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soldat, dans le 4me bataillon du BasRhin, en 1792, et fut nommé, en 1793, capitaine commandant la compagnie de canonniers de ce bataillon. A l'affaire de Jokrim, près Rhinzabern, il fut fait prisonnier; mais il parvint, par son courage, à se dégager des mains de l'ennemi, et, aidé de quelques canonniers, il ramenaà Lauterbourg deux pièces d'artillerie, laissées sur le champ de bataille. Ses services furent honorablement appréciés par les généraux Desaix, Lariboissière et Dorsner. Passé aide-decamp du lieutenant-général Lecourbe, sa bravoure, dans les journées des 27, 28 et 29 thermidor an 7, le fit nommer, sur le champ de bataille, chef de bataillon par Masséna, général en chef de l'armée d'Helvétie. Le 27 il franchit, à la tête de trois compagnies de grenadiers, le pont de la Mutthen, près Schwitz, en Suisse, sous une grêle de mitraille et de balles. Il se distingua également aux batailles de Moerskirch, Memmingen et Neubourg, en l'an 8; il commandait alors le 3me bataillon de la 84 demi-brigade. Le 18 vendémiaire an 9, il fut désigné pour commander les troupes chargées d'exécuter le passage de l'Inn, à Neuperg, près Rosenheim; il gagna le premier la rive opposée. Après la paix d'Amiens, il fut envoyé à la Martinique avec son bataillon, et il y fut nommé, en 1805, colonel du 82me régiment. Il eut une part glorieuse à tous les combats qui furent livrés aux Anglais lors de la prise de la colonie, en 1809. Prisonnier de guerre, il fut rendu sur parole, rentra en Frauee et passa en Espagne en 1810,

après son échange, pour y prendre le commandement des bataillons de son régiment; nommé général de brigade, le 6 août 1811, il fit avec une grande distinction les campagnes d'Espagne et de Portugal, et fut remarqué aux différentes affaires sur la Bidassoa et devant Bayonne. Appelé avec la division Leval à la grande-armée, en Champagne 9 au commencement de 1814, il rendit d'éminens services dans les journées de Barsur-Aube, Arles-sur-Aube, Troyes, etc. Le roi le nomma, le 14 mars 1815, commandant du département de Seine-et-Marne; il passa ensuite au commandement de celui de la Meurthe, d'où le lieutenant-général comte Lecourbe, commandant alors en chef le corps d'observation du Jura, l'appela près de lui pour être chef d'étatmajor-général. Son activité contribua aux avantages que remporta ce faible corps sur les Autrichiens. Depuis cette époque le général Montfort a eu plusieurs inspections d'infanterie. Le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, juste appréciateur du mérite, lui confia, en 1819, le commandement de l'école militaire préparatoire de La Flèche, où il déploya des-connaissances supérieures dans l'art difficile d'élever la jeunesse. Sévère, mais juste, il se fit chérir des éléves, comme lui-même, lorsqu'il était sous les drapeaux, s'était fait aimer par son courage et son intelligence, de ses camarades et de ses chefs. Il eut constamment l'estime des généraux Desaix, Lecourbe et Moreau. Une paralysie, qu'il contracta dans l'école militaire de La Flèche et qui le priva d'abord

de la vue, le força de se démettre de son emploi, en 1821; elle l'a ravi à ses amis et à ses frères d'armes, le 2 janvier 1824. Sa dépouille mortelle a été déposée au cimetière de l'Est (dit du P. Lachaise), à Paris. MONTGAILLARD (MAURICEJACQUES-ROQUES DE), est né à Toulouse vers 1770. Au sortir de ses études, qu'il fit au collège de Sorèze, il entra dans la carrière militaire, et passa en Amérique; il renonça bientôt à cet état, revint en France, et se retira à Brest. Il y resta jusqu'au moment où la révolution éclata. Il se rendit alors à Paris, sortit de France après le 10 août 1792, y revint quelque temps après, et ne tarda pas d'en sortir de nouveau. Les troupes autrichiennes l'arrêtèrent en Flandre, le conduisirent à Ypres, et ensuite à Tournay, où il eut une audience de l'empereur François. Il ne passa en Angleterre que deux mois après, en juin suivant, et prit à cette époque le titre de comte. D'abord on le regarda comme un émissaire du parti dominant; néanmoins il fit quatre mois de séjour dans le pays, et les journaux publièrent qu'il en avait été renvoyé ce bruit s'accrédita à Paris, et ne fut point démenti. M. de Montgaillard se réfugia d'abord à La Haye; forcé bientôt d'en sortir, il alla à Brucksal, fut présenté au prince de Condé, et lui offrit ses services, qui furent acceptés. On négociait alors avec Pichegru. M. de Montgaillard, en possession de la confiance du prince, eut ordre de rédiger les propositions qui furent faites à ce général, au mois d'août 1795. Monsieur (aujourd'hui S. M.

