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chrétiennes, non par une décision | Fleury et d'autres auteurs en citent

formelle, mais par suite de cet esprit de douceur, de fraternité et de charité que le christianisme a introduit dans le monde. Depuis la découverte de l'Amérique, on n'a pas cru pouvoir se passer d'esclaves pour la culture des terres dans cette contrée. De là, le commerce des Nègres. Mais l'Eglise n'a jamais favorisé ce commerce; voycz les lettres apostoliques de Grégoire XVI du 3 décembre dernier, où le pontife rappelle ce qu'avoient déjà fait à cet égard Pie II, Paul III, Urbain VIII et Benoît XIV. La conclusion de M. Carrière sur la question de l'esclavage mérite d'être

connue.

des exemples. Les écrits des Pères, les actes des conciles prouvent que l'Eglise avoit des biens, et tendent à en bien régler l'emploi. La raison ne montre pas moins que l'Eglise peut posséder. En France, les biens que l'Eglise possédoit lui appartenoient bien légitimement, comme on le voit par les titres des acquisitions, par les aveux des princes, par les droits que l'Eglise exerçoit sur ces biens. On ne peut donc excuser d'injustice les décrets qui l'ont dépouillée. M. Carrière fait en abrégé l'histoire de cette spoliation et de ses conséquences.

Pie VII, par l'art. 13 du concordat de 1801, fit la cession des biens ccclésiastiques vendus, et il la confirma dans le concordat de 1817. Cette cession n'a pas seulement de force pour le for extérieur, elle s'étend au for de la conscience. Mais

Les théologiens ne s'étoient point occupés jusqu'ici de la propriété des inventions industrielles, et de la propriété littéraire. M. Carrière cite les lois et les autorités sur la matière, et discute les deux ques-ici se présentent diverses questions. tions avec netteté et impartialité.

Nous ne suivrons point l'auteur dans ce qu'il dit du domaine public et des différentes manières de l'envisager. Il examine si l'Eglise peut posséder des biens temporels. Le consentement de tous les peuples

lui reconnoît ce droit. Chez les an

ciens peuples, en Egypte, en Perse, cliez les Grecs, chez les Romains, les prètres avoient des revenus, des terres, recevoient des contributions. Chez les Juifs, les prêtres possédoient des maisons, des champs, et recevoient la dîme. Chez les chrétiens, l'Eglise possédoit des immeubles, même avant la conversion de Constantin. Mais après la conversion de ce prince, les empereurs et les particuliers donnèrent beaucoup aux églises. Thomassin,

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mais

La cession atteint-elle non-seulement les biens eux-mêmes, les fruits perçus auparavant? A-telle supprimé les charges attachées à ces biens? A quels biens précisément s'étend-elle ? Embrasse-t-elle aussi les rentes dues autrefois à l'Eglise? M. Carrière discute ces questions avec une rare sagacité. Il diștingue les différentes espèces de charges attachées aux biens. Il distingue de même cinq espèces de biens, ceux qui échappèrent à l'invasion, ceux qui furent pris par le gouvernement et aliénés avant le concordat, ceux qui ne furent vendus qu'après le concordat, ceux qui ne furent pris qu'après le conco dat, ceux qui furent rendus à glise. Les biens de la troisine! classe sont-ils compris dans la es

probable, les ecclésiastiques sont tenus par obligation de justice à employer en œuvres pies le superflu des biens ecclésiastiques. Il y a moins de difficulté pour les biens quasi-ecclésiastiques, comme le casuel et les rétributions faites aux prêtres pour sermons, chants, prières, etc. L'auteur expose pourtant encore deux opinions sur ce sujet, et se déclare pour celle qui lui paroît la plus vraisemblable.

sion faite par le concordat? Cette question a été controversée. M. Carrière cite à ce sujet les discussions des chambres en 1816 et 1817, une réponse de la pénitencerie romaine du 20 mars 1818 à M. Bouvier, aujourd'hui évêque du Mans, un bref de Pie VII à M. l'évêque de Poitiers du 20 octobre 1821, un bref de Grégoire XVI aux évêques de Belgique en date du 16 septembre 1833, et le Journal historique de Liége, du 1 mai 1834. Ces pièces et la disIl applique ensuite les principes cussion à laquelle l'auteur se livre à ci-dessus à différentes espèces de ce sujet, sont également curieuses. biens, comme les distributions qui Les autres questions ci-dessus ne se faisoient au chœur, les droits d'ésont pas traitées avec moins de net-tole, les oblations dans les lieux de teté et de sagesse.

