Essai sur la vie, les écrits et les opinions de M. de Malesherbes, adressé à mes enfans: 2

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Treuttel et Würtz, 1819 - 344 pages
 

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Page 134 - Mais j'ai été appelé deux fois au conseil de celui qui fut mon maître, dans le temps que cette fonction était ambitionnée par tout le monde; je lui dois le même service, lorsque c'est une fonction que bien des gens trouvent dangereuse. Si je connaissais un moyen possible pour lui faire connaître mes dispositions, je ne prendrais pas la liberté de m'adresser à vous. J'ai pensé que, dans la place que vous occupez, vous aurez plus de moyens que personne pour lui faire passer cet avis.
Page 134 - Citoyen président, j'ignore si la convention donnera à Louis XVI un conseil pour le défendre, et si elle lui en laisse le choix : dans ce cas-là, je désire que Louis XVI sache que, s'il me choisit pour cette fonction, je suis prêt à m'y dévouer. Je ne vous demande pas de faire part à la convention de mon offre, car je suis bien éloigné de me croire un personnage assez important pour qu'elle s'occupe de moi. Mais j'ai été appelé deux fois au conseil de celui...
Page 134 - Je ne vous demande pas de faire part à la Convention de mon offre, car je suis bien éloigné de me croire un personnage assez important pour qu'elle s'occupe de moi ; mais j'ai été appelé deux fois au conseil de celui qui fut mon maître dans le temps que cette fonction était ambitionnée par tout le monde : je lui dois le même service lorsque c'est une fonction que bien des gens trouvent dangereuse.
Page 12 - ... dans un siècle où chaque citoyen peut parler à la nation entière par la voie de l'impression, ceux qui ont le talent d'instruire les hommes, ou le don de les émouvoir, les gens de lettres, en un mot, sont au milieu du public dispersé, ce qu'étaient les orateurs de Rome et d'Athènes au milieu du peuple assemblé.
Page 167 - ... l'on ne s'applique avec soin à fixer en quelque sorte les langues, et à les rendre durables. Car comment peut-on confier des actions immortelles à des langues toujours incertaines et toujours changeantes ; et la nôtre en particulier pouvait-elle promettre l'immortalité, elle dont nous voyons tous les jours passer les beautés, et qui devenait barbare à la France même dans le cours de peu d'années?
Page 167 - Mais, messieurs, l'éloquence est morte, toutes ses couleurs s'effacent, toutes ses grâces s'évanouissent, si l'on ne s'applique avec soin à fixer en quelque sorte les langues, et à les rendre durables. Car comment peut-on confier des actions immortelles à des langues toujours incertaines et toujours changeantes ; et la nôtre en particulier...
Page 213 - ... que la magistrature était l'idole de la nation , on m'a donné , ainsi qu'à plusieurs de mes confrères, des éloges dont je n'ai jamais été engoué , parce que je les trouvais exagérés. On exaltait nos talens ; on allait jusqu'à les comparer à ceux des Cicéron et des Démosthènes.
Page 219 - La postérité en a jugé autrement, sa mémoire est en exécration; et de son temps même, tous les gens raisonnables et éclairés ne s'y trompaient pas. Clodius était un ambitieux et un scélérat. Né avec de grands vices et peu de grandes qualités, il n'aurait pu jouer qu'un rôle médiocre dans son ordre, où il y avait de grands hommes. En se rangeant du côté des plébéiens, en leur sacrifiant une hauteur qui était héréditaire dans sa famille, il se trouva tout d'un coup à la tête...
Page 218 - ... venaient de quitter la magistrature et d'entrer dans la carrière presque générale de toute la noblesse : tous ceux à qui j'appartiens, et la plupart des amis avec qui je vis, sont aussi de cet ordre. Qu'il me soit permis d'ajouter que m'étant retiré du Conseil immédiatement après avoir donné cette déclaration de mes sentimens^ et n'ayant jamais songé à entrer dans aucune assemblée nationale, on ne peut pas dire de moi, comme on l'a dit de quelques autres, que j'aie abandonné les...
Page 16 - Songeons enfin que le plus beau génie de notre siècle aurait cru sa gloire imparfaite, s'il n'eût employé à secourir les malheureux l'ascendant qu'il a pris sur le public. Je sais que ce n'est point à moi à louer les talents de cet homme universel, en présence du public, accoutumé à lui prodiguer ses acclamations, et devant vous, Messieurs, à qui seuls il appartient de décerner les palmes du génie; mais il m'est permis de remercier, au nom de l'humanité...

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