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MÉLANGES.

Monete, medaglie e sigilli dei principi Doria che serbansi nella biblioteca della regia Universita ed in altre collezioni di Genova, descritti ed illustrati dal bibliotecario AGOSTINO OLIVIERI. Genova cò tipi del R. I. de' Sordo-Muti 1859. In 8", 107 pages et V planches.

En 1841, M. le chevalier Christophe Gandolfi, alors directeur de la bibliothèque de Gènes, fit paraître deux volumes sur les monnaies anciennes de cette ville, avec une description des monnaies des Doges. Son successeur, M. Olivier, se propose de donner à cet ouvrage un complé ment indispensable, en décrivant les monnaies des familles patriciennes génoises qui exercèrent le droit de battre monnaie dans des fiefs impériaux. Il commence par celles de la famille Doria (1).

André Doria, que Charles-Quint avait fait prince de Melfi, au royaume de Naples, reçut du même empereur, le 27 octobre 1547, l'investiture de tous les fiefs confisqués sur la famille Fieschi, avec tous les priviléges y attachés,

(1) La riverenza, che ogni cuor genovese sente per quel Grande, che col senno e con le armi seppe liberare la Patria dal giogo di Francia, mi consiglia a trattar prima delle monete dei Doría, che, se non molte, son quasi tutti rarissime.

parmi lesquels était celui de battre monnaie, qui avait été concédé à cette famille, en 1249, par le roi des Romains Guillaume. Un décret du 12 juin 1548, l'investissait également de châteaux et terres de Torriglia, marquisat dans les monts Liguriens, Garbagna, Grondona et autres propriétés que les Fieschi avaient possédées auparavant.

Doria mourut en 1560, sans héritier direct, et légua sa succession à son cousin, Jean André Doria I, qui le premier usa du droit de battre monnaie. Avant de passer à la description des pièces peu nombreuses que l'auteur a réunies, il donne, dans le chapitre premier, la liste des différents ateliers (zecce) où les Doria ont pu exercer leurs droits monétaires. Ces ateliers sont ceux de Loano, Torriglia, Laccio, dépendance de Torriglia, Montebruno, S. Stefano, Carrega, Rovegno, Garbagna et Grondona.

Avec une pareille abondance de lieux de production, on s'attendait à une suite considérable de pièces. Et cependant l'auteur n'a trouvé, dans toutes les collections génoises, que deux monnaies de Jean André I, une de Jean André II, une de Violante Lomellini, veuve d'André III, et sept de Jean André III, son fils. Ce prince, qui mourut, en 1757, après un règne de quatre-vingt-trois ans (!), fut le dernier qui usa du droit de battre monnaie.

M. Olivieri semble n'avoir pas eu connaissance de la jolie monnaie d'argent de Violante Lomellini, gravée dans cette Revue, t. IV, 2o série, pl. X, no 26, et dont nous avons donné l'explication, même volume, p. 143.

Le monnayage de cette veuve d'André III a fourni, au contraire, à l'auteur, des documents écrits très-curieux. Nous appelons surtout l'attention des lecteurs sur la corres

pondance entre la princesse et le R. P. Pier Domenico, Pier Dominici, de l'oratoire de Saint Philippe de Néri, pp. 16 à 21. Voici à quelle occasion. Violante ou plutôt ses monnayeurs se livraient à une fabrication active de ces petites et jolies monnaies d'argent qu'on forgeait à Orange et à Trevoux, pour les transporter dans les échelles du Levant, monnaies sur lesquelles M. Mantellier a donné des détails très-intéressants, dans sa numismatique des princes de Dombes. Pour mêler plus facilement leurs monnaies avec celles du prince d'Orange, les fabricants de la monnaie des Doria forgeaient au nom du fils de Violante, en commençant la légende par un G, (GIO au lieu de IO). Cela ressemblait plus à Guilelmus. Pour contrefaire les monnaies de Mademoiselle de Montpensier, ils employaient de petits moyens innocents du même genre. Les aigles des Doria devenaient des fleurs de lis, etc.

