Saint-Mayeux (Côtes-du-Nord). LÉGENDE: K, Menhir de Kerjégu ;
I, Menhir du Couëdic; Cr, Allée couverte de Crampoisic; A, D, route de
Saint-Mayeux à Laniscat ; Y, X, Limites des communes de Saint-Mayeux et
de Plussulien.

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d'autre part, le menhir du Couédic donna une ligne nord-nord-
Ouest-sud-sud-est (2). Ces lignes se rencontrèrent, à 30° environ,

(1) Marcel Baudouin.

Signification des menhirs. - Bull. de la Soc. préh. de
France, Paris, 1904, No 4, p. 131. Tiré à part, Paris, 1904, in-8", 1 fig.

(2) A remarquer l'analogie des termes employés à dessein pour le 1er et le 2e groupe
de menhirs cités ici.

en un point de la commune de Saint-Mayeux voisin de la route de Laniscat, et situé au nord de Crampoisic, à 500 mètres environ de chacun des menhirs.

Nous examinâmes alors avec soin cette contrée; et quel ne fut point notre étonnement, lorsque, au point de croisement approximatif, nous aperçùmes un amas de pierres, dont une seule encore plantée dans le sol, dans le champ portant le No 686 au cadastre, section E de Crampoisic! Cet ensemble de blocs fut de suite fouillée en août 1906. Or il s'agissait d'une allée couverte, appelée par nous Allée couverte de Crampoisic, dont le grand axe est orienté aussi nord-ouest= sud-est, avec entrée au sud-est (1).

L'étude des lignes de direction des Menhirs de Crampoisic nous avait donc fait découvrir le mégalithe funéraire qui leur correspondait, mégalithe presque caché sous les ronces et les herbes, et demeuré inconnu, jusqu'en août 1906, même du propriétaire du terrain, archéologue de profession, le regretté Lionel Bonnemère, inventeur du Menhir de Kerjégu.

Ce fait nouveau, joint à celui observé sur mes indications par M. Hue (2), est une preuve scientifique en faveur de la théorie d'après laquelle ies menhirs, actuellement isolés, sont bien des indicateurs (parce que satellites cardinaux ou intercardinaux des sépultures mégalithiques, persistantes ou disparues.

Deux observations sont insuffisantes, évidemment. Quand notre méthode de l'utilisation des lignes de direction aura été appliquée un nombre de fois appréciable, on pourra juger définitivement de la valeur de notre hypothèse.

(1) Homme préhist., Loc. cit. (2) E. Hue.

Le Préhistorique dans la vallée de l'Orvanne (S. et M.) I Congrès préh. de France, Périgueux, 1995. Paris, 1906, in-8o, p. 151, fig. - (Dans le cas de M. Hue, la ligne de direction est aussi la perpendiculaire à la grande face d'un menhir assez éloigné.)

A PROPOS D'UNE INSCRIPTION PHÉNICIENNE

TROUVÉE EN BRETAGNE

Avec de fort intéressants détails, M. Kerviler, dans son ouvrage Armorique et Bretagne (Tome I, p. 186), cite les découvertes archéologiques faites sur le territoire de Guérande.

Entre autres curiosités est signalée une ardoise avec caractères phéniciens cursifs, trouvée dans le marais salant et appartenant à M. le lieutenant de vaisseau Martin.

La lecture de cette courte description m'avait jadis fort intéressé, car elle touche de près une étude particulière que jé poursuis depuis longtemps et je me mis à la recherche, sinon de l'ardoise elle-même, du moins de sa description et de son interprétation. Mes efforts furent longtemps inutiles et je désespérais d'ètre plus complètement informé, lorsque M. Kerviler, avec lequel je m'étais mis en rapport, voulut bien me faire connaitre que le précieux document se trouvait maintenant au musée archéologique de Nantes. M. Martin, aujourd'hui capitaine de frégate en retraite, en avait fait luimême le don.

L'ardoise signalée par l'ingénieur bien connu du port de Saint-Nazaire se trouve dans une vitrine écartée où elle passe inaperçue.

Elle mesure 0 m. 09 de longueur sur 0 m. 06 de haut. Les angles sont arrondis et sa surface, très dégradée par son long séjour dans le sable, laisse apercevoir une série de caractères susceptibles à bon droit d'éveiller la curiosité des chercheurs. Au-dessus est placée une étiquette portant l'inscription qui suit, sans commentaires.