Cr

pélerinage, enfin les traitemens aujourd'hui en usage. L'auteur traite chaque question à part, et toujours avec la même méthode et le même soin. Sur les traitemens, il cite des décisions de la pénitencerie, en date du 19 janvier 1819, du 9 août 1820, et du 9 janvier 1823, d'où il résulte que les traitemens doivent être assimilés aux biens ecclésias

Le savant théologien s'occupe ensuite des biens rendus à l'Eglise. Il rappelle la discussion qui eut lieu pour le terrain de l'archevêché, et s'appuie beaucoup de l'autorité de M. Affre, et de son livre De la propriété des biens ecclésiastiques, où les questions relatives à cet objet étoient traitées avec beaucoup de force, de logique et de savoir. Noustiques. ne pouvons que mentionner rapidement le travail de M. Carrière.

L'esprit d'analyse et de discussion de l'auteur se remarque encore L'auteur ayant à traiter toutes les dans ce qu'il dit de la propriété des questions de propriété, ne pouvoit religieux. Il distingue plusieurs deomettre ce qui regarde les ecclésias-grés dans le vœu de pauvreté, et aptiques. Il recherche donc quels sont plique à chacun les règles qui lui leurs droits sur les biens des béné- conviennent. Il montre d'ailleurs fices où les revenus des biens ecclé- que le souverain pontife peut dissiastiques, et sur les biens quasi-penser dans le vœu solennel de pauecclésiastiques ou quasi-bénéfices. Ilvreté. Mais quelle doit être, depuis montre que les ecclésiastiques ont les décrets. de 1790 et 1792, la conun droit sur les revenus ecclésiastiques, qui leur sont nécessaires pour vivre convenablement, et il examine quelle est l'étendue de ce droit. Il rapporte et pèse les diverses opinions des théologiens, et il en conclut que suivant l'opinion la plus

duite des religieux qui avoient fait le vœu de pauvreté ? L'auteur examine ici les dispositions des lois civiles, et cite diverses décisions du Saint-Siége. Il cite un mémoire de M. Emery en 1800 sur les religieuses appelées à recueillir des succes

sions, et explique avec beaucoup de | le régime dotal, sur les torts que

les époux peuvent se faire réciproquement en raison de leurs biens temporels, sur les différentes manières d'acquérir; ce qui embrasse une foule de questions incidentes que l'auteur examine avec le même soin. Il ne craint jamais d'entrer dans les détails, et il ne laisse passer aucune difficulté sans la résoudre.

Nous réservons pour un autre article ce que nous avons à dire des deux derniers volumes du traité, mais nous ne pouvons nous empê cher de remarquer ici que cet ou vrage ne doit pas être moins recherché des jurisconsultes que des théologiens. L'auteur montre que rien de ce qui touche au droit ne lui est étranger, et il démêle toutes les difficultés avec une sagacité, une impartialité et une lucidité bien rares.

sagesse ce qu'il convient de faire dans les divers cas qui peuvent se présenter. On a agité la question de savoir si dans l'état actuel des choses, il pouvoit y avoir en France des vœux solennels de pauvreté. Les uns croient que les lois civiles n'empêchent point qu'il ne puisse y avoir de tels vœux. Les autres adoptent l'opinion contraire. Il y a à cet égard diverses décisions de la pénitencerie romaine: une du 9 janvier 1818 pour des religieuses du diocèse de Rennes; une du 28 novembre 1818, adressée au supérieur du séminaire de Nantes; une à l'évêque de Limoges en 1820; une à un chanoine de Nantes le 23 janvier 1821; une à M. Bouvier du 2 janvier 1836. L'auteur cite encore une décision de Rome du 24 avril 1831, sur les vœux d'un Trappiste, et une circulaire de l'archevêque de Malines du 15 janvier 1836 à son clergé. Plusieurs distinguent entre PARIS. Le sacre de M. l'évêque les vœux des religieuses et ceux des de Quimper s'est fait dimanche, religieux, mais M. Carrière remar- comme on l'avoit annoncé, dans la que qu'il n'y a aucune décision au- chapelle des dames de la congrégathentique qui autorise cette dis- tion, maison dite des Oiseaux. La tinction. Il regarde comme vrai- chapelle avoit été disposée avec beausemblable que si les choses res- coup d'intelligence, et des gradins toient chez nous dans l'état actuel, avoient été pratiqués dans la nef et s'il n'y a pas de nouvelles dispo-bre de personnes de voir la cérémopour permettre à un plus grand nowsitions dans la législation civile, le Saint-Siége reconnoîtroit tôt ou tard comme solennels les vœux émis chez nous, mais qu'en attendant il est plus conforme aux principes de les considérer comme des vœux simples.

