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mière classe de cette garde, il obtint la croix de la légion-d'honneur. Il s'était fait aimer de ses chefs par son mérite personnel et par son amour pour ses devoirs, et des soldats par son humanité. Il allait leur prodiguer ses secours jusque sous le feu de l'ennemi, et nombre de fois il faillit devenir la victime de ce zèle infatigable. Mouton mourut, jeune encore, en 1814; il a publié plusieurs ouvrages et donné quelques articles importans au Dictionnaire des Sciences médicales.

MOUTON-DU-VERNET (LE BARON), lieutenant-général, commandant de la légion-d'honneur, membre de la chambre des représentans, et gouverneur de Lyon, dans les cent jours, en 1815, suivit avec distinction la carrière des armes, et était major du 64° régiment d'infanterie de ligne, qui fit les campagnes de Prusse et de Pologne. Le 10 février 1807, il fut nommé colonel dú 63° régiment. Appelé à l'armée d'Espagne, il y donna de nouvelles preuves de bravoure et de talens, et mérita, au combat de Cuença, le grade de général de brigade, auquel il fut promu peu de temps après; il obtint par les mêmes moyens le grade de général de division, qu'il reçut le 4 août 1813. Il fit avec éclat les célèbres et malheureuses campagnes d'Allemagne et de France en 1814. Pendant les cent jours, en 1815, il devint membre de la chambre des reprétans. Ses discours à la tribune nationale ont servi, après le second retour du roi, de motifs à sa mise en jugement et à sa condamnation. Compris dans l'ordonnance

royale du 24 juillet (1815), il fut obligé de quitter Lyon, dont Napoléon lui avait confié le gouvernement, le 2 du même mois, et de se soustraire par la fuite au conseil de guerre, devant lequel il devait être traduit. Préférant s'abandonner à toute sa mauvaise fortune plutôt que de mener une vie qui convenait si peu à son caractère, il cessa de prendre pour sa sûreté les précautions que ses amis avaient en quelque sorte prises pour lui. Découvert et arrêté à Montbrisson, dans les premiers jours de mars de 1816, il fut transféré à Lyon, et livré au conseil de guerre, qui le condamna à mort le 19 juillet. On remarqua généralement que sa défense fut simple et noble, et exempte de faiblesse comme d'ostentation. Il appela de ce jugement au conseil de révision, qui le confirma. Conduit au lieu de l'exécution le 26, à cinq heures du matin, il mourut avec le courage et le sang froid qu'il avait si souvent déployés sur le champ de bataille.

MOUTONNET-CLAIRFONS (JULIEN-JACQUES), homme de lettres, censeur royal, membre des académies de la Crusca, de Lyon, de Rouen, etc., naquit au Mans, département de la Sarthe, vers 1740, d'une famille honorable, mais peu riche, et il ne dut son éducation qu'aux soins et aux sacrifices d'un oncle, curé d'un village aux environs du Mans. Il termina des études distinguées chez les oratoriens, et vint à Paris pour y rendre ses talens utiles et acquérir des moyens d'existence qu'il ne pouvait espérer que de son travail. C'est pendant son voyage, qu'il fut obligé

