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rection du dessia, la belle disposition du groupe principal, l'expression toute divine de la tête de Mars; enfin, la beauté des formes et de la couleur de la figure entière de Vénus.

Sans doute ce n'est pas un tableau sans défauts; mais au moins les fautes qu'on y découvre ne sont pas le résultat d'une doc trine erronée; ce sont les fautes d'Homère; ce sont celles de Corneille : c'est le génie qui sommeille, trahi quelquefois par la vieillesse.

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Dans ce mouvement général qui emporte la peinture et tout le reste, il ne faut pas, non plus, s'attendre à l'unanimité des éloges; effectivement, les novateurs ont reproché à David de manquer d'invention, de reproduire un sujet usé, d'être d'une correction froide et saus expression. L'un d'eux mêlant l'hyperbole à la critique disait, « qu'il ne fallait que trois ans de pri« son pour former un dessinateur comme « David et nous promettre un nouveau tableau des Sabines. » Si cela pouvait être, qui oserait souhaiter la liberté à un seul de nos artistes? Cette erreur vient d'une confusion d'idées. On retourne au tems où Diderot et d'autres littérateurs ne parlaient aux peintres que génie, idées nouvelles, inventions originales, indépendance d'imagination; méprisant les traditions de l'art et ignorant ce que M. Quatremère de Quincy a si ingénieusement exprimé : « Que & la peinture doit reproduire, avant tout, «< noù le cœur humain, mais le corps hu

« main. >>

C'est parce que David a été persuadé de cette vérité, c'est parce qu'il a su, mieux qu'un autre, séparer le spécial de la peinture des spéculations morales et philosophiques, qu'il a placé la science de l'homme et du dessin en première ligne ; qu'il a pu diriger constamment ses élèves vers l'étude de l'antique, et ramener ainsi les arts au simple, hors duquel point de sublime.

Girodet est mort dans le courant de l'exposition (9 décembre). Les arts l'out perdu au moment où il se disposait à exécuter le tableau des Sept chefs devant Thèbes, pour lequel il faisait depuis plusieurs années de belles et de nombreuses études. Il n'avait mis au salon que des portraits; tous annoncent le maître; quelques-uns révèlent la profonde science du grand peintre d'histoire, c'est-à-dire cette puissance de poursuivre jusqu'au bout son idée, et de la modeler en quelque sorte par une suite de formes vraies et belles. C'est ainsi que dans le Portrait de Cathelineau en adini

rant la belle disposition et le mouvement de la figure entière, on approuve la discrétion avec laquelle les accessoires sont traités, et l'on se sent profondément ému par l'expression si bien rendue de cette énergie de l'âme, de ce courage naif qui ne se connaît pas lui-même; et qui est ca ractérisque de la physionomie du chef vendéen.

Dans le Portrait de Mme la marquise de L.-G. il a semblé lutter avec Léonard de Vinci de grâce et de délicatesse de formes en même temps que de finesse de pinceau. Il a montré encore une fois, qu'en derniere analyse, l'expression n'est véritablement que la forme modifiée; que les peintres qui peuvent être les plus expressifs sont les plus grands dessinateurs.

Girodet est au premier rang parmi les plus grands maîtres de l'art chez les modernes. Il eut du génie; et jamais peut-être la fermeté constante d'un travail opiniâtre n'a autant secondé les plus riches dons de la nature et la fertilité d'une imagination, dont un goût sévère et une vaste érudition venaient encore ordonner les richesses.

Endymion, Atala, le Deluge font partie de notre gloire nationale : David s'ecriat à l'apparition de ce dernier chef-d'œuvre: « C'est sublime! c'est Michel-Ange et tout «< ensemble Raphael!»>

Admirateur enthousiaste du grand ar tiste de Florence dont il eut la sensibilité vive, énergique, emportée, et les talens variés, Girodet n'a peut-être pas toujours su, comme son maître, se défendre de meler le style de l'école florentine avec celui de l'école grecque; néanmoins la postérité ratifiera les paroles prononcées sur sa tombe par son ami, son émule, quelquefois son rival, par M. Gros: elle ne se parera pas le nom de David du nom de Girodet. Voy. la Chron, p. 822.