AFÍARTOI01E02 - AGIARTOIO EOS

ATAR4O1C1407

Outre ces indications, je pus savoir que l'ardoise avait été trouvée dans le marais de Donceil et qu'elle avait été soumise à M. de Sauley et à M. Renier, de l'Institut. Les caractères pris d'abord pour des lettres grecques du temps des druides. avaient été ensuite reconnus pour être phéniciens.

Ce mince bagage de connaissances une fois noté, l'idée nous vint d'essayer de pousser plus avant l'étude de cette inscription et de démêler un sens, même hypothétique, à ces inquiétants hieroglyphes.

Déjà des archéologues, guidés par les souvenirs des textes anciens de Ptolémée, de Strabon, de Pline, de Pomponius Mela et de tant d'autres, ont émis l'idée que les Phéniciens. avaient pu occuper aux alentours de l'embouchure de la Loire d'importantes positions.

La multiplicité mème des endroits supposés comme ayant pu être Corbilo indique que de nombreux points parurent susceptibles d'intéresser les grands colonisateurs de l'antiquité. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle toutefois, on n'attribuait pas à la présence des marins de Tyr sur les bords de la Loire un autre but que de centraliser sur un point du littoral, facile d'accès pour les navires, les richesses de l'intérieur de la Gaule.

Lorsqu'en 1813, l'étain fut constaté à Piriac par MM. Athenas et de la Guerrande et que des fouilles assez importantes furent entreprises sur ces lieux par le Gouvernement, d'autres suppositions furent émises. On présuma que les Phéniciens purent recueillir l'étain dans ces parages jusqu'à l'embouchure même de la Vilaine et l'obtenir en abondance sur la côte disparue aujourd'hui, mais qui unissait alors l'ile Dumet à la terre.

La trouvaille d'une inscription phénicienne sur le territoire de Guérande et dans la direction même des filons reconnus au sud de Piriac pourrait donner quelque appui à cette thèse : en tous cas elle prouve définitivement la réalité des communications anciennes de Tyr ou de ses colonies avec l'Armorique.

On a maintes fois répété, d'après les dires de César, que les prêtres gaulois n'employaient l'écriture que pour les transactions internationales et que dans ces circonstances

toutes spéciales ils utilisaient les caractères grecs. En matière de traditions ou de légendes religieuses, seule la mémoire devait suffire.

Est-ce à dire que cette citation du conquérant romain doive être absolue et que toute inscription non latine trouvée sur notre territoire doive être interprétée par des caractères grecs?

Cette pensée semble avoir guidé l'auteur de la notice du musée de Nantes et c'est pourquoi il a cherché à traduire par des lettres grecques et ensuite des lettres françaises les signes de l'inscription.

Mais puisqu'il s'agit bien de caractères phéniciens, aucune assimilation hellénique, caractères ou traduction, ne peut trouver place. Le phénicien, il ne faut pas l'oublier, comme l'hébreu, l'arabe et les autres idiomes orientaux, doit se lire. de droite à gauche, et c'est également dans ce sens que nous devons chercher l'interprétation de notre inscription.

Or, le mot de la notice de Nantes AGIARTOIOPHEOS, qu'on le lise de gauche à droite ou au rebours, est entièrement inintelligible.

Le grec doit donc, pour notre recherche, être délibérément mis de côté et nos efforts doivent se tourner uniquement vers le phénicien et les langues de même origine, c'est-à-dire sémitique ou chaldéenne.

Malheureusement, il n'existe aucun dictionnaire de phénicien pour l'excellente raison que tout le bagage des connaissances modernes à son sujet ne se compose que de quelques centaines de mots. Encore les noms propres constituent-ils à eux seuls près de la moitié. Ces rares vocables ont été reconstitués à grand'peine d'après les inscriptions bilingues retrouvées en Phénicie, à Marseille l'ancienne Phocée, et surtout en Tunisie et à Malte.

Outre que l'on ignore la prononciation exacte, les lettres qui les composent sont souvent altérées, modifiées profondément. Les alphabets phéniciens que l'on donne dans les manuels de littérature sont donc un peu arbitraires et dans tous les cas fort incomplets. Il est, par suite, au moins fort utile de s'entourer de plusieurs documents et de ne pas s'en tenir à un seul alphabet. Nous nous sommes servi, pour

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