Des scrupules survinrent à ce sujet à la pauvre princesse, et pour les calmer elle s'adressa à un habile homme, à un casuite expert, le R. P. Pier Dominici. Il faut voir avec quel art, dans deux lettres successives, le bon directeur s'efforce de rassurer sa noble pénitente. Changer quelques lettres dans une légende..... bagatelle, tout au plus une faute d'orthographe. Et ce G, est-ce bien un G? Non, c'est simplement un chiffre, (gifra) un parafe, un ornement, un rien. D'ailleurs l'intention purifie tout, et l'intention de S. E. est irréprochable. Qu'a-t-elle voulu, en effet? satisfaire aux nécessités d'un bon gouvernement, contenter le commerce qui avait besoin de faire passer ces monnaies pèle-mêle avec celles de Dombes et d'Orange. Bref, le R. P. prend tout sur son compte, et conseille à sa

pénitente de reposer en paix. La pace del Signore sia nel cuore di V. Eccell:

Je vous puis dissiper ces craintes ridicules,

Madame, et je sais l'art de lever les scrupules. Etc., etc.

Ces lettres sont de 1665, deux ans avant la première représentation du Tartufe.

R. CH.

Numismatique ibérienne, par J. BOUDARD, 7° fascicule, texte et gravure, format grand in-4°, à la librairie d'Aug. Decq, à Bruxelles.

M. Boudard, dont nous entretenons régulièrement les lecteurs de cette Revue, depuis la première émission des livraisons successives de sa Numismatique ibérienne, continue avec autant de régularité que de succès, cette œuvre d'élite. Le 7° fascicule qui vient de paraître et qui est le sujet de cet article, confirme de nouveau l'observation déjà faite, que l'intérêt progressif et graduel de ce grand ouvrage s'accroit à la publication de chacune des parties dont il se compose.

L'auteur, dans ce dernier fascicule, du no 56, où il l'a laissée dans le précédent ('), jusques au n° 81, continue la série destinée à la reconnaissance et au classement des médailles ou monnaies des peuples et des villes de l'Ibérie hispanique et de la Celtibérie, en établissant leur commu

(1) Voy. le compte que nous en avons rendu dans le numéro de cette Revue, du 4o trimestre de 1858.

nauté ou identité d'origine, savament discutée et controversée au besoin, avec des opinions précédemment émises à ce sujet par des historiens et des numismates.

Dans ce même fascicule, du n° 1 au no 8, notre auteur classe et décrit également les médailles des villes alliées à celles dont on vient de s'occuper plus haut.

Dans cette livraison, comme dans celles dont on a déjà rendu compte ici, notre savant et laborieux investigateur appelle en témoignage et à l'appui de ses assertions, les géographes, les numismates, les historiens, les épigraphistes, les poëtes etc., de l'antiquité et des temps postérieurs. Jamais l'érudition n'est venue plus utilement et à la fois, plus consciencieusement, en aide à celui qui emprunte sa lumière pour remonter le fleuve des âges.

Le texte du 7o fascicule de la Numismatique Ibérienne, est accompagné d'un premier tableau des légendes ibériennes et de leur attribution, et de quatre planches contenant la gravure de cinquante-deux médailles dont l'exécution ne laisse rien à désirer.

Les habitués de la Revue de la numismatique belge comprennent, sans qu'il soit nécessaire de leur en faire ici l'observation, que l'ouvrage dont nous les entretenons, offre un tout dont les parties sont tellement homogènes et liées entre elles, qu'il n'est guère possible d'en détacher des extraits pour les mettre sous leurs yeux, afin de leur donner une idée de l'ensemble, et avec l'espoir d'atteindre ce but.

Le 8° et dernier fascicule de la Numismatique ibérienne est sous presse, et paraîtra prochainement (1).

(') On assure qu'à la suite de la Numismatique ibérienne, M. Boudard

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