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lumières qu'il doit posséder, par les connaissances qu'on exige de ses membres, ne puisse entrer avantageusement en concurrence avec quelques-uns de ceux qui sont admis à ces fonctions; je citerai une seule classe, celle des trois cents plus imposés domiciliés dans le département. Est-il juste de supposer qu'il ne puisse pas se trouver dans ces trois cents propriétaires des hommes dont les connaissances soient bien au-dessous de celles des membres d'un corps essentiellement instruit?

- Le Gouvernement est trop juste pour ne pas mettre à leur place des hommes dont les occupations, dans tous les tems, sont essentiellement vouées au progrès des sciences et au bon ordre dans la société.

RÉFLEXIONS GÉNÉRALES:

Sur l'eau considérée relativement à ses propriétés économiques.

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CE dissolvant général s'associe, se combine si essentiellement avec la matière nutritive, que non-seulement il augmente son effet, mais qu'il devient lui-même alimentaire ainsi l'eau dans le pain prend de la solidité, forme un quart, quelquefois un tiers de son poids; dans la bouillie ou polenta, elle y entre pour moitié, de même que dans les potages au gras ou au maigre; il est donc important que l'eau soit constamment de bonne qualité, puisque son influence sur la santé est de tous les instans du jour et de tous les jours de l'année.

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Une vérité qui n'est plus maintenant contestée, c'est que la saveur des eaux potables n'appartient pas aux matières salines, extractives et terreuses qu'elles peuvent contenir à leurs sources; ces matières y sont toujours en trop petite

quantité pour manifester leur présence sur l'organe du goût; elles deviennent seulement dans certaines circons tances un instrument de leur altération.

Cette saveur dépend absolument de l'air qui s'y trouve interposé or, plus cet air est abondant et pur, plus l'eau réunit de qualités pour servir avantageusement à tous les usages diététiques.

Pour approfondir toutes les propriétés de l'eau, qui nécessairement varient suivant les diverses formes qu'elle est susceptible de prendre depuis la consistance la plus solide jusqu'à la fluidité la plus parfaite, il faudrait l'avoir examinée dans l'état de glace, dans l'état liquide, dans l'état vaporeux, dans l'état gazeux; mais nous renverrons aux ouvrages qui l'ont considérée sous ces quatre formes distinctes, pour ne la considérer que comme la boisson principale des hommes et des animaux.

Caractères principaux des eaux potables.

La dégustation est pour la plupart des consommateurs un moyen peu sûr pour distinguer parfaitement la bonne qualité des eaux; l'habitude où ils sont d'en faire usage diminue nécessairement les impressions qu'elles exercent sur les organes. Mais lorsqu'il ne s'agit que de déterminer leurs effets relativement aux besoins ordinaires de la vie, on peut s'en rapporter aux signes suivans:

1o. D'être claire et limpide, sans odeur et sans couleur;

2o. D'avoir une saveur fraîche et pénétrante;

3°. De bouillir aisément sans se troubler ni former aucun précipité;

4°. De dissoudre complètement le savon et de nétoyer parfaitement le linge;

5o. De faciliter la cuisson des légumes, des herbes et des viandes ;

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6o. De ne point occasionner de dérangement dans les organes de la digestion;

7°. De dégager beaucoup de bulles d'air par la simple agitation dans des bouteilles;

8°. D'extraire avec facilité et sans altération l'arôme et les parties solubles des végétaux traités à l'instar des boissons théiformes et caféiformes;

9. De ne pas trop affaiblir la force et le montant du vin avec lequel on la mêle, toutes circonstances égales d'ailleurs;

10. Enfin, de posséder la faculté éminemment désaltérante.

Mais il s'en faut que les eaux des lacs, des étangs, des mares, des marais possèdent les conditions que nous ve→ nons d'énoncer; cependant leur qualité plus ou moins mauvaise n'appartient pas à la substance elle-même de l'eau, qui n'est pas susceptible de varier autant qu'il y a de rivières, de fontaines, de sources et de puits, puisque, sans opérer ni combinaison, ni décomposition, on peut rapprocher, assimiler toutes les eaux troubles, grisâtres, jaunâtres, d'un goût de bourbe, d'une odeur d'œufs pourris, à l'eau potable la plus parfaite,

