I. Le Cartulaire de S. Leu d'Esserent a été composé, il sera facile de le constater, à l'aide d'originaux trop rares qui sont conservés dans les Archives départementales de l'Oise ou de copies faites, il y a un siècle ou deux, par Louvet (Hist. des Antiquitez du pays de Beauvais), Baluze, Moreau et D. Grenier, lequel a fourni à Moreau cette partie de ses documents, et par le Chanoine Afforty. Toutes les fois que les Archives de l'Oise nous ont gardé le texte original, nous l'avons reproduit scrupuleusement, sans mentionner les lectures diverses que l'on a pu en donner.

Pour les autres chartes, nous les avons copiées dans la collection Baluze, mais en substituant à la distribution par liasses ou chapitres, telle que les armoires du Prieuré l'avaient observée, l'ordre chronologique. Nous avons complété Baluze par Moreau, D. Grenier, etc. et indiqué les leçons variées de ces maîtres, pour laisser ici à nos chers confrères en archéologie la liberté de leurs préférences.

II

Les tables qui accompagneront ce Cartulaire, indiqueront par un tableau parallèle ces sources.

II. L'ordre chronologique nous a semblé le meilleur. Inutile de dire que plus d'une charte du XIIe siècle ou du début du siècle suivant, n'a été datée par nous que d'une façon approximative, après une série de rapprochements, plus ou moins artificiels et dupeurs, de formules et de noms. Les savants sont indulgents! III. Pour chacune de nos Chartes nous donnons :

a) La date certaine ou approximative;

b) Une note, s'il y a lieu, sur la charte, ses caractères paléographiques, etc; c) Un sommaire ;

d) Le titre en latin, souvent vague et incomplet, que les clercs du Prieuré avaient ajouté.

e) L'instrument lui-même avec des notes brèves sur les lieux, les personnages, etc., que les Tables générales amèneront à plus de clarté.

Nous compléterons ce Cartulaire par une liste des prieurs et une indication des lieux où le prieuré avait des propriétés.

III. Il est superflu d'insister ici sur l'intérêt de ce Cartulaire. Les Chartes tiennent une place indiscutée parmi les matériaux les plus importants de l'histoire. L'on trouvera dans celles que nous éditons, des détails généalogiques sur plus d'une illustre famille, les Clermont, les Dammartin, les Gerberoy et Angivillers, les Mello, les Tournelle de Montataire..; des révélations piquantes sur les mœurs et les caractères, les influences artistiques.

Aux XIIe et XIIIe siècles, la religion, qui exerce une influence intime et toutepuissante sur les âmes, conseille la fondation de maint monastère, des générosités nombreuses, les pèlerinages et les croisades, lutte avec succès contre l'esprit de cupidité, élève des édifices incomparables. Puis ce sera la guerre de Cent ans avec ses horreurs et ses incendies; la diminution des croyances et l'hérésie ; la commende et la simonie qui introduisent souvent le loup dans la bergerie et le scandale dans l'Eglise ; les efforts des Saints pour amener à la réforme les monastères que la Révolution supprimera bientôt, au grand détriment des intérêts vitaux de la Société.

Merci à la laborieuse et très distinguée Société de Pontoise de m'avoir spontanément imposé une tâche qui m'a doublement réjoui par la confiance qu'elle témoignait en ma bonne volonté, et par la distraction délicate qu'elle fournissait à une activité privée alors d'aliment.