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Inspecteurs sont aux principaux chantiers, savoir: Balboa, Ancon, Corozal, Miraflorès, Pedro-Miguel, Paraiso, Culebra, Empire, Las Cascadas, Bas Obispo, Matachin, Gorgona, San Pablo, Tabernilla, Mitchelville, Gatun, Porto Bello, ce qui fait 17 districts sanitaires.

Les Inspecteurs ont en mains un livre d'instructions très complètes sur les méthodes de visites, les règles de construction des maisons et des grillages à leurs ouvertures, la disposition des cabinets et des fosses, la désinfection et la fumigation, etc. Ils ont ainsi, en 1911, visité 16.867 maisons, désinfecté 239 d'entre elles, employé 646.779 gallons d'huile brute et 123.155 gallons de larvacide, détruit 9.658 rats (au moyen de 413 pièges placés quotidiennement). Dans le premier semestre seul de 1912, ils disent avoir détruit dans les maisons 117.630 anophélines adultes et 77.992 culicines adultes ! Pendant le même semestre, ils ont puni 159 personnes pour violation des prescriptions hygiéniques.

Toutefois, dans la zone du Canal ce n'est pas le service sanitaire qui coupe les herbes et les broussailles, qui répare les grillages aux bâtiments ou qui enlève les ordures ménagères : il requiert pour ces besognes le service du quartier-maître qui en est chargé. Le drainage des terrains marécageux (ouverture et entretien de fossés) est fait par le service de la construction que les Inspecteurs sanitaires requièrent toutes les fois qu'ils le jugent utile. C'est ainsi que les trois divisions de la construction ont exécuté, pendant les douze mois du 1er juillet 1911 au 1er juillet 1912, les travaux ci-après :

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DÉPENSES FAITES PAR LE SERVICE SANITAIRE. Comme on l'a vu, le « Sanitary Départment » se charge d'un grand nombre de services: soins aux malades, hôpitaux et dispensaires, quarantaines, nettoyage des rues, drainages, ordures ménagères, cimetières, enterrements, traitements des ministres du culte, etc. Aussi, en y comprenant ce qu'il rembourse au service de construction, n'évaluet-on les dépenses qu'il fait pour la salubrité proprement dite qu'au quart de ses dépenses totales, et le Colonel Gorgas fixe ainsi à 365.000 dollars par an le montant des sommes dépensées en moyenne pour la << Sanitation ». Cela fait pour les 150.000 habitants de la zone environ 1 cent par tête et par an, et pour les dix années de travail des Américains une proportion de 1 % des dépenses de construction du Canal. Les soins aux ouvriers et employés malades et à leurs familles auront coûté à peu près deux fois et demi plus.

MESURES SANITAIRES PROPREMENT DITES

Le Service américain subdivise son œuvre en cinq parties, qui sont par ordre d'ampleur des travaux : lutte contre la malaria, lutte contre la fièvre jaune, défense contre la peste, lutte contre la fièvre typhoïde et la dysenterie, mesures diverses. Je suivrai le même ordre (en réunissant l'alimentation en eau et les égouts au paragraphe de la fièvre typhoïde et dysenterie).

1° Lutte contre le paludisme ou malaria.

Comme on l'a vu ci-dessus, si cette maladie a une très faible mortalité, elle a une morbidité très élevée et frappe presque tout le monde à Panama, ce qui conduit à une très forte proportion d'hospitalisés et, par suite, à de grosses dépenses. Comme, en outre, elle règne sur une très grande partie du globe (entre le 60o de latitude Nord et le 40o de latitude Sud, car il faut au moins 15° pour le développement du parasite dans le moustique), soit durant toute l'année pour les pays tropicaux, soit seulement pendant la saison chaude pour les pays tempérés (1), il est très important que les Ingénieurs sachent l'éliminer autant que possible des chantiers.

(1) L'Algérie, la Tunisie et le Maroc sont dans ce cas.

ETIOLOGIE.

La malaria est une maladie parasitaire produite par la pullulation dans le sang humain de sporozoaires (hématozoaires ou plasmodies), qui font dans ce sang leur évolution asexuée (schizogonie), tandis qu'ils font leur évolution sexuée (sporogonie) dans le corps de certains moustiques, de la classe des Anophélines principalement l'homme est donc l'hôte temporaire du parasite, alors que le moustique en est l'hôte définitif. Cette évolution est figurée ci-contre (fig. 2).

