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pour conserver la boisson dans un état constant de frai→ cheur.

Dans la série d'expériences que j'ai faites pour prévenir l'altération qui arrive fréquemment, aux vins de Bourbonne, je n'ai point omis d'essayer le mélange du charbon, mais à ma grande surprise, le vin dans lequel j'avais introduit ce corps combustible se détériora; dix-huit jours plus tard, à la vérité, qu'une autre quantité de même vin exposé à la même température, qui ne contenait point de charbon.

L'été dernier, quoique les chaleurs n'aient point été grandes, j'ai répété la même expérience qui ne m'a pas mieux réussi ; il est vrai de dire que ces essais ont été faits dans un cellier où le soleil donne une partie de la journée, ce qui entretient dans ce lieu une température assez élevée.

:

Depuis j'ai fait chauffer de l'eau jusqu'au 36° degré au-dessus de zéro; après avoir retiré le vase du feu, j'ai mis dans cette eau chaude quelques morceaux de charbon très-poreux je m'attendais au même instant à voir le mercure du thermomètre qui y plongeait, se condenser avec vitesse; mais quel fut mon étonnement, lorsque je vis que l'eau qui contenait du charbon ne changeait pas plus tôt de température qu'un pareil volume d'eau chauffée au même degré, et dans laquelle je n'avais mis autre chose qu'un second thermomètre! Je recommençai six fois de suite les mêmes épreuves, qui m'ont constamment donné les mêmes résultats. Enfin, pour lever tout doute à ce sujet, j'ai, par le moyen d'un fourneau, échauffé une petite chambre jusqu'au 28° degré au-dessus du terme de la glace; j'ai posé sur une table deux terrines pleines d'eau à douze degrés de température. Au moment où je commençai ces nouveaux essais, les deux thermomètres qui étaient dans les deux terrines ont constamment suivi la même marche; le mercure s'est élevé dans les deux ins

trumens, sans variation sensible à la température de la chambre.

Ainsi je crois être suffisamment autorisé à affirmer que le charbon ne jouit nullement de la propriété réfrigérante que plusieurs personnes lui attribuent, tant en Allemagne qu'en France.

Un pharmacien allemand fort instruit, m'a assuré que les eaux distillées des plantes inodores se congelaient à des températures différentes, qu'ainsi l'eau de laitue et celle de pourpier gelaient plutôt que celle de pavot; que celle-ci passait à l'état solide avant celle de plantain, de chicorée, etc.; ces observations, si elles sont exactes, seront intéressantes pour la pharmacie je me propose de les répéter cet hiver. L. A. P. ·

RECETTES.

Onguent du Saint-Office.

UN Espagnol a fait préparer chez l'un de nous un onguent dont la recette lui avait été donnée par un inquisiteur de Madrid. Ce remède est, nous a-t-il dit, fort en usage dans les couvens d'Espagne. On l'emploie pour les ulcères, pour certaines tumeurs, et pour les brûlures. On peut douter du talent d'un inquisiteur pour guérir des tumeurs et des ulcères, mais il doit se connaître en brûlure. Quoi 'qu'il en soit, comme sa recette est fort analogue à celles de beaucoup d'onguens connus, nous allons la transcrire.

Poix résine,
Térébenthine,
Poix blanche,
Cire Vierge,

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Cet onguent doit avoir des propriétés à-peu-près semblables à celles de l'onguent Michaud, employé avec succès par quelques praticiens, pour faire cicatriser les vieilles

plaies. C'est ce même onguent que l'on demande quelquefois sous le nom d'onguent de l'abbaye du Bec.

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Préparation de l'onguent mercuriel; par M. BERpharmacien-major de l'armée en Es

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pagne.

PHARMACIEN en chef provisoire à l'hôpital de la garde, à Madrid, j'ai dû suppléer souvent au manque de plusieurs médicamens ou à la défectuosité de leur préparation. Les Pharmaciens, généralement mal pourvus en Espagne et même dans la capitale, n'ont pas de bon éther, parce qu'ils tirent de Montpellier leurs acides minéraux. [

Ici, comme en Allemagne, soit paressé, soit habitude, on est dans l'usage d'ajouter de la térébenthine pour éteindre le mercure; le moyen que j'emploie est plus expéditif, et n'altère pas, je pense, la nature de l'onguent.

