Page images
PDF
EPUB

manuscrit formera également plusieurs volumes; il est consacré à fournir des anecdotes et des faits historiques sur les premiers fondateurs des colonies, les indigènes, Indiens et Caraïbes. Il renferme les lois coloniales inédites, dont le gouvernement lui avait confié la rédaction, par suite des abus qu'il avait signalés. 3" Description de la Jamaique; 4° Histoire de Porto-Rico; 5° Observations sur le climat, l'histoire naturelle, les mœurs et le commerce des États-Unis d'Amérique ; 6o Matériaux d'un traité général sur les cultures coloniales; 7° Histoire des états de Parme, Plaisance et Guastalla. Ce dernier ouvrage renferme, sur cette partie de l'Italie, des détails intéressans, principalement sur les mœurs et sur la politique. 8° Vie de Moreau SaintMéry, écrite par iui-même. Il a traduit, sur le manuscrit espagnol de D. F. Azara, l'Histoire naturelle des quadrupedes du Paraguay, 2 vol. in-8o, Paris, 1800. Moreau de Saint-Méry y a ajouté un grand nombre de Notes instructives et intéressantes: son travail fut approuvé par l'institut. On doit encore à cet écrivain un grand nombre d'Articles sur l'histoire, la littérature et les sciences, et des Mémoires, soit séparément, soit dans différens recueils. Désessarts a inséré dans le Journal des causes célèbres plusieurs de ses factums.

MOREAU DE SAINT-MERY, (MEDERIC-LOUIS-MARIE-NARCISSE), ancien chef de bureau au ministère de l'intérieur, fils du précédent, reçut une éducation distinguée, et devint auditeur de première classe au conseil-d'état. Il

accompagna son père à Parme, et remplit près de lui les fonctions de secrétaire-général de l'administration de Parme, Plaisance et Guastalla. Plus tard, successivement secrétaire de la préfecture du département de la Stura, et sous-préfet de Coni, il passa, en 1814, au ministère de l'intérieur, en qualité de chef de bureau. Il perdit cet emploi au mois de mars

1815.

MOREL (N.), secrétaire du cabinet de Monsieur, aujourd'hui Louis XVIII, secrétaire des menus plaisirs et poète lyrique, est un de ces auteurs qui, sans talent littéraire, trouvent le moyen de s'emparer du théâtre, au détriment du talent réel. Morel règne depuis 40 ans à l'Opéra, où ses ouvrages, qui ont survécu à ceux de Marmontel, se représentent encore quelquefois. Il est vrai que ce poète a eu l'habileté de s'associer au musicien en vogue, et de chercher dans le génie d'autrui, la compensation de ce qui lui manquait; d'ailleurs sa place lui donnait la facilité d'obtenir de l'intérêt, une complaisance qu'il n'eût sans doute pas obtenue par ses talens. Cela surtout explique les rapports de Morel avec Grétry. Certain & peu près de faire applaudir sa musique, si médiocre que fût le poëme auquel il l'appliquât, Grétry était certain aussi d'être joué de préférence à tout autre compositeur, en s'associant à un homme toutpuissant dans le conseil qui administrait l'Opéra. Tous les ouvrages, que Morel a composés avec Grétry, n'ont pourtant pas obtenu un égal succès. L'ennuyeuse nullité du poëme d'Aspasie

prévalut sur le charme de la musique gracieuse et spirituelle de l'Orphée liégeois. Cet opéra, non moins riche comme composition musicale que sa Caravane et Panurge, n'a eu que quelques représentations. Morel, depuis empruntant de l'étranger l'appui que Grétry ne lui prêtait plus, a composé un opéra avec Winter. Se donnant aussi pour associés les chefs de toutes les écoles, et employant à son caprice leur musique, souvent composée sur des paroles et pour des situations différentes de celles auxquelles il les applique, il a donné à la scène lyrique deux parodies, les Mystères d'Isis, où il n'emploie que de la musique de Mozart, et Saül, pasticcio où il met à contribution Piccini, Paësiello, Handel, Gossec, Haydn et Sacchini, et encore Mozart et tant d'autres. Cette tentative a été justifiée par quelques succès, mais elle ne prouve qu'en faveur des musiciens; jamais le triomphe de leur art n'a été plus surprenant et plus complet que dans les Mystères d'Isis, ouvrage conçu et écrit en dépit du bon sens; Saül, dans la composition duquel Morel s'était fait aider, ne mérite pas tout-à-fait les mêmes. reproches. Si mauvais que soient les opéras de Morel, on lui en a pourtant contesté la propriété. Panurge serait, dit-on, l'ouvrage