Louis XVIII) arriva de Vérone au quartier-général de Reigel, le 28 avril 1796. M. de Montgaillard partit d'Offenbourg, où il se trouvait alors pour aller rendre compte de la négociation au prince, qui parut satisfait du tableau qu'il avait dressé de tout le travail, et qui, dit-on, lui en témoigna sa satisfaction par une lettre écrite de sa main. Ce premier succès lui valut d'autres missions, soit pour M. Wickam, soit pour l'archiduc Charles, dans lesquelles il donna de nouvelles preuves de son adresse; mais ce zèle changea tout-à-coup de direction après la reddition du fort de Kehl; il renonça à des négociations devenues, rapporte-t-il lui-même, « un » ensemble d'intrigues, de manœu>>vres sourdes, de dilapidations >> ministérielles et particulières. >> M. de Montgaillard fit plus : il révéla les secrets du parti qu'il avait servi, et les dévoila aux chefs du parti contraire. Dans le même temps, il continua de se ménager la confiance du prince de Condé, et parut se prêter aux desseins de M. d'Entraigues, agent des princes à Venise, et cependant M. de Mongaillard représente, dans ses Mémoires sur la conspiration de Pichegru, le comte d'Entraigues comme un homme sans cesse occupé des moyens de lui nuire, et de le perdre même, s'il eût pu y parvenir; et c'est pour se dérober à ses vengeances qu'il aurait été habiter la Suisse, où le prince de Condé, sur sa demande, eut la générosité de lui faire payer ses frais de voyage et ses avances, ce qui ne l'empêcha pas de paraître encore à

l'armée pendant les cinq premiers mois de l'année 1797. Il se retira ensuite à Soleure, d'où il reçut bientôt l'ordre de sortir. Dégoûté, en apparence, de cette vie vagabonde, il annonça le dessein de rentrer en France. Le prince de Condé, qui en fut instruit, lui dépêcha le marquis de Montesson pour lui redemander les papiers qui prouvaient les différentes missions dont il avait été chargé. Non-seulement M. de Montgaillard s'y refusa, mais il remît tout ce qu'il possédait de la correspondance des princes au ministre de la république française, Roberjot. Ces faits ne peuvent être révoqués en doute, quand c'est M. de Mongaillard lui-même qui prend soin de nous en instruire, dans la vue de prouver que ses Mémoires concernant la trahison de Pichegru, ont été rédigés antérieurement au procès de ce général. Le comte d'Entraigues ayant été arrêté à cette époque å Trieste, et ses papiers, contenant les détails de tout ce qu'avait dévoilé M. de Mongaillard, lui ayant été enlevés, il paraîtrait que le gouvernement français y vit la nécessité d'un changement, qui s'opéra par le 18 fructidor; aussi M. de Montgaillard, sans doute en reconnaissance de la part qu'il avait prise à cet événement, rentra en France après le 18 hrumaire, et reparut à Paris, au mois de novembre 1801. Une situation tranquille convenait peu à un homme qui avait jusque-là vécu dans la plus grande agitation; bientôt il fut arrêté et enfermé au Temple, d'où il sortit néanmoins quelques mois après. Perdant sa détention

