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cée déjà par le préfet de la Seine, et ayant pour objet l'institution, sous la garantie de la ville de Paris, d'une Caisse spéciale chargée du service de trésorerie des grands travaux publics de la ville, et qui prendrait le titre de Caisse des travaux de Paris. Un décret en date du 18 novembre détermina les autres conditions de fonctionnement de cette institution, dont la principale était inscrite dans l'article 1er, portant que la Caisse serait chargée d'acquitter toutes les indemnités foncières ou locatives réglées, soit à l'amiable, soit judiciairement par suite d'expropriations, d'évictions ou de dommages résultant de l'exécution des « grands travaux » qui sont ou seraient entrepris par la ville en vertu de décrets de l'Empereur ou d'autorisations ministérielles compétentes; en second lieu, les frais dùment taxés, et les dépenses de toute nature régulièrement liquidées, se rapportant aux mêmes travaux.

Il est aisé de voir que la Caisse des travaux de Paris fonctionnerait à l'instar de la Caisse de la Boulangerie.

Vers la même époque (26 juillet), un décret modifiait la classification des industries soumises à la juridiction des quatre Conseils de prud'hommes de Paris.

Parmi ces questions d'utilité locale ou générale, se trouvaient les réclamations adressées au Gouvernement par la réunion des grandes Compagnies de chemins de fer. Ces réclamations avaient été accueillies avec intérêt par l'Empereur. Au premier rang figurait la demande de retrait de la loi votée, l'année dernière, sur les valeurs mobilières. Une Note du Moniteur, en date du 17 avril, répondit avec raison que cette loi, votée après une discussion approfondie, était d'une date trop récente pour qu'on pût formuler une opinion définitive sur son application et sur ses résultats. Quant aux autres demandes relatives à des points spéciaux, le journal officiel en annonçait l'examen avec la sollicitude qu'inspiraient au Gouvernement des entreprises dont le succès était « si intimement lié à la prospérité générale. Quelques jours après (28 avril), l'Empereur recevait la Commission d'enquête sur l'exploitation des chemins de fer. Instituée à la suite des accidents survenus en 1851, la Commission, après avoir consacré plus de cinquante séances à l'audition des Compagnies,

avait résumé l'ensemble de son enquête dans un rapport rédigé par M. Tourneux, et présenté à Sa Majesté en cette audience.

Un décret du 1er juillet 1852, prescrit la formation, dans chacun des 2,846 cantons de l'Empire, d'une Commission permanente de statistique annuelle des Faits agricoles, et décennale pour les faits spéciaux propres à faire apprécier sous tous les aspects l'état de l'agriculture, ainsi que la situation économique des classes livrées au labourage. On ne devait pas espérer qu'une institution entièrement nouvelle dans le pays, et qui exigeait le concours de plus de 80,000 personnes, pût produire immédiatement des résultats complets. Il y avait la période d'expérimentation aujourd'hui traversée. Les classes agricoles ne craignaient plus que les recherches statistiques ne cachassent des intentions fiscales de la part du Gouvernement, puisque depuis six ans que les Commissions fonctionnaient, les cotes foncières, pour la portion faisant recette au Trésor, n'avaient subi aucun changement. C'est ce que constatait le ministre de l'agriculture dans le Rapport adressé par lui à l'Empereur, et à la suite duquel il proposait d'accorder des distinctions honorifiques à ceux qui avaient concouru à l'œuvre de statistique présentée en

1852.

Et pour clore ces sujets divers, mais qui se rattachent presque tous à la recherche si précieuse des moyens destinés à accroître le bien-être de tous, on rappellera ici les travaux de la Société d'acclimatation au sein de laquelle (février) le prince Napoléon fit entendre sa voix sérieuse, et presque toujours l'expression de hautes considérations philosophiques. « Quel but plus noble et plus utile! disait S. A. I. Améliorer la condition de tous, des classes souffrantes en particulier, par le développement de l'agriculture, cette vraie richesse de la France, celle dans laquelle elle n'a pas de rivale, parce que son admirable position la fait, au point de vue agricole, la prédestinée parmi les nations européennes.

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Après le Prince, M. Drouyn de Lhuys fit l'histoire de la Société, et rendit compte des progrès accomplis. Enfin, M. Geof

1858

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froy Saint-Hilaire proclama les récompenses. Il y en avait pour l'introduction de l'alpaca en Europe; lauréat : S. M. le roi d'Espagne; il y en avait pour l'introduction et l'acclimatation des mammifères; pour l'hirudiculture, et pour toutes ces branches, des lauréats appartenant à nombre de pays.