M. Gérard.-Les éloges n'ont pas qué à son tableau de Philippe V. On a dit qu'il avait résolu le grand probleme de rendre l'histoire fidèle et en même temps noble; rigoureusement exacte et cepen dant poétique. L'harmonie en était admirable, la figure de l'ambassadeur espagnol, celles de Philippe V, de Bossnet, du nouce, concouraient, avec une foule de détails pleins de finesse et de vérité, à placer cet ouvrage au premier rang.

Il s'est pourtant trouvé des critiques dont le goût éclairé a gémi de ce qu'on risquât trop fréquemment, par une gio riole nationale mal entendue, de compro mettre le talent des premiers artistes, en

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les forçant à aborder des sujets rebelles à la peinture. « Il ne fallait rieu moins, di«saient-ils, que la souplesse et toutes « les ressources ingénieuses du talent de M. Gérard pour éloigner ce froid glacial qui résulte du sujet et de l'étiquette de cour, aussi inaltérable qu'un fait historique, pour sauver la raideur et la « monotonie des accessoires, et surtout pour introduire dans une scène sérieuse un tableau de grandeur naturelle. Cette « masse de cheveux qui détruit les proportions de l'hom.ne et ce vêtement large et roide à la fois, dont la bizar<< rerie et l'exagération ont vaincu les << talens de Lebrun et Vander-Meulen qui « avaient pourtant l'avantage d'en étudier « l'effet sur ceux qui le portaient.

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Au fait, si l'on ne veut point sortir de la routiue de commander de pareils sujets, ou si les convenances sociales les imposent comme une nécessité, il n'existe qu'un seul palliatif; c'est d'en resserrer le cadre jusqu'aux dimensions des tableaux de

genre.

Ces observations, que le public ne fait pas, parce qu'il n'analyse point ordinairement ses émotions, expliquent toutefois, très-naturellement la différence de succès obtenu par ce dernier tableau de M. Gé rard qui n'a véritablement qu'uue importance diplomatique, et celui de l'admirable Entrée de Henri IV, dont l'intérêt historique est si touchant et si populaire; et dans laquelle l'expression des mouvemens de l'âme est si variée et si profonde, Après le Philippe V, on a revu avec plaisir une répétition de la Corinne. Un personnage, et divers accessoires ajoutés, ont donné plus d'agrément à la composition qui a incontestablement gagné sous ce rapport; mais la réduction des figures à la proportiou de celles du Poussin n'a pas paru aussi favorable; c'est le contraire du cas précédent, en voici la raison : quand l'intérêt d'un tableau se concentre sur une seule figure qui ne se trouve pas elle-même par sa pose et son geste en rapport immédiat avec les autres personnages, et que, de plus, son expression n'est pas un mouvement de passion; mais une manière d'être, un état d'âme, ce n'est pas trop de la proportion naturelle pour permettre à l'artiste de rendre toute sa pensée; autrement il faut qu'il se contente d'indications expressives qui s'élèvent bien peu au-dessus de la miniature; et, alors, un tableau n'émeut plus, quoique bien composé.

L'avant veille de la fermeture du salon, M. Gérard a encore livré à la curiosité publique Daphnis et Chloe. Le défaut de temps a empêché d'examiner jusqu'à quel point les critiques qu'on en a faites, étaient fondées : mais quelques instans out suffi pour y reconnaître dans beaucoup de parties le grand peintre de la Psyche

M. Gros n'a mis au salon que le portrait du célèbre Chaptal. Il faut donc suivre le public et aller admirer avec lui la coupole, où ce grand maître a représenté sainte Geneviève et quatre des plus éclatantes époques de la monarchie.

