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attaque avec des guinées, il faut se défendre avec des écus, «<les répandre à flots et ne pas tenir à un million. Il faut par quelque moyen que ce soit trouver celui d'avoir des chefs (1). » Saisir les chefs était une mesure que Giraud avait déjà proposée et préconisée; incontestablement sa réussite complète eût amené l'anéantissement de la chouannerie, mais les généraux chouans et leurs officiers étaient, en grande majorité, des hommes très vaillants et très audacieux, des indomptables qui pouvaient tomber, mais avec la certitude d'être remplacés dans leur poste par des compagnons d'armes et d'avoir derrière eux des vengeurs. Malheureusement pour l'honneur du magistrat nantais, de ce personnage honnête et distingué qui jusque-là n'avait pas été assez aveuglé ou assez làche pour tremper complètement dans les excès révolutionnaires, le préfet du Morbihan prétendait qu'on employât tous les moyens réalisables pour saisir Georges mort ou vif; mais peu importait pour lui qu'on en débarrassât le monde grâce aux soldats, grâce aux juges ou grâce aux traîtres, par un combat, un arrêt ou un assassinat (2). Il admettait tout procédé, considérant Cadoudal comme un monstre et comme hors la loi; dès lors chaque voie était bonne et la morale ne comptait pas plus que la légalité, que la justice et que l'honneur. « Vous me nettoierez cette police (3) », dira plus tard Napoléon après le passage des Fouché, des Desmarets, des Réal et des Dubois; mais personne jamais n'y pourra réussir, loin de là, quiconque y aura touché, avant comme après ce fameux mot, s'y sera toujours souillé. Giraud en aura du reste un peu le sentiment. Pourquoi tenir tant à faire ériger une préfecture de police dans le Morbihan et en Bretagne, sinon par répugnance pour une fonction difficile, lourde et pénible à la conscience comme à l'honneur?

(A suivre.)

E. SAGERET.

(1) Lettre de Giraud à Fouché, du 9 frimaire (loc. cit.)

(2) Archives nationales. Carton F77798,No 1861. Lettre du préfet Giraud au ministre Fouché, du 30 frimaire an 9.

(3) La Police et les Chouans, par Ernest Daudet. (La police de Napoléon. Par. 2.)

GLANES PREHISTORIQUES

I.

II.

III.

Les haches plates en bronze de Pluherlin.

Quelques monuments mégalithiques de Trédion.
Fragment de plat trouvé aux Trois-Sapins, près
Arcal en Vannes.

I.

LES HACHES PLATES EN BRONZE DE PLUHERLIN.

J'ai vu le 23 mai dernier (1907), chez M. Lefranc, recteur de Pluherlin, une hache plate en bronze, ou considérée comme telle jusqu'à ce jour, qu'il tient de M. Autissier, ingénieurexpert (1).

Cette hache plate a été trouvée, m'a dit M. Lefranc, il y a six ans environ, par un sieur Rousseau, aubergiste au Pont-d'Ars, sur la lande de Lanvaux, à 4 kilomètres de Rochefort-en-Terre et à 1 kilomètre à droite de la route de Rochefort à Pleucadeuc, avec une autre hache semblable, encore possédée aujourd'hui par M. Autissier, qui avait acquis les deux.

M. Autissier, auquel j'ai écrit pour avoir des renseignements complémentaires et plus précis sur cette découverte, m'a répondu le 7 juin dernier (1907): « .... Je vous envoie le « dessin exact de la hache de bronze que je possède ici et « dont le poids est de 335 grammes... Je ne possède pas « d'autres renseignements que ceux que vous a donnés a M. l'abbé Lefranc sur la provenance des haches. »

(1) J'adresse à M. Lefranc, recteur de Pluherlin, et à M. Autissier, ingénieur-expert

à Nantes, tous mes meilleurs remerciements.

La hache aujourd'hui possédée par M. Lefranc est bien conservée, sauf le tranchant dont une partie est ébréchée. Une belle patine vert clair la recouvre complètement (fig. 1). Voici ses dimensions: longueur totale, 13 centimètres; largeur au tranchant, 0,065; largeur au sommet, Om,03; épaisseur, 0m,008.

FIG. 1.

Hache plate en

bronze trouvée en Pluherlin

La hache de M. Autissier mesure, d'après le dessin exact qu'il m'a envoyé : longueur totale, 13 centimètres; largeur au tranchant, Om,065; largeur au sommet, Om,03; épaisseur, 008. Son poids est de 335 grammes.

Ces deux haches, comme on le voit, présentent exactement les mêmes dimensions, ce qui fait présumer qu'elle ont été coulées dans le même moule. Elles appartiennent au grand et beau type de haches plates qu'on rencontre quelquefois dans les chambres sépulcrales sous tumulus de l'époque du bronze.

(Morb). 1/2 grandeur réelle. (Coll. Lefranc).