au Temple, il avait obtenu sa radiation de la liste des émigrés. En 1804, le gouvernement français se servit de la plume de cet écrivain pour composer l'ouvrage intitulé Mémoires secrets de M. de Montgaillard. Il reçut pour récompense un traitement de 24,000 francs, qui fut réduit à 12,000 l'année suivante, puis à 6,000, jusqu'à ce que ses services eussent cessé d'être utiles. On l'avait perdu de vue, lorsqu'en 1814, au moment du rétablissement du gouvernement royal, il reparut sur le scène politique pour repousser les allégations extrêmement graves que M. Gallais s'était permises dans son Histoire du 18 brumaire. Il y est dit que l'ancien agent des Bourbons, M. de Montgaillard, avait été envoyé en Angleterre par le premier consul Bonaparte pour les assassiner. U– ne attaque en calomnie fut dirigée contre l'auteur devant les tribunaux; mais il se rétracta, et l'affaire n'eut pas d'autre suite. Quelque chose de bien plus surprenant s'était répandu dans le public peu de jours avant ce procès: on prétendait que M. de Montgaillard avait été jusqu'à Compiègne au-devant du roi. Nous certifions que le souverain n'a pas trouvé depuis ce moment d'admirateur plus prononcé. Pour établir la sincérité de sa nouvelle conduite, il dut justifier celle qu'il avait précédemment tenue; la tâche était difficile. Il crut l'avoir remplie, dans un ouvrage où il parle ainsi des Bourbons : «Il fal>> lait dénaturer leur caractère pour >> assurer la restauration de leurs » droits. Je dois frapper de faux,

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» effacer et détruire tout ce qui a >> été publié sous mon nom d'at»tentoire à la vérité, à la sainteté >> du caractère du roi Louis XVIII, >> de son auguste frère, et de tous » les princes de cette auguste ra>> ce.... J'ai dit ces choses; et si » pour inspirer plus de confiance >> aux usurpateurs du trône des >> Bourbons, ileût fallu multiplier, » aggraver ces sacrilèges mensonges, j'aurais ajouté, sans hési>>ter, de nouvelles fictions à tou»tes celles qui ont été imprimées » par ordre de l'empereur Napo» léon. En signant de tels blasphê»mes politiques, j'ai fait à mon »roi le plus immense sacrifice; » mais sa restauration l'exigeait. M. de Montgaillard avoue cependant, en parlant de sa justification: « Elle n'est point encore à son point d'évidence et de maturité. » Prenant ensuite un ton plus modeste, il ajoute : « Je ne me flatte » pas d'avoir puissamment contri» bué à la restauration de la monarchie; mais j'ose croire être un >> des instrumens qu'il a plu à la >> Providence de ne pas rendre >> tout-à-fait inutiles à cette restau>>ration véritablement européen»> ne; j'ose encore espérer quel'his>>toire me conservera le titre de >>bon Français, de sujet fidèle, » puisque j'ai été assez malheureux » pour être obligé de rendre mon »nom public. » Au reste, M. de Montgaillard ne renonce pas à se justifier pleinement; il annonce, dans son ouvrage intitulé de la Restauration des Bourbons et du Retour à l'ordre, d'où les passages ci-dessus sont extraits, la publication d'environ mille pièces de correspondance, qui ne laisse

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ront rien à désirer pour cet objet. En attendant, il est exposé aux démentis formels que lui portent des hommes dont il invoquait le témoignage, entre autres M. de Guilhermy. M. de Montgaillard a publié 1 État de la France au mois de mai 1794, Londres, 1794, in-8°; 2° Suite de l'État de la France, 1794, in-8°; 3° Nécessité de la guerre et dangers de la paix, 1794, in 8°; 4° Ma Conduite pendant le cours de la révolution, 1795, in-8°; 5° l'An 1795, ou Conjectures sur les suites de la révolution française, 1795, in-8°; 6° Mémoires concernant la trahison de Pichegru, dans les années 3 à 5, Paris, 1804, in-8°; 7° la France sous le gouvernement de Bonaparte, 1804, in-8°; 8° Mémoires secrets de Montgaillard pendant les années de son émigration, 1804, in-8°;9°du Rétablissement du royaume d'Italie sous l'empereur Napoléon, et des droits de la couronne de France sur le duché de Rome, 1809, in-8°; 10° Situation de l'Angleterre en 1811, in-8°, 1811; 11° Seconde guerre de Pologne, ou Considérations sur la paix publique du Continent, et sur l'indépendance maritime de l'Europe, 1812, in-8°; 12° de la Restauration de la monarchie des Bourbons et du retour à l'ordre, 1814, in8°; 13° Lettre à M. Raynouard sur le projet de loi relatif à la liberté de la presse, 1814, in-8°; 14° Seconde lettre, 1814, in-8°; 15° de la Calomnie publique et périodique, 1814, in-8°. Une Histoire secrète de la cour de Coblentz a été réimprimée sous son nom, 1814, in-8°. La première édition portant le nom de Rivarol, on serait disposé