de faire à pied, qu'il prit le surnom de Clairfons, d'une fontaine près de laquelle il s'était reposé, et qui l'avait désaltéré dans le moment où il éprouvait une soif extrême; il avait alors 18 ans. Une éducation particulière qui lui fut confiée lui procura un peu d'aisance, et bientôt il produisit ses premiers ouvrages, au mérite desquels il dut l'estime et l'amitié de deux hommes célèbres, J. J. Rousseau et le P. Elisée (voyez ce dernier nom). Sa carrière fut paisible, mais sa mauvaise santé affaiblit souvent le bonheur qu'il goûtait dans la société d'une famille estimable. Lorsqu'il mourut, le 3 juin 1813, des suites de l'opération de la taille, il était employé dans l'administration-générale des postes. On lui doit: 1° les Baisers de Jean second, traduction estimée de cet auteur, que l'on compte parmi les restaurateurs de la poésie latine, Paris, in-8°, 1771;2o les Iles fortunées, ou Aventures de Balhille et de Cléobule, Paris, 1 vol., 1771: cet ouvrage, auquel on ajoute la Bonne mẻre, la Fille bien née, l'Hirondelle et ses petits, etc., a été aussi imprimé, en 1787, dans les Voyages imaginaires, recueil formant 39 vol. in8°; 5° Anacreon, Sapho, Bion, Moschus, etc., traduction du grec en français, Paris, in-8°, 1775. Quatre contre-façons publiées avant la seconde édition, qui parut en 1779, Paris, 2 vol. in-12, attestent le mérite du travail de MoutonnetClairfons. On réunit ordinairement à cet ouvrage Héro et Léandre, poëme de Musée, avec la traduction de plusieurs idylles de Théocrite, Paris, 2 petits vol. in-8°, 1774, réimprimé l'année sui

vante; le Pervigilium veneris, différens morceaux d'Horace et de Catulle, et quelques épigrammes tirées de l'anthologie grecque. 4° L'Enfer, poëme du Dante, avec le texte, des notes et une vie de l'auteur, Paris, in-8°, 1776. Cette traduction est le principal ouvrage de Moutonnet-Clairfons, et sans être du premier mérite, elle est généralement recherchée. 5o Manuel épistolaire, ou Choix de lettres puisées dans les meilleurs auteurs français et latins, Paris, 1785, in12. On y trouve un excellent précis sur la vie et les écrits de Cicérun. 6° Lettre à M. Clément, dans laquelle on examine son épître de Boileau à Voltaire, par un homme impartial, Paris, 1772, in-8° de 25 pag.; 7o le Véritable philantrope, Philadelphie (Paris), 1790, in8°. Dans cet ouvrage, qui lui a été inspiré par son amitié pour J. J. Rousseau, il se plaît à proclamer les principes de morale de cet éloquent philosophe. 8° La Galéide, ou le Chat de la nature, poëme, 1798, in-8°. A la suite de cet opuscule se trouvent différens morceaux, où l'on remarque plus particulièrement une dissertation fort intéressante et très-bien faite sur le Mantouan, poète latin trop fécond du quinzième siècle. 9° M*** (Morel) dénoncé au public comme le plus grand plagiaire (à la suite de Panurge, ballet-comique, par François Parfait), Paris, an 11 (1803), in8°; 10° enfin, un assez grand nombre d'Articles dans le Journal des Arts, des Sciences et de la Littérature. Moutonnet-Clairfons prenait avec complaisance pour épigraphe ce distique, qu'un de ses amis avait inscrit au bas de son portrait:

Aurea libertas blandè respexit amantem:
Sperno divitias, otioloque fruor.

MOUYSSET (G.), juge au tribunal de Villeneuve, fut nommé, en 1791, député à l'assemblée législative par le département de Lot-et-Garonne; il s'occupa pendant le cours de la session d'un grand nombre d'objets de judicature. En février 1792, il demanda que les députés fussent autorisés à se réunir le soir dans le lieu même de leurs séances, afin d'établir des conférences, dont le résultat serait de rallier franchement au parti constitutionnel les hommes qui jusqu'alors avaient montré de l'hésitation. Cette proposition fut jugée équivoque; elle paraissait concertée d'avance avec les ministres, et elle fut repoussée à la suite d'une discussion très-orageuse, où l'on avait objecté pour la faire écarter, « que le local de l'as>> semblée ne devait point servir » à une réunion particulière de » députés qui, dans une circons»tance donnée, et offrant un nom>>bre suffisant pour délibérer, pour>> raient se convertir en assemblée »nationale, et agir sans ou même » contre le parti de l'opposition. » M. Mouysset ne fit point partie de la convention nationale ni des deux conseils; mais après la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), il fut nommé commissaire du gouvernement consulaire près le tribunal d'appel du département de Lot-et-Garonne. I occupa cette place plusieurs années sous le gouvernement impérial, puis il fut entièrement perdu de vue.

