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tions, l'autorité devoit avoir acquis la conviction que les mesures proposées expriment le vœu de la saine majorité des habitans.

M. Cousin, ministre de l'instruction publique, a dit à la tribune de la chambre des pairs, dans une récente discussion :

D

Vous avez entendu avec quelle force, et, il faut le dire, avec quel courage, l'honorable rapporteur ( M. Charles Dupin), au nom de la commission, a soutenu les principes de la loi de 1814. Je n'aurai pas la foiblesse de le désavouer. Oui, le repos du dimanche est réclamé par l'humanité, par la morale et par la religion: non-seulement je le dis comme pair de France, mais comme ministre du roi; car un gouvernement ne peut que s'honorer lui-même en témoignant de son respect pour la religion du pays. Ainsi la loi de 1814 n'est pas abrogée. M. Salles a rappelé que la loi de 1814 étoit généralement observée dans Marseille jusqu'à ces dernières années. Quelques étrangers commencèrent à l'enfreindre; encouragés par l'impunité, ils spéculèrent sur le repos général en attirant les promeneurs par des déballages et les décors de leurs magasins. Des marchands de la ville, redoutant cette concurrence, ont cru devoir ouvrir à leur tour, et il est facile de prévoir que si l'on n'arrête pas cet abus, presque toutes les boutiques seront bientôt ouvertes les jours fériés absolument comme les jours ouvrables.

vrir son

Or, permettre à un marchand, au mépris d'une loi sanctionnée par des arrêts de la cour suprême, d'oumagasin, tandis que les autres demeurent fermés, c'est donprime aux hommes sans convictions, et forcer l'homme relig'eux à opter, entre l'intérêt et la

ner une

conscience. Un pareil résultat paroît à M. Salles une atteinte formelle à la liberté, à la plus précieuse des libertés. Celui qui ouvre son magasin les jours fériés, empêche son voisin de fermer le sien, et le force à travailler quand il auroit besoin du repos que la loi du pays lui accorde. Il y a donc, à l'égard de ce dernier, une contrainte arbitraire et injuste, puisqu'elle est extrælégale.

Qu'on ne dise donc plus que l'on tolère le travail des dimanches et l'ouverture des boutiques par respect pour la liberté; ce seroit faire un étrange abus du mot et de la chose.

Qu'on ne dise pas non plus qu'on tolère la violation de la loi du 28 novembre 1814 dans l'intérêt de la liberté du travail, pour favoriser les ventes, augmenter le débouché des marchandises et donner une plus grande latitude à l'industrie. Le débit des marchandises reste le

même, soit qu'on les vende toutes. en six jours, soit que cette vente soit répartie sur la semaine entière. L'essentiel, c'est que tous les vendeurs soient traités d'une manière égale.

Il y a plus, l'industrie, loin de gagner à l'observation de la loi, y perdra tout ce que l'ouvrier, le marchand, leur famille, leurs aides, leurs commis, auroient dépensé les jours de fète en objets de luxe, de consommation extraordi

naire et autres.

Tous les peuples ont consacré dans leur législation un jour de repos après une période de six jours de travail. C'est une loi impérieuse de la nature. Il faut que l'homme se repose après avoir travaillé.

Cela étant, et le travail entrai- | société, se réunissent pour récla

nant des relations qui sout communes, le repos doit être aussi commun. C'est donc à la législation qu'il appartient de fixer ces jours de repos, et il est rationnel et moral de les faire accorder avec le jour reconnu par la religion de la majorité.

En n'admettant point de repos à jour déterminé, on cesse de favoriser dans la classe ouvrière et marchande les réunions de famille, si utiles à la moralité sociale, et favorables même à l'industrie par les besoins qu'elles font naître et les achats qu'elles nécessitent.

S'il n'y a plus de jour férié légal, l'ouvrier, pressé par l'appåt du gain ou par les exigences de son maître, ne prendra plus de jour de repos. Il deviendra une véritable machine, privée de tout développement moral, de toute instruction, car il n'aura pas le temps de s'instruire; de toute religion, car il ne lui sera possible d'en pratiquer aucune; et, cependant, sans ces conditions il n'y a pas de morale possible.