Depuis bien long-temps aucun peintre n'avait eu à exercer ses pinceaux sur ua sujet d'une destination plus spéciale, et dans un aussi vaste champ (la coupole de Sainte-Geneviève a 3256 pieds de superficie), c'était une tâche rude et difficile. La voix publique et le caractère propre du talent de M. Gros l'appe laient à s'en charger. L'unanimité des éloges obtenus après douze années de travaux, a prouvé qu'elle était diguement remplie.

Il n'y a eu qu'un seutiment sur l'aspect imposant de l'ensemble, et sur la grandeur et la sagesse de la composition. Quant à l'expression, c'est celle du Charles-Quint pour la variété et la profondeur; quant au coloris, c'est celui de Jaffa et d'Aboukir.

Mais l'enthousiasme a été porté au plus haut point pour la Sainte-Geneviève. En réalité, c'est une création, c'est un véritable type de formes, d'expression et de beauté.

Un examen plus approfondi, en faisant découvrir de nouvelles perfections, a bien aussi révélé quelques fautes; mais on peut les négliger; elles sont d'un intérêt secondaire pour l'art, et saus aucune proportion avec l'ouvrage qui est monumental.

Vient après ces trois grands artistes la seconde école de David, où l'on distingue tout d'abord M. Ingres. Observateur profond, admirateur passionné de l'antique, il se remue à l'aise sous le joug sévère des doctrines du xvre siècle. Sou Vou de Louis XIII en est une nouvelle preuve. Il pouvait comme tant d'autres se jeter dans l'extraordinaire, le bizarre; il a préféré suivre les doctrines consacrées, et réserver toutes les forces de son talent pour marcher de son mieux dans la route des maîtres.

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Nous devons à cette résolution Vierge et un Enfant Jésus, d'une grâce sévère et d'une beauté de formes auxquelles il faudra bientôt renoncer. On n'en a pas moins crié au pastiche de Raphaël, cela peut être; mais on peut tolérer ceux-là: ils sont rares et bien difficiles à faire. Ce que l'on doit redouter, ce sont les pastiches de Restout, de Natoire et de Vanloo.

Après M. Ingres, les seuls peintres qui aient combattu avec avantage pro aris et focis, sont M. Heim, dans son Massacre des Juifs par les Romains, belle composition, supérieurement exécutée ; M. Drolling (troisième école de David), dans sa Polixène, dont l'expression et le dessin son vivement sentis; et M. Paulin-Guérin dans son Ulysse, où l'on retrouve le pinceau énergique de l'auteur de Caïn.

Parmi les jeunes peintres qui avaient un nom à se faire, M. Schnetz est venu se placer au premier rang. Il ne doit , pourtant pas cette prééminence sur ses rivaux à ses deux grands ouvrages (la Sainte-Geneviève et la Bataille de Rocroy) qui d'ailleurs ont du mérite; elle lui est acquise à meilleur titre par les études qu'il a rapportées d'Italie, et surtout par son jeune Montalte, devenu depuis Sixte-Quint, auquel une Bohémienne prédit sa future élévation. Dans ce tableau, de figures vues à mi-corps, tout est hien composition, dessin, expression, coloris, effet.

Le talent de M. Schnetz est original et sévère; il a, pour ainsi dire, quelque chose d'agreste, comme les mœurs italiennes qu'il se complaît à représenter; c'est une transition à l'école nouvelle, en ce qu'il ne paraît pas rechercher la beauté; mais qu'il sait l'imiter lorsqu'il la rencontre, et que, si la laideur ne lui cause aucune répugnance il la reproduit, du moins, toujours sèche, ferme, pleine de santé et de caractère.

On reconnaît encore en lui l'influence prolongée des bonnes études, car on sait que M. Schnetz a commencé les siennes dans l'atelier de Regnault, qui a donné Guérin et Hersent à la France; et qu'il a gagné le prix de Rome au milieu de cette quatrième école de David, qui a produit le jeune Pagnest si justement regretté.

Encore un début brillant; c'est celui de M. Cogniet: sa Scène du massacre des Innocens est du plus grand pathétique,

sans pour cela cesser d'être belle, c'est atteindre le double but de l'art.