CHAPITRE VII

COLONIES.

ALGERIE. Campagne du général Desvaux dans le Sahara de Constantine. Elle est couronnée de succès. Campagne du commandant de Sétif contre les Babors; même résultat. Création d'un ministère de l'Algérie et des Colonies: le prince Napoléon chargé de ce ministère. Motifs de cette innovation. - Partage d'attributions. Décrets complémentaires de cette mesure.-Institution d'un commandement supérieur des forces de terre et de mer: Legénéral de Mac-Mahon appelé à ce commandement. Remarquable rapport du Prince sur les attributions des fonctionnaires et sur l'avenir de la colonie. Ses circulaires, également dignes d'étude : la presse, les avertissements; les cultes, l'instruction publique. Sentiments du Prince sur ces matières. - Son Rapport du 29 juillet sur tous les services. Institution de divers conseils : le conseil supérieur; sa composition. Les conseils généraux.-Le service administratif. Rapport et décret à ce sujet. Les douanes; le tarif; appréhension des manufacturiers. Note du Moniteur qui les rassure. Les chemins de fer. Les travaux publics. Cultures diverses: le coton, le sorgho, la vigne. — Forages artésiens : Rapport du général Desvaux. Dernières affaires militaires et derniers succès de l'année.

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COLONIES TRANSATLANTIQUES. Considérations et détails généraux. Les garnisons; les enrólements de travailleurs : affaire du Charles-Georges; circonstances de cet épisode. Note du Moniteur: importante lettre de l'Empereur au Prince chargé du ministère des Colonies. - Avenir de la question des travailleurs libres; comment elle est résolue dans les diverses colonies: à la Réunion, à la Martinique, à la Guyane, enfin, à la Guadeloupe.

LE SÉNÉGAL: Situation de cette colonie; ce qu'elle pourrait devenir. Expédition du colonel Faidherbe contre les populations ennemies. Conquêtes de Kénieba. Commencement d'exploration des mines d'or de cette région intéressants détails. La colonie dans son état actuel. ILES DE LA SOCIÉTÉ. Ouverture de la session législative par la reine Pomaré. Discours du Commissaire impérial et du Toohitu.

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L'œuvre de la conquête et, par suite, de la pacification, glorieusement poussée par les expéditions de l'année dernière, fit encore des progrès en 1858. Le commencement de cette année

fut marqué par une campagne du général Desvaux dans le Sahara de Constantine. Assez paisible depuis 1854, cette région s'était agitée de nouveau vers la fin de 1857. Des caravanes avaient été attaquées dans le voisinage d'El-Oued; des meurtres avaient eu lieu, et les victimes étaient un cheik, allié des Français, et un courrier de bureau arabe. Parti de Biskra, le 27 février, avec 1,400 hommes, le général Desvaux, chargé de faire rentrer dans l'ordre les tribus indisciplinées, arrivait le 7 à Guemar, et le 9 à El-Oued. Les indigènes ne tentèrent pas de résister des otages furent remis au général français, une contribution fut frappée sur El-Oued, et l'administration réorganisée. Le 29 mars, après avoir ainsi assuré les communications, entre Biskra et Touggourt, la colonne victorieuse rentrait dans ses cantonnements. Même succès le mois suivant contre les Babors, réduits par le commandant de Sétif, après avoir fait mine de se soulever.

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Pendant que les affaires militaires suivaient ainsi leur cours habituel, c'est-à-dire la soumission des tribus qui, par intervalle, manifestaient des velléités d'indépendance inquiétantes pour la colonie, une sorte de révolution, d'ailleurs parfaitement pacifique, allait s'accomplir, prématurément peut-être, dans l'administration. Le 24 juin, un décret impérial créait un ministère de l'Algérie et des Colonics, et chargeait de ce ministère le prince Napoléon, « voulant donner à l'Algérie et à nos colonies un nouveau témoignage de notre sollicitude pour leurs intérêts, et favoriser, autant qu'il est en nous, le développement de leur prospérité. » C'est ainsi que l'Empereur motivait cette importante décision.

L'article 2 du décret disposait, que le nouveau ministère serait formé de la direction des colonies qui seraient distraites du ministère de la guerre et du ministère de la marine.

Rien de plus précis. Si maintenant l'on recherche les causes de ce changement considérable, on les trouve dans la situation de l'Afrique française et dans l'opinion des colons. Ils se plaignaient, dit-on, de ce que l'élément civil avait trop peu d'influence dans le gouvernement de la colonie, partant, d'une sorte de privation des garanties dont jouissaient les autres ci

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