MOXO (DON SALVADOR), capitaine-général de la province de

Caraccas, s'est rendu fameux par une férocité dont les exemples n'ont été que trop nombreux dans les dissensions politiques moder→ nes. Envoyé, en 1816, par son gouvernement, en qualité de capitaine - général de la province de Caraccas, lors du blocus de l'île de Margarita, par les troupes navales de Ferdinand, VII, il déclara dans un ordre du jour : « Que dans le cas où un navire, soit espagnol, soit étranger, serait surpris portant aux insurgés des armes des munitions, ou des secours de quelqu'espèce que ce pût être, le patron et les principaux chefs du convoi seraient pendus sur-lechamp aux vergues, et l'équipage quintimé, si les hommes qui le composeraient n'étaient pas jugés aussi coupables que les autres; auquel cas ils subiraient tous le même sort. » Ces ordres atroces furent bientôt suivis de plus atroces encore. Au printemps de la même année, il écrivit au gouverneur de cette ile, nommé Urreisticta : « Je vous enjoins formellement de mettre à part toute considération d'humanité. Tons les insurgens et ceux qui les sui

vent, avec ou sans armes, ceux qui ont secondé leurs entreprises, enfin ceux qui ont pris part, d'une manière quelconque, à l'état de crise où l'île se trouve aujourd'hui, doivent être fusillés surle-champ, sans aucune forme de procès, et après un simple interrogatoire verbal en présence de trois officiers. » Une aussi inexplicable barbarie fut sans doute la cause de la disgrâce que don Salvador Moxo éprouva en 1817.

Non-seulement le général en chef Morillo le suspendit de son commandement, après lui avoir adressé les reproches les plus sévères, mais bientôt il lui fit · connaître que le roi lui retirait tous les pouvoirs qu'il lui avait confiés. On ne sait ce que cet odieux agent est devenu depuis cette époque.

MOY (C. A. DE), ancien curé de Saint-Laurent, et trésorier de la Sainte-Chapelle, d'une famille distinguée de la ci-devant Lorraine, s'était fait connaître avant la révolution par plusieurs ouvrages, et notamment par l'Accord de la Religion et des Cultes, qui eut alors le plus grand succès. Ce livre renferme les principes d'une philosophie douce et tolérante, dont le but est d'engager les hommes à vivre en frères, sans s'inquiéter de la manière dont chacun d'eux adresse ses vœux à l'Éternel. Il mérita à son auteur l'approbation de tous les hommes sages, et fut loué par La Harpe dans le Mercure de France. M. de Moy nominé, par le département de Paris, député suppléant à l'assemblée législative, y remplaça, le 17 avril 1792, M. de Gouvion. Il parla, le 16 mai suivant, sur la constitution civile du clergé, et proposa des mesures contre les prêtres qui refusaient de prêter le nouveau serment. On a dit dans une biographie que M. de Moy avait donné sa démission de la cure de Saint-Laurent dans le mois de juillet de la même année; c'est une erreur, il avait quitté cette cure pour la céder à son frère, lorsqu'il fut nommé, par le roi, vers 1786, tréso

rier de la Sainte-Chapelle; mais il est très-vrai qu'à l'époque citée par le biographe, M. C. A. de Moy renonça aux fonctions ecclésiastiques. Rentré dans la vie privée, il a cessé d'occuper l'attention publique.

MOYANO (DON THOMAS), Conseiller-d'état espagnol, fut, après le rétablissement de Ferdinand VII, nommé, dans le mois de novembre 1814, ministre de grâce et de justice. Cette place, dans laquelle il avait succédé à don Pédro Macanaz, ne lui resta pas long-temps, et sans que la cause de sa disgrâce y fût indiquée, on vit paraître dans la Gazette officielle de Madrid, du 27 janvier 1816, une lettre du roi, à don Pedro Cevallos, conçue en ces termes :

Ayant jugé à propos de retirer »l'emploi de secrétaire-d'état au » département de la justice, à don >> Thomas Moyano, je lui accorde >> une place effective dans mon » conseil-d'état, avec appointe>>ment en entier, mais sans qu'il » puisse y assister, et j'ai résolu »en même temps que vous seriez » chargé, par interim, de ce dépar»tement. >> A la suite de cette destitution, M. Moyano reçut l'ordre de se rendre au village de la Seca, où déjà son prédécesseur se trouvait exilé.