Sous un autre rapport, M. Rossi disoit à la chambre des pairs, le 6 mars dernier :- ́

«Nous vivrions dans l'indifférence la plus profonde et la plus malheureuse pour les idées religieuses, que je demanderois encore ce jour de repos, et à ceux qui ne voudroient pas me l'accorder comme jour de fête religieux, je le demanderois au nom de l'humanité, el même au nom de l'économie politique, qui a besoin de travailleurs robustes, et d'une population qui ne devienne pas de plus en plus foible, et hors d'état de lutter avec celle des étrangers. »

Ainsi les prescriptions de la loi, l'intérêt de la morale et celui de la

mer l'observation de la loi du 28 novembre 1814, observation déjà sollicitée par la presque unanimité des habitans.

Par ces motifs, M. Salles proposoit donc au conseil d'exprimer par une délibération spéciale, le vœu que la loi relative aux fètes et dimanches reçût son entière exécution à Marseille.

M. le président étoit d'avis que l'administration municipale n'est pas chargée de l'exécution des lois, et qu'il n'y avoit pas lieu de délibérer.

M. Xavier Richard désiroit voir observer les fêtes et dimanches, mais il ne croyoit pas que cette observation pût dépendre de la mairie.

M. Augustin Fabre soutint qu'une délibération devoit être prise, puisque le conseil étoit investi dé l'examen de la proposition. Quant à l'exécution de la loi, M. le maire est compétent, puisqu'il s'agit d'une loi. Exécuter cette loi, ce n'est pas porter atteinte à la liberté des croyances religieuses : c'est faire un acte de bonne administration.

M. Dumas pensoit que si la loi sur les fêtes et dimanches n'étoit

pas observée à Marseille, il y avoit lieu de voter la proposition de M. Salles.

La proposition, mise aux voix, a été adoptée par 18 votans contre 10.

PARIS.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. M. l'archevêque de Reims a reçu le Pallium des mains de M. l'Archevêque de Paris. Le prélat a prété son serment par écrit. Il est parti pour se rendre dans son diocèse. On dit qu'il doit s'arréter le vendredi soir à Soissons, le sa

medi à la maison du séminaire auprès de Reims, et faire son entrée dans cette ville le dimanche.'

M. Jean-Baptiste Hunot, chanoine de Notre-Dame, qui vient de mourir, étoit né en 1768, et avoit éé fait chanoine en 1836. Il avoit occupé successivement dans le diocèse les cures de Surène et de Sceaux, et à Paris celles de SaintGervais et de Saint-Merry. C'étoit un ecclésiastique fort estimable et fort attaché à ses devoirs. Les troubles dont le quartier Saint-Merry fut le théâtre en 1832, l'invasion de l'église, la nécessité où fut le curé de se cacher dans les combles, avoient fait une fâcheuse inpression sur son esprit. Depuis ce temps il ne fut plus en état de remplir ses fonctions. On obtint de lui un acte de démission que les besoins de sa paroisse réclamoient. Il fut pourvu d'un canonicat de Notre-Dame, dont il n'a pa acquitter les obligations, mais qui pourvoyoit aux nécessités de sa triste position.

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nons nous affligerions de tout ce qui tendroit à le désoler.

Nous ne sommes pas moins heureux, sire, de pouvoir dire à Votre Majesté qu'en lui protestant de notre dévoûment, nous comptons avec confiance sur l'ap. pui de son sage gouvernement pour le bien que notre divine mission nous appelle à opérer avec labeur dans un intérêt éminemment général.

» Vivez donc long-temps et heureusement, vous, sire, notre paix; vons, auguste reine, dont la France admire les vertus et proclame la pieuse sollicitude, notre consolation; vous, nobles descendans, héritiers d'une foi si féconde en mérites, notre espérance.

