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faibles. L'acide nitrique les fit passer au jaune, et s'empara d'un peu d'extractif colorant oxigéné; ils se dissolvaient complètement dans les alcalis fixes et volatiles, et reparaissaient avec leurs premières propriétés, lorsqu'on saturait ces bases par un acide. Enfin, cette substance s'est comportée à la manière des substances animales.

De cette dernière propriété, réunie aux précédentes, les auteurs ont conclu qu'elle était analogue par sa nature à l'albumine végétale, découverte par le célèbre Fourcroy, dans le cresson, dans la ciguë et dans d'autres plantes

encore.

On sépara par la filtration les flocons albumineux de la liqueur dans laquelle ils s'étaient formés, et on évapora celle-ci en consistance de miel. On y ajouta de l'alcohol qui prit une couleur rouge, et laissa insoluble une assez grande quantité d'une substance d'un blanc jaunâtre, à laquelle on a reconnu tous les caractères du gommeux mêlé d'un peu d'extractif.

La solution alcoholique, distillée au bain de sable et réduite à un très-petit volume, avait une saveur d'abord douce et sucrée, et laissait ensuite dans la bouche un goût amer et désagréable. Cette liqueur ne se troublait pas par l'eau, et se comportait comme une solution de sucre. Après qu'on l'eut convenablement rapprochée, on en fit brûler un peu qui répandit l'odeur du caramel ou sucre brûlé.

La substance amylacée, séparée du liquide ci-dessus, a été desséchée avec soin et examinée. On a reconnu que ce n'était pas de pur amidon, mais bien une combinaison de plusieurs principes tous insolubles dans l'eau. Voici comment les auteurs sont parvenus à les séparer.

La substance féculente, malaxée avec un peu d'eau, a été traitée à froid avec l'acide nitrique qui, de suite, l'a changée en une substance demi-transparente très-tenace et, visqueuse.

L'ean, aidée de la chaleur, a dissout le composé, en

laissant une certaine quantité de flocons blancs jaunâtres insolubles dans l'acide nitrique et dans l'eau ; on les sépara par le filtre.

La liqueur acide refroidie est restée transparente; elle a déposé, par son mélange avec l'alcohol, de l'amidon trèspur sous la forme d'une poudre blanche.

L'examen de la liqueur acide spiritueuse a prouvé qu'elle tenait en solution un peu d'extractif oxigéné.

L'examen des flocons a fait reconnaître ceux-ci pour du glutineux. Ainsi, la substance féculente, séparée du colchique, au lieu d'être de l'amidon pur, était au contraire 'un mélange d'amidon, d'extractif oxigéné et du glutineux.

Ce que nous venons de faire connaître du travail de MM. Mélandri et Moretti, étant suffisant pour faire apprécier le soin qu'ils y ont apporté, nous ne les suivrons pas plus avant dans le détail des autres expériences.

Nous terminerons cet extrait par la désignation, suivant leur ordre de quantité, des principes constituans du colchique qui, d'après nos deux chimistes, se composé, outre d'une grande quantité d'eau variable suivant l'état de dessiccation de la plante,

de tissu parenchymateux,
d'amidon,

d'extractif muqueux,

de sucre,

de gluten,

d'albumine végétale,

d'extractif amer et âcre,

d'extractif oxigénable,

de résine,

d'acide malique,
de chaux,

d'acide muriatique.

Quelques essais analytiques sur la nature du vinaigre colchique, la seule composition de cette plante qui soit d'usage en médecine, terminent l'intéressant Mémoire des

chimistes italiens; il suit de leurs expériences, 1° que l'acide acétique enlève au colchique, de l'extractif amer et âcre, un peu de matière muqueuse et sucrée, peu d'acide malique, de chaux et d'extractif oxigénable; il faut ajouter ces substances à celles contenues dans le vinaigre ordinaire, telles que le tartrite acidule de potasse, le muriate de potasse, et l'extractif existant dans le vinaigre.

EXAMEN COMPARÉ

Des extraits de pavots cultivés aux environs de Paris et de Naples, et de l'opium d'Egypte;

PAR J. P. BOUDET.

DANS le N° 8 du Bulletin de Pharmarcie (1), en parlant de l'extrait des pavots cultivés en France, sans refuser à cette substance des propriétés analogues à celles de l'opium d'Egypte, nous avons indiqué le besoins d'expériences com

(1) En citant les divers procédés pour se procurer l'extrait d'opium muqueux ou séparé de sa résine et de son odeur vireuse, nous avons omis celui indiqué par M. Pesche, pharmacien à la Ferté-Bernard, lequel consiste (a) à dissoudre l'opium à froid dans une assez grande quantité d'eau, passer la dissolution à travers une étoffe de laine, évaporer lo liquide à moitié, passer de nouveau, réduire cette deuxième colature à la consistance pilulaire, puis traiter cet extrait par l'alcohol, précipiter cette teinture par l'eau distillée, filtrer, et recommencer jusqu'à ce que l'extrait ne contienne plus de résine, remettre enfin le liquide en consistance pilulaire, ou à l'état sec, sur des assiettes.

