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qu'en servant à mieux voiler l'origine du sirop, elle ne contribue pas peu à battre en brèche ces préventions qui naissent de l'habitude, et que fortifient quelques mauvaises préparations qu'on en a faites. Quelque simple et facile que soit l'exécution du procédé si clairement décrit par M. Parmentier, il demande certains soins dont on se dispense trop souvent, non-seulement dans les ménages où cette préparation est devenue générale, mais encore dans quelques pharmacies. Au lieu d'une liqueur sucrée, transparente, à peine colorée et capable de flatter également l'œil et le palais, on n'y obtient fréquemment qu'un liquide épais d'une teinte foncée, dans lequel on retrouve un goût d'extrait de raisin et une douceur irritante bien faite pour repousser les organes appréciateurs. J'ai vu des personnes mettre en doute que les sirops de M. Privat fussent uniquement fabriqués avec du moût de raisin, sans doute parce qu'elles n'en avaient vu jusque-là que de ceux qui portent le cachet de leur origine assez fortement empreint pour que les moin's attentifs ne puissent le méconnaître, tant est grande la différence entre tel sirop et tel autre.~ La supériorité de ceux de la fabrique de Meze ne dépend d'aucune pratique particulière, mais bien plutôt de l'excellence du moût qu'on y emploie. On y suit purement le procédé de M. Parmentier, mais il est dirigé avec une sagacité digne d'éloges. On s'est sur tout appliqué à la concentration rapide du moût: la forme des chaudières à larges surfaces et peu de profondeur, ila disposition des fourneaux où l'on peut exciter tout-à-coup le feu ou l'ar rêter à volonté, un prompt refroidissement pour le passage des sirops. à travers les sinuosités d'un grand serpentin suffisamment réfrigère, telles sont les principales précautions qu'on y prend pour que le sirop reste le moins possible soumis à l'action de la chaleur. On y est parvenu à compléter: sa cuisson, en ne le tenant qu'environ deux heures sur le feu ; et avec fort peu de développement

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dans l'atelier, on en prépare trente quintaux par jour. C'est avoir beaucoup gagné en célérité, et la célérité est dans ce cas un des élémens de la perfection.

Toutes ces conditions avaient été indiquées par M. Parmentier. M. Privat convient que sa réussite est uniquement le fruit des conseils qu'il a puisés dans l'Instruction de ce savant, et que le fabricant, après l'avoir bien méditée, n'a pu aspirer qu'au mérite de ne point gâter ses avis. Un pareil hommage, rendu par la reconnaissance, fait l'éloge de M. Privat, et double en quelque sorte le mérite qui lui appartient bien véritablement, d'avoir apprécié l'impor tance de cette fabrication, et de s'en être occupé si heu→ reusement. Ses sirops méritent, à bon droit, d'être placés parmi les plus parfaites productions de ce genre. J'ose croire que les consommateurs leur accorderont le degré d'estime qu'ils me paraissent mériter, et que si cette nou velle acquisition de l'industrie nationale peut espérer quelques perfectionnemens d'une fabrication exécutée dans de vastes proportions, elle doit attendre des résultats très favorables du zèle et de la sagacité que M. Privat apporte à suivre cette entreprise et à améliorer tous ses détails,

Pour vous mettre à portée de prononcer vous-même sur la qualité des sirops préparés à la fabrique de Meze, j'ai pris le parti de vous en adresser, par la voie du roulage, un échantillon, et je suis impatient d'apprendre ce que vous en pensez.› Je crois que, dans tous les cas, une pe→ tite émulation qui naîtrait sur divers points de l'Empire, ne pourrait que servir efficacement le perfectionnement de cette nouvelle et utile fabrication. Vous trouverez ci-joint la circulaire de M. Privat, avec l'état des frais de futailles et de port tel qu'il me l'a transmis. Il me prévient dans sa dernière lettre, qu'il continue d'être très-satisfait du débit et que son approvisionnement sera bientôt épuisé. Enfin, il m'ajoute qu'il ne peut faire qu'un rabais de cinq pour cent des prix indiqués dans sa circulaire, et seulement

en faveur des établissemens qui en prendront de certaines quantités.

CIRCULAIRE.

Sirops doux et acides de raisin de la fabrique de M. PRIVAT aîné, à Meze, département de l'Hérault.