Nous passerons sous silence les autres questions qui remplissent la fin de ce volume, et qui roulent sur les droits des épouses tant sous le régime de la communauté que sous

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

nie. M. l'Archevêque de Paris, prélat consécrateur, avoit pour prélats assistans M. l'archevèque de Chalcédoine et M. l'évêque d'Orléans. M. l'internonce apostolique, M. l'évêque nommé de Périgueux, M. le coadjuteur nommé de Strasbourg étoient présens à la cérémonie, ainsi que M. l'abbé Sauveur, grand-vicaire de Quimper, et d'autres ecc'ésiastiques de Paris et de Quimper. M. le ministre de la marine étoit aussi dans la chapelle, mais n'a

point voulu de place distinguée. | de la congrégation de l'Oratoire. Des

Parmi les autres notabilités on remarquoit M. de Chateaubriand. La cérémonie s'est faite avec beaucoup d'ordre et n'a fini qu'un peu avant

midi.

Après avoir fermé le tombeau du cardinal de Bérulle le vendredi 14, coinine nous l'avons annoncé la semaine dernière, on craignit que la masse molle et noirâtre et les parties du liquide restées dans le cercueil ne finissent par altérer les os, et M. l'Archevêque approuva le projet de ne laisser dans le cercueil que le squelette. En conséquence, le 16 août, on rouvrit le cercueil et on en retira toutes les chairs qui furent renfermées dans un vase de plomb, ainsi que la peau de la partie postérieure du corps encore bien conservée. Ce vase sera déposé à Issy, dans la chapelle basse de Lorette, dite du Sacré-Cœur.

On a réuni toutes les parties du squelette au moyen d'une monture artificielle en fil d'argent. Il est composé de tous ses os, à l'exception, comme nous l'avons dit, de l'avant-bras et de la main du côté droit, et de quelques moindres ossemens qu'on n'a pu retrouver au milieu des diverses substances dont le cercueil avoit été rempli.

Nous avons parlé de l'étui de plomb trouvé après coup dans le cercueil. Le parchemin roulé qui y avoit été renfermé n'a pu être déroulé, parce que l'humidité étoit entrée dans l'étui par une extrémité fermée seulement avec de la cire. On a distingué néanmoins quelques vestiges d'écriture dans un bout du parchemin. On y a lu: Jesus Maria.. rps de Mgr revme prétre c... Bérulle instituteur et... rato...; que l'on peut compléter ainsi : Jesus Maria. Ici repose le corps de Mgr l'illustrissime et ré vérendissime prêtre cardinal, Pierre de Bérulle, instituteur et premier général |

personnes accoutumées aux anciens manuscrits, entr'autres M. Champollion-Figeac, conservateur des inanuscrits de la Bibliothèque royale, ont reconnu les restes de l'inscription mentionnée plus haut.

Le squelette est actuellement étendu sur un coussin de velours de soie cramoisi bordé d'un galon d'or. La tête est appuyée sur un oreiller en drap d'or. On a déposé aux pieds la fiole de verre dont nous avons parlé dans le numero de jeudi. Sur le couvercle du cercueil, on a mis cette inscription en lettres frappées sur le plomb: Hic jacent ossa Em. cardinalis P. de Berulle, institutoris Oratorii Jesu Christi Domini nostri.

Plusieurs membres de l'honorable famille de Bérulle, présens aux nouvelles dispositions prises, désirant que les restes de leur illustre grand-oncle soient toujours conservés avec respect, ont demandé que s'il survenoit des temps orageux, MM. du séminaire voulussent bien faire transporter ces précieux restes au séminaire d'Issy ou dans tout autre lieu qu'ils croiroient convenable; ce qui leur a été promis.