Les moyens que nous avons à proposer pour corriger la mauvaise qualité des eaux et les rendre sur-le-champ propres à servir de boisson sans aucun inconvénient pour la santé, sont:

1o. L'épuration spontanée ;

2o. L'épuration par filtration;

3°. La désinfection et la clarification;

4°. Le mouvement;

5o. La chaleur du feu;

6°. L'addition du vin, du vinaigre et de l'eau-de-vie. Mais il existe quatre espèces d'eaux, qui, quoiqu'elles soient extrêmement claires et limpides et sans aucun mauvais goût, n'en exigent pas moins quelques précautions

pour en faire usage; elles sont partout praticables. Ces

eaux sont :

1o. Les eaux fournies immédiatement par les neiges et les glaces fondues;

2o. Les eaux de puits;

3o. Les eaux de citernes;

4°. Enfin, les eaux des petites rivières sans mouvement.

Épuration des eaux par résidence.

Rien de plus facile que de soustraire des eaux de rivière les matières terreuses qu'elles charrient souvent à la suite d'un orage ou après de grandes crues, et qui les rendent désagréables à la vue et au goût; il suffit de les laisser en repos dans un vase de grès ou de faïence plus haut que large, mais à découvert; car l'action de l'air est nécessaire pour opérer et compléter cette clarification spontanée.

Ce moyen simple, exécuté dans tous les ménages, remonte à la plus haute antiquité, il procure au pauvre la meilleure eau; mais le riche, qui désire la transparence cristalline, agréable à la vue, ne peut obtenir cet avantage que par la filtration; et, il faut l'avouer, c'est aux dépens de la qualité.

Épuration des eaux par filtration.

Indépendamment des fontaines sablées de terre ou de métal dont on se sert pour ce genre d'épuration, on a encore recours aux pierres désignées sous le nom de pierres à filtrer. Il y en a de plusieurs espèces; elles sont très-poreuses, parce que le grès entre pour la plus grande partie dans leur composition; on les creuse et on les remplit d'eau. Ce fluide s'insinue peu-à-peu entre leurs pores et se présente au-dehors sous la forme de gouttes assez claires qui tombent dans un récipient, sur lequel ces pierres sont posées,

On remarque, le premier jour de l'usage de ces pierres, que l'eau qu'elles filtrent a une saveur désagréable qui dépend des substances étrangères que ce fluide a dissoutes en traversant la pierre; aussi n'est-ce que quand l'eau qui coule n'a plus de saveur qu'on peut se permettre de l'employer comme boisson.

En général, les pierres à filtrer, quoique très-vantées, sont un mauvais moyen pour avoir de bonne eau; elles sont comme tous les filtres, qui, au bout d'un certain tems, ont leurs pores tellement obstrués par le limon que l'eau dépose, qu'ils ne permettent plus le passage du fluide. C'est à cet inconvénient sans doute qu'il faut principalement attribuer la défaveur où se trouve aujourd'hui ce genre de filtration.

Cependant, il faut l'avouer, tous les filtres, les fontaines établies pour produire le même effet, ne dépouillent pas seulement les eaux du limon bourbeux qui préjudicie à leur transparence, à leur odeur et à leur saveur, elle en sépare encore l'air, spécifiquement plus léger, dont partie ne s'y trouve qu'interposée et non dissoute; c'est cependant cette surabondance du fluide gazeux qui constitue leur légèreté, leur gratter, en un mot, leur supériorité. Peut-être existe-t-il un point de saturation au-delà duquel l'eau ne s'en charge plus. Le préjudice notable que la filtration apporte à la qualité de l'eau, c'est qu'à force de réitérer cette opération, on parviendrait à faire d'une eau qui serait légère, sapide et bienfaisante, une eau fade, lourde, comparable à celle qui aurait éprouvé la chaleur de l'ébullition ou qui proviendrait d'une eau de puits très-profond.

Il nous reste à indiquer le procédé que M. Cuchet a mis en vogue pour enlever à l'eau l'odeur infecte qu'elle contracte lorsqu'elle n'a pas eu de communication avec l'air, ou qu'on y a laissé séjourner des matières végétales ou animales, odeur qu'elle ne peut perdre que très-imparfaitement par la filtration, par le mouvement qu'on lui im

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