MOYESSET (N.), membre de plusieurs assemblées législatives, fut nommé, au mois de septembre 1792, par le département du Gers, député à la convention nationale, où il manifesta des priucipes très-modérés. Dans le procès du roi, il vota la détention provisoire. Signataire des protestations du 16 juin 1793, con

tre les événemens du 31 mai précédent, il fut du nombre des 73 députés mis en arrestation, et qui reprirent l'exercice de leurs fonctions législatives après la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794). Membre du conseil des anciens par suite de la réélection des deux tiers conventionnels, il devint secrétaire de cette assemblée, dont il sortit en 1797. Depuis cette époque, il ne paraît pas avoir exercé de fonctions publiques.

MOYLAN (FRANÇOIS), évêque catholique de Cork, en Irlande, naquit, en 1755, à Cork. Sa famille, qui se livrait au commerce, l'envoya en France, et il fit ses études au séminaire fondé à Toulouse, en faveur des catholiques irlandais, par Anne d'Autriche. Il s'y lia d'une amitié qui ne s'altéra jamais avec l'abbé Edgeworth, son condisciple. En sortant du séminaire, l'abbé Moylan vint à Paris, où il fut admis dans les ordres en 1761. Après avoir rempli pendant quelque temps les fonc tions de vicaire à Chatou, village peu distant de Paris, il retourna en Irlande, y fut missionnaire jusqu'en 1775, et ensuite évêque de Kerry, puis, en 1787, de Cork. Ce prélat, aidé de miss Nano Nagle, fonda la congrégation des religieuses de la Présentation, qui se consacrent plus spécialement à l'éducation des filles; il fonda également une école pour les garçons, et concourut à l'établissement du collége de Maynooth en faveur des catholiques irlandais. Lors des troubles qui éclatèrent dans sa patrie en 1797, il s'opposa de toutes ses forces, par ses adresses

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et ses mandemens, à ce que ses diocésains prissent part aux mouvemens qui agitaient l'Irlande, « et le gouvernement anglais lui en témoigna sa reconnaissance suivant l'expression de lord Castlereagh. Burke lui-même y joignit ses félicitations dans plusieurs lettres que ce publiciste lui adressa. L'évêque de Cork mourut, octogénaire, le 10 février 1815. Il n'a laissé aucun ouvrage imprimé.

MOYNE (N.), membre du conseil des anciens, remplissait avec une rare intégrité les fonctions d'accusateur-public, près le tribunal criminel du département de Saône et Loire, lorsqu'il fut nommé par ce département, en 1798, membre du conseil des anciens. Il se rendit utile dans le travail des bureaux, mais il n'occupa point la tribune. Cet honorable citoyen mourut généralement regretté dans le mois de mai 1799.

MOYSANT (FRANÇOIS), bibliothécaire de la ville de Caen, docteur en médecine, membre de plusieurs sociétés savantes, naquit au village d'Andrieu, près de Caen, le 5 mars 1753. Il fit ses études chez les jésuites, qui voulurent l'attacher à leur société; mais il aima mieux entrer dans la congrégation des Eudistes; ils l'envoyèrent professer au collège de Lizieux, la grammaire et la rhétorique. Forcé par la faiblesse de sa santé de renoncer au professorat, il vint à Paris. Après six ans d'études, il se rendit à Caen, et y fut reçu docteur en médecine. Îl y pratiqua pendant plusieurs années; mais un des malades auxquels il donnait des soins, étant mort par suite d'imprudence,

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