On s'aperçoit aisément que le jeune artiste en travaillant à ce tableau était encore sous l'impression vive des grands peintres de l'Italie. C'est leur exécution large et vigoureuse, leur dessin måle et sévère, leur grand parti d'effet.

Des critiques anglais ont placé cet ou vrage au-dessus de tous ceux qui ont été exposés.

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A cette occasion ils ont reproché à l'école française « d'être toujours dans les extrêmes, de ne présenter qu'une peinture tantôt lustrée et polie jusqu'a faire disparaître les caractères naturels les plus prononcés, tantôt heurtée et >>crue jusqu'à affecter péniblement la «vue. Enfin les Français, disaient-ils, « n'entendent rien à l'effet, ils ne savent pas voir la nature d'une manière large « et grande... »

Ces reproches sont graves et mériteraient d'être discutés, mais notre opinion sur quelques tableaux exposés va y repondre.

On rassemble, ici, à dessein :

ΤΙ

La Locuste de M. Sigalon, la Mort de Gaston de Foix par M. Scheffer, les ouvrages de MM. Champmartin et SaintEvre, enfin, le Massacre de Scio par M. Delacroix.

Ces jeunes peintres sont les chefs de l'école dite Shakespearienne ou romanti que. Leur âge et leur talent les appellent à contribuer à nos jouissances futures; ils possèdent de grandes qualités. Ils sont penseurs; ils ont de la sensibilite dans l'âme, de l'habileté et de la chaleur dans l'exécution; mais ils affectent pour les règles établies par leur devanciers un dédain superbe, que des flatteurs leur font peut-être prendre pour la noble indépen dance du génie : c'est ce qui doit les per dre et la peinture aussi.

Sans contredit, le tableau de M. Sigalon est profondément coucu, habilement disposé, dramatique dans le choix des expressions; mais quelle laideur ! que de formes dégoûtantes qui semblent exécutées par le pinceau des Lagrenées ?

M. Scheffer est brillant. Il accumule les épisodes touchans, il prodigue les trésors de sa palette pour produire de l'effet; et ses tableaux, faits de verve, semblent naître sous sa main aussi vite que sa penséc.... Mais le Poussin écrivait : « Je n'ai jamais fait de peinture en sifflant. » Ft d'ailleurs, où retrouver l'expression sous

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eette profusion de fer, de cuivre et d'or, qui fait ressembler un tableau d'histoire à un trompe l'œil de la boutique d'un armurier ?

M. Delacroix a travaillé sous l'empire d'un sentiment généreux et profond ; il a voulu soulever l'âme d'indignation en rendant sensible à nos organes, toute l'atrocité du massacre des Grecs: il a voulu nous exciter à les venger. C'est un noble but! Mais il s'est trompé sur les moyens d'y atteindre. Il repousse au lieu démouvoir; il veut faire du terrible, il n'offre que du hideux!

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En résultat, les fausses doctrines de l'école nouvelle paraissent être celles-ci: Elle repousse l'idéal de toutes ses forces pour s'en tenir au vrai absolu. « Mais pour être vrai, il faut être exact; et l'exactitude ne s'obtient, même en permettant la laideur, qu'à la condition remplie par Holbein d'être grand dessi

nateur.

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parties dignes de Gustave Wasa. Madame Hersent s'est placée tout à côté de son mari par son Louis XIV bénissant son arrière petit-fils, tableau admirable, philosophique par la pensée, profond par l'expression des mœurs, excellent par l'exé

cution.

M. Granet ne mérite plus cette année le reproche de ne peindre que des pierres. Il a tout animé; même ces Capucins qu'il paraît quitter avec tant de regret. Toutefois son morceau capital est une vue de la villa Aldobrandini prise du Casin à Frascati, au moment où le cardinal Hippolite entouré de sa cour, reçoit le Dominiquin obligé de quitter Naples pour échapper à l'inimitié jalouse de Lenfranc. M. Granet s'est reproduit là, tout entier: Nous ne pouvons pas mieux faire l'éloge du tableau.