Sur 4 kilogrammes de graisse et autant de mercure pur, je ne mets qu'un kilogramme de graisse dans un mortier très-évasé; j'ajoute les 4 kilogrammes de mercure à la graisse, et on agite un peu le mélange. Je rubane, sur un cylindre de bois trempé dans l'eau, 2 onces de graisse oxygénée fondue ; je lui enlève, par ce procédé, l'excédent d'acide nitrique qu'elle peut encore contenir; je fonds ces 2 onces de pommade lavée avec un demi-kilogramme de graisse ordinaire, et fais verser le tout dans le morțier, en veillant à ce qu'on agite fortement; au bout de quatre heures, je suis assuré que mon mercure est fortement divisé et oxydé. L'onguent citrin, le précipité rouge qu'on

a employés successivement pour éteindre le mercure, ne remplissent pas les vues indiquées par le chirurgien. L'onguent, préparé avec ces ingrédiens, n'a pas la couleur ardoise de l'onguent mercuriel bien fait; il rancit très-vite, et occasionne des pustules sur les membres des malades qui s'en frottent. Le procédé que j'emploie me paraît trèsbon; le médicament qui en provient a été administré à 3000 malades avec beaucoup de succès.

VARIÉTÉS.

Liqueur pour faire cailler le lait.

M. Tisserand, pharmacien de Paris, nous a remis le procédé suivant qui est usité depuis long-tems dans le département des Vosges, et qui peut servir aux pharmaciens pour la préparation du petit lait, quand les autres réactifs leur manquent.

On tue un veau immédiatement après qu'il a tété. On prend sa caillette, on la vide, on la lave jusqu'à ce qu'elle soit blanche. On la remplit ensuite du lait qui y était contenu; on y ajoute une poignée de sel (muriate de soude); on noue l'ouverture et on met la caillette dans un pot de terre vernissée, avec une chopine d'eau-de-vie et six onces d'eau commune. On couvre le pot, et on laisse la caillette en infusion pendant un mois dans un lieu frais; on passe ensuite la liqueur au papier gris, et on la conserve dans une bouteille bouchée. Quand on veut s'en servir, on en met une cuillerée à café par pinte de lait.

ERRATA.

Dans le N° précédent, page 30, la transposition de deux lignes a occasionné une double erreur.

En plaçant la première ligne du titre de cette page: Extrait de la correspondance de M. CLUZEL, pharmacien de Paris, au-dessus du titre : Sur Palkermès des Italiens, l'article sur l'acide benzoïque se trouvera rétabli sous le titre : Correspondance de M. RESAL, auquel il appartient, ainsi que l'article précédent sur le sucre de raisiņ.

DE PHARMACIE.

N° III. — 2o Année.-MARS 1810.

PHARMACIE PRATIQUE.

De la préparation de l'éther sulfurique,
PAR M. WAHREN, DE BERLIN.

L'APPAREIL que je crois le plus convenable pour la distillation et rectification de l'éther, est celui dont je vais donner la description (figure 1ere.)

Dans un fourneau à reverbère ordinaire, se place une cornue de verre A, dans laquelle on a fait préalablement le mélange d'acide sulfurique et d'alcohol dans la proportion de deux parties d'alcohol et deux un quart d'acide sulfuri- . que. A la cornue s'adapte une alonge B, à l'extrémité de laquelle se lute un tube de porcelaine, qui traverse une caisse en bois D, garnie en plomb et remplie d'eau froide. E est un flacon destiné à recevoir l'éther. Ce flacon, garni d'un tube de sûreté K, est suivi de deux autres flacons dans lesquels on met de l'alcohol pour absorber l'éther qui ne se serait pas condensé dans le premier, et qui passerait à l'état de fluide élastique, sur-tout vers la fin de l'opération, à la faveur du calorique. Le réfrigérant est muni d'un tuyau de fer blanc ou de tôle vernie H pour verser de l'eau froide dans le fond de la caisse, et d'un tuyau de décharge I pour évacuer l'eau chaude qui monte à la surface. Ilene Année. Mars.

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