d'un homme de la cour de Louis XVI. Cette réclamation n'est flatteuse ni pour le poète qu'on juge incapable d'avoir fait cet opéra,

ni pour celui qu'on croit capable de l'avoir fait. Les ouvrages de Morel sont : 1° Alexandre aux Indes, opéra en 3 actes, musique

de Méreaux, 1782; 2° la Caravane du Caire, opéra en 3 actes, musique de Grétry, 1783; 3o Panurge dans l'ile des Lanternes musique de Grétry, 1785; 4° 4spasie, opéra en 3 actes, musique de Grétry, 1789; 5o les Mystères d'Isis, opéra en 5 actes, parodié sur la musique de Mozart, 1801; 6° Tamerlan, opéra en 3 actes, musique de Winter, 1802; 7° de moitié avec M. Després, d'abord secrétaire du baron de Besenval, puis secrétaire des commandemens de la reine Hortense, Saül, oratorio en 3 actes, parodie dont il a été question plus haut; 8° le Laboureur chinois, autre pasticcio en un acte; enfin g° Sophocle, opéra en 3 actes, musique de Fiocchi; ouvrage commandé par la cour à ce compositeur distingué. Morel a écrit aussi l'histoire de France en vers techniques, forme sous laquelle Voltaire à essayé de graver dans la mémoire les événemens si compliqués et si multipliés dont se composent les annales de l'empire. Dans ce genre, qui repousse toute élégance, Morel s'est moins éloigné de Voltaire que de Quinault dans ses opéras. C'est le meilleur de ses ouvrages. Nous ignorons s'il est imprimé. Morel, que nous ne jugeons ici que comme poète, seul rapport sous lequel il soit justiciable du biographe, était d'ailleurs un homme de mœurs douces et faciles. Il ne manquait pas d'amabilité, il aurait même pu passer pour homme d'esprit s'il n'eût pas écrit. Il est mort, en 1815, âgé de 68 ou 70 ans.

MOREL (HYACINTHE), homme de lettres, né à Avignon, en 1759,

(qu'il ne faut pas confondre avec le précédent), a publié plusieurs ouvrages en prose et en vers. Nous citerons les plus remarquables: Épitre à Zulmé sur

les inconvéniens du luxe dans une

jeune demoiselle d'une médiocre fortune, 1788, in-8°; 2° le Coupd'OEil de ma raison sur le célibat ecclésiastique, 1791, in-8°; 3° Mes Distractions, ou Poésies diverses, 1799, in-12; 4° lés Malheurs et les Crimes de l'ignorance, discours en suivi de la Philosophie louée par elle-même, discours en vers, 1804, in-8°; 5° l'Art épistolaire, poëme traduit en vers français, d'Hervey Montaigu, jésuite, 1812, in-18.

vers,

MOREL (ALEXANDRE-JEAN), parent du précédent (Hyacinthe Morel), professeur de mathématiques à l'école d'artillerie de la garde royale, est ancien chef de brigade, employé à l'école Polytechnique. Il a publié : Principe acoustique nouveau et universel de la théorie musicale, ou musique expliquée, 1816, in-8°.

MOREL (N.), député aux étatsgénéraux, en 1789, était cultiva teur à Chaumont en Bassigny (département de la Haute-Marne) lorsque le tiers-état du bailliage de Chaumont le nomma à cette assemblée. Il se fit peu remarquer, et ne prit qu'une seule fois la parole, en novembre 1789, afin de presser l'achèvement de la constitution qui devait amener une nouvelle législature. En 1790, il donna sa démission, fut remplacé par M. Gombert, et se retira dans ses foyers, qu'il n'a plus quittés.