Après ces maîtres, le public a distingué part culièrement :

Le Vincent-de-Paule de M. Delaroche

Elle cherche le naturel, elle le veut scène touchante et traitée avec un vrai « avant tout, »

La beauté est naturelle aussi, d'où vient donc la propension avouée pour le laid, et l'emploi presque exclusif qu'on en fait? «Elle vise à la force de l'expression.

Mais sans la science du dessin on ne peut jamais être qu'exagéré. La faiblesse dans cette partie explique pourtant la préférence obtenue par le laid. Le beau est difficile à imiter: le laid se laisse contrefaire. C'est comme au théâtre où les mauvais acteurs sont facilement singés et où personne encore n'a pu imiter mademoiselle Mars.

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La brièveté, première condition à plir dans cet article, ne permet pas de parler d'un bon nombre de tableaux recommandables: ce sont les succès d'estime de l'exposition. Elle ne permet pas non plus d'expliquer comment de jeunes artistes qui avaient mérité de brillaus éloges aux salous précédens, ont été, cette fois moins heureux: ils ont doublé leurs fleurs comme les giroflées.

On s'arrêtera moins encore à cette foule de tableaux, soit d'église, soit d'his toire moderne; on les sait par cœur, on en a les patrons; d'ailleurs ils sont sans influence sur la marche de l'art c'est véritablement la partie industrielle de la peinture.

Nous n'avons eu de M. Hersent qu'un assez grand nombre de bons portraits et un tableau des Religieux du mont SaintGothard, où l'on a remarqué beaucoup de

talent; L'Execution militaire de M. Vigue. ron, d'un intérêt trop pénible; Les Religieux rançonnés par des brigands des environs de Rome, de M. Fleuri, tableau plein de vérité et d'expression; Le marinier napolitain improvisateur de M. Robert, composition saisie sur la nature à Ischia, et prise avec un rare bonheur dans des mœurs, au dernier rang de l'organisation sociale, mais plus pittoresques que celles de nos palais. Enfin un grand nombre d'autres petits tableaux de MM. Thomas, Coignet, Roger tous pris dans les mœurs italiennes, mais représen tant, pour la plupart des scènes de brigandages, d'assassinat, de guet-apens, qui ont fait dire plaisamment : « que, « cette année, on trouvait au salon, tous les crimes à hauteur d'appui.

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Quant aux tableaux d'intérieurs et de scènes domestiques, nous en sommes tou jours riches, et les talens de Géricault dont les arts déplorent la perte récente, ceux de MM. Scheffer, Baume, Menjaud, Duval-le-Camus, Leprince, Desmoulins, Bouhot, Isabey fils, etc. De Mme Haudebourg - Lescot, de mademoiselle d'Hervilly, soutiennent la gloire du genre.

Pour MM. Bouton et Daguerre qui sont hors ligue, le public en admirant les prodiges de leur exécution n'a pas approuvé la dimension extraordinaire qu'ils ont donnée à leurs tableaux. Effectivement, c'est trop pour des intérieurs, et ce ne serait pas assez pour un Dierama.

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Vient ensuite l'école de Lyon: autant de talers, mais moins de succès qu'aux salons précédens; ce qui tient peut-être à la répétition trop constante des mêmes sujets et à quelque manque de variété dans l'exé

cution.

On n'a pas été forcé de courir cette année à l'atelier de M. Horace Vernet pour y admirer ses ouvrages, il est rentré au salon, avec un museum tout entier. La voix publique le place à la tête des jeunes peintres de notre école nouvelle, tant par la force réelle de son talent, que pour la fécondité et la variété infinie de ses compositions, toutes ingénieuses et faciles. Mais une prédilection particulière l'entraîne vers les batailles.

Il semble qu'il soit devenu notre peintre militaire comme l'enfant de troupe est devenu maréchal de France: avec du génie et en assistant à tous nos combats. Il s'est surpassé, c'est l'opinion unanime, dans sou inimitable Bataille de Montmirail, devant laquelle le spectateur, le cœur gros de souvenirs, reste muet de douleur et d'admiration.