à croire, jusqu'à plus ample éclaircissement, que cet ouvrage n'est pas de M. de Montgaillard.

MONTGELAS (MAXIMILIEN-JOSEPH, Comte de), premier ministre de Bavière et l'un des hommes d'état les plus célèbres de l'Allemagne, est né à Munich, en 1759, d'une famille originaire de Savoie, qui était depuis long-temps établie en Bavière. Après avoir fait dans sa première jeunesse plusieurs voyages en France, il embrassa l'état militaire; mais il le quitta peu de temps après pour suivre la carrière diplomatique, où il obtint de rapides succès. Il fut nommé, en 1777, conseiller à la cour de Munich, et chambellan en 1779. Appelé, en 1785, auprès de Charles II, duc des Deux-Ponts, il sut se concilier l'estime et l'ami

tié du prince Maximilien-Joseph, qui le combla, par la suite, de faveurs. Il suivit ce prince à Munich lors de son avènement au trône, et fut chargé des portefeuilles du ministère des affaires étrangères et des finances. Diverses innovations qu'il introduisit dans l'administration, en lui attirant de nombreux ennemis, lui acquirent la réputation d'avoir comme diplomate un mérite supérieur. Il attaqua surtout avec vigueur les abus qui s'étaient introduits dans les ordres religieux, priva quelques couvens de leurs énormes revenus, et opéra des réformes utiles dans les lois de la Bavière. C'est en vain que ses ennemis cherchèrent à le combattre. Le comte de Montgelas, sûr de l'approbation de son souverain, fit peu d'attention à leurs clameurs, et marcha tranquillement à son but. En 1806, il joignit le porte

feuille de l'intérieur à ceux qu'il avait dejà, et reçut, en 1809, en récompense de ses nombreux services, le titre de comte. C'est ce ministre qui par sa prédilection éclairée pour la France, détourna de la coalition des puissances étrangères, le roi Maximilien, et l'engagea à conclure un traité entre ce prince et l'empereur Napoléon, dont il seconda les vues jusqu'en 1814, époque où le parti opposé à M. de Montgelas commença à dominer dans les délibérations de la cour de Munich. Depuis lors, le crédit du ministre alla toujours en déclinant la chute de Napoléon augmenta l'espoir de ses ennemis, qui mirent tout en œuvre pour le renverser. Le maréchal de Wrède parut à leur tête, et ne craignit pas de se signaler par une agression injuste. Il publia contre le ministre un pamphlet intitulé: de la Bavière sous le gouvernement du ministre Montgelas; celui-ci réfuta avec beaucoup de modération et de sagesse les faits avancés par son adversaire, dans une brochure qu'il fit paraître sous le titre: Le ministre comte Montgelas sous le gouvernement du roi Maximilien. Le triomphe des ennemis de ce ministre ne fut pas d'abord aussi complet qu'ils s'y attendaient; néanmoins cette intrigue porta un coup funeste à l'autorité de M. de Montgelas, et il eut même le chagrin de se voir préférer le maréchal de Wrède, comme ministre du roi de Bavière au congrès de Vienne. Il parut rentrer en faveur sur la fin de 1814, mais ce retour de fortune dura peu, et il sortit du ministère, le 2 février 1817, avec une pension de 50,000 florins. Il

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