MOREL (N.), député suppléant aux états-généraux en 1789, é

tait avocat à Sarguemines (département du Nord) à l'époque de la convocation des états-géné. raux. Le tiers-état du bailliage de Sargueinines le nomma député suppléant à cette assemblée. Il fut appelé à remplacer M. Mayer, et eut' peu d'occasions d'occuper la tribune. Cependant le 23 juin 1791, il y parut pour demander la suspension du paiement des pensions de tout Français qui alors se trouvait absent du royaume. Après la fin de la session, il disparut entièrement de la scène politique.

MOREL (N.), intendant de Monsieur, aujourd'hui Louis XVIII, se trouva inculpé dans l'affaire du marquis de Favras (voy. ce nom). Morel se hâta de se justifier; ses déclarations chargèrent le prévenu, que bientôt il accusa ouvertement de conspiration contre la sûreté de l'état. Après sa justification, il avait été autorisé, par le comité des recherhes de la commune de Paris, à faire afficher les dépositions par lesquelles il se disculpait. On ne sait ce qu'il est devenu depuis cette époque.

[ocr errors]

MOREL (LOUIS- SÉBASTIEN), membre de plusieurs assemblées législatives, exerçait les fonctions de procureur-syndic du district d'Epernay, département de la Marne, lorsque les suffrages de ses concitoyens le porterent, au mois de septembre 1791, à l'assemblée législative, où il resta inconnu. Après la session, n'ayant pas été renommé à la convention nationale, il rentra dans ses foyers, et bientôt devint commissaire près de l'administration centrale de son département. En mars 1799, il fut élu au conseil des cinq-cents,

et après la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), il passa au corps-législatif. On l'a ensuite entièrement perdu de vue. MOREL (ANTOINE-ALEXANDRE), graveur, élève de M. David, de Massard et d'Ingouf, s'est consacré à la gravure des sujets historiques. Le talent de M. Morel rappelle avec bonheur la manière des graveurs célèbres. Son estampe du Serment des Horaces, ainsi que celle de Bélisaire, d'après son maître M. David, ont obtenu un succès mérité. Nous citerons encore son OEdipe, d'après Giroux; le Concert, d'après le Dominicain; l'Enfant prodigue, d'après Spada. Ces dernières compositions ont été entreprises pour le musée roval.

MOREL-VINDE (LE VICOMTE CHARLES-GILBERT DE), pair de France, correspondant de l'institut, est né à Paris le 20 janvier 1759; il était, depuis 1778, conseiller au parlement de cette ville, lorsque la révolution éclata. Il en adopta avec sagesse les principes, et fut nommé, en 1790, parmi les membres de l'un des six tribunaux de Paris. Il donna sa démission, au mois de juin 1791, pour se livrer exclusivement à ses goûts agricoles. Par suite de ses observations et de nombreuses expériences, il fut bientôt en état de publier différens Memoires sur l'agriculture, l'amélioration des troupeaux, etc. ils lui valurent, en 1808, le titre de correspondant de la classe de l'institut (section d'économie rurale), et le firent admettre au nombre des membres ou associés des sociétés d'agriculture de Paris, Versailles,

Lille, Caen, Toulouse, etc. Il ne sortit point de la vie privée sous le régime impérial. Après le rétablissement du gouvernement royal, en 1814, M. de Morel-Vindé reçut, le 6 décembre de la même année, la croix de la légion-d'honneur; fut nommé pair de France, le 17 mars 1815, au titre de vicomte, et compris, en 1818, dans la formation du conseil royal d'agriculture. Il s'est aussi occupé avec succès de littérature. On lui doit: 1° Morale de l'enfance, publiée pour la première fois en 1790, in-16. Ce petit traité de morale, qui est aujourd'hui (1824) à sa 10 édition, a eu les honneurs de contrefaçons multipliées; il a été traduit en latin par M. Leclerc, professeur de l'université. 2° Déclaration des droits de l'homme et ducitoyen, mise à la portée de tout le monde, et comparée avec les vrais principes de toute société, Paris, 1790, in-8°. 3o Des Révolutions du globe, conjecture formée d'après les découvertes de Lavoisier sur la décomposition et la recomposition de l'eau, Paris, 1797, in-8°; 4° Primerose, roman, Paris, 1797, in-16, plusieurs fois réimprimé. Voici le jugement qu'en porte Chénier, dans son Tableau historique de l'état et des progrès de la littérature française depuis 1789 « Les aventures, >> dit-il, de Primerose, fille du > comte de Beaucaire, et de son » amant de Gerardet, fils du duc » de Valence, y sont racontées avec » agrément. Le duc Gérard, qui >> veut toujours ménager des sur»prises, offre un caractère plai»sant et vrai; du fonds même de » ce caractère naît un dénouement