»Sire, ce jour sera cnregistré avec bonheur dans les annales de la cité boulonnaise; nous seroit-il permis d'espérer que, par la munificence royale, un tableau vint en perpétuer le souvenir près de l'autel du Seigneur, en l'église de Saint-Nicolas. Un vide y seroit comblé d'une manière qui ne sauroit mieux ré

pondre à tous les vœux. • Le roi a répondu :

Je reçois avec une vive satisfaction l'expression des sentimens que vous me témoignez au nom du nombreux clergé qui vous accompagne. Je suis fort sensible aux vœux que vous formez pour ma famille et pour moi, et il m'est doux de voir que le clergé apprécie les efforts que je n'ai cessé de faire pour que la religion fût toujours honorée et entouréc du respect qui lui est dû. Vous savez aussi ce que j'ai fait dans l'intérêt de la dignité et de la sécurité du clergé. Vous pouvez compler sur la continuation de mon appui, et que je ferai toujours, dans la limite de mes devoirs, tout ce qui pourra honorer votre saint ministère.

Je m'occuperai avec plaisir du tableau que vous me demandez pour l'église Saint-Nicolas de Boulogne.

D

Après avoir passé une revue, le roi et toute sa famille sont entrés dans l'église Saint-Nicolas, où

l'Exaudiat a été chanté. A deux heu- | son chapitre, fermoit la marche du pieux cortége.

res, toute la famille est partie pour retourner à Eu. En passant par Abbeville, elle s'est rendue à l'église où le Domine salvum a été chanté en présence d'une nombreuse popula

tion.

La fète de l'Assomption a été célébrée à Lyon avec une solennité extraordinaire. M. l'archievêque a officié pontificalement dans l'église primatiale de Saint-Jean, où l'on voyoit un concours immense de fidèles. Après la messe, le prélat a donné la bénédiction papale, en vertu d'un bref spécial du Souverain pontife, en date du 28 avril dernier, dont la lecture a été faite en chaire par M. l'évèque nommé de Gap. Une circonstance particulière et assez remarquable concouroit à donner à cette cérémonie un éclat inusité; c'étoit la présence de deux prélats étrangers, M. l'archeveque de Cuba, et M. l'évèque de Babylone, arivé récemment de Paris, et qui retourne à Rome. Le même jour, M. l'archevêque de Bordeaux officioit à Villefranche, où il étoit caré avant d'être coadjuteur de Nancy.

Le corps de musique du 20o de ligne et des tambours accompagnoient la procession, ainsi qu'un fort détachement du même corps et un piquet de gendarmerie. Un grand nombre de fidèles suivoient la procession; le concours des spectateurs étoit immense. Partout où le cortege a pissé, il a été accueilli avec respect.

A Saint-Omer, le 15 août, la fête patronale de l'ancienne cathedrale a été célébrée avec beaucoup de solennité. Le panegyrique de la sainte Vierge a été prononcé par M. l'abbé de Vancé. La seconde partie surtout a tout-à-fait satisfait le nombreux auditoire qui remplissoit la belle basilique.

M. Antoine-Christophe Roma, grand-vicaire d'Orléans, dont nous avons annoncé la mort, étoit né à Orléans le 12 septembre 1758, de parens chrétiens et vertueux; il donna de bonne heure des mar ques d'une piétě vraie, et qui ne se démentit jamais. On pat lui ajpliquer ce que l'Esprit saint dit du jeune Tobie: Cùm esset junior, nihil tamen puerile gessit. Il eut dès A Nantes, la même fète a été cé- ses tendres années une vocation Icbrée avec pompe; toutes les pa- bien prononcée pour l'état eccléroisses et cliapelles étoient riche-siastique. Il fut dirigé dans ses heument ornées en l'honneur de la sainte Vierge; le choeur de la cathédrale surtout offroit un beau coup d'œil. La grand'messe a été célébrée par M. l'évèque; une foule

de fidèles assistoit à l'office.

Après l'office du soir, le clergé de toutes les paroisses s'est réuni dans la cathédrale avec ses croix et ses bannières pour assister à la procession du ou de Louis XIII. L'image de la sainte Vierge étoit portéc par de jeunes lévites vêtus de blanc, et M. l'évèque, entouré de

reuses dispositions par MM. de Saint-Sulpice, chargé, comme ils le sout encore, du grand séminaire. Il aimoit à parler de ses anciens maîtres et avoit conservé pour eux une grande estime.