En réunissant les divers précipités obtenus, et les traitant par l'alcohol à la chaleur du bain de sable ou à celle communiquée par le soleil, M. Pesche se procure la résine d'opium, qu'il a soin de séparer du sel contenu dans cette substance, en laissant reposer un certain tems ses dissolutions résino-alcoholiques.

(a) Voyez Journal de Médecine, rédigé par M. Sédillot joune. Octobre 1806.

paratives entre ces deux produits, afin de voir si l'analyse chimique pourrait éclairer ce sujet.

Le médecin peut bien constater le degré d'énergie qu'il aura reconnu dans sa pratique à telle ou telle préparation; mais il est si peu de circonstances favorables à ce genre d'expériences, que nous ne savons pas encore si telle ou telle proportion d'extrait de France peut remplacer l'opium exotique.

En vain ai-je essayé sur des poules l'extrait de pavots cultivés aux environs de Paris, et préparé avec le plus grand soin; la dose de deux gros et même trois n'a paru altérer en rien leurs constitution. L'opium thébaique, il est vrai, a une action bornée sur les gallinacées, ainsi qu'il est prouvé par des expériences décrites dans les Annales de Chimie.

Le même extrait de pavots administré à un chien, à la même dose, ne lui a pas produit d'effets notables, tandis que l'extrait de pavots cultivés à Naples, donné à une dose plus faible, l'a mis dans un état d'agitation mêlé de douleurs vives, analogues à celles occasionnées par le poison.

Je vais rapporter quelques essais d'analyse comparée des trois extraits soumis aux expériences, après avoir donné successivement la méthode employée pour obtenir chaque produit. Je procédai d'abord à l'examen des capsules du papaver somniferum de Linnæus.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Des capsules vertes et fraîches cassées à l'extrémité de la tige, puis brisées par petits morceaux, séparés de la semence, furent mises en macération dans l'alcohol à 38 degrés pendant trois semaines. La liqueur ne tarda pas à prendre une teinte d'un beau vert-pomme; la surface des morceaux de capsules se décolora à mesure, et devint semblable à des feuilles mortes ; au bout des trois semaines, on jeta le mélange sur un linge, la liqueur passa claire,

de couleur vert-pomme foncée; le marc égoutte fut mis à la presse, la colature mêlée à la portion qui avait passé librement se troubla ; je filtrai, et j'obtins un liquide transparent de couleur jaune verdâtre. Je mis de suite ce liquide à évaporer dans une capsulé de porcelaine et à l'air libre afin d'éviter l'action trop forte du calorique, qui aurait eu lieu si on eût fait usage d'une cornue pour recueillir l'alcohol; quand la totalité du liquide fut réduite à la consistance de sirop clair, on vit nager, à sa surface, une matière comme huileuse, très-épaisse, d'un aspect noir, vue en masse, mais de couleur verte de feuilles, lorsqu'elle était étendue sur du papier. Le liquide amené à ·la consistance de sirop et mis à refroidir, la matièrè comme huileuse ci-dessus mentionnée se rassembla partie à la surface, et partie resta attachée aux parois de la capsule. Séparée du liquide au moyen d'un entonnoir à la manière des huiles essentielles, elle fut ensuite lavée dans l'eau distillée froide, dans laquelle elle s'est divisée sans s'y dissoudre ; seulement les premières doses d'eau ajoutées se colorèrent un peu par leur mélange avec la petite quantité du liquide dont cette substance était imprégnée. Le liquide de consistance visqueuse, moussant par l'agitation, donnait naissance à des globules irisés : il fut mis à évaporer après qu'on y eut ajouté les eaux de lavage de la substance particulière indiquée plus haut. J'obtins un liquide épais d'un jaune brun au fond duquel se déposèrent des espèces de cristaux mous, mais en si petite quantité qu'il na pas été possible d'en constater la nature. J'ai le projet de revenir sur cet objet.

T

La matière verte d'une saveur légèrement âcre brûlait facilement sur un papier gris, dont elle augmentait la flamme; elle ne s'allumait pas cependant sur la pointe d'un couteau passé à travers la flamme d'une bougie, mais elle se charbonnait complètement.

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L'alcohol la dissolvait en prenant une couleur verte
Пeme Année. - Mai.

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