"très-bien filé. La composition best faible, mais amusante, et le »style n'est pas dépourvu de grâ» ces. » 5° Clément de Lautrec, roman, Paris, 2 vol. in-12, 1798; 6o Modèle d'un bail à ferme, Paris, 1799, in-fol.; 7° Zélomir, roman, Paris, in-16, 1801; 8° Mémoire sur les dangers de la loi qui défend l'exportation des béliers-mérinos, 1807, in-8°; 9° Mémoire sur l'exacte parité des laines-merinos de France et des laines-mérinos d'Espagne, Paris, 1807, in-8°; 10° Mémoire et Instruction sur les troupeaux de progression, Paris, in-8°, 1808; 11° Plan des rateliers de la Celle-Saint-Cloud, 1808, in-8°; 12° Plan d'un gerbier à toit mobile, 1811, in-8°; 15° Sur les animaux microscopiques; 14 Spécifique contre la pesogne, 1812, in-8°; 15° Plan d'une grange sur poteaux, 1813, in-8°; 16° Observations sur la monte et sur l'agnelage, 1813, in-8°; 17° Suite des Observations sur la monte et l'agnelage, 1814, in-8°; 18° seconde Suite des Observations, etc., 1815, in-8°; 19° troisième Suite des Observations, etc., 1816, in-8°; 20° Notice sur le dépôt de laines formé à Paris, 1816, in-8°; 21° Notice sur deux espèces d'avoine, 1816, in-8°; 22° Assolement de la CelleSaint-Cloud, 1819, in-8°; 23 Notice sur le chancre de la bouche des agneaux, 1817, in-8°; 24° Plan d'une bergerie, 1812, in-fol.; 25° Instruction sur le fraisier des Alpes, 1822, in-8°; 26° Observations pratiques sur la théorie des assolemens, 1822, in-8°; 27° Appendice aux Observations sur la théorie des assolemens, 1823, in-8°; 28° Essai sur les constructions ru

rales, in-fol., avec beaucoup de planches lithographiées. Cet ouvrage est sous presse (1824)..

MORELLET (L'ABBÉ ANDRÉ), naquit à Lyon, le 7 mars 1727; il était l'aîné de quatorze enfans. Son père, marchand papetier, ne retirait pas un grand profit de son commerce; il s'imposa néanmoins, pour subvenir aux frais de l'éducation de son fils, des sacrifices que sa fortune semblait ne pas pouvoir comporter. Morellet fut envoyé au collège chez les jésuites. Soit que les dispositions de leur élève n'aient pas été précoces, soit qu'ils aient pensé que les châtimens en favoriseraient le développement, ces bons pères ne témoignèrent d'abord leur attention au jeune Morellet, qu'en le traitant avec une rigueur dont il leur gardait encore rancune dans les dernières années de sa vie. Ses humanités finies, il n'en songeait pas moins à entrer dans la société de Jésus, quand ses parens l'envoyèrent à Paris, dans un séminaire dit des Trentetrois. C'est de cette maison, où la discipline était des plus rigoureuses et les études des plus fortes, que Paris tirait ses curés, les évêques leurs grands-vicaires, et l'université ses professeurs. Morellet s'y distingua; ses succès n'eurent toutefois d'autre résultat que de lui ouvrir un accès à la Sorbonne. Là il se fortifia dans les études théologiques, moins pourtant que dans la foi. L'abbé Morellet, qui était dialecticien subtil, avait été plus frappé de l'insuffisance et des inconvéniens de la doctrine qu'on enseignait à cette école, que de sa sublimité;

« PreviousContinue »