Je ne puis déterminer aujourd'hui la composition de ces haches qui n'ont pas été analysées. Il est toutefois présumable, comme dans la plupart de leurs semblables, que l'étain entre en petite quantité dans leur composition.

On sait l'extrême rareté des découvertes de haches plates en bronze ou considérées comme telles dans notre région; aussi j'ai pensé qu'il était utile de signaler la découverte de Pluherlin et d'en faire connaitre les possesseurs actuels. Plus tard, dans une autre note spéciale, je dresserai l'inventaire et je décrirai les haches plates recueillies dans le Morbihan, tant dans les sépultures qu'isolément; on se rendra alors vite compte de l'importance de la trouvaille de Pluherlin.

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QUELQUES MONUMENTS MEGALITHIQUES DE TRÉDION.

En mai 1905, j'ai visité, en compagnie et guidé par M. le chanoine Le Cadre, notre distingué collègue, le beau

pays de Trédion (1). Mes investigations visaient, bien entendu, plus particulièrement le préhistorique.

Il va sans dire que, dans cette seule journée, je n'ai vu qu'un très petit nombre des nombreux monuments mégalithiques qui couvrent, de tous côtés, cette région et qui, d'ailleurs, ont été pour la plupart, je crois, signalés par nos prédécesseurs et en particulier par Cayot-Délandre.

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Quoi qu'il en soit, et avant que ces monuments ne disparaissent -ce qui, hélas! pourrait bien arriver un jour ou l'autre, je crois bon de donner les quelques renseignements qui suivent sur chacun d'eux. Les fouiller et les étudier en détail eût été assurément bien préférable; mais, faute de mieux, on voudra bien se contenter, pour le moment du moins, de ces quelques notes qui auront l'avantage d'en fixer désormais plus exactement la figure.

A noter, et Cayot-Délandre l'a dit avant moi et bien. d'autres après lui, qu'en général tous les monuments de cette région se trouvent sur la rive gauche de l'Arz; la rive droite en est presque entièrement dépourvue.

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Je commence par le dolmen du Parc de Trédion, situé à deux kilomètres environ du bourg, dans le bois, à gauche, en allant de Trédion à Plumelec. Cayot-Délandre en parle en ces termes, page 259: Dans le parc de Trédion, un dolmen

de 6 m. 50 de longueur. La table est d'une seule pierre. « Les supports ont fléchi, et la table est inclinée sur l'un des « côtés (2). » C'est tout! Dès le début du siècle dernier, le chanoine Mahé, dans son Essai sur les antiquités du département du Morbihan, publié en 1825, semble, page 101, à l'article sur Elven, vouloir indiquer le même dolmen quand il dit : « Le parc de Trédion renferme une belle Roche-aux« Fées dont la table, avant qu'on en eùt brisé une des extré«mités, pouvait avoir vingt-quatre pieds de longueur, et qui

(1) J'adresse ici toute ma sincère gratitude à M. le chanoine Le Cadre qui, si obligeamment, m'a fait visiter la région de Trédion.

(2) CAYOT-DÉLANDRE, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, p. 259. Vannes, 1847.

en a encore près de vingt-deux. Cet antique monument a << beaucoup souffert de la main destructive du vandalisme, ce « qui n'empêche pas qu'il ne soit curieux et imposant (1) ».

Si on regarde la photographie de ce dolmen, on verra que la courte description qu'en donne le chanoine Mahé, en 1825, et Cayot-Délandre, en 1847, est toujours exacte. La table a bien exactement 6m,50 et couvre toute la longueur du monument; elle mesure 2m,50 dans sa largeur. C'est, avec les suivants, un renseignement nouveau.

Cette chambre dolménique est orientée nord-est et sudouest. En outre d'un support à chaque extrémité, j'ai compté 5 supports du côté sud et 2 supports tombés du côté nord, ce qui porte à 9 le nombre des supports encore existants. Toutes ces pierres sont en granit du pays.

Il va sans dire que ce monument a été bouleversé et sans aucun doute violé anciennement. Cependant, une fouille faite avec soin et méthode pourrait peut-être donner quelques résultats.

§ 2.

Menhir de la Grande-Villeneuve en Trédion.

Toujours guidé par MM. le chanoine Le Cadre et l'abbé Loisel, vicaire à Trédion, j'ai pu voir, dans un champ situé au sud du village de la Grande-Villeneuve, un beau menhir que j'ai également photographié et dessiné. Cayot-Délandre le décrit ainsi, page 259: « Entre le bourg de Trédion « et le village de la Grande-Villeneuve, sur la lisière « d'un champ cultivé qui borde le chemin, existe un « menhir de 4 mètres de hauteur », sans autre explication.

Cette belle pierre, en granit du pays, est fort intéressante et mérite une mention toute spéciale. Les renseignements donnés par Cayot-Délandre sont, quant à la hauteur et à la situation, rigoureusement exacts. Je les complèterai par les suivants :

(1) CHANOINE MAHÉ, Essai sur les antiquités du département du Morbihan, p. 101. Vannes, 1825.

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