Le sirop qui provient du moût de raisin est incontestablement reconnu aujourd'hui comme propre à suppléer le sucre de cannes dans les principaux usages de la médecine et de l'économie domestique; on ne doit plus douter que cette nouvelle production nationale ne soit à l'avenir, ainsi que l'a si heureusement qualifiée M. Parmentier, le sucre de ménage, lors même que des circonstances favorables amèneraient une diminution sensible dans le prix du sucre. Les départemens méridionaux de l'Empire jouiront particu lièrement de ces avantages, l'influence du climat et l'espèce de vigne qu'on y cultive le leur assurent. Pénétré de cette vérité, et voulant mettre à profit les instructions de M. Parmentier, j'ai elevé une fabrique assez considérable pour fournir à la consommation 2,000 quintaux de sirop de raisin bien conditionné. Rien n'a été négligé pour assurer le succès d'une pareille entreprise. D'après l'aveu de ceux qui en ont déjà fait usage, j'ai lieu de m'applaudir du travail auquel je me suis livré; mes sirops sont exempts du goût de mélasse et de caramel qu'on a reproché avec raison à la généralité des sirops préparés l'année dernière : leur couleur est d'un blond agréable à l'œil.

Le défaut de maturité des raisins de la dernière vendange m'a présenté des obstacles sans nombre; il s'en est suivi une diminution sensible dans les produits de la matière sucrante. Cette circonstance et la hausse subite du prix des vins m'ont forcé de porter le prix de mes sirops à 70 francs les 50 kilogrammes, ou 60 francs le quintal net, ancien poids de Languedoc. J'expédierai, pour la commodité du consommateur, en futaille de toute grandeur, de➡

puis 25 et 50 kilogrammes. Les futailles, conditionnées et pantalonnées, c'est-à-dire cerclées d'un bout à l'autre avec quatre cercles de fer aux grosses pièces et deux seulement aux moyennes, se paient à part; savoir : Celles du poids de 20 quintaux,

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. 40 fr.

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La voiture, de Mèze à Paris, 11 fr. le quintal brut : ce prix est susceptible de quelques variations. Les ordres qu'on voudra bien m'adresser seront ponctuellement exécutés et avec soin.

Note des Rédacteurs.

Nous avons soumis à quelques épreuves les sirops provenant de la fabrique de M. Privat, que M. Anglada a eu la complaisance de nous adresser, et nous les avons trouvés conformes à l'opinion que ce professeur distingué en donne dans la lettre qu'on vient de lire. C'est avec plaisir que nous la partageons.

Sirop acide. Nous l'avons mis en parallèle avec du siгор de verjus fait au sucre, et nous l'y avons trouvé trèsanalogue.

Sirop doux. Ce sirop nous a paru très-agréable; nous croyons seulement qu'il est indispensable de le cuire davantage pour le conserver et faciliter son transport à de longues distances dans la saison des chaleurs. Ce sirop froid ne marque à l'aréomètre que 30 degrés ; il serait bon de le porter à 33.

Il est fâcheux que la température froide qui a constamment régné en France cette année ait occasionné d'aussi tristes vendanges; nulle part le raisin n'a complétement

réussi; partout le moût a donné un tiers de moins en produit. Or, si dans une année aussi défavorable on a pu obtenir de bon sirop, que doit-on espérer quand la saison. sera plus traitable? il serait à désirer qu'il y eût à Paris, dans divers quartiers, des dépôts de sirop de raisin, etqu'il s'y vendît par taupette, comme à Marseille, à Toulon et à Montpellier. Nous invitons donc les fabricans de Meze et de Bergerac à mettre les habitans de la capitale à portée de profiter de cette utile ressource.

Observation sur la préparation de l'amadou en Espagne, envoyée à M. PARMENTIER par M. BERTRAND, pharmacien-major de l'armée à Madrid.

J'AI l'honneur de vous adresser, Monsieur l'inspecteur, un échantillon de l'amadou généralement employé par les Espagnols; il se sèche promptement, la manipulation n'en est pas difficile ni coûteuse, L'agaric, employé en France, est préparé avec la poudre à canon, ou avec le nitre et le charbon; les procédés, pour amener l'amadou de France à une grande ductilité, occupent long-tems les ouvriers pour le battre; il durcit à l'air et prend feu très-difficile-ment lorsqu'il est revenu à son premier état d'induration; il salit les doigts et dessèche fortement la poitrine des fumeurs qui excitent la combustion à l'aide de l'air de leurs poumons. L'amadou d'Espagne ne renferme aucun corps étranger; il n'a par conséquent point le même inconvénient. Il provient de la fleur du chardon, Echinops strigosus. L. Carduus tomentosus capitulo majore...

La totalité de la fleur de ce chardon, enlevée lors de sa maturité, étant desséchée au soleil, on la bat légèrement entre des feuilles de parchemin; vous pouvez vous assurer, par la couleur du tissu de l'échantillon, que la préparation ne change guère la nature de la plante. Cet amadou brûle

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