Il résulte de là que la maladie n'est pas contagieuse directement d'homme à homme (il faudrait pour la transmission directe inoculer du sang infecté dans les vaisseaux de l'homme sain), mais qu'elle l'est indirectement par l'intermédiaire des Anophélines. Les femelles de ces invertébrés, ayant besoin, pour la réussite de leurs œufs, d'absorber le sang d'un vertébré, piquent l'homme et s'il est paludéen sucent avec son sang les hématozoaires; ceux-ci, après s'être multipliés dans le corps du moustique, infectent ses organes et notamment les glandes salivaires et l'estomac de leurs corps reproducteurs (sporozoïtes), et quand l'anophéline pique à nouveau, et cette fois un homme sain, ce dernier se trouve inoculé par le déversement simultané dans la piqûre du contenu des glandes salivaires et des diverticules œsophagiens.

La dissémination de la maladie dans un pays dépend donc de deux facteurs la présence d'hommes déjà paludéens, qui deviennent les sources ou réservoirs de virus où les moustiques puisent les germes parasitaires; l'existence et la multiplication des anophélines eux-mêmes, qui se font les vecteurs des parasites et en infectent les hommes sains. On conçoit, dès lors, pourquoi la marche et l'extension de la malaria sont sous la dépendance directe de la pullulation des anophélines, et pourquoi toute la prophylaxie consiste presque dans la suppression de ces moustiques: aussi est-il indispensable de connaître les mœurs et le mode de reproduction de ces êtres.

L'attitude et les transformations des anophélines et des culicines (ces derniers propagent la fièvro jaune) sont représentées par la figure 3, qui permet de les différencier. Les adultes sont des animaux nocturnes qui voltigent et piquent depuis un peu avant le coucher du soleil jusqu'au matin (cependant quelques-uns, sans doute des

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Fig. 2 Evolution du parasite du paludisme (d'après M. Sergent).

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femelles fraîchement écloses, piquent parfois en plein jour); ils passent le jour dans des endroits obscurs (hangars, écuries, arbres et broussailles, grandes herbes, etc.). La copulation se fait au crépuscule. La femelle peut piquer plusieurs fois, à huit jours d'intervalle : elle peut vivre plusieurs mois et même hiverner et ne pondre qu'au printemps. C'est pourquoi dans les pays tempérés, ce n'est qu'à la saison chaude que se fait la multiplication des moustiques; dans les pays tropicaux, elle dure toute l'année et ne subit que des variations résultant des pluies ou de la sécheresse.

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Les œufs des moustiques sont des ovoïdes allongés, de 0,6 à 0mm, 8 de long sur 0mm,15 de plus grande largeur diamétrale, qui, à raison de 200 à 300 par ponte, sont déposés sur une surface d'eau dans les premières heures de la matinée: ceux des culicines sont accolés en paquets (en forme de radeau), tandis que ceux des anophélines sont pondus isolés et sont en séries linéaires. Ils éclosent deux à cinq jours après, et donnent des larves qui vivent dans l'eau, mais doivent venir respirer l'air à la surface, cette différence que celles des culicines étant munies d'un siphon respiratoire peuvent être presque entièrement immergées, tandis que celles des anophélines ne peuvent respirer qu'en tenant leur corps entier à fleur d'eau. Les larves ne peuvent pas respirer quand la surface de l'eau est fortement agitée ou quand elle est recouverte d'une couche d'huile, même très mince de là l'innocuité des eaux courantes et le moyen de détruire les larves par le pétrolage des eaux stagnantes.

Les larves mettent dans les pays tempérés 15 à 20 jours à se développer leur taille passe ainsi de 1 à 10 millimètres. Elles deviennent alors des nymphes, qui restent de 4 à 7 jours (sans se nourrir) et se transforment en insectes adultes (imago). Il résulte de là que de l'eau qui resterait moins d'une quinzaine sur le sol (comme dans l'irrigation par submersion) ne serait pas dangereuse, les œufs ne pouvant arriver à la fin du développement; mais il faut tenir compte que dans les pays tropicaux, comme à Panama, la durée de ces deux évolutions est singulièrement réduite (parfois de moitié). Les herbes aquatiques, en empêchant l'agitation de l'eau, sont très favorables aux moustiques; les grandes surfaces, comme

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