A peine cut-il reçu l'onction sainte qu'il fut nommé sous-principal da college d'Orleans. Son caractère doux lui concilia l'estime de ses collègues et l'amitié de ses élèves qui conservent de lui un souvenir respectueux et reconnoissant. La révolution le surprit dans ses

fonctions; mais la foi qui étoit dans son cœur lui inspira la pensée de quitter sa patrie; il se retira en Suisse. Là il donna des exemples de la plus grande régularité et se mit à enseigner afin de se procurer des moyens d'existence.

portée avec cette douceur et cette résignation qui l'ont caractérisé toute sa vie, il demanda et reçut les sacremens de l'Eglise avec grande édification, en présence de tous les membres du chapitre. Le 1er août il quitta cette vie pour une neilleure. Il a toujours aimé faire le bien; sa principale jouissance étoit de fournir d'ornemens les églises pauvres. Un grand nombre de paroisses peuvent attester ses bienfaits.

:

Lorsque la tempête révolutionnaire fut apaisée, il rentra dans sa patrie. A cette époque, M. Bernier, évêque d'Orléans, le nomma desservant de l'hôpital général. II exerça pendant trois ans cette modeste fonction; il contribua puissamment à rétablir la régularité et Le jeudi 6 de ce mois a eu lieu la piété qui étoient l'ame de ce bel l'installation du conseil municipal établissement. Il réunit les ancien- et de la mairie de Nantes. M.le nes Sœurs qui étoient dispersées, et maire a prononcé un discours où qui furent heureuses de venir reil a fait en peu de mots l'éloge de prendre leurs anciens emplois. Il | M. l'évêque devint le père des pauvres qui lui ouvrirent leurs cœurs. Peu de temps après il fut nommé directeur du séninaire. Là il devint le père de ses élèves; il contribua par sa sage direction à la vocation d'un grand nombre de jeunes gens qui font honneur au diocèse. Ïl aida de ses moyens pécuniaires un grand nom-près de lui d'encourageantes sympathies.. bre d'entr'eux. A l'époque de la retraite de M. Mérault, il devint supérieur de cet établissement jusqu'à qu'à 'à ce qu'il fut remis aux mains de ses anciens maîtres. M. de Beauregard voulant récompenser de longs et honorables, services. le nomma sous-doyen, vicaire-général et atchidiacre. Enfin, à la mort del. Mérault, il fut doyen du chapitre.

« Le digne prélat, a-t-il dit, que notre diocèse se félicite de posséder, ne nous est pas seulement connu par les vertus ordinaires à sa haute position, par la sapériorité de son esprit de paix et de conciliation; vous savez comme nous combien tout ce qui porte le caractère d'une véri

table amélioration trouve constamment

M. le maire ne s'est pas exprimé moins convenablement sur les Sœurs

hospitalières et sur les dames de

charité :

« Vous avez, comme moi, admiré dans ses actes sublines cet esprit de charité qui enchaîne de pieuses filles auprès de l'affligé, au chevet du malade, à qui elies prodiguent chaque jour, à toute heure, de si douces consolations et de si tendres soins. l'our changer tant de dégoûts en devoirs, qu'elles accomplissent

avec une sorte de plaisir, il faut plus que

Malgré ses nombreuses occupations, il trouvoit encore le temps de diriger quelques maisons religieuses qui le respectoient comnie leur père. Il étoit fort dur pour lui- de la vertu, il faut une religion venant même, mais très-indulgent pour les du ciel, qui leur enseigne que ce sont des autres. Depuis quelques années sa frères qu'elles consolent et soignent ainsi. sauté s'affoiblissoit d'une manière » Mais la bienfaisance des femmes ne sensible. Au mois de juillet der-s'est pas bornée à l'enclos de nos hospices ; nier, il fut atteint d'une maladie nous la retronvons dans ces établis emens grave qui le conduisit au tombeau. où de jeunes filles vout puiser des prinPendant cette maladie qu'il a sup-cipes d'ordre et de travail; dans ces éta

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