Enfin après que le squelette a été vu et considéré par tous les témoins, le cercueil a été fermé et soudé le vendredi 21 août 1840, en présence de M. l'Archevêque, de M. Garnier, supérieur de Saint-Sulpice et vicaire-général; de M. George, évêque nommé de Périgueux; de la Sœur Vincent, née Bathilde Puibusque, arrière-petite-nièce du cardinal, Fille de la Charité de saint Vincent de Paul; du marquis de Thuisy et du chevalier de Thuisy, aussi de la famille du cardinal; de M. le curé de Saint-Sulpice; de M. l'abbé Girard, ancien prêtre de l'Oratoire; de trois anciens confrères de l'Oratoire; de MM. les prêtres du séminaire et autres ecclésiastiques,

vœux

et des docteurs Fizeau, Pignier et digne pontife soutenoit sans doute Vignolo, médecins. son courage dans cette longue cóLe procès-verbal ayant été ré-rémonie. Le prélat étoit assisté de digé, le corps a été porté proces- M. l'évêque de Nevers, un de ses sionnellement de la salle où il étoit suffragaus, et de M. l'évèque d: déposé à la chapelle du séminaire. Meaux, un de ses anciens dioM. l'Archevêque a fait l'absoute, et cesains, qui tous deux s'étoient le cercueil a été descendu dans le fait un plaisir de prêter leur_micaveau qui lui avoit été préparé. nistère en cette circonstance. Tous C'est principalement au zèle de les assistans faisoient des M. l'abbé Faillon, un des plus esti- pour le nouvel évêque qui s'émables directeurs de Saint-Sulpice, toit concilié à Sens l'estime et la que l'on doit les recherches et les bienveillance générale, et qui se démarches qui ont procuré au sémi- montrera digne par son zèle , par naire les restes précieux d'un pré- sa prudence et par sa charité, de la lat célèbre dans le XVIe siècle par sa haute mission qu'il est appelé à piété, par la fondation de l'Ora- | remplir. toire, et par l'introduction de la réforme de sainte Thérèse en France.

M. l'archevêque de Lyon a vîsité dernièrement le bel établissement ds Frères de Saint-Jean-de-Dieu. Le Père de Géramb, abbé, pro- Après avoir célébré la messe, le cureur-général de la Trappe, est ar- prélat a procédé à la bénédiction des rivé à Paris samedi dernier. Il étoit | bâtimens nouveaux dont l'heureuse parti de Rome il y a trois mois, disposition doit assurer le bieu-être mais il a été obligé d'aller à Vichy des malades, et répond admirableoù les médecins l'ont condamné à ment aux exigences nombreuses du prendre les eaux pour le rétablir traitement des maladies mentales. complètement d'une maladie grave Dans l'examen attentif des difféqu'il a essuyée cet hiver. Le pieux rens services de la maison, M. l'arvoyageur doit assister le mois pro- chevêque n'a eu que des paroles de chain au chapitre général des abbés bienveillance sur la tenue et la de son ordre à la Trappe. bonne administration de cet établissement.

Le sacre de M. l'évêque du Puy a eu lieu dimanche dans la grande et belle cathédrale de Sens. Le chœur, le jubé, les galeries et une grande partie de la nef se trouvoient remplis de fidèles empressés de jouir du spectacle d'une des cérémonies les plus imposantes de la religion. Les prêtres de la ville et ceux des environs occupoient le sanctuaire en nombre assez considérable pour un diocèse où les vicariats sont rares et où bien des curés ont plus d'une paroisse à desservir. M. l'archevêque de Sens a fait le sacre; la consolation de pouvoir donner à l'Eglise un pieux et

Le mardi 11, M. l'évêque de Rennes devoit donner la confirmation chez les religieuses de Picpus. Dans la nuit il se trouva indisposé. Ce jour-là et le suivant on ne voyoit encore rien d'inquiétant. Le jeudi la maladie parut plus grave. Le soir, le prélat demanda le viatique qu'il reçut en présence d'un nombreux clergé et avec ces sentimens de foi vive et de piété tendre qu'on lui connoît. En même temps on ouvrit les prières des 40 heures dans toutes les églises de la ville, et pendant trois jours que le saint Sacrement est resté exposé, une grande affluence

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