A côté de lui se soutient avec honneur le général Lejeune renommé par plusieurs brillaus succès. Le public place ensuite M. Grenier, artiste habile et d'un talent fécond et varié, et MM. Bellangé, Lamy, Adam, Hyacinte Lecomte, qui rendent avec beaucoup de vérité nos mœurs miltaires.

Paysage. Notre école de paysage reste stationnaire. MM. Bertin, Watelet, Regnier, Chauvin, ils en sont toujours les chefs. Quant à M. de Forbin, le public semble le mettre à part, tant à cause de la nouveauté des sites qu'il se plaît à représenter que de sa manière vive et ori ginale.

Il faut remarquer comme une singularité de cette exposition, qu'un paysagiste anglais (M. Constable) n'a pas craint d'y produire plusieurs de ses ouvrages. Ils sout pleins de vérité et de verve; mais d'un faire auquel nos yeux ne sont pas accou tumés et d'une laideur!....

Portraits. Parmi les portraits, moins nombreux qu'à l'ordinaire, et que le public a remarqués, il faut placer au premier rang celui que M. Horace Vernet a fait du Roi et des Princes passant la revue au Champ-de-Mars. C'est incontestablement le chef-d'œuvre de la manière nouvelle, Cet ouvrage a pourtant essuyé beaucoup de critiques; mais c'est un tort de les adresser à l'artiste : c'est la faute de l'école

même. Quant à ceux de MM. Gros, Gerard, Hersent, Granger, Paulin-Guerin, Mauzaisse, le nom des auteurs dit assez leur mérite. MM. Ingres e: Drolling en ont exposé d'un style sévère et d'un dessin savant. Enfin, M. Rouillard, dès son debut s'est placé à côté des maîtres par la vérité et la vigueur du modèle, que l'on reconnaît dans les siens. Des marques d'interèt ont accueilli le Portrait de feu M. le duc de Richelieu, par M. Lawrence, premier peintre du roi d'Angleterre, qui malgré la facilité peut-être par trop negligente du faire, n'en est pas moins doué d'une ap titude singulière à reproduire les mœurs élégantes de ses modèles.

La miniature n'a pas offert de réputation nouvelle; mais elle est toujours traitee avec supériorité par MM. Saint, Angustin, Aubry, Mansion, et Mine Mirbel-Lizinska. La peinture sur porcelaine qui exerce avee succés le talent de beaucoup de dames et de demoiselles, a presenté des ouvrages bien faits de Mme Treveret et de Mi Leclerc ; le début de Mile Perlet, fort remar quable sous plus d'un rapport, et des copies satisfaisantes de Mlle Hoguer et de M. Pastier.

La lithographie pourrait comme la gravure se passer du salon. Elle a son exposition perpétuelle chez les ́inarchands d'es tampes: on n'en parle ici, que pour signaler ses progrès; et faire remarquer que Girodet est le seul, qui, jusqu'à présent, ait senti sa véritable utilité pour les études des jeunes dessinateurs, en employant le hthographe par excellence, M. Aubry Le comte, à reproduire ses chefs-d'œuvre de dessin et d'expression.

La gravure après avoir éprouvé l'heu reuse influence de l'école anglaise est pen être maintenant, dans le cas de la redou ter. On met, saus contredit, plus d'effet dans les estampes, mais il est à craindre que l'on ne conserve pas les graudes qualités qui ont fait la gloire des Audran, des Edelinck, et des Bervie.

Quelques estampes dans le goût d'Al bert Durer, out appelé l'attention sur l'école allemaude de Rome, qui par une singulière opposition avec les novateurs français, prétendant que la dégradation de l'art commence Raphael, veut le reprendre au Pérugin et à Mazaccio.

La sculpture éprouve moins que la peioture les effets de la mode: elle est trop chère pour que le public s'en mêle Restant à la charge du gouvernement, faudrait